[Islande] Au Sud d'Akureyri (PV)

suite deça

Plongées dans leurs réflexions, les deux jeunes filles n'avaient pas échangé un mot avant d'atteindre les grilles du château. Là, Mélusine s'était contentée d'un "Accroche-toi bien!", avant de se concentrer. C'était pas le moment de se déconcentrer. Les 3 D qu'elle n'avait jamais retenu. Dans tous les cas, elle devait se concentrer sur elle-même, sur Allanah et sur sa destination. Au-delà de ces trois points...

Elle tourna sur elle-même, entraînant sa jeune comparse dans une danse rapide dont elle seule semblait comprendre le rythme, ferma les yeux. C'était toujours aussi oppressant. La cage thoracique qui donne l'impression d'imploser. Les yeux qui s'enfonce dans les orbites. Une seconde qui vire à l'éternité.

Enfin, le retour à la terre ferme.

La jeune rousse ouvrit les yeux sur une butte dont l'herbe dansait sous le souffle du vent. Au-delà du soulagement d'en avoir fini, le spectacle était beau. Calme. Et beau. Elle s'y abîma un instant avant de se rappeler qu'elle n'était pas seule.

"Ca va? Je sais que c'est loin d'être agréable. Prends cinq minutes, on a le temps...
Bienvenue en Islande."

De nouveau capable de percevoir le ciel au dessus de sa tête, Lanah recommença à respirer, en commençant par inspirer une grande goulée d'air frais. Elle ne savait pas si cet arrêt momentanée de respirer était dû au transplange en lui même ou simplement une action inconsciente de sa part. Néanmoins, elle était soulagée que ce soit terminé.

« J'ai toujours mes deux bras et mes deux jambes, donc on peut dire que ça va. »

La butte sur lequel elles étaient apparues offrait une vue plongeante sur les alentours, ainsi que - le plus important - les ruines de ce qu'elles pensaient être le lieu des visions transmises par l'Arbre-Mère de Poudlard. Un amas de pierres, de construction simple en apparence. La Serdaigle fit un tour sur elle même pour regarder ce qui les entourait et aperçut au loin, à l'opposer de là où elles allaient se diriger, ce qui ressemblait à un village.

« La visite des ruines était organisée par des sorciers ou par des moldus ? »

Cela lui semblait étrange qu'une telle construction ne soit pas mieux protégée. Elle savait les moldus très conservateur des traces de leur passé, même s'il ne restait que quelques pierres. Quand aux sorciers ... Elle ne s'en était jamais préoccupée mais l'apparente facilité d'accès cachée peut-être des sortilèges invisibles destinés à repousser les curieux en dehors des heures ouvertes au public.

"Jsuis pas si nulle en transplanage alors..."

Ni l'une ni l'autre ne s'était désartibulée. Bonne chose. Bien sûr qu'elle avait oublié de prévenir Allanah des risques avant le départ.
Une fois remise du choc -définitivement, transplaner, c'était pas son truc-, la jeune fille regarda autour d'elle. C'était bien. Elle reconnaissait les lieux. C'était très... étrange de revenir ici.

Les souvenirs de son enfance remontaient tout d'un coup. Ca faisait tellement longtemps.

"J'étais très petite quand je suis venue. Tu vois qui est Alex Cohen? Je suis venue avec son père, lui et ma mère. Je devais avoir quoi? Six-sept ans..."

Il n'y avait presque que cette image qui était demeurée dans sa mémoire par rapport à ce jour-là. Et que Lex et elle avaient joué aux Rois du Monde. C'était toujours le même problème de se souvenir.

"Tous les gens qui étaient avec moi étaient sorciers. Et il me semble que le monsieur qui présentait..." (monsieur qui, réflexion faite, devait avoir son âge actuel) "... n'a eu aucune réaction étrange quand - sans le faire exprès, hein?- j'ai fait léviter deux ou trois pierres. Donc, je pense que c'était un sorcier.
C'est peut-être un lieu protégé par un sortilège Repousse-Moldu.
Je sais pas."

De toute façon, si on devait lister tout ce que Zyn ignorait, il y aurait de quoi remplir beaucoup, beaucoup de bibliothèques.

"On s'approche un peu?"

Au cas où... elles avaient toujours leurs baguettes.

Spoiler:

Lanah se mit en marche, les jambes battues par l'herbe haute qui se courbait sous le vent. On était bien loin de l'étouffante chaleur de l'Angleterre, qu'elle avait quitté sans trop se poser de question et en laissant de côté les incertitudes qu'elle avait eu en pensant à la même chose que l'étudiante : voir par elle même ce lieu. Lancée à l'aventure sans prendre en compte les possibles découvertes qu'elle pourrait bien faire. Jusque là, les visions n'avaient rien révélé de précis, rien qui ne puisse lui faire craindre le futur. Mais maintenant si proche de ce qu'elles pensaient être des vestiges du peuple si lié aux Arbre-Mères, elle doutait.

« Je ne connais aucun Alex Cohen. »

Je ne connais plus personne, pas même ceux qui m'étaient cher ...

Mais ce n'était pas quelque chose qu'elle avouerait facilement. Ça faisait trop longtemps qu'elle trompait tout le monde pour avouer qu'elle n'avait eu confiance en personne et donc préféré taire ce qui lui était arrivée.

« L'Islande est sous la 'protection' d'Antarès non ? »

Protection n'était pas le terme adéquat. Antarès ne protégeait pas, il trompait. Toujours était-il qu'elle ne connaissait strictement rien de l'Islande et sa question, même si la réponse l'intéressait, avait le mérite de combler les silences éventuels, pendant que les ruines se rapprochaient de plus en plus des deux jeunes filles.

Elle ne connaissait pas Lex-son-Lex-pour-toujours-et-à-jamais? Elle ne savait pas ce qu'elle ratait.
Alors que Mélusine avançait aux côtés d'Allanah, elle songeait qu'il faudrait absolument qu'elle présente Lex à Lanah. On ne pouvait pas ne pas connaître Alex Cohen. Ca n'était pas...

Mais Allanah, plus terre-à-terre ou plus réaliste, tout simplement, ou encore moins lunatique, mettait en avant des problèmes plus... problématiques. Antarès. Comment Zyn avait-elle pu oublier? Honnêtement, elle n'avait pas en tête la liste complète des pays qui étaient tombés sous sa domination. Mais le simple fait que sa comparse puisse le supposer avait quelque chose de glaçant. Et elle avait plus de foi dans les données fournies par la jeune fille que par celles recensées par sa propre mémoire. Pourtant, elle aurait dû savoir. Elle aurait dû se souvenir.
Pour ne pas avoir à avouer son manque total d'information, Zyn grimaça et ajouta:

"Je ne parlerais pas vraiment de protection. Domination plutôt."

Inconsciemment, dans un geste qui relevait du réflexe, Mélu Mac sortit sa baguette. On ne savait jamais.
Enfin, les deux jeunes filles atteignirent ce qu'on pouvait appeler le "début" des ruines. Une infime hésitation:

"On entre? C'est la marche à suivre la plus simple. Au moins, on sera fixées..."

Puis, parce qu'elle préférait précéder que suivre, elle entra la première avant de se souvenir des règles élémentaires.

"Hominum Revelio!"

La voie était libre. Pour le moment...

"A la première occasion, il faudra tourner à droite."

Le bâtiment - ou ce qu'il en restait - était une construction en pierre brune, plus long que large. Certain mur était soit partiellement, soit totalement détruit mais la forme générale se devinait. Les herbes folles avaient depuis longtemps pris leur quartier dans les interstices des pierres, qui à cause de l'usure, étaient souvent disjointes. Et malgré cet état de délabrement, la bâtisse en imposait. Un reste de sa somptuosité d'antan transperçait par dessus le premier sentiment de ... frustration. Quelque chose que Lanah ne parvenait pas à nommer mais qui était bien présent.

« On entre. »

La Serdaigle suivit quelque pas derrière Mélusine. Elles passèrent l'arche qui avait vu bien des personnes faire comme elles. La lumière déclina mais ne disparut pas totalement. Des raies de lumière passaient par les trous dans les murs et permettaient facilement de voir où on posait les pieds. La première salle dans laquelle elles arrivèrent était de proportion plus que confortable mais rien qui ne puisse conforter leur idée que ce lieu faisait bien parti du patrimoine des Arbre-Mère.

Comme Mélusine l'avait précisé, elle emprunta la passage à droite, délaissant le couloir qui se trouvait en face. Un 'Lumos' éclaira leur pas, qui résonnait lugubrement. Et plus elle avançait, plus son malaise empirait.

« Tu ne ressens pas comme ... je sais pas. C'est assez désagréable et je n'arrive pas à me défaire de ce ressentit. »

Elle frotta ses paumes moites contre ses vêtements et redressa sa baguette. Etait-ce l'œuvre d'un sortilège sensé protégé les ruines ou simplement elle qui débloquait ?

C'était très étrange de prendre le rôle d'éclaireuse. Ainsi que celui de protectrice. Parce que, de son point de vue, le danger viendrait de l'avant. Si danger il y avait. Mélusine était la plus vieille. C'était à elle de veiller sur Allanah. Etrange, très étrange idée. Elle avait déjà du mal à se protéger elle-même, alors...

Un peu honteuse de ne pas y avoir pensé la première, la jeune fille lança à son tour un "Lumos", ajoutant un peu de clarté à la scène. A l'identique de sa compagne, Mélusine sentait l'anxiété la gagner même si elle aurait préféré avaler un scroutt entier (et cru) plutôt que de l'avouer. Elle avait sa fierté quand même.
Alors, quoi faire? Dire que non, il n'y avait rien. Pas de souci à se faire? Qu'elle était là? La bonne blague!
Non, se cacher la situation ne servirait à rien. Et faire semblant que tout était au mieux dans le meilleur des mondes possibles non plus. Ca ne les aiderait pas. Au contraire, être sur la défensive leur permettait de tout envisager et de ne pas se laisser surprendre.

"Hum... J'ai la désagréable impression qu'on nous surveille. Quant à savoir ce qu'est ce "on"... Théoriquement, il n'y a personne... Je veux bien être pas très douée en sortilèges mais le "Hominum Revelio", je m'y suis entraînée longtemps..."

Réconfortant, n'est-il pas?

"On reste sur nos gardes et..."

'On improvise?'

Elle avait toujours été incapable de prévoir quoi que ce soit. Toujours agir sur le moment, dans l'impulsion. C'était encore là qu'elle avait les meilleurs résultats.

On les épiait. Lanah n'aurait jamais pensé à la possibilité qu'elle puisse être suivis par quelqu'un ou ... quelque chose. Et le fait que Mélusine avouait n'être 'pas très douée en sortilèges' ne la rassurait aucunement. Elle même avait fait de net progrès en sortilège. Elle ne ratait plus les sorts les plus basiques (comme 'Lumos') et s'était mise à ré-apprendre à utiliser les plus complexes. Son abjection à l'encontre de la magie et de son utilisation l'avait quitté en même temps que tout le reste. Bien qu'elle préférait toujours se débrouiller un maximum par elle même avant d'en venir à utiliser sa baguette.

« ... on improvise ? »

Le couloir s'agrandit brusquement et elles arrivèrent - sans l'ombre d'un doute - à la même salle, celle où elles avaient vu le mystérieux sorcier la première fois. Même la grande table était toujours présente, plus poussiéreuse et bancale que jamais. Comment tenait-elle encore debout ?

« C'est ici n'est-ce pas ..? »

Elle voulait une seconde confirmation. Il la lui fallait. Pour ne pas se berçait de fausses illusions.

Lanah passa derrière Mélusine et s'approcha du mur de gauche, sa baguette brandit droit devant elle pour éclairer les zones d'ombre devant elle. Des plaques de bois étaient accrochées sur les murs, faisant, d'après elle, le tour de la salle. Courbant le dos, elle souffla dessus pour faire s'envoler la poussière qui s'était agglutinée au fil du temps et contempla ce qui se dévoilait. Des ornementations toutes en courbes avaient été délicatement gravées, sans abimer le support.
Prise d'une soudaine inspiration, Lanah posa ses deux mains à plat et un sourire apparu lentement sur ses lèvres à mesure que la sensation connue se répandait dans ses veines, chassant sans effort les craintes d'être déçu.

« C'est du bois-sorcier ! Essaye et dis moi si tu sens quelque chose ! »

Elle continua son chemin, chassant encore et toujours la poussière qui gâchait le précieux bois, révélant par la même, d'antiques scènes, elles aussi gravaient.

Improviser? Ca lui allait parfaitement.

"Yeah. L'impro, je gère. Je réussis mes sorts que sous le coup de l'émotion, de toute façon, alors..."

Ca ne rassurerait peut-être pas Allanah mais elle, oui. Elle savait que dans le cadre d'un "gros souci", ses tripes réagissaient. Peut-être pas comme on s'y attendait mais de manière plus ou moins concluante.
Sur ces entrefaits, elles parvinrent dans... impressionnant. Même elle avait du mal à y croire. C'était la même. Vraiment la même. Elle avait pensé sur l'instant que son esprit avait superposé les deux images (celle de la vision et celle du souvenir) au point de les faire concorder et de lui faire dire qu'elle se souvenait de ce lieu... Mais jamais elle n'avait vraiment cru que ce serait LE lieu.

"C'est... c'est ça... j'ai du mal à y croire.."

C'était le moment qu'elle choisit pour s'avouer à elle-même qu'elle s'était plus ou moins attendue à une petite balade d'agrément, pimentée d'imprévus. Pas à une vraie découverte.
Un peu perdue, elle répondit impulsivement à la demande d'Allanah et déposa une main sur une des plaques de bois. Une seule. Comme pour garder aussi une prise sur la réalité.

Le lieu recouvrit en un éclair sa splendeur d'antan.

¬Une autre scène. Une femme. Seule. Recroquevillée sur elle-même, serrant un objet contre sa poitrine. Se balançant doucement comme au rythme de sanglots muets.
Sa simple robe blanche était salie, déchirée par endroit. Ses pieds couverts de terre comme si elle avait couru jusqu'ici pieds nus pour échapper à un danger quelconque, coupée en plein sommeil. Ses longs cheveux noirs pendaient misérablement sur ses épaules, dérangés par la pluie, et gouttaient doucement sur le sol, dessinant de vagues formes rondes éparses.

Soudain, la jeune femme -très jeune femme même comme on pouvait le constater en découvrant son visage-, leva le regard vers un interlocuteur inconnu et lança ce qui ressemblait à une prière, en direction du vide. La langue était inconnue. Comme si, dans sa détresse, la jeune femme retrouvait l'usage d'un quelconque dialecte maternel.

Les sillons laissés par les larmes sur ses joues salies formaient une sorte de maquillage tribal. Elle ouvrit soudain la bouche pour lancer un cri silencieux...¬

... Et Mélusine décolla sa main du bois. C'était trop. Ce dernier cri faisait écho à une situation encore trop récente.
La jeune fille garda le regard un moment baissé, le temps de se recomposer une expression puis fixa sa comparse avec de l'excuse dans les yeux.
Dans quoi s'était-elle embarquée? Dans quoi s'étaient-elles embarquées?

« Ça ne va pas ? »

Absorbée par ses découvertes, Lanah n'avait plus regardé Mélusine pendant un moment. Les scènes qui se dévoilaient devant ses yeux avait pris toute son attention. Les fresques n'apportaient aucune information utile mais n'était-ce pas parce qu'elle ne savait rien qu'elle n'arrivait pas à saisir le sens profond de ces gravures ? Encore une fois, elle se retrouvait dans un cul de sac par manque de connaissance. Alors, quand elle avait levé la tête et surpris le regard de l'étudiante, elle s'était mise à se poser des questions.

« Tu as trouvé ... vu quelque chose ? »

En touchant le bois-sorcier, elle avait très bien sentie ses soucis s'envolaient. Mais ce qui l'avait surtout frappé, c'était ce vide derrière l'habituelle chaleur, caractéristique dès que le bois-sorcier se mettait en action. Ses propriétés magiques étaient encore intact malgré la vieillesse du bois mais l'esprit de l'arbre qui l'avait avant possédé, avait bel et bien disparu. Ni musique, ni vrai réconfort ne l'avait traversé.

Les sourcils froncés, Lanah s'approcha de sa camarade, sincèrement perplexe quand au regard qu'elle lui lança. Qu'avait-il donc bien pu se passer pour qu'elle la retrouve tellement ... effacée ? Craintive. Un regard vers le bois ne lui appris rien, ce n'était donc pas ça. Elle prit le bras de Mélusine et les dirigea vers la grande table, tirant une chaise, et sa solidité testée, y fit assoir l'ancienne Gryffondor. Elle même s'assit en face d'elle.

« Explique moi. Et après, on pourrait essayer de chercher la chambre qu'on a vu, d'accord ? On trouvera peut-être quelque chose d'intéressant là-bas. »