[ TASKS ] Premier contact

- Je ne suis pas sûr que cela te plaise.

Je serrai les mains de Natacha dans les miennes pour être sûr qu'elle comprenne que je n'avais joué à aucun jeu avec elle.

- Maître Anderson nous a lu le document. Il était vraiment à la mesure de notre père: froid, vil, exécrable, surtout envers Philip.
Il me lègue tous ses biens, sans aucune exception. Il a dit qu'il considérait que j'étais son seul véritable enfant, que j'étais comme lui, pire, que j'étais ce qu'il avait fait de moi...

Quelques larmes mouillèrent mes yeux plus de raison. Je sortis mes mains du précieux refuge que celles de Natacha leur offrait, et essuyait ces aveux de faiblesse.

- Il disait... Il disait... il a profité de ce moment pour m'infliger encore une fois un affrontement psychologique.... me mettre devant le fait accompli: il a raison. Je suis comme lui. J'ai abandonné mes rêves pour me conformer aux exigences familiales. Je ne vaux rien, et pire... j'ai cédé à la pire des tentations.
Mon regard se tourna automatiquement vers Hégésipe.


- Dans son testament il a parlé des saphirs. Il m'a officiellement désigné comme seul Cavendish digne de les protéger... si je les trouve.
Il y a posé une condition: avoir un enfant avant la fin de l'année.

- Benjamin, tu n'es pas comme lui.

- Tu as raison, je suis pire. J'ai failli céder.

Elle laissa les deux hommes discutaient pierres précieuses un instant tandis qu'elle se levait. Elle avait besoin de marcher, d'évacuer par une activité un minimum physique toutes les horreurs qui lui venaient instinctivement à la bouche et qu'elle avait peur de voir échapper à son contrôle.

Mais par Merlin, c'était un testament qui lui dictait son envie d'avoir un enfant ! Que lui prenait-il donc de rester stoïque face à cette nouvelle ?! Elle aurait dû s'énerver, demander des explications, savoir en quoi des rubis pouvaient être si important qu'il fallut avoir un enfant pour les avoir sous sa protection. Encore qu'elle savait pourquoi ce père honni voulait que son fils désigné héritier ait un enfant. Parce que ces maudits snobs ne pouvaient pas supportaient de voir leur glorieux nom s'éteindre à tout jamais. Quels abrutis ! C'était l'homme, et non le nom qui importait mais cela, il ne fallait pas compter sur les bourges pour l'avouer.

Natacha s'adossa finalement à un quelconque meuble, pour prendre le temps de réfléchir sérieusement à ce qu'elle venait d'apprendre. Elle connaissait maintenant assez Benjamin pour ne pas douter, au fond, de ses motivations. Elle ne pouvait pas prendre en compte l'avis d'Hégésipe car, semblant très proche de Benjamin, Natacha ne pouvait croire qu'il soit parfaitement objectif dans ce qu'il disait vis à vis du petit garçon qu'il avait éduqué et qui était adulte maintenant. Seul ce qu'elle avait vécu avec lui comptait dans les décisions qu'elle prendrait. Et pour être parfaitement sincère et logique, il savait qu'elle ne prendrait pas part à la décision finale concernant l'adoption alors elle ne pouvait pas se sentir trahie ou utilisée seulement parce qu'elle travaillait à TASKS.

- Tu n'es pas comme lui, répéta Hégésipe, ce qui eut le don de faire revenir sur Terre Natacha.

Elle délaissa son meuble, exilé de la conversation, pour s'approcher des deux hommes et retrouver sa place près de Benjamin. Il n'y avait plus lieu d'avoir de secret maintenant aussi Natacha se laissa-t-elle aller à le consoler. Ses lèvres s'égarèrent sur les siennes, assez longtemps pour qu'elle en garde le goût et qu'Hégésipe détourne le regard pour leur laisser un semblant d'intimité. Elle soupira faiblement alors qu'elle détachait ses lèvres et qu'elle entrelaçait ses doigts aux siens.

"Tu n'es pas comme lui" répéta-t-elle en échos au précepteur. "Pas le Benjamin que je connais. Mais je voudrais savoir... en quoi ces rubis sont-ils donc si important qu'il te faille un enfant, adopté de surcroit ? Tu es encore jeune, tu as le temps d'avoir le tien propre, de ton sang. Et cela aurait-t-il un lien avec la mort de ta sœur ?"

Je ne la mérite pas. Je ne la mériterai jamais. Elle devrait fuir.
Et pourtant, j'étais si bien là, à écouter ses gentilles paroles, à m'abriter sous ses mots pour essayer de ne plus me penser salaud. Jamais aucune femme ne m'avait soutenu de la sorte. Jamais aucune femme d'ailleurs ne n'avait été aussi bien introduite dans ma vie pour en savoir autant sur moi. Mais ce n'était qu'un bébé. Que comprendrait-elle à l'histoire des saphirs?

- Des saphirs, il s'agit de saphirs.

Hégésipe détourna la tête à nouveau en prenant une moue déformée par la colère. Il n'aimait pas que je parle de cette lgende ou que j'ose y croire. Il avait tout fait quand nous étions jeunes avec Charlotte pour nous en éloigner. Et lorsqu', par hasard, il nous surprenait à jouer à la chasse aux saphirs, la punition était lourde... même s'il savait qu'il s'agissait de notre jeu préféré.

- Je vous alisse, j'ai besoin de prendre l'air. dit-il en allant sur le balcon.

J'acquiesçai de la tête et entrepris de raconter la légende.

- La famille Cavendish est l'une des plus vieilles du royaume. La légende veut que Merlin régnât sur son temps avec quatre pierres précieuses incrustées dans son chapeau: un diamant, une émeraude, un rubis et un saphir. Elle veut également que le pommeau de sa baguette comportât quatre saphirs symbolisant le spoints cardinaux, et que ses pierres confèrent à sa baguette son pouvoir suprême.
Avant de mourir, Merlin fit venir auprès de lui son plus fidèle ami et lui demanda d'emporter et de protéger ces pierres à jamais pour éviter que quelqu'un puisse recréér une baguette d'une telle puissance.

- Inepsies! s'emporta hegésipe qui venait de rentrer.

- Et...

L'histoire prenait un tout autre chemin que Natacha n'aurait jamais soupçonné et rendait l'adoption moins... calculé, en quelques sortes. Non pas qu'elle cautionnait malgré tout cette idée. Il n'avait pas non plus répondu à ses paroles concernant le fait d'avoir ses propres enfants ce qui présentait tout de même un inconvénient. Inconvénient égoïste car il prenait en compte avant tout ses propres désirs et non les siens.

Ils étaient tous deux libres de couper court à leur relation si tel était le souhait de l'un ou de l'autre. Aucun d'eux n'en avaient parlé une seule fois depuis maintenant deux mois. Mais avoir un enfant n'était pas dans ses projets immédiats. Alors quoi ? Le laisser aller voir ailleurs ? C'était la qu'intervenait l'égoïsme. Parce qu'elle le voulait pour elle, tout en voulant l'aider mais sans engager TASKS et en ne voulant encore moins qu'il se détourne pour chercher ailleurs ce qu'elle n'était pas prête à lui donner, quelle que soit la façon.

C'était peut-être à lui de fuir, et non le contraire.

"Et il ne faut pas être Trelawney pour savoir qui pourrait chercher à récupérer ses saphirs et pourquoi Charlotte..."

Elle ne termina pas sa phrase mais le 'a été assassinée' était sous-entendu. Perdre sa sœur devait être dur, mais avoir des doutes que cela soit finalement un assassinat et peut-être commandité par l'ennemi public numéro un, était pire que tout.

Elle pouvait comprendre les réticences qu'avaient Hégésipe à ne pas y croire. Elle même avait du mal. Une telle puissance supposée - car rien ne laissait croire que ses saphirs existaient réellement - n'aurait jamais dû être créent. Les hommes n'étaient pas connus pour leur bonté et de tout temps, il y en avait toujours eu un qui cherchait à dominer les autres. La loi de la nature. Le plus fort est au sommet de la chaine et le plus faible subit et tente de survivre. Si saphirs il y avait, le cher ami de Merlin aurait mieux fait de les réduire en poussière quand il en avait l'occasion car maintenant, ils étaient dans la nature pour le premier qui les trouverait

"Il faut donc trouver ces saphirs. Ou au moins chercher pour en avoir le cœur net." ajouta-t-elle précipitamment avant qu'Hégésipe ne leur sorte son couplet sur l'inutilité de telles recherches. "Même si je ne sais pas par où il faudrait commencer. Et à ce niveau, tu as plus les moyens que moi de te renseigner..." termina-t-elle, désolée, en direction de Benjamin cette fois.

Il avait les moyens du Ministère à sa disposition quand les siens étaient tout de même bien réduit ! On était étudiante ou on ne l'était pas...

Natacha serra une dernière fois les mains de Benjamin dans les siennes avant de se lever. Elle avait assez abusé du temps des deux hommes et le précepteur n'était peut-être pas venu juste pour les entendre blablater toute la nuit à propos des saphirs, histoire entre toute qu'il n'aimait pas entendre. Benjamin n'avait surement pas encore finit de l'écouter radoter, comme pendant ces jeunes années.

"Je vais vous laisser. Vous avez surement beaucoup de temps à rattraper, tous les deux. Ravie de vous avoir rencontrer Hégésipe."

Natacha sourit alors que ledit Hégésipe lui retourner la politesse. Cette fois, pas question de partir comme elle était arrivée. Un peu de normalité ne ferait surement pas de mal dans cette soirée alors elle allait emprunter le chemin dit normal, jusqu'à la porte d'entrée, Benjamin sur les talons pour quelques instants seul à seul.

"Je crois que tu n'es pas encore couché. Il avait l'air assez remonté, ton précepteur..." commença-t-elle, un début de sourire aux coins des lèvres. Tiens moi au courant et si tu as besoin d'une aide quelconque, tu sais où me trouver..."