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 Texte d'Automne

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Tiara Thomstorn
Seth Cullen
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Seth Cullen
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Seth Cullen


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MessageSujet: Re: Texte d'Automne   Texte d'Automne - Page 2 Icon_minitimeDim 31 Oct - 15:54:17

INSCRIPTION

Pseudo de l'artiste : Le Pack Cullen
Lot de contraintes : #1 - intimité
Participation : je participe au concours [X] inscription libre [ ]

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Réservé au jury :

Titre de la chanson : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
(Julien Doré - Los Angeles)

Spoiler:

Lien de l'image : /



Spoiler à lire à la fin du texte si possible.
Je le place au début pour qu'il vous reste en tête que le texte cache certainement quelque chose
que vous découvrirez quand vous en serez arrivé au bout
et que vous reviendrez ici pour lire cette note d'intention à rebours.

Spoiler:


Code L.A.
Luxure d'Automne


Plus la vie a été longue, plus l’on a de péchés à se faire confesser. Mon désir pluriel a hurlé son déchirement quand je lui refusais pitance. Pourtant, mieux vaut une conscience tranquille qu'une destinée prospère. Je n’avais plus de destin, je choisis donc les bêtises.

Mon désir polyglotte savait s’adresser à toutes les chairs et je n’avais guère plus besoin de ma langue que pour traduire en caresses des expressions que les corps pussent comprendre. Je ne parlais jamais pendant l’acte. Pas un soupir ne trahissait l’émoi. La fièvre était muette et chaude.

J’aurais dû entendre les brisures sous mes doigts. C’était le combat du marbre contre la peau de cristal. Mais j’étais devenu aussi sourd que muet. Le seul son que j’entendais parfois provenait de cette voix lointaine qui m’interdisait de profaner la vertu de celle sur laquelle je m’étais abattu.

Je faisais attention au moindre mouvement et, malgré moi, je me retrouvais à faire l’amour plus que je ne baisais. Non pour écouter et suivre le conseil de cette voix. Mais pour tirer meilleur profit de la demoiselle dans laquelle je me trouvais.

La longévité le l’acte était un épineux problème : Où sa jouissance trépassait après quelques coups de reins et le souffle frais de mon haleine sur son vase en corolle coloré d’abricot, la mienne perdurait. Insatiable et esseulée.

Comme la réflexion était nouvelle, elle m’avait rendu perplexe... toutefois, j’avais peur que ces manques vinssent à me faire souffrir pour l’éternité. En bref, je voulais un orgasme et l’on ne m’en donnait point.

* * *

J’étais arrivé depuis trois jours à Los Angeles. On ne m’avait posé aucune question. J’avais choisi un moyen de transport ordinaire. L’avion.

A toutes les personnes que je rencontrai, je ne cachais jamais que j’appartenais à la Résistance. Je n’ai pas envie de traiter mon appartenance à ce mouvement comme une imperfection, une difformité de plus ou un poids. C’avait été mon choix et je l’assumais à haute voix. Je traînais assez de tares pour le moment, je refusais d’en trainer une de plus. Si les gens le voyaient comme une maladie infectieuse et mortelle, je rétorquais avec impudeur que je ne craignais plus l’ange de la mort qui m’avait raté déjà deux fois. Bien que je m’imaginasse que la troisième serait la bonne, personne d’autre que moi ne soupçonnait la proportion de mes craintes et je passais pour un invincible vaniteux plutôt que pour un futur macchabée. On me disait suicidaire de ne pas le cacher mais à ce qu’on m’avait raconté des Enfers pour les sorciers et les vampires qui s’étaient défait de leur existence par leur propre volonté, il ne me disait rien d’y passer le reste de mon éternité. Je voulais vivre mais la Résistance ne serait pas mon étoile jaune.

De toute manière, le voyage n’avait rien à voir avec mes activités au sein du mouvement. Si un quelconque Opposant me mettait la patte dessus pour un interrogatoire musclé, je lui aurais dit la vérité sur les circonstances de ma visite et les raisons qui m’amenaient en Californie. Elles étaient à la fois si inhabituelles et si compréhensibles que mon hypothétique geôlier aurait pensé que je ne pouvais avoir conçu une excuse aussi singulière si mes desseins avaient été funestes, ou c’était que je souffrais de folie en plus de souffrir de la mort. Et si on m’interrogeait sur Sacha ou sur les Iccams, j’abuserais mes accusateurs avec beaucoup d’aisance et de conviction car, réellement, je n’étais pas là pour ça. J’aurais parlé avec beaucoup d’ingénuité malgré l’objet de ma quête et, grâce au jeune âge dont j’aurais profité des indulgences, je serais passé pour un jeune effronté mais débonnaire parce que la bonhomie est le plus charmant des visages ou le plus hideux des masques. Je ne lancine pas en attendant qu’on me démasque.

« Pourquoi êtes-vous ici, monsieur ?
« Pour trouver une femme vampire.
« Afin de chercher à renverser Antarès ?
« Pas du tout.
« Avez-vous des intentions criminelles ? Attentats ? Meurtres ? Sédition ?
« Si la jouissance est une infraction, enfermez-moi dès maintenant.
« Non... Ca ira... Tourisme sexuel ? Quelle curieuse idée de venir jusqu’aux Etats-Unis pour... ça.
« Au temps des cerises, quand vous aviez mon âge et que vous vous apprêtiez à commettre quelque chose de critiquable, l’auriez-vous commis dans la maison de vos parents ? L'Angleterre est ma maison. Ma vie, mes amis, ma famille, mon éducation, mes barrières et mes chaînes sont là-bas. Je ne suis pas libre quand je suis en société. Ici, je peux être n’importe qui. Je suis loin de tout... et il est vrai que les mœurs ne sont pas les mêmes. Nous ne voyons jamais qu'un seul côté des choses. Pour voir l’autre face, il faut retourner la pièce plutôt qu’essayer d’en faire le tour.
« Ca se défend ! Vous avez bien raison ! Prenez du bon temps et passez un bon séjour au Royaume de l’Opposition. Près de Deven Street, il y a un ghetto pour les vampires. Si vous n’avez pas peur de finir la tête à côté des épaules, vous devriez aller visiter.

Une heure plus tard, j'avais laissé mon sac et ma guitare dans un petit motel en bordure de la cité des anges.
Il n’était pas loin de vingt-deux heures et j’arpentais Deven Street sans trop savoir comment m’y prendre. Je craignais de me brûler à la première femme venue. Si chacune s’en arrêtait à mon aspect juvénile et pas à mes 350 ans, je n’avais pas mes chances et j’aurais fait tout ce trajet pour des prunes.

J’étais rentré dans un établissement un peu au hasard. Il n’était pas commun de voir réuni en une si petite place de si nombreuses personnes. Toutes étaient d’une rare beauté et agissaient avec beaucoup d’affèterie. La musique était bruyante. Je me trouvais impressionné par la population et ma quête me sembla soudain puérile. De toute ma vie, je n’avais jamais abordé une personne que je ne connaissais pas.

Je me suis découragé. Je n’y arrivais pas. Je n’arrivais pas à lever mon derrière d’immortel pour aller à la rencontre d’une femme, ni même d’un homme. Certains avaient de l’aisance pour la séduction et le dialogue. Je ne faisais pas partie de ces gens-là. Il fallait me résoudre à n’attirer que l’œil des jeunes filles humaines. Tant pis pour ma pomme ! Peut-être n’étais-je destiné qu’à assouvir plutôt qu’à être assouvi. C’était pour cette raison que le Bienfaiteur m’avait donné la phobie du contact physique. Pour me barrer la route aux plaisirs inédits. Les choses les plus douces me seraient plus compliquées à obtenir. Depuis mes douze ans, je ne pouvais être touché que si j’acceptais qu’on me touche. Il m’était impossible de me lancer effrontément dans le contact humain. J’étais fait pour la réflexion et la distance. Non pour la proximité et la chair. J’étais fabriqué comme le marbre mais une simple fleur de pissenlit risquait de me briser. Était-ce bien grave dans le fond ? Chacun a ses fragilités.

Je me suis levé. La porte de sortie me tendait les bras. J’avais réservé une chambre dans un petit motel abandonné. Pour cette nuit, je rangeais ma curiosité et les armes. Demain serait un autre jour. J’abattrais mes braises sur Los Angeles. Mais ce soir, acceptons de n’être que des cendres.

De retour sur le pavé de Deven Street, j’entendis qu’on me suivait. J’avais une ouïe et un odorat plus fin que la majorité des vampires. En dehors d’être à moitié loup et à moitié vampire, c’était ma particularité. Je fis mine de ne m’apercevoir de rien. Au lieu d’une promenade sur le corps lunaire d’une femme vampire, j’allais peut-être visiter le fond de mon mausolée. Me voulait-on du mal ?

Le parfum qui m’arriva aux narines était entêtant. Musc ambré, épices, chanvre, silicate et éther. Un mélange inhabituel. J’ai attendu d’atteindre le carrefour d’une ruelle avant de disparaitre mais l’être qui me suivait avait des gestes aussi rapides que les miens. Une course poursuite s’ensuivit. De toits en toits et de murets en murets, l’ombre me chassait. J’étais le gibier.

J’atteignis une route qui menait vers le désert. L’ombre m’avait suivi jusqu’ici. Parfois, je l’avais entendu glousser. C’était la voix d’une fille. Comme nous n’étions plus entourés de rien, je me suis arrêté subitement et je me suis retourné sans prévenir. Prêts à entamer un combat.

Je ne parlais pas.

« Tu es rapide, toi.

Je ne répondis pas. Je me tenais sur mes gardes, prêts à anticiper ses gestes.

« Tu n’es pas resté longtemps à Deven Street.

Je ne dis toujours rien. Il ne me traversa même pas l’esprit qu’elle m’avait suivi tout se chemin pour la simple raison que je lui plaisais. La femme était un vampire brun aux yeux dorés et en amende.

« Tu ne parles pas ?
« Non.

Elle rit.

« Tu veux me combattre ?
« Ca dépend.... tu veux me combattre ?

Elle sourit.

« Non.

Je me détendis sans pour autant lâcher ma garde.

« Pourquoi tu m’as suivi jusqu’ici ?
« Pourquoi tu m’as entraînée jusqu’ici ?

J’étais déconcerté. Je me grattai l’arcade sourcilière en me redressant droit comme i.

« Qu’est-ce que tu me veux ?
« Et toi ? Qu’est-ce que tu me voudrais ?

Il y eut un long silence. Sa fâcheuse habitude de répondre à mes questions par des questions me laissait perplexe. Que lui voulais-je ? La raison de ma fugue me revint en mémoire. Je ne la quittais pas des yeux. Maintenant que la probabilité se présentait, j’étais incapable de prendre une décision et de me laisser aller.

Elle s’approcha.

« Je lis les pensées, avoua-t-elle.
« Aïe, dis-je en souriant.

Si elle m’avait observé pendant tout le temps que j’avais passé dans le club de Deven Street, elle n’avait pas dû être déçue.

« Oui, je t’ai entendu tout le temps que tu as passé à Deven Street. Tu penses beaucoup pour un vampire, répondit-elle à ma pensée.

Je restais immobile. Je vidais ma tête pour ne rien lui donner de plus.

« Tu fais le vide ?
« Oui.
« Tu n’as pas répondu à ma question.
« Toi non plus.
« D’accord. A trois on répond tout les deux en même temps.

Le jeu était enfantin. Je ne dis rien. Elle prit cela pour un consentement. Elle compta.

« 1...2...3...
« Tout.
« Rien.

Nous avions répondu en même temps. Nos réponses avaient laissé un vide. L’un de nous mentait et nous savions tous les deux lequel c’était.

En un coup de vent, elle s’est jetée sur moi, me poussant d’un coup dans l’estomac et j’allai m’aplatir contre une rocheuse. Le choc avait été si puissant que mon corps s’était moulé dans la pierre. En retombant au sol, trois mètres plus bas, je fus emprisonné par le vampire qui était venue s’assoir sur mon ventre et me tenir les bras en croix de part et d’autre de mon tronc. Mes bras et les siens étaient si éloignés de ma tête que nos deux visages n’étaient plus qu’à quelques centimètres :

« Tu n’es pas malade et pourtant je suis sur toi, Seth Cullen.

Elle avait lu bien plus que je pensais. Mais elle avait raison. Son contact ne me rendait pas malade.
Comment était-ce possible ?

« Peut-être que ton désir est devenu plus grand que tes craintes, répondit-elle a la pensée.
« Pour toi ? L’interrogeai-je, souhaitant qu’elle ait raison.
« Je ne sais pas... mais tu es un drôle de challenge.

De sa joue, en se penchant un peu plus, elle caressa ma joue de sa peau de pêche. Je frissonnai. Elle perçut le frisson. Elle en était satisfaite.

« Tu es de la Résistance, dit-elle.

Je fis un oui léger de la tête en enfonçant mes yeux dans les siens pour y cerner la raison de la question. La réponse arriva vite.

« Je suis de l’Opposition, dit-elle en m’embrassant.

J’attendis de connaître ce que la révélation de ces étiquettes allait changer à la situation. Elle me garda allongé sur la roche du désert encore un peu.

« Ca ne changera que la façon dont nous nous quitterons.
« Comment allons-nous quitter ?
« Sur un adieu et non sur un au revoir, sourit-elle.
« Ca c’est parce que je suis anglais. Pas parce que je suis de la Résistance.
« Oui, il faudra que tu retournes chez toi. Mais si tu es un bon amant, j’aurais pu te suivre jusqu’à chez toi.
« C’est impossible, ça.
« Que tu sois un bon amant ou que je te suive ?

Un silence. Et je lui dis :

« Pour l’un on peut essayer de le découvrir maintenant et pour l’autre il faudra attendre demain que je m’en aille.

Je n’ai pas assez de vocabulaire pour décrire l’amour que nous fîmes au milieu de ce paysage désertique. La nuit s’embrasa. Chaque coup de hanche était autant de coups de tonnerre qui résonnèrent à l’autre bout des échos désertiques. Nous partagions à part égales. Je n’avais pas besoin de retenir mes gestes, son corps était aussi solide que le mien. Je me donnais sans entrave et c’était bien ça « faire l’amour » ? Tout donner sans compter et sans réfléchir ? Ca pouvait paraître idiot, une fable absurde et déplacée, mais quand on n’a vécu que dans le déséquilibre, le don sans l’échange, la retenue plutôt que dans la liberté, une chose aussi simple que la fièvre ouvre toutes les portes de nouveaux univers. C’est ce que l’automne m’apportait : un souffle de liberté.

Ma conquête n’était pas spirituelle. Je ne cherchais pas l’éloquence de la philosophie ou l’explication psychologique aux pourquoi des comment. Je cherchais un orgasme et il me fut offert par cette femme qui savait lire entre les lignes des drames qui m’embrassaient.

Elle n’était pas vampire diurne.
L’aube vint mettre à terme à nos effusions.
Pour la première fois aussi, je ressentis la fatigue.
J’étais sur le point de tomber dans les pommes si elle ne m’aidait pas à me tenir debout pour que nous rentrions.

Nous n’échangeâmes plus un mot sur le chemin du retour au centre ville. Mon motel se trouvait à l’entrée de Los Angeles. Sa villa était sur la plage.

« Avant que tu t’en ailles, je pourrais peut-être revenir ?
« Comme tu veux.

La réponse semblait ingrate mais elle ne s’offusqua pas de mon impassibilité. Elle m’embrassa comme si nous étions un couple et me laissa à la porte de ma chambre qui donnait directement sur une courette qui servait de parking aux locataires du motel.

Egoïstement, j’étais rassasié et je n’avais pas envie de la revoir bien que j’avais beaucoup d’affection pour celle qui s’était dévolue à mon éducation sans juger les motivations de mon périple américain. Quant à elle, elle ne m’avait pas expliqué pourquoi elle s’y était soumise sans que je n’aille la chercher.

La journée fut ensoleillée. Ici, la seule chose qui rappelait l’automne était la date sur le calendrier pendu derrière la loge du gardien de l’hôtel.

Il n’était pas loin de huit heures du soir et je comptais décamper avant que ma maîtresse d’une nuit ne réapparaisse. J’avais passé la journée à jouer de la guitare en me remémorant chaque geste, chaque soupir. Le moelleux de sa poitrine sur ma peau adamantine. La passion de mes mains sur ses courbes vallonnées et la perdition dans son teint de pêche. L’audace de mes inquisitions. La folie de ses démonstrations. L’indécence de nos ballets. La rigueur, l’avidité et l’acharnement que mettait mon intimité à visiter et se brûler encore et encore dans le brasier de son feu intérieur. Sa gorge enchanteresse s’appliquant à chanter des panégyriques à tout ce qui se trouvait en deçà de ma ceinture. Ma bouche, déshumanisée, qui répondit à ses gémissements en caressant les quartiers secrets de son anatomie. Et, plus haut que tout, le partage à part égal du plaisir ainsi donné. Mais il fallait partir.

Mon sac à la main et la guitare sur l’autre épaule, j’ouvris la porte du motel. Elle apparut instantanément devant moi alors que je venais de claquer la porte. Son visage ne me complimentait pas sur ce que j’étais en train d’envisager :

« Tu pars sans dire au revoir ?
« Nous avions dit que ça serait un adieu...
« Tu mens. Tu as dit "Comme je veux". Ton excuse est piètre, contra-t-elle en me prenant dans ses bras. Le contact avec son corps fut la madeleine de Proust qui me ramena à la nuit dernière. Mais ça n’avait aucun sens d’espérer obtenir plus de notre situation. La passion est un cadeau éphémère dont seule la mémoire continue de jouir quand le feu s'est éteint.

Elle voulait en voir plus que le palier, que j’ouvre la porte de ma chambre et que nous allions nous perdre dans mes draps. Mais le drame qui m’embrassait n’était plus qu’un brouillard lointain.


Elle essaye de lire entre les lignes. Elle voudrait découvrir si le feu brûle encore. Elle me voudrait de nouveau en brasier incandescent mais elle ne trouve qu’un glaçon qui a refermé toutes ses écoutilles et qui s’apprête à reprendre la mer.

Elle sourit tristement en désignant la guitare.

« Tu ne dis plus rien ? Tu as pris et tu pars ?

Silence. Je ne peux pas répondre « oui ».

« Si tu ne peux pas parler tu peux peut-être chanter ce que tu as ?

Je pose le sac et je m’adosse à la porte de la chambre close. Elle grimpe sur la balustrade de bois qui sert de passerelle faisant communiquer toutes les locations qui donnent sur les paliers. Elle m'écoute sagement.

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« Je claque la porte de ma maison close
« Et tu t'héliportes vers moi
« Tes seins sont vides de sens avéré
« Et tu t'imagines les restes du palier
« Je souffle sur les braises de Los Angeles
« J'enfume le drame qui m'embrasse
« Tu lis entre les lignes qui ne brûlent pas
« Et tu m'imagines en feu de joie.

Elle me délivre un instant de la guitare et m’embrasse. Comme un adieu cette fois.

« Va donc. Peut-être que lorsque nous nous retrouvons un jour, ça sera au cœur d’une dispute entre nos deux camps...
« Peut-être.

L’histoire mourut sur un peut-être.
Le souvenir survécut pour un toujours.


Spoiler:


Dernière édition par Seth Cullen le Sam 19 Mar - 22:15:37, édité 1 fois
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Tiara Thomstorn
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MessageSujet: Re: Texte d'Automne   Texte d'Automne - Page 2 Icon_minitimeDim 31 Oct - 23:39:26

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Pseudo de l'artiste : Tiara
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(Dido - Hunter)

Spoiler:

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Hunter


J'ai toujours considéré que performance accomplie méritait récompense. Alors, lorsque le Directeur du Laboratoire d'Analyses et de Recherches Médicomagiques Évolutives me proposa un poste d'assistante au sein de son équipe de chercheurs haut de gamme, je ne me posai pas de question quant à cette opportunité inopinée. Il s'agissait d'une place que je convoitais depuis mes études mais je n'avais jamais postulé car je savais les places chères et mon expérience risible. La moyenne d'âge de ces chercheurs était plus de deux fois supérieure à la mienne et comparable au nombre de leurs publications officielles. La nouvelle avait d'ailleurs suscité différentes réactions : ahurissement pour ma part, colère de la part de mon chef, joie hystérique pour Fex, satisfaction pour Blaise, fierté pour mes parents et furie de la part d'Ivana Stanov. Je n'avais jamais entendu parler d'elle jusqu'à ce qu'elle vienne m'agresser dans les couloirs du Ministère. Rouge comme une tomate et prête à m'en coller une en pleine poire, elle m'avait accusé d'avoir vendu mes charmes auprès du Directeur pour qu'il revienne sur sa décision et me sélectionne à sa place. Ah ! jalouse entre les jalouses !

Quant à Anthony… Entre sa tête d'enterrement, ses grognement inaudibles et ses monosyllabiques, on ne pouvait pas dire qu'il avait accueilli la nouvelle avec enthousiasme*.

"Hummfouai", marmonna-t-il dans sa tasse de thé.
"'Toutes mes félicitations Tiara ! Je suis vraiment ravi pour toi ! Laisse moi donc t'offrir cette nouvelle petite robe signée Vera Wang qui te plait tellement.' 'Oh… merci beaucoup Tony, ça me touche vraiment ! Mais ne t'en sens pas obligé !'" m'exclamai-je avec un entrain feint, réduite à prendre en charge la totalité de nos dialogues.

Anthony soupire longuement et repose sa tasse de thé.

"Tiara…"
"Anthony…"rétorquai-je sur le même ton las.

"Tu sais que je t'ai toujours soutenue et encouragée…", commença-t-il
"…Mais ?" Il y avait toujours un "mais".
"Mais tu ne t'es jamais demandée comment tu as pu obtenir ce poste alors que tu n'y avais même jamais postulé ? Comment ton contrat au département a pu être rompu alors que le terme n'arrive à échéance que dans trois ans ? Pourquoi Jenkins est furieux à cause de tout ça ?"m'interrogea-t-il en me fixant intensément.

La négation et l'embarras pouvaient facilement se lire sur mon visage. Bien sûr que ces questions avaient effleuré mon esprit. J'avais fait part de mes inquiétudes à Blaise. Il s'était contenté de les balayer d'un revers et de m'assurer que c'était une pratique courante au Ministère.

"Où veux-tu en venir Ant' ?" finis-je par demander en craignant la réponse.

Je le sens mal à l'aise et il semble trouver un grand intérêt à la patte de la chaise.

"J'ai entendu des choses au Ministère…"
"Oh non ! Pas encore cette rumeur à la noix ! Cette furie ne sait pas quoi inventer pour s'attirer la sympathie des gens !" m'emportai-je "Non mais, s'imaginer une seule seconde que j'ai pu m'abaisser à… avec ce vieux… Sérieux quoi, il est haut comme trois pommes et jaune comme un coing !"

"Je ne parlais pas de ça… même si Miss Stanov n'a pas tout à fait tord."

Je vois bien qu'il n'a qu'une envie et c'est de se fendre la poire*. Je le fusille du regard en signe d'avertissement. A la limite, je préférais quand il se la jouait Caveman. Traitre va !

Il enchaine rapidement et tente un désamorcement.

"Blaise Cygnus a été surpris en compagnie du Directeur du LARME. Tu sais comme moi que ce type ne se déplace jamais uniquement par courtoisie. Apparemment, il aurait offert que sa société participe au financement du dernier projet du LARME. Quoi qu'il en soit, quelques heures plus tard, Stanov recevait un hibou lui annonçant que sa candidature n'avait finalement pas été retenue et qu'ils avaient trouvé un candidat correspondant mieux au profil recherché…"

Il me laisse amorcer mes propres conclusions. Je refuse de relever ma tête baissée sous le poids des révélations. Je ne veux lire dans ses yeux si sympathie, ni pitié mais je crois que je ne me suis jamais sentie aussi humiliée de toute ma vie. Peu à peu, alors que le rouge de mes joues régresse, c'est la colère qui prend le dessus et s'insinue dans mes veines. Colère après moi-même et ma naïveté. Mais surtout colère après Blaise pour s'être payé ma pomme* et de s'être immiscé d'une façon aussi abjecte dans ma vie. Control freak.

"Je dois y aller." lui annonçai-je d'une voix contenue.

Je me relève brutalement, rassemble mes affaires et ignore la voix inquiète d'Anthony qui me demande où je vais.

*

Dix minutes plus tard, je me retrouve dans le quartier des affaires, côté moldu. Blaise est le sorcier le plus moldu que je connaisse. Le plus snob aussi. Sans oublier manipulateur. Egocentrique. Imbus de sa personne. Détestable.

Tout comme ce temps pourri. En Égypte, l'automne n'est que douceur, saveurs exquises de cannelle, figues, raisins, grenades et dattes. C'est la nature qui reprend ses droits et s'offre un doux repos. Ce sont les arbres qui s'emmitouflent dans leur manteau de mousse. Le sol qui se couvre d'une épaisse couverture ambrée. Un soleil flamboyant au milieu d'un ciel apaisant. Ici, l'automne n'est que désolation et agression. Il est fait de brouillard, de bruit, de pluie, de vent et de nuages. Ça pue l'automne.

Bien vite, j'arrive devant le siège social de son entreprise. Un building prétentieux de trente étages fait de verre incurvé et de métal. A l'image de son propriétaire.

Deux agents de sécurité me laissent pénétrer dans l'imposant hall. Je m'aperçois alors que j'ai oublié le badge qui me permet d'accéder aux étages. Je n'ai d'autre choix que de m'avancer vers le bureau en grès clair de la réceptionniste. La jeune femme blonde impeccablement habillée me sourit aimablement. Garce.

"Je suis ici pour voir Blaise Cygnus. Tiara Thomstorn."

Elle me demande de patienter, pianote sur son ordinateur et compose un numéro. L'instant d'après un homme en noir s'approche et me tend un badge sur lequel est écrit en lettres capitales 'Visitor'. Je le reconnais. Il s'agit de Taylor SWIFT, le chef de la sécurité et seul habilité à accéder au dernier étage du building. Il me rappelle Anthony d'une certaine façon.

"Comment ça va Taylor ?"

"Très bien Miss Thomstorn."

"Tiara."

Il me désespère à toujours refuser de m'appeler par mon prénom. Il me conduit aux ascenseurs et tape le code de sécurité qui me permettra d'accéder au trentième étage. Je comprends pas toutes ces mesures de sécurité. C'est tout juste si le bâtiment n'est pas plus sécurisé qu'Azkaban.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sans bruit et je me retrouve à nouveau dans un hall au sol immaculé. Devant moi, un autre bureau de grès clair et une autre blonde à la coiffure impeccable. Sarah, une de ses assistantes, se lève pour m'accueillir, un sourire amical aux lèvres. A croire qu'il les avait bien dressées.

"Miss Thomstorn ! Laissez-moi prévenir Monsieur…"

"Pas la peine," l'interrompis-je sans patience.

J'ignore sa mine outrée de barbie siliconée, me dirige d'un pas furieux vers la double porte et la pousse sans préavis. Celle-ci rebondit en un claquement sourd contre le mur intérieur. Je regrette qu'il ne se soit pas trouvé derrière la porte à ce moment-là.

Il semblait plutôt être en pleine conversation téléphonique. Il raccroche sans me quitter des yeux. Irritation, stupéfaction et enfin appréhension pouvaient se lire sur son visage. Derrière moi, j'entends Sarah se confondre en excuses avant de refermer la porte doucement.

On se dévisage longtemps sans émettre le moindre son, si ce n'est celui de ma respiration. C'est le temps nécessaire pour que je ne m'effondre pas sous le coup de l'énervement.

"Pourquoi ?"
Un seul mot murmuré pour me rendre compte que mon visage ruissèle de larmes amères.
Un seul mot aussi pour que la compréhension s'imprègne de ses traits.

"Tiara…" Il se relève graduellement en tendant une main vers moi, comme s'il cherchait à m'apaiser. L'aspect rigide de mon corps l'en dissuade.

"Dis-moi pourquoi tu as fait ça sans même m'en parler ?"

Le ton monte et le ressentiment se distille un peu plus dans les veines jusqu'à en faire gonfler le cœur. Sa posture évolue à son tour. Il se redresse. Son visage se referme, impassible. Le regard défiant. Il revêt son costume d'homme d'affaire froid et cynique.

"J'ai fait ce qu'il y avait à faire. Tu voulais ce poste, non ? Et bien, tu l'as maintenant. Inutile de perdre notre temps en conversation stérile."

Je détestais ses manières expéditives et ses grands airs.

"Tu n'avais pas le droit de t'immiscer ainsi dans mon travail ! Maintenant tout le monde croit que tu m'as acheté mon poste ! J'ai l'air de quoi ? Hein ?! Surtout que je ne t'avais rien demandé !"

"Si je n'étais pas intervenu, jamais tu n'aurais eu une telle opportunité." poursuivit-il d'un ton neutre. "Tu es bien naïve de croire que l'on récompense les gens au mérite. Tout fonctionne par réseau. J'ai juste fait jouer le mien. Mais si ça peut te rassurer, je ne t'ai pas 'acheté' ce poste comme tu te plais à le penser. Je me suis associé au LARME parce que leurs découvertes pouvaient bénéficier à mon entreprise. Je leur ai signifié que je voulais un interlocuteur de confiance. J'ai simplement suggéré ton nom. Maintenant, si tu as fini tes caprices, j'ai une réunion dans dix minutes. Je te verrai ce soir Tiara."

Tout était toujours très simple avec lui mais jamais ouvert à discussion. Il avait raison. Point. Il ne fallait pas chercher plus loin avec lui. La conversation semblait vaine. Accablée par la gerbe d'ironie et de bons mots dont lui seul était capable, je me dirige vers la porte d'un pas vacillant. A cet instant, je n'ai même pas la force de lui tenir tête et de me prémunir contre son venin. A l'entendre, je devais même lui être reconnaissante. Arrogant ass.

*
Quand rien ne va, on peut seulement compter sur le soutien de ses véritables amis pour vous aider à ne pas sombrer dans le néant et vous redonner la pêche. Et celui d'un pichet de margarita. Ou quatre.

Je me suis réfugiée dans l'appart de Fédriana. En voyant ma mine défaite, elle a tout de suite expédié Phil – son mec – chez lui et m'a ouvert ses bras pour un câlin d'une heure trente et trois quart d'heure de pestage intensif contre Blaise. Il s'en est suivi une razzia dans ses placards dans le but de dépasser le record du monde de la plus grande quantité de calories ingurgitées en une soirée.

"Celui qui a dit que l'âme qui aime et qui souffre est à l'état sublime est un menteur. Tu as une mine affreuse ma chérie." commenta mon ex-meilleure amie.

"Merci Fex, je ne regrette pas du tout d'être venue ici… Et qui a dit que j'étais amoureuse ?"

Il lui suffit d'un regard pour que je n'insiste pas.

"Disons plutôt que je ne le déteste pas comme au début…"

"Franchement, je suis la première à ne pas comprendre ce que tu lui trouves. C'est son côté mystérieux qui t'attire ? Je suppose que bonheur est parfois caché dans l'inconnu. Mais là, c'est plutôt bonheur d'outre tombe avec lui. Sérieux, il est pas ténébreux, il est morbide ce type."

Pour une raison qui m'est inconnue, elle éclate de rire et en profite pour m'asperger de miettes de cupcakes.

"Très class Fex. Mais c'est bon, j'ai compris, vous n'êtes pas les meilleurs amis du monde."

"C'est le cas de le dire. Mais si l'amour violent, c'est ton truc, t'en prive pas pour moi. Perso, je préfère l'amour tendre et passionnel de mon Philou."

Je me retiens à peine de rouler des yeux et la laisse à ses divagations sur sa relation avec Phil. Je renoue le lien avec une boite de cookies, bien plus compréhensive que mon amie. Soudain, Fex me colle son téléphone portable à la figure, le sourire béat. Ou niais. C'est au choix.

"Regarde un peu ce que mon Philou m'a envoyé cet après-midi parce que je lui manquais."

Je lis et refoule un soubresaut.

"Je t'aime un peu plus de tout le temps qui s'est écoulé depuis ce matin* ? Euh… très romantique…"

Elle ignore mes sarcasmes et se met à embrasser son téléphone. Ridicule. En tout cas, une chose est sûre, jamais je ne recevrai ce genre de message de la part de Blaise. Quand Phil sortait les violons pour composer une sérénade à sa belle, je n'avais droit qu'aux notes stridentes d'une symphonie dramatique de la part de Blaise. Insensible prick.

"Tu sais, il lui arrive aussi d'avoir ses bons moments…" Je hausse une épaule, soudain timide. "Il a été là pour moi quand mon grand-père est décédé."

"Ouais bon, je veux bien croire qu'il ne soit pas toujours un crétin insensible. Mais il n'empêche qu'il reste un crétin vil et manipulateur. Le problème dans votre couple, c'est qu'il se comporte en parent persécuteur et qu'il te considère en enfant rebelle."

Je ne cherche même plus à comprendre ses références psychologiques à deux noises, ni à chercher à en savoir plus. Je me contente d'acquiescer sans conviction à ce qu'elle me raconte sur les ébats de mon 'moi'.

Il se fait et j'ai la tête plein de brume. Fex insiste pour que je reste dormir mais je décline et lui promets de la voir le lendemain.

With one light on in one room
I know you're up when I get home
With one small step upon the stair
I know your look when I get there

En arrivant à la résidence, seul un silence chargé de reproches m'accueille. Je n'en attendais pas moins. Je me débarrasse de mon manteau et de mon sac. Au bout du hall, un mince filet de lumière filtre à travers la lourde porte. Je sais qu'il m'attend, qu'il m'a entendu entrer et qu'il haïra chaque seconde que je laisse s'écouler avant de le rejoindre. Eager jerk.

If you were a king up there on your throne
would you be wise enough to let me go
for this queen you think you own
Wants to be a hunter again
I want to see the world alone again
to take a chance on life again
so let me go

Je pourrais très bien monter directement me coucher seule. Je dispose de ma propre suite comme convenu lors de notre arrangement initial. La partie vengeresse et immature de mon âme me susurrait de lui envoyer un bras d'honneur et de tout quitter. La partie stupide de mon âme me pressait de le rejoindre pour mettre fin à ce conflit qui nous opposait.

The unread book and painful look
the tv's on, the sound is down
One long pause
then you begin
oh look what the cat's brought in

En poussant la porte, je le découvre exactement comme je me l'étais imaginé. Assis dans son fauteuil préféré, un vieux grimoire abandonné sur le coin de la table de chevet, le regard fixant les flammes. Au début, rien ne laisse transparaître qu'il est conscient de ma présence mais je remarque la veine vacillante sur sa tempe qui ne peut signifier qu'une chose, il est furax.

"T'étais où ?" grogna-t-il sans faire un geste vers moi.
"Chez Fex."
"Tu as bu ?" m'interrogea-t-il consterné.
"Un peu." Je ne pensais pas que c'était si évident que ça
Cette fois-ci, il se relève et s'avance vers moi d'un pas menaçant.


If you were a king up there on your throne
would you be wise enough to let me go
for this queen you think you own
Wants to be a hunter again
I want to see the world alone again
to take a chance on life again

"Il est onze heures et demi. Je me suis inquiété."
"Pourquoi ça ? Parce que tu pouvais pas contrôler où je me trouvais, ni ce que je faisais ?"
Il plisse les yeux et fait plusieurs pas vers moi.
"Si c'est encore à cause de cette histoire de boulot…"
"Non ! C'est juste que je pense qu'on peut pas baser notre relation sur une dynamique parent/enfant !"

J'arrive pas à croire que je viens de lui balancer ça. Lui non plus apparemment.
Je reprends lui calmement mais résolue.

"On ne peut pas continuer comme ça, Blaise. Je me perds quand je suis avec toi. Plutôt que d'être ta partenaire, j'ai l'impression d'être un boulet que tu traines."
Il tend une main vers moi mais je recule d'un pas. Ses yeux s'écarquillent. Est-ce de la panique que je lis dans son regard ?
"Je suis désolé si j'ai pris des décisions nous concernant sans te consulter. Mais sache que je n'avais que tes intérêts en tête."
"Ce n'est pas une raison. Je voulais être ton égale mais toi tu cherches juste quelqu'un qui se soumette à toi. Tu vois, on ne veut pas les mêmes choses. Je ne suis pas celle pour toi."
J'ai la gorge serrée. Mes pensées m'enserrent, m'étranglent et me poussent à faire face à la réalité. Plus j'y pense, plus j'ai mal. Les maux de la séparation, de la culpabilité, de la colère, de la prise de conscience.
"Quoi ? Non ! Tu es tout ce dont j'ai besoin." Il semble pris de panique. "Tu t'enfuies?"

Je ne réponds rien.
so let me go
let me leave
For the crown you've placed upon my head feels too heavy now
and I don't know what to say to you but I'll smile anyhow

"Tu peux pas." Persista-t-il
"Blaise…"
"Non, non !" Il regarde autour de lui, comme s'il cherchait l'inspiration. Instantanément, il tombe à mes pieds. A genoux, les yeux baissés, ses longs doigts étalés sur ses cuisses. Il prend une profonde inspiration et ne bouge plus.
"Blaise ?"
Pas de réponse.
"Que t'arrive-t-il ?"
Toujours pas de réponse.
"Blaise ! Mais qu'est ce que tu fais, regarde-moi bon sang !"
Cette fois-ci, son visage se relève vers moi sans hésitation.
Il me dévisage, impassible. Le regard serein, calme et complètement passif.

J'y crois pas…

Blaise. Le Soumis.

and all the time I'm thinking, thinking
I want to be a hunter again
want to see the world alone again
to take a chance on life again
so let me go.

Aujourd'hui je suis reine. Autrefois j'étais libre.

Spoiler:
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Enki Youshenko
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MessageSujet: Re: Texte d'Automne   Texte d'Automne - Page 2 Icon_minitimeLun 1 Nov - 0:30:29

Merci pour vos textes! Merci d'avoir relevé le défi! Merci d'avoir participé!

Les sondages seront installés dès demain. Vous pouvez faire une petite critique des textes que vous avez aimé.
Si la critique ne vous met pas à l'aise, vous pouvez choisir d'écrire un petit article de vos impressions générales, de ce que vous avez aimé, moins aimé, ce qui vous a étonné, les citations et les passages que vous avez préféré...

Tout est possible!

Les participants peuvent bien entendu donner leur avis sur les textes des autres mais aussi sur le propre texte s'ils ont envie d'en parler. Les contraintes qui vous ont bien pris la tête, celle qui vous ont amusé...

Tout est possible!

Les critiques et les votes prendront fin d'ici deux ou trois semaines selon le nombre de personne ayant donné leur avis.

Tout les joueurs sont invités à donner un avis, à laisser un petit mot, même un pas grand chose.
Lisez un texte ou deux, faites honneur à ceux qui ont pris la peine de s'arrêter quelques heures pour nous raconter une tranche de vie de leur personnage ou partager leurs pensées.

Tout le jury et moi-même vous remercions de l'effort et du temps Very Happy

A partir de ce message, tous les textes qui seront postés seront hors concours mais lu avec la plus grande attention quand même Smile
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Mélusine McEwan
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MessageSujet: Re: Texte d'Automne   Texte d'Automne - Page 2 Icon_minitimeLun 1 Nov - 20:57:59

INSCRIPTION

Pseudo de l'artiste : Mélusine Very Happy
Lot de contraintes : Lot 2 ~ texte poète
Participation : je participe au concours [ ] inscription libre [ ] je suis un boulet [X]

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Réservé au jury :

Titre de la chanson : ........................
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La 25ème heure





Il y avait en plein automne
Une heure qui n'existait pas,
Un très long minuit monotone,
Où le monde se mettait au pas.

Le coeur de la nuit est paisible,
Une silhouette seulement se noie
Dans l'océan des impossibles
Où l'on se perd quelques fois.

Au coin de la rue, un ivrogne,
Que l'alcool rendait heureux,
Chantait tout bas mais à personne,
Un air vaguement libidineux.

"Je mets mon cal'çon aux enchères,
Au plaisir du plus généreux.
Mon cal'çon, une terre étrangère,
Accueille les plus aventureux.
Mon cal'çon, bien sous tout rapport,
Vous offre le couvert pour la nuit;
Pour combattre le froid dehors,
Mon cal'çon est un aguerri.
Mon cal'çon n'est pas farouche
Il prête même un bout d'son lit."

Ce type, final'ment un peu louche,
Continua sa litanie.
Mais Mélusine n'écoutait pas,
Perdue dans au creux de son enfer
Où le monde mettait à bas
Les jolis sentiments d'hier.
Automne. Les premières feuilles tombent déjà, roussies,
Mortes d'avoir trop aimé le soleil et la vie.



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Octobre sous un ciel gris.
Des larmes de pluie au goût de pleurs.
Les yeux se voilent sans éclaircie,
Un poids lui tombe sur le coeur.

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Octobre dans le sein d'une ville
Où tout lui devient étranger;
Mëme ailleurs n'est plus un asile
Où il fait bon aller rêver.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Octobre au creux d'un végétal.
La sève se fige, l'espoir se meurt.
Le fond de l'air devient létal,
La mort se distille en douceur.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Octobre sur les débris de verre,
Un coup de poing, la main en sang.
Le désespoir se fait propsère,
Elle attend depuis trop longtemps.




Je vis, je cours, je dors, je rêve, je rame, j'ai peur.
J'ai toujours eu, je crois, la folie des grandeurs.
Je veux goûter à tout, un concentré de vie,
Sans savoir dessiner des limites définies.
Incapable de dire "stop", je vais toujours trop loin,
Je m'égare de partout, je me perds en chemin.

On fait du mal aux autres, à n'vivre que pour soi-même,
Mais c'est pour fort que moi, je vis dans les extrêmes.
Je veux les rires, je veux les larmes et la douceur,
Je veux la violence, la beauté, la noirceur.
Par-dessus tout, je veux briller avant d'm'éteindre,
Dire que j'ai vécu sans jamais me restreindre.

Le temps est un bourreau qui dissèque les heures.
Je fuis, j'ai mal, je crie, je mens, je pris, je pleure.

Car, comme souvent, l'automne est le temps des fantômes.
Tout revient en rafale, sans même s'annoncer.
J'étais sûre, pourtant, d'avoir tout verrouillé.
... J'ai encore sa chaleur dans le creux de ma paume.


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Fear to feel.
Pray to veil.
Dare to care.

That was then, it is now. This now tastes bitter.
May I try once again? I'm not such a gambler.
Fate is a strange game, where everybody loose;
It seemed to look away and caught us in a noose.
This story is unfair, I should have guessed before,
That play with his feelings will drive me to loose him.
I'm driving him insane, his love for me will dim.
A new pitiful loss , I won't stand anymore.


J'ai la tête hantée, le cœur plein à vomir.
Indigestion d'émoi, overdose de souv'nirs.
Victime d'illusions, consentante à crever.
J'avais envie de croire à cette réalité.
Et j'ai le cœur carié, dévoré par deux vers,
Qui le font sonner creux et le mettent à l'envers:
Il aspire tout à lui au lieu de se répandre.
Le reste de mon corps semble en dev'nir exsangue.
J'ai peur qu'un beau matin, il n'implose tout court.
On ne devrait jamais multiplier l'amour.

La tête assaillie de rêves pandémiques,
Je ne récolte que des crises acataleptiques.


Mon premier est un rêve, un précieux talisman,
Qui à sourire me laisse le coeur incandescent,
Qui donne envie de vivre pour goûter le meilleur
Et dont l'absence confine au contraire du bonheur.

Mon second est cet Autre qui me rend incomplète,
Qui s'exile lui-même dans le secret d'sa tête,
Qui ouvre grand les bras pour les fermer trop vite,
Qui un jour me fascine, le lendemain m'évite.

Ma troisième s'y perd. Ma troisième, c'est moi,
Qui ne sais pas aimer, qui ne sait plus haïr,
Qui reste à contempler Orion et Altaïr;
Qui se cache, qui se terre et qui ne comprend pas.

Mon tout est un mystère, une soupe aux hérissons,
Une pelote d'épingles lovée dans la poitrine,
Un nœud indémêlable aux allures de prison.
C'est l'histoire de Sacha, Amba et Mélusine.


Alors j'ai mis les petits mouchoirs dans les grands;
J'ai essoré le tout à grands gestes violents.


Dans les rues d'Edinburgh, j'entends battre le tocsin,
Echo de ma poitrine. L'a vie n'a l'goût de rien.
Juste le goût du dégoût, sans ces deux disparus.

Avoir rêvé. S'être brûlée. Avoir vécu.

La nuit se referma sur elle
Comme un écrin anthropophage.
Un crac comme une ritournelle
Annonce les joies du transplanage:
La métropole sur la Tamise.
Aux alentours de Buckingham,
Non loin du Palais de Madame,
IL y avait la maison des Shield.

Lentement sa raison se dissout sous la pluie
Qui infiltre ses veines, y glisse un chuchotis:
"Prolepse vivait toujours dans l'anticipation
Et son Analepse dans l'amour des souvenirs."

L'histoire de Carpe Diem, narrée par l'homme-poisson
Réussit à ramener sur ses lèvres un sourire.

C'est lui qu'elle voulait voir, pour prendre de la distance,
Lui qui gardait encore la pureté de l'enfance.
Elle voulait lui parler de son Plus-que-Parfait,
Des jours au Canada, de l'étrange Imparfait;
Des yins, des yangs, des questions sans réponses.
De la vie, de la mort. Des utopies absconses.


Enfants d'la liberté, je serais cette clef,
Miroir aux Allouettes quand le cœur n'y est pas.
Et je jouerais à être ce qu'on attend de moi.

Je le sais: je ne suis pas là pour être aimée.



Spoiler:


Dernière édition par Mélusine McEwan le Dim 7 Nov - 11:10:40, édité 2 fois
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Isis Kitlee
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MessageSujet: Re: Texte d'Automne   Texte d'Automne - Page 2 Icon_minitimeLun 1 Nov - 23:32:01

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Pseudo de l'artiste : Souricette
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Stop mature content sexualité




L. Cullen



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La main s’échappa de la lourde chevelure brune et glissa tendrement le long de sa joue. La douce caresse s’attarda sur les lèvres charnues. Les doigts effleuraient cette bouche qui répondait à sa sollicitation par de léger baiser. Le jeu continua un temps. Les gestes se firent plus appuyant, la main plus pressante, le jeu labial plus licencieux. Un râle y mit fin.

La chevelure bascula en arrière.
La main continua son voyage vers d’autres horizons.

Le cou, rapidement exploré du bout des doigts, laissa place à des contrées au relief plus exotique. La main s’y attarda négligemment, explorant les courbes opalines avec tendresse et envie. En connaisseur, les flatteries se firent audacieuses, la lenteur des mouvements renforçait implicitement la volupté de la situation. Le frémissement du corps féminin arracha à l’homme un sourire satisfait.

L’autre sourire vient le cueillir au creux de ses lèvres. Le souffle et les rires firent le restent.

La main n’avait toujours pas quitté le sein. Si le désir ne la réclamait pas, elle serait restée attachée à ses charmes. Elle traina encore un peu, avant de plonger, avide, vers des contrées plus secrètes.



Le printemps était doux. La rosée fraichement déposée sur les pétales de fleur à peine éclos rendait l’univers magique. Le vent se réchauffait doucement dans cette première journée de nuit complète. Les sorciers, les moldus, les créatures s’inquiétaient de ce changement inhabituel. Tous paniqués.

Sauf le couple.



Les paumes contre les hanches de la demoiselle, il accompagna les mouvements lascifs qui les dirigeaient depuis le début. Ses paumes, à elle, s’appuyaient sur le torse musclé. Un temps. Les yeux s’attardèrent dans ses prunelles masculines. Un changement s’était opéré. Une main voulut s’aventurer vers ses prunelles bleu foncé mais fut arrêtée par la jouissance grandissante.



L’escapade du couple n’était pas passée inaperçue. Seul le détenteur du pouvoir d’Omens ne s’en faisait pas. Le couple arriverait en vie, et bien assez tôt.



Le souffle court, le sourire aux lèvres, les yeux pétillants, elle s’était aventurée à piquer un baiser avant de claironner.

- Tu as retrouvé la vue… alors verdict ?

Par un mouvement de basculement, il la plaça sous lui, s’amusa avec ses boucles brunes avant de murmurer à son oreille.


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- Isis…
On venait de lui taper sur l’épaule.

- Isis… tu as l’air songeur

Elle tourna lentement la tête vers Mallhouwen.

- Alors ?
- Hum… Je profite du paysage.

Isis se retourna à la contemplation de la vue imprenable de Paris. Elle resserra machinalement son écharpe quand le vent se leva. Le paysage qu’elle avait vu, deux ans auparavant, sous un printemps charmeur, se révélait tout aussi magnifique dans ce début d’automne. Les arbres avaient pris une teinte rougeâtre avec une touche de jaune. Une teinte aussi dorée que la blondeur de son compagnon d’une nuit.

- Et les joues rosies, le froid surement. Alors, qui est l’heureux élu de ce souvenir qui t’as envie ?

- Tu es trop curieuse… bien trop curieuse.


Isis sourit à sa tutrice. Les deux femmes avaient décidé de passer un weekend toutes les deux, loin de tous, pour se retrouver. Se promettant enfin que leur relation conflictuelle était finie. Passer un weekend, ensemble, de temps à autre, juste pour elle.

Isis prit la direction du Boulevard du Souffle, gardant à l’esprit son merveilleux souvenir. Ne se doutant pas un instant que cette sortie à Paris serait la première mais aussi la dernière.



Spoiler:
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Elinor Redgrave
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MessageSujet: Re: Texte d'Automne   Texte d'Automne - Page 2 Icon_minitimeSam 6 Nov - 22:06:20

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Pseudo de l'artiste : Manoue
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(The Dø - On my Shoulders)

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(Des]illusions



Des illusions on s’en berce quand on vient de terminer ses études avec d’excellents résultats et que s’ouvrent devant nous les portes du métier que l’on a toujours voulu exercer. Pour moi, avocate. Mes illusions se sont teintées d’idéalisme quand je me suis enfin retrouvée au cœur du système judiciaire. Plongée dans une fierté sans bornes je me mis imprudemment à bomber le torse dans la rue quitte à m’envoler, gonflée comme un ballon d’hélium sous le regard suspicieux des passants méfiants.

A cette époque là j’étais insouciante. J’allais enfin retourner au cabinet où j’avais fait mon stage, l’un des meilleurs de Londres : Hamilton & Wallace. Ces deux hommes sont célèbres pour l’énergie qu’ils mettent dans l'exécution de chaque requérant qui se présente contre leur cabinet. Leurs plaidoiries inspirent les juges pour retourner l’accusation et la faire tomber sur la victime. Une odeur de sang accompagne leur passage au prétoire, de véritables équarrisseurs ! Aussi, quand ils m’appelèrent pour faire partie de leurs collaborateurs, mon bel orgueil vert en fut flatté. La lettre me parvint un lundi. Dès que je l’ouvris je me mis à rougir comme une tomate. C’était le couronnement de tant d’années d’études. Mon père en avait les larmes aux yeux. J’étais fière d’être recrutée par ces loups là ! J’avais une pêche d’enfer ! J’aurais été capable de leur décrocher la lune s’ils me l’avaient demandé tant ma fierté était comblée.

Mon premier jour arriva. Devant ma glace je ne faisais pas la fière. J’étais prête, habillée, coiffée, maquillée, … le tout avec 45 minutes d’avance bien que le bureau fût à 10 minutes à pied. Même Noah s’était moqué de moi avant de partir.


_ Miss Redgrave, bienvenue parmi nous.
Un simple sourire de ma part suffit comme réponse.
_ Vous êtes à présent un membre à part entière de notre cabinet, ce qui demande une implication totale de votre part dans votre travail, et une imprégnation totale aux principes de l’étude.
_ Je ...
_ Comprenez bien que nous avons fermé les yeux sur le fait que vous ayez un jeune enfant eu égard aux capacités que vous avez démontrées pendant votre stage.

Cette phrase me tordit les entrailles et commença à me faire réfléchir. J’avais l’impression d’être transpercée par leurs regards. Aucune chance pour que je ramène ma fraise, je me sentais paralysée, fait suffisamment rare pour être souligné.

_ Nous fondons de grands espoirs en vous. Et pour que vous y répondiez, il vous faut comprendre la politique de la maison, celle que l’on n’explique pas forcément aux stagiaires. Vous, vous méritez d’être initiée.

_ Et je suis impatiente de l’être. Répliquai-je intriguée.
_ Voyez-vous Miss Redgrave, Wallace et Hamilton a toujours suivi la mouvance politique avec intuition. Nous avons toujours su naviguer, ménager les susceptibilités, et rendre les services nécessaires à l’ascension de notre affaire. Nous ne courbons jamais l’échine, nous allons là où l’on nous attend et suivons les jeunes loups. Actuellement, le cabinet commence à se rapprocher du mouvement d’Opposition. Comprenez-vous ?
_ Je ne pense pas être bête.
_ Nous prenons une famille de victimes d’Antarès, médiatique cela va sans dire. En contre partie, nous défendons environ trois suivants d’Antarès, nous deux pour les plus célèbres. Les autres, nous les laissons à nos nouveaux collaborateurs, comme vous.
_ Donc vous soutenez clairement Antarès.
_ Du moins pour les affaires. Compléta Wallace d’un œil brillant.
_ Le peuple ne soutient pas Antarès dans sa majorité.
_ Le peuple ? Un âne qui se cabre. Intervint Hamilton.
_ La Résistance ?
_ Les montagnes ont toujours fait la guerre aux plaines. Ajouta-t-il toujours aussi prompt.

Moi, je me contentais de hocher la tête. J'acquiesçais machinalement. Sans ciller je venais de leur faire allégeance, m'appropriant au passage leur ligne de conduite. Étais-je supposée faire ça? Sans doute si je voulais ce poste.

Leurs paroles flottèrent dans les airs annihilant toute capacité de réponse de ma part, et précipitant ainsi le deuil de mes idéaux. Je fermais ma gueule au mépris de toute éthique personnelle, serrant mes poings sur mes genoux. Comment avais-je pu être si aveugle pendant mon stage? Évidemment que les avocats ne sont pas de petits saints besogneux. Ils sont là pour défendre chaque citoyen en vertu du principe selon lequel tout homme a droit à une défense. Ce principe implique un esprit de neutralité de l'avocat quant aux actes de son client, et à la prise en charge de son cas. Autrement dit, on ne choisit pas ses clients. Là, je découvrais naïvement la réalité d'une politique économique.

Ils continuèrent à développer pendant que j'imaginais ma morale errer dans les limbes, attendant une hypothétique rédemption, à moins qu'elle ne se soit déjà noyée dans le Styx.

La morale s’effaçait pour laisser place à un confortable matelas de gallions censés amadouer ma conscience. Rest in peace my virtue, j’avais accepté, j’étais adoubée.

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Les satisfaire. Supporter le poids de la trahison pour eux, pour ma carrière. L’homme est l’orgueil du cèdre remplissant le roseau.

Deux jours après je me rendis au Bureau des brigadiers de la Magie en tant que commis d’office. Je devais retrouver George Pillow. La porte de sa cellule découvrit un homme d’une cinquantaine d’années, front sillonné de rides profondes, deux petits yeux cernés enfoncés dans de profondes cavités, un visage long et maigre mal rasé, fendu de deux lèvres à peine plus colorées que ses pommettes blafardes. Son apparence ne plaidait pas pour lui, son langage, si. George Pillow avait un vocabulaire riche, distingué, et des manières à faire pâlir le plus éduqué des ministres.

Ce bon Georges était soupçonné de torture et d’assassinat sur une adolescente de 15 ans. Lui-même n’essaya même pas de le nier devant moi. Un : je devais défendre un meurtrier pour prouver ma soumission à la politique de la maison. Deux : on ne pouvait pas dire que celui-ci était très coopératif. Il y avait en lui comme une volonté ordalique envers Antarès, ce qui le rendait effrayant. Autour de lui tout ne reflétait que la douleur du deuil. Ma plus profonde volonté était de le voir finir trucidé au fin fond d’une forêt d’Etat… Mais je ne pouvais pas me le permettre.

La problématique était simple pour le procès : arriver à convaincre le jury qu’il n’y a pas plus saint que mon client, et que la disparition de la victime serait arrivée un jour où l'autre au vu son comportement aguichant sans scrupule. Au verdict, je compris que je n’avais pas été très convaincante…

Lewis et Hamilton me confièrent une seconde affaire du même type. A croire qu’il n’y avait que ma pomme au cabinet pour défendre les équarrisseurs, violeurs et autres poètes.

Le second procès connut le même sort. Je remportais le troisième. De ces trois affaires je ne pus réussir à sortir indemne. Au quatrième, je réussis à faire relaxer mon client. Ce soir là je vomis encore, mais cette fois, non par dégoût de ce qu’avait fait mon client, par simple dégoût de le voir partir libre. Mi-figue mi-raisin je rentrai digérer l’infidélité faite à mes principes… Tout ça pour leur faire plaisir.

On devient avocat lorsqu’on prête serment. "Je jure, comme Avocat, d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité". Ça, c’est en théorie. Le serment ne fait que flatter l’orgueil des jeunes diplômés devant le jugenmagot lors de la cérémonie. Là, on se sent grand, important, imbus de pouvoir dans ce lieu ayant abrité quelques-unes des plus célèbres passes d’armes d’avocats. En pratique, c’est une autre histoire.

Le salut de mes convictions vint pour moi de la demande expresse du Ministère de la Magie. L’Institution demanda à mon cabinet de me libérer afin de m’envoyer en mission diplomatique en France. Lewis et Hamilton en furent honorés, tout comme la réputation du Cabinet. Pour un temps au moins je trouvai le moyen de les rendre fiers de m’avoir près d’eux sans pour autant me renier.




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