Ca fait si longtemps...

Elle regarda d’un mauvais œil Egon se diriger avec une citrouille vers la piste de danse. Il ne faisait ça que pour la faire chier. Se venger. C’était petit. Très petit. Tellement petit qu’elle se demandait pourquoi ça la mettait autant en rogne. Oui, ça la mettait en rogne. Non pas qu’il danse avec Deneb, mais qu’il gagne encore une fois à son fichu jeu. Dès qu’il voulait la faire chier, il y arrivait très bien. Trop bien. « P’tit con ».

Ne laissant rien paraitre de son irritation, elle détourna le regard des danseurs et le posa sur le reste de la salle. Partout où ses yeux s’égaraient, elle se retrouvait épiée plus ou moins discrètement par les étudiants. Les chuchotements, les coups d’œil appuyés, l’indifférence feinte lui pesa rapidement. Isis commença à se tortiller sur place, imaginant un moyen de se dérober de toute cette attention quand elle sentit deux mains la pousser, l’enlacer, et la mouvoir au rythme de la mélodie.

Les mains fébriles qui la menèrent vers la piste, se raffermir quand elles se joignirent dans le dos de la jeune femme. Timides au début, elles devinrent plus hardies au fur et à mesures des notes qui s’écoulaient. Hardies mais à une distance respectueuse, de peur de fondre sous la chaleur corporelle de leur prisonnière. Quand les menottes de la jeune femme s’aventurèrent chastement sur les hanches du gardien, les siennes se crispèrent, oubliant leur précédente témérités.
Un temps.
Deux temps.
Les poings se desserrent. Les mains se détendaient.
Un temps.
Deux temps.
Trois temps.
Les doigts commencèrent une caresse, qui se termina abruptement aussitôt qu’Egon les eut rejoints.

Certes, ils avaient l’air de deux adolescents dansant leur premier slow en apparence.
Pas un seul instant le blondinet n’avait ôté son masque d’indifférence. La seule faille était enfouie dans ses poches accentuant par son attitude nonchalante son bouclier.

Isis avait bien conscience du désir de Liam. De la promesse, même erronée, de retrouver ce qui l’avait perdu. Elle n’était pas Sienne, il le savait que trop, mais elle s’en approchait tellement que ses désirs enfouies sous son tapis refaisaient douloureusement surface.
L’iccam Rosà voulu trouver les mots pour lui dire de continuer à vivre. De l’aider à cicatriser la douleur. Toutefois, elle était incapable de trouver les mots quand il s’agissait de l’homme qu’elle aimait. Alors pour un inconnu…

Ils arrivèrent près de la salle du trône. Isis n’y avait pas mis les pieds. Jamais. Elle se tenait éloigner le plus possible de cet endroit. A ses yeux s’étaient comme reconnaitre qu’elle était uniquement l’iccam, ce qu’une partie - toute petite mais qui savait se faire entendre - refusait toujours et encore.

- Je ne te quitterai jamais.
Ils entrèrent dans l’immense galerie. La Passeuse et la Kalista semblait en pleine conversation philosophico prophétique. Le Gardien habillé d’indifférence rejoignit hâtivement le Miroir maussade. Derrière eux, l’Iccam Rosà en second ferma les portes et rejoignit les clés.

- Jamais de mon plein gré.

Elle s’était sentit obligée d’ajouter ce bout de phrase. Ca avait l’air innocent. Ca résonnait comme une phrase tout faite avec peu d’intérêt. Ca sentait la vérité.

Oiseau de mauvais augure. Isis percevait la catastrophe s’abattre à tout instant.
Souffrir. Ca ne l’effrayait pas. Ca l’a mettait de mauvaise humeur. Elle l’a connaissait. Elle avait vécu avec depuis ses 8 ans. Elle était plus habituée à souffrir qu’à ne pas souffrir à vrai dire.
A ses moments perdus, elle s’imaginait avoir reçu le titre de réincarnation juste pour la résistance à la douleur dont elle faisait preuve.
Souffrir. Ca ne l’effrayé pas. Ce qui l’effrayé par contre, était la réaction d’Egon. La dernière fois qu’elle avait été blessée en sa présence, il a échangé sa vie contre la sienne. 7 années en Myr. Combien d’année de souffrance endura-t-il encore pour la sauver ?

- "Le Gardien, sans peur et impérieux, gardera son glaive et son œil au-dessus de la Kalista. Ci est la disposition des quatre clés et de leurs obligés: le guerrier au centre marche vers l'avant. Le Passeur le précède est marche à reculons. La Kalista, à côté du Passeur, avance tout droit et l'arme au poing. Au-dessus d'eux, l'œil perçant et intransigeant du Gardien surveille leurs mouvements. Le Miroir ferme la marche et multiplie leurs prétentions. La femme du guerrier marche sous terre. Elle attend l'heure de la renaissance."

Isis écouta attentivement la dictée de la Kalista. Elle récita au mot prés ce qu’Emmett lui avait révélé dans leur monde.

- Qu’en penses-tu, Isis ?
Isis se retient d’hausser les épaules. Si on l’avait prévenu qu’elle allait subir une interrogation, elle aurait révisé avant. Mais voilà, elle n’avait jamais été très assidue en cours d’interprétation prophétique.

- Rien. Jouons la franchise. Je veux dire, à part un positionnement géographique des protagonistes, je ne pense rien de cette prophétie. Je suis trop terre à terre pour comprendre les méandres de ces prémonitions.

Elle avait joué carte sur table. Elle pensait perdre. Elle avait l’air d’avoir gagner. Le sourire de Shanty était là pour lui révéler. Elle avait beau ne pas l’avoir vu depuis des années, Isis savait reconnaitre le sourire de son amie. Celui qui disait « c’est le truc le plus intelligent que j’ai jamais entendu ».

- Et c’est bien cette partie de ta personnalité qui nous a permis de découvrir comment fusionner. On venait de le découvrir quand tu as été… il suffira que tu t’allonges près d’Egon.
- Il suffit juste de se placer comme le centaure l’a décrit pour que la fusion fonctionne ? Isis regardait incrédule Shanty puis Egon puis chacune des clés. Elle s’attendait à tout moment qu’on lui dise que s’était une blague. Ca ne pouvait pas être si simple. Comment un bouquin au charabia incompréhensible, au dix milles langues et cent mille interprétations existait pour au final se résumer à une phrase :" Pour sauver le monde, placer le gardien au-dessus de la Kalista, à côté mette le Passeur. Derrière l’iccam Umbrès. A ses pieds, l’iccam Rosà. Et pour finir, Le miroir derrière le couple de réincarnation". Non sérieusement, ça ne pouvait qu'être une blague.
- Oui et non.
- Oui ?
- Il suffit de se placer comme le Centaure l’a décrit.
Ils se fichaient vraiment d’elle.
- Non ?
- Notre premier essai ne fut pas aussi concluant qu’on l’espérait.

Isis attendit que Shanty développe. Elle ne le fit pas. A priori, elle ne voulait pas donner à la revenante certaines informations craignant surement une ruse Antarienne. Ca ne l’a dérangea pas outre mesure. Elle s’y attendait. Par contre, ils considéreraient Egon comme l’u des leur, mais tout comme elle, son iccam n’avait pas toutes les informations. Quelles conséquences cela pouvait-ils avoir ? Elle ne serait trop dire. A part qu’ils étaient vraiment mal barré.
Ce qui ne changeait pas vraiment de leur quotidien.

- Acceptez-vous de prendre la place de l’iccam Rosà, Iccam-San ?
- Oui.

Plus de marche arrière possible.

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