[Phoenice Zone] Jolene Letrade ~ 3eme année

Sur son matelas s'étalait un tas de photos, d'elle-même, en train de poser, mi-sérieuse mi-amusée, tentant de reproduire l'expression de sa mère tellement noble sans succès. Ou allongée sur un fin sable dorée, illuminée dans le soleil couchant du littoral français. Elle devant le Poudlard Express, trop petite dans sa robe de sorcier fraichement offerte pour son onzième anniversaire. Ou encore dans les bras d'une jeune femme, légèrement plus âgée qu'elle et qui lui ressemblait presque comme deux gouttes d'eau, à la différence qu'elle n'avait pas la même nez ou que l'une avait des grains de beauté et l'autre des tâches de rousseurs. Jolene les contempla quelques minutes puis les rassembla d'un geste impatient et les fourgua dans sa valise. Elle sortit ensuite de sa chambre après l'avoir dévasté pour trouver la dernière chose qui lui manquait avant de partir.

" - Holly !! Où est mon pull ? Holly si t'as mon pull je vais te botter le train si fort que tu pourrais jamais t'asseoir, je te préviens ! Callie ! Si c'est toi qu'à mon pull, CA VA CHIER !!

Jolene dévala les escaliers quatre à quatre, sa valise flottant derrière elle. Aucune trace de sa sœur, ni d'ailleurs celle de son pull préféré, et ce à quelques minutes avant son départ pour la gare. Et hors de question de partir sans, surtout pour une année scolaire entière. Elle rentra en courant presque dans la cuisine et tomba sur sa mère qui avait l'air complètement paumée en train de cuisiner.

" - Lou ! Non, Olympe, Callie ?
- Tu es presque, c'est Jo. Tu peux demander à Holly de me rendre mon pull ? Tu sais, celui que tu m'as offert pour mon anniversaire il y a deux ans.

Elle soupira profondément en posant une main sur sa hanche, le plateau en équilibre dans l'autre main. L'air très fatiguée, comme si lui demander de juste intervenir la mettait dans une fatigue extrême. Jolene ne supportait pas de rester trop longtemps avec sa mère depuis qu'était arrivé "l'incident", elle était tout le temps comme ça. Et c'était étrange de la voir en mode maman gaga alors qu'elle avait grandi en craignant sa mère et en admirant cette femme si belle, si noble et qui arrivait avec brio à ménager une certaine distance et une certaine froideur avec les autres. A présent, elle ne ressemblait plus à la femme qu'elle avait connue.

" - Tu veux un cookie ? lui demanda t-elle après un instant de méditation intense.
- Jo ! Je t'avais demandé de laisser ta mère tranquille il me semble, intervint son père qui venait juste de rentrer dans la cuisine.

Jolene lui sourit avec une touche de provocation comme à chaque fois qu'il lui faisait la remarque. Il agita sa baguette en direction d'un point derrière le mur et le manteau de Jolene traversa la porte pour venir se jeter sur sa tête. Sa valise se crasha sur le parquet ne bois de la cuisine en répandant son contenu sur le bois. Elle imita sa mère en soupirant profondément et en posant une main sur sa hanche tout en levant les yeux au ciel. Elle agita sa baguette sans rien dire et les vêtements se plièrent tous et se rangèrent dans une danse gracieuse.
Olympe débarqua dans la salle, portant le pull tant recherché en portant la valise de Fred dans une main et faisant voler celle de Skandar avec sa baguette dans l'autre. Prenant pitié pour son père et sa mère qui était en train de faire le tour de la salle en distribuant des cookies à tours de bras, Jolene s'abstint de tout commentaire quant audit pull. Olympe prit les mains de ses frères et disparut dans un craquement sonore. Son père chopa Callie, la plus jeune de la fratrie Letrade puis s'approcha pour se saisir de la valise et prit la main de Jolene qu'elle venait juste de sortir de la manche de son manteau après plusieurs contorsions digne des jeux olympiques de gymnastique.
Un clignement de paupières plus tard, elle se retrouvait dans la gare de King's Cross, à Londres à quelques centaines, voire des milliers de kilomètres de là où elle était quelques secondes plus tôt.
Son père était du genre, loin d'aimer les effusions d'embrassades et d'affections, pourtant, quand son père lui pressa l'épaule et qu'elle s'obligea à essayer de s'échapper à son étreinte, il abandonna cette vérité générale et la tira vers lui pour la prendre dans ses bras. Elle n'avais pas eu le droit à se genre de traitement depuis la première fois où elle avait quitté la maison pour aller à Poudlard, quand elle avait onze ans.
Elle se força à se dégager de lui, elle n'avait plus onze ans et elle était peut-être entourée de futurs camarades de classes.

Le voyage ne dura pas longtemps, la plus jeune de ses sœur, Callie, avait décidé de s'entraîner à faire de la guitare durant la nuit afin de pouvoir faire un morceau pour divertir ses camarades à Poudlard. Sa chambre était malheureusement juste au dessus de celle de Jolene. Et cette dernière était parfaitement au courant pour dire que sa sœur maîtrisait un répertoire très fourni pour les veillées au coin du feu. Heureusement, le compartiment qu'elle avait choisit resta vide pendant tout le voyage, ce qui était positif mais aurait aussi bien pu être négatif si Olivia, le meilleure amie de Jo n'était pas passée pour la réveiller avant que le train ne reparte pour Londres, ce qui aurait été nettement moins pratique pour sa répartition. Sortant dans la foule de nouveaux élèves et d'étudiants, elles pestèrent à deux contre les morveux qui leur tombait dans les pattes, sans distinction d'âge, de maison ou sexe. Elles finirent par virer deux premières années d'une calèche et montèrent jusqu'à Poudlard Uni en parlant de ce qu'elles avaient chacune faites pendant les vacances, Jo n'osait pas trop dire qu'elle s'était enrôlée chez les Opposants, parce que même si sa meilleure amie était comme elle une sang pure, peut-être qu'elle prendrait mal une révélation de ce genre, surtout si elle ne l'avait pas invitée.

Elles rejoignirent la longue file d'étudiants en première année comme elle en médisant sur ceux qu'elle reconnaissait et qui avaient été leurs souffre douleur pendant sept ans et qui, malgré ça avait continué leurs études sans craindre de les revoir. Courageux les ancien morveux quand même. Olivia passa juste devant elle, bah oui G, c'est avant L alors ... Olivia Granhall va à Moon Shadow. Elle retourna vers Jolene avec un air un peu ... déçu.

" - A quoi tu t'attendais vieille bique ? T'as rien foutu pendant ta scolarité à part pour inventer n'importe quoi en Divination et tout ça seulement parce que ton prof était canon ! Te plains pas maintenant !

Olivia lui lança un regard noir propre à elle même et partit rejoindre la Grande Salle en traînant des pieds. Il n'y avait plus que quelques glandus devant elle, ce serait bientôt son tour de lancer son bout de papier dans le flambeau. Elle commença un peu à stresser. Elle, elle voulait intégrer les rangs de Phoenice Zone. Pas parce qu'elle voulait devenir Auror, mais par vanité, pour le simple plaisir de savoir qu'elle était la meilleure d'entre toute. Et elle estimait qu'elle avait assez travaillé pour mériter sa place, il n'y avait plus qu'à croiser les doigts maintenant.

Les quelques centimètres qui la séparait du flambeau semblait maintenant à des kilomètres et ses mains commencèrent à suer un peu.

" - Letrade, Jolene, appela une voix.

La jeune femme s'approcha, et elle une main dans la coupe, refermant ses doigts sur un petit écusson.