Confidences intimes

17 janvier, soir.

Tout ce que tu dis a du sens, Mim'...
Mais la vie n'est jamais toute blanche ou toute noire.

Sanctionne les maux qu'on t'a causé
si tu es certaine de posséder toutes les données qui te permettent de ne pas méjuger.

Qui je suis ?

La seule définition dont je sois sûr est que je suis un homme.
Entre autres choses. Je suis un tas de choses.
Je suis fatigué, je suis amusé, je suis Amiral, je suis père, je suis méchant parfois,
je suis un mauvais fils, je suis loin, je suis ton époux, je suis sorcier, je suis las,
je suis un tout et la seconde d'après, je suis un néant.
Ces dernières années, je suis coupable plus qu'innocent.

Coupable. Plus de cent de mes actes méritent sanction.
J'ai des secrets et des dilemmes plein le coeur.
Je ne rougis d'aucun car je ne suis plus une fillette.
Un jour tu les apprendras,
Je te décevrai probablement et ça sera dans la continuité de tout ce que je fais,
Parce qu'il semble que ces derniers mois je ne sois fait que pour te décevoir.
Jour après jour, je m'entraîne à me faire à cette idée qui me fend l'âme.
Mais j'assume de n'être pas parfait.

Si un jour tu te faisais juge de moi,
J'espère que dans ta clémence, tu n'oublieras pas que l'amour conduit de bien étranges trajets.

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J'ai aimé notre nuit. Tu m'avais manqué.
Une main sur un ventre, un bébé qui bouge...

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Je dois partir pour une affaire importante.
Un certain Shawn Page est venu me mander.
Garde ce nom secret. Révèle-le si tu n'as pas de nouvelles de moi avant l'anniversaire de la mort d'Impartial.
Je ne veux pas t'inquiéter. Je ne sais pas de quoi il s'agit.
Mais tu me connais. J'y vais.

Si les choses tournaient mal, demande M. Finsbury à Newquay.
Je t'aime Charlotte.

PS: dès que je peux je t'écris.
Encore un PS: mets-leur en plein la vue. Mais pas trop quand même.
PS, encore... décidément: parle-moi de ton métier mais pour le bien de tous évite les passages de l'histoire qui me rendront... grincheux.

Vendredi 18 janvier 2013. Appartement de Yann Kenston, Tour Antarès, New-York.
14h56, heure de NY.

Je dois avouer que ce que tu dis me fais un peu peur.
Je n'ai pas peur de ce que tu as pu faire, ces choses que tu penses qu'elles me décevront. Ce n'est pas de ça que j'ai peur, je te fais confiance. J'ai peur de ma réaction.
J'aimerais te dire que non, il ne faut pas que tu t'inquiètes. Tu ne pourrais pas me décevoir même si tu le voulais. Que tout ira bien. La vérité c'est que je n'en sais rien.
Je sais que rien n'est tout blanc ou tout noir pourtant c'est bien souvent de cette manière que je vois les choses. Cartésienne. C'est oui ou c'est non, c'est très rarement peut-être.
Je ne sais pas comment je réagirais quand j'apprendrais les choses dont tu parles, si je pourrais me montrer clémente et indulgente. Je n'en ai aucune idée.
En revanche, il y a autre chose que je peux dire : c'est qu'après tout ce que nous avons déjà vécu, tous les obstacles que la vie a mis sur notre chemin pour nous faire trébucher, nous sommes encore là, debout et même prêts à accueillir notre enfant. Qu'est-ce qu'une barrière de plus ? Je ne m'en fais pas. Alors, si, tout finira par aller bien.

Je ne peux pas m'attarder, Yann vient d'arriver. Il est dans la pièce voisine. Je ne sais pas encore combien de temps il restera mais je ne sortirais certainement pas aussi souvent le journal le temps qu'il sera là. Je doute qu'il soit assez indélicat pour lire les confidences intimes d'une femme à son journal, mais on ne sait jamais. Je ne préfère pas tenter le diable.

Je vais filer, j'ai un rendez-vous pour un essayage de dernière minute.
Je vais essayer de ne pas (trop) m'inquiéter pour cette affaire pour laquelle tu pars. Ecris-moi effectivement dès que tu le peux, s'il te plaît.
Je t'aime. J'ai adoré notre nuit moi aussi, tous les trois, et que tu ne sois plus là me fait réaliser à quel point tu m'avais manqué. J'ai eu l'impression que bébé te réclamait hier matin, ou alors c'était juste moi.
Reviens-nous vite.

Dimanche 20 janvier 2013. Appartement de Yann Kenston, Tour Antarès, New-York.
6h30, heure de NY.

J'écris en quatrième vitesse, il est très tôt, j'ai eu du mal à me réveiller et si je ne me presse pas je vais être en retard mais je ne pouvais pas manquer ça.

Je te souhaite un très très joyeux anniversaire. Où que tu sois, quoi que tu fasses, j'espère que tout va bien et je pense à toi, plus particulièrement aujourd'hui.
J'aurais préféré ne pas aller travailler et passer la journée avec toi. Ou au moins pouvoir te voir. Te donner ton cadeau en mains propres. Quand tu auras le temps, je l'ai déposé dans notre pièce.
Tu me manques, un peu plus aujourd'hui que les autres jours. Même si une fois sur le tournage, je n'ai plus vraiment le temps de penser à autre chose. Je suis rentrée hier soir et je me suis lamentablement endormie à 21h... La première journée s'est bien passée, je te raconterais plus tard.

Le réveil était amer, j'aurais préféré être dans tes bras. Mais je me console en me disant que l'année prochaine, c'est avec notre bébé que nous fêterons cette journée.
D'ailleurs je ne sais pas ce qu'il a ce matin mais il est particulièrement énervé, il n'arrête pas de bouger. Peut-être ressentit-il que c'est un jour particulier ?

Je t'embrasse, très fort. Passe une belle journée. Je t'aime.
Mim'

Mardi 22 janvier 2013. Appartement de Yann Kenston, Tour Antarès, New-York.
6h47, heure de NY.

C'est officiel, j'ai pris plus de 10 kilos depuis le début de ma grossesse... Et il reste encore deux mois...
J'ai dû retirer mes bagues, elles me faisaient mal, et je n'arrive pas à mettre mes chaussures ce matin.
J'ai des cernes horribles sous les yeux et j'ai l'impression d'être aussi gonflée qu'un ballon sur le point d'éclater.
J'ai mal au dos, aux seins, et j'ai l'impression que mon ventre pèse des tonnes et que je vais tomber en avant à tout moment.
Dans un sens, je suis contente que tu ne sois pas là et que tu ne me voies pas comme ça... En me regardant dans le miroir ce matin je me suis presque trouvée repoussante. Ah, si j'étais mariée à moi-même, je demanderais le divorce !
Pour couronner le tout, la séquence d'aujourd'hui se passe dans une salle de bains, donc pratiquement nue...

Je sens que la journée va être longue.

Jeudi 24 janvier 2013. Appartement de Yann Kenston, Tour Antarès, New-York.
19h15, heure de NY.

Désolée pour le message d'hier matin. Un petit coup de blues passager. Mais je crois qu'il fallait que ça sorte, j'ai eu l'impression de me sentir un peu mieux après l'avoir écrit.
Si je m'écoutais je l'effacerais mais je me dis que c'est ça aussi la grossesse. Des beaux moments, et des moins agréables.

Je viens de finir le tournage pour la première publicité. Elle vante un nouvel objet créé par Heaven pour les sorcières enceintes. Attention, je te la présente en exclusivité : la montre natalité. C'est une montre qui mélange les techniques moldues et sorcières pour indiquer les moment importants de la grossesse ou donner des informations sur l'enfant quand il est né. Ca indique par exemple la prochaine échographie, ou si le bébé dort, quand il faut le changer, s'il a de la fièvre... C'est une jolie invention qui je suis sûre peut se montrer très pratique mais personnellement, je ne voudrais pas utiliser un tel objet pour notre enfant. Je crois que je préférerais être attentive à ses besoins plutôt que ce soit une montre qui me dicte ce que je dois faire...
Bref, pour vanter la montre, il y a trois scènes dans la publicité.
Dans la première, je suis en train de repeindre un mur quand la montre fait de la lumière et vibre (c'est d'ailleurs une sensation très étrange, ça fait des espèces de fourmillements, ça chatouille et ça donne des frissons en même temps, très bizarre). Donc la montre vibre et affiche que le bébé est réveillé. Je vais dans la pièce voisine et il y a un bébé de deux ans dans son berceau qui est effectivement réveillé. C'était un très beau bébé, je ne sais pas si le nôtre lui ressemblera - j'avoue m'être posée la question - mais je suis sûre qu'il sera tout aussi mignon. Je prends à bras le bébé qui me fait un magnifique sourire et la montre vibre encore, pour me signaler la prochaine échographie.
Dans la deuxième scène, je suis sous la douche et la montre est posée sur le lavabo. Comme je ne la porte pas, cette fois elle sonne pour indiquer un rendez-vous chez le médecin. Je me doute que cette scène pourrait te rendre... grincheux, mais si cela peut te rassurer on ne voit absolument rien. La douche est floue et on ne voit que mon ombre, et à partir du moment où je sors, il n'y a que mon visage et mes épaules qui sont filmés.
Pour la dernière partie, je suis en soirée avec un époux fictif (absolument pas aussi sexy que toi), mais je n'arrive pas à profiter de la soirée jusqu'à ce que je regarde la montre qui indique que le bébé va bien et dort.
Le tournage s'est bien passé, l'équipe était très professionnelle et très à l'écoute. Ils étaient vraiment aux petits soins. Je n'ai pas pu t'écrire aussi souvent que je l'aurais voulu, j'étais très fatiguée le soir en rentrant. Mais ça va. Bébé aussi va bien.
Demain je fais des séances photos pour les affiches publicitaires et j'ai mon week-end de libre. J'en profiterais certainement pour aller à la piscine et peut-être me faire masser.
La semaine prochaine sera un peu plus tranquille, je n'ai que quatre jours de tournage pour la ligne de vêtements pour femmes enceintes.

J'espère que de ton côté ton affaire se passe bien. Je ne te cache pas que je commence à m'inquiéter un peu. Mais je suis sûre que ça va. Je sais que ça va.
Tu nous manques, prends-soin de toi...