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Ce qui était nul, avec la gentillesse, et ce, quelque soit sa forme, même la plus inattendue, c'était qu'on ne disposait jamais de grand chose pour s'en protéger. La politesse était facile à contrer. Sans parler de la condescendance et de la curiosité. Mais une touche d'amabilité surgie du milieu de nulle part était toujours vaguement désarmante.

C'était bien sa chance.

Et comment on faisait quand on avait envie d'être de mauvaise humeur ? Quand on avait décidé d'en vouloir à la terre entière ? Quand on avait pas envie d'être calme, souriante et optimiste ? On faisait comme elle, on s'enfermait dans son petit manège auto-centré et on décidait que se défouler de sa colère, de sa rage ou de sa rancœur était le meilleur exutoire possible. A tout enfermer à double-tour dans sa poitrine, on finissait par étouffer. D'où la tactique de continuer son concerto pour salle d'attente. En solitaire. Le solitaire, c'était ce qu'elle savait le mieux faire.

Une loi devrait être promulguée pour défendre le droit inaliénable à la mauvaise humeur. Elle voterait les deux mains levées au prochain référendum. Nah.

Un claquement de pieds en ré majeur pour Leonhart. Une chaise qui grince en mi bémol pour l'attentat. Deux noires. trois blanches. Un coup de baguette pour le stress. Et l'autre avec son « Je t'écrirai certainement dès mon retour... ». Ras-le-schtroumph. Lassée, fatiguée, écœurée, apeurée, épuisée. Désespérée.

Son œil gauche la lâcha la première, rapidement suivi par le droit qui pouvait difficilement faire autrement. Les yeux avaient cette tendance à se fixer sur la même direction. Le corps humain était mal fait et vive les caméléons. Son regard déserta donc ses mauvaises intentions. Fichue curiosité. Dans la main de SKY, un rouleau de parchemin lui faisait du gringue. Ou alors, c'était ce morceau de miam-miam qui avait l'air appétissant. Peu importait. Fin du concerto pour nerfs éprouvés. Son attention était appelée ailleurs. Elle en oubliait presque sa mauvaise humeur.

' WTF ??? '

Tel que promis. Tel que promis quoi ? Quand-où-pourquoi ?
Il n'avait pas l'air de se foutre d'elle en les lui donnant.
Mélusine cligna de l'œil, léger tic acquis récemment et qu'elle perdrait aussi sec, et un léger sourire flotta sur ses lèvres quand elle accepta et le toffee et le parchemin.

« Merci. »

Il y avait même un fond de reconnaissance dans sa voix.
Elle se concentra sur le goût du toffee qu'elle avait glissé dans sa bouche et ignora royalement les regards éperdus de remerciements que lançaient les rares voyageurs en attente à Young. En laissant fondre la gourmandise, Mélusine dressa la liste de tout ce qu'elle devait débiter comme information au jeune Résistant avant le départ. Mais quand ses dents réussirent finalement à se décoller du caramel, elle se contenta d'un :

« Jsuis pas stressée. », auquel, probablement, personne ne croirait. C'était juste pour l'honneur. « Et, humph... J'ai un petit... contre-temps. »

Qu'elle ne savait pas comment formuler à voix haute sans froisser monsieur son jeune transfuge. Oh, et puis, irfin ! Il était presque plus agréable quand elle le chahutait un peu. Le coup du tofffee en était une preuve supplémentaire. Zou ! Autant balancer l'info maintenant.

« Une fois en Écosse, je pourrais pas rester sur place avec toi pour l'accueil, l'installation, l'intronisation. J'ai été... appel... convoquée ailleurs. C'est l'histoire de deux trois jours, je crois. Donc, on s'occupera de tout à mon retour. Et je peux vraiment pas y couper. Ca tombe mal mais c'est comme ça. »

Un peu sec, peut-être mais elle n'avait pas rejoint la Résistance pour faire de la diplomatie. Elle s'efforça de nuancer le tout et de délayer un peu son propos.

« J'ai contacté Morgane. C'est ma cousine. Elle sera là pour toi ce soir et demain pour tout ce dont tu auras besoin. En plus, elle est carrément plus accueillante et agréable que moi, alors, tu devrais pas trop avoir à te plaindre de l'échange. Et, euh... tu peux lui faire confiance. »

Si le dernier mot fut légèrement appuyé, pas de secret, c'était pour que Young comprenne que Morgane était elle aussi une Résistante, fière de l'être et prête à tout pour aider la cause.