L'Armée de la Rose (open)

Il vit apparaître une tête brune à travers la porte bien que l'instinst de la jeune femme lui dictait de partir en courant.
Elle venait de traverser une bataille de courrier interne dans un ascenseur et du descendre à pied pour ne plus être attaquer. On l'avait envoyé aux quatre coins du ministère car personne ne savait où Benjamin était, puis quand quelqu'un réussit à lui fournir la réponse, elle croisa De Lansley et là, sa journée passa de passablement désagréable à franchement merdique.

Maintenant, elle s'attendait à faire face à un vieux sorcier rabougri qui passait sa colère à coup de sort sur toues les personnes qui le dérangeaient. Ca aurait été une parfaite continuité.
Elle entra dans la salle ne pouvant rester sur le seuil sans se faire aveugler par le soleil. Etonnée de voir un jeune homme un peu plus vieux qu'elle, elle essaya de prendre un ton poli. Quoi que, envoyer tout le monde se faire voir à Azkaban la démangeait. La patiente avait ses limites et là, elle l'atteignait.

- Bonjour, excusez-moi de vous déranger mais j'aurai voulu savoir où se trouvait la salle de conférence Albus Dumbeldore ? Je cherche Benjamin Cavendish, on m'a dit que je le trouverai là-bas.

Voix mielleuse et simagrée de gentille petite fille. Plus cruche on faisait difficilement.
Elle fit le tour de la salle d'un coup d'oeil. Une boule de papier attira son attention... la réunion qui avait eu lieu semblait avoir été passionnante. Un aller retour vers sa montre avant de replonger dans le regard d'Emmett.


Savait-il qu'il était en présence de l'Iccam Rosà ? Sûrement. Ou non. Seul lui pouvait le dire.
En tout cas elle n'imaginait pas instant que le ministère sache quoi que ce soit sur son identité. Erreur ?

Je dois avouer que plus épaté que moi en cet instant, il ne doit pas y avoir. La voir sur le seuil de ma porte, ignorant qu’elle est le terrible objet d’une fin de réunion houleuse me fait l’effet d’un coup de crosse dans le ventre. Je soupire, presque désabusé. Je la regarde en souriant sans réellement prêter d’attention à ce qu’elle vient de me demander et il est probable qu’elle ne doit pas comprendre d’où vient ce sourire.

¤ Hasard ou pas, je saisis ma chance. Je dois la jouer avec finesse. ¤

J’ai pleine conscience d’en savoir plus à son sujet qu’elle-même. Pleine conscience aussi que je ne lui suis qu’un parfait inconnu et que mon soupire souriant et doux ne cache en vérité que l’hébètement de ne savoir comment lui dire sans la faire fuir : « Bats-toi pour nous. »

A sa place - et non moins courageux qu’un autre -, je fuirais. Comment ne fuirait-elle pas aussi ? Alors, c’est clair, je dois la jouer avec finesse. J’ai mes certitudes et cette entrée à l’improviste les renforce. Un signe du destin ?

Bonjour, lui dis-je avec une sincère sérénité. La Salle Dumbledore est quatre portes plus loin… et deux étages plus bas mais je doute que vous y trouviez Benjamin. Il faudrait essayer en fin de journée, voire demain.

Je n’ai pas assez de curiosité pour tâcher de découvrir la raison pour laquelle elle souhaite s’entretenir avec Ben. Je ne me sens guidé que par l’ambition de la faire asseoir, de lui montrer l’original de la prophétie et de la regarder passer par tous les états qui précèdent une lourde décision.

Je me lève pour lui tendre la main et la saluer bien que la toucher ou simplement l’effleurer m’impressionne au-delà de ce que j’aurais pu imaginer. Elle devient la chose le plus précieuse que j’ai vue depuis la naissance d’April. Si je continue de la regarder avec ces yeux reconnaissants avant même ma présentation ou l’exposé de la situation, elle va me prendre pour un aliéné. Présentations. Un soupçon dubitatif tout de même. Que fait-elle là ?

Je m’appelle Emmett Aeterna. Je suis responsable des archives de ce département… Régulation des créatures magiques… Pourquoi êtiez-vous si certaine de trouver Benjamin à cet étage, mademoiselle….?

Je laisse la fin de ma phrase en suspend pour lui laisser – par courtoisie – le soin de se présenter elle-même.

- Isis Kitlee.

Un malaise s'était installé depuis quelques temps dans la salle. Elle avait du mal à comprendre les expressions de son interlocuteur. Elle les avait déjà vus sur le visage d'un homme et souhaitait ne plus jamais entendre parler de lui.

- La secrétaire de Benjamin m'a assuré qu'il avait une réunion dans la salle Albus Dumbeldore. Mais elle semblait ne pas savoir où il se trouvait... comme ses autres secrétaires.

Fuir.
Elle détestait ses yeux fixés sur elle. Elle détestait sa façon de vouloir entamer la conversation. Son instinct la mettait en garde. Quelque chose de louche tramait dans les yeux pleins de cupidité d’Aeterna. Sans compter qu’elle n’arrivait pas à se défaire de ce parallèle avec Marius Anafesto. Le Gardien la voyait comme un objet des plus précieux à garder emprisonner dans une cage, Emmett possédait la même lueur malsaine dans ses pupilles.

Elle serra plus fortement son dossier en secouant légèrement la tête. Oter le Gardien de son passé et vivre le présent. L'adoption d'un Shalimancyan était bien plus importante que de se lamenter sur le passé. Se remettre les idées en place lui redonna de l'assurance et rendait Emmet bien moins cupide sur le pouvoir que le mot Iccam pouvait procurer. Elle balaya ses suspicions et se concentra sur la réalité de la situation.

Isis Kitlee devait remettre à Benjamin Cavendish un dossier en main propre qui pouvait faire avancer l’adoption de Rhidow. Benjamin était introuvable et ses secrétaires de vrai bonne à rien, Isis avait dut faire 2 fois le tout du ministère composé que de sorcier imbécile. Le seul qui avait fait preuve d’humanité venait de se faire comparer au pire tortionnaire et malade mentale du monde sorcier par la même Isis qui avait besoin d’aide. Trop d’imagination.

- Merci d’avoir pris du temps pour me renseigner. J'essayerai de le voir ce soir. Passer une bonne journée… Emmett.

Isis sourit et commença à partir sans demander son reste. Malgré tout, un doute persista.
Il avait dit qu'il travaillait au archive, sur la régulation des animaux magiques. Il devait sûrement n'avoir jamais entendu parler des Iccams. Aucune chance. Isis se rassura de nouveau. Et puis, si le ministère était au courant il les aurait contacter plus tôt. Même les langues de plombs ne devaient pas être au courant. Impossible donc qu’on sache quoi que ce soit sur elle.

Elle regarda sa montre, pratiquement 16 h00, elle avait du temps devant elle. Elle se dirigea vers le café du ministère pour poireauter gentiment devant un bon verre.

D’abord, j’écoute son explication au sujet de Benjamin. Disons que lui et moi n’avons pas plus de relation que cela dans nos travaux respectifs mais je le sais, tout comme moi, très occupé à vaquer à ses occupations aussi bien professionnelles que personnelles. Qui en ce moment au ministère n’est pas dans un rush perpétuel ? Les secrétaires pourraient être dix autour de chaque chef de poste que cela n’allègerait pas plus nos dossiers.

Je lui souris, désolé pour ce petit contretemps, mais ne lui propose aucune solution alternative car je n’en ai point. Elle recule et tourne déjà les talons. Je ne veux pas faire preuve de trop d’empressement face à elle car dans le lot de priorités qui gravitent autour de moi, paradoxalement, discuter avec l’Iccam ou l’avertir de ce qui se trame n’est pas une chose pressée. Cela serait un luxe de pouvoir aborder le sujet maintenant mais pas une obligation.

Évidemment, l’opportunité est trop bonne cependant rien ne me dit que le moment est le mieux choisi. Je la laisse fuir. Car, quoi qu’il en soit, c’est ce que je ressens : elle fuit. Je dois la mettre mal à l’aise. Pas étonnant, elle entre dans mon bureau sans raison, comprend qu’elle n’a rien à y faire et au lieu de traiter l’évènement comme une anecdote, je le regarde comme la solution à tous les problèmes du monde.

La porte se referme derrière elle. Je retourne à mon bureau avec le regret d’avoir préféré un succédané de politesse plutôt qu’un dialogue efficace. Soupir.

¤ Aeterna, lève tes fesses de ce siège et rattrape-la. Ce n’est pas un monstre, elle ne va pas te bouffer. L'un dans l'autre, il y a toujours l’Homme si la Femme est réticente... c'est d'ailleurs par l'Iccam Umbrès que tout devrait guérir... ¤

C'est vrai mais elle a son rôle à jouer et une décision à prendre. Je ne peux pas l'ignorer. J’attrape ma cape sur le dossier de mon fauteuil, l’enfile en me dirigeant d’un pas rapide vers le couloir. Un petit coup de baguette magique et un sortilège informulé me donne la trace de la jeune femme que je rattrape à peine un couloir plus loin.

Mademoiselle Kitlee, fais-je pour l’interpeller.

Elle a l’air de se diriger vers la cafétéria et non pas vers l’étage de la salle Dumbledore.

J’ai besoin d’une pause et d’un bon café, lui souris-je, aimable. M’accompagneriez-vous ? J’ai quelque chose à vous demander de pas très facile à formuler.

Pendant qu’Isis se perd en bavardage avec des connaissances à elle, je débriefe rapidement de la réunion avec la fille de Grégory venue se réfugier elle aussi dans la cafeteria. Elle s’inquiète des décisions de son père mais plus encore de ce que le ponte de la Résistance préparerait si le ministère tardait à prendre position au sujet d’une guerre. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, il est une chose qu’on ne peut pas retirer à Sacha de Lansley : il agit. Toujours secrètement, il entraîne.

Je fus d’abord dubitatif face à ses discours. Puis, les preuves, les informations glanées au cours des deux dernières années, les autres membres et leur foi dans la réussite de leurs projets n’ont eu de cesse de me contaminer. Moi aussi j’ai eu soif de dépasser le dérèglement de ce monde en me battant. Parce que je suis père avant tout mais aussi parce que je suis humain. Je ne me résous pas à laisser faire sans agir.

Je m’excuse auprès d’Emelyn Oz en lui montrant discrètement Isis. Je suis accompagné, je ne vais pas faire attendre mon accompagnatrice. Elle s’excuse et espère qu’on reprendra la discussion plus tard. Emelyn, comme tout le Bureau des Responsables, connaît la prophétie même si elle en ignore le texte exact et les protagonistes.

En retournant auprès d’Isis, je me surprends à me demander ce qu’elle sait exactement. Les premiers concernés sont souvent les derniers au courant...

Nous nous asseyons. Ma tasse de café est là, devant moi, fumante. Avec ma baguette, j’attire un pot de sucre vers notre table et lui fait déverser une cuillère dans le liquide noir et amer. Je touille avec distraction, à la recherche d’une façon idéale pour entamer la discussion. Je n’en trouve malheureusement pas. J’y vais comme je peux. Avec des pincettes et de la franchise :

Vous préférez une version directe ou une version explicative ? Sachant que l’une ou l’autre précèdera la suivante. Je peux vous dire directement ce qui me turlupine mais il me faudra l’expliquer ensuite. Je peux vous expliquer tranquillement puis en venir à une requête directe. Comme vous désirez.

Incrédule, elle reposa son verre, tout en dévisageant son compagnon de table. Elle l'examina sous tous les angles possibles et inimaginables. S’il voulait la draguer, s’était une approche très étrange. Car oui, son cerveau remarchait et, en jeune fille de 18 ans, la première pensée cohérente aurait été de se dire « il veut me draguer » et non «il ressemble étrangement au malade mentale de 1415 qui m’a enlevé, séquestré et a souhaiter mettre en péril le monde sorcier en emprisonnant les dyodes ». Plus normal dans le fond. Quoi que la vie d’Isis n’avait en rien l’air normal. C’était une douce utopie de croire qu’elle arriverait un jour à vivre le quotidien de monsieur et madame tout le monde sans les menhirs entravant sa route.

Même à ce moment précis, on dira que la situation n’a rien de normal. Elle est étrange, suspecte, inhabituel… incompréhensible.
Isis était dépourvu de toutes réponses qui auraient pu paraître sensée et intelligentes. Elle lui fit grâce d’un euh très profond mais lui accorda un long silence. Elle essaya tout de même de trouver une supposition qui rendrait la demande cohérente. Malheureusement rien n'arriva à se faire une place durable.

Il n’avait pas ciller et attendait patiemment. Elle sonda son regard qui ressemblait étrangement à celui de Rhidow quand il avait épuisé toutes les solutions possibles et que la réponse se tenait devant lui en chair et en os sous les traits d’Isis. Contrairement à son petit bout, faire l’objet de la solution à un problème la rebuter plus qu’autre chose. A part ça, il avait l’air légèrement tendu mais très sur de lui.

Force de constater que cela faisait déjà un petit moment qu’elle était muette, elle essaya de formuler une réponse qui ne le mettrait pas en déroute. Les mauvais pressentiments envolaient une demi-heure avant, revenait doucement à l’assaut. Avant de partir dans un conflit interne de pensées, elle essaya de formuler une réponse quoi que franchement, connaître le sujet de leur discussion ne la rejouissait guère.

- De la manière dont vous vous sentirez le plus à l’aise. Personnellement je ne vois absolument pas qu'elle est cette demande si mystérieuses dont vous souhaitez me faire part.

Je choisis la version longue car il ne s'agit pas du genre de demande qu'on peut jeter de but en blanc à la figure d'une personne qu'on connaît plus qu'elle ne nous connait :

Le monde est en pleine banqueroute morale. Guidé par la peur, l'envie mais aussi par l'amour des siens et la foi dans les retrouvailles d'un bien-être commun, le monde est divisé. Je ne vous apprends rien. Dans ce complexe tissu, il y a des solutions que tout le monde n'ose pas aborder et pour cause... certaines entraîneraient probablement une longue guerre. Mais, ne soyons pas aveugles, nous sommes déjà en guerre. Mais au milieu de cette succession d'outrages à l'humanité, nous venons de découvrir que quatre personnes pourraient amener des victoires et apaiser les différents clans qui se forment petit à petit à travers le monde. On les nomme La Rose, L'Ombre et leurs Iccams.

Je marque une pause d'intelligence pour la laisser comprendre seule où je vais en venir. Je suppose qu'elle le sait depuis un petit moment mais son esprit doit être en grand rassemblement de questions: comment sait-il ? Qui est-il ? Pourquoi ? Pourquoi lui ? Est-ce obligé ? Que dois-je faire ?...

Je me saisis de ma tasse de café et en prélève une gorgée en regardant autour de nous les sorciers aux traits fatigués, les allées venues des notaires ployant sous les soucis et le surmenage. Cela s'arrêtera-t-il bientôt ? Aurons-nous un jour une pause ?

Il me faut reprendre. Je repose ma tasse et affecte une voix plus détendue :

Une prophétie que nous appelons la Prophétie du Centaure raconte l'histoire de notre monde et les évènements que nous sommes en train de vivre. Falsifiée il y a plusieurs siècles, cette prophétie a été dupliquée et a continué de traverser les siècles sans que plus personne ne soit à même de révéler quel était le manuscrit original. Ajoutons à ce document un autre, qu'on appelle le Cadran... et qui permettrait, parait-il, de situer ces quatre personnages dont je vous parlais un peu plus tôt...

Une nouvelle respiration s'impose. Je relève mon visage complètement vers le sien et plus rien dans mon café ne m'intéresse. Il refroidira jusqu'à la fin de la discussion, tournoyant ses reflets d'or provoqués par les bougies flottant sur les lustres du plafond de la cafétéria. Tout ce que je lui dis, je sais qu'elle le sait. Je veux seulement qu'elle réalise que désormais, d'autres le savent aussi. Peut-elle mesurer ce que cela signifie ?

¤ Elle n'a rien à craindre de moi mais d'autres - dont les ambitions sont plus noires - ont eux aussi ces informations... il n'y a plus de secret. ¤

Imaginons, continue-je comme si je faisais des hypothèses de ce qu'elle et moi savons pourtant bien réel, que ces deux livres aient été dérobés par un mystérieux parti... puis récupéré par des Aurors du Ministère il y a de cela quelques mois... alors, le Ministère serait au courant de l'existence ou des suppositions concernant l'existence des Iccams bien qu'il ne saurait toujours pas faire la différence entre les deux versions des manuscrits... Imaginons aussi que le Cadran soit perdu. Que personne ne puisse situer les quatre personnages... mais que, toutefois, le groupe appelé la Résistance soit parvenu à le retrouver et à le mettre en lieu sûr, entre les mains d'une personne sûre... cela signifierait que seule la Résistance est à même de situer les deux Iccams et de les protéger. Admettons pour finir, qu'une personne travaille et pour la Résistance et pour le Ministère. Cela mettrait entre les mains de cette personne beaucoup d'informations susceptibles de faire avancer l'histoire.

Je me redresse légèrement. Elle sait que je suis cette personne.

Or, dans l'histoire où nous en sommes, beaucoup se demandent ce qu'ils doivent faire pour avancer. Nous en sommes arrivés à un point où les sages et les moins sages se disent qu'il faut accepter d'entrer dans une guerre ouverte contre Antarès. Nous devons déloger ses partisans des gouvernements qu'il commande. Que cela soit dans la Prophétie trafiquée ou dans l'originale, au même endroit, le texte suggère clairement que l'Iccam Umbrès mènera une armée pour marcher sur l'ennemi de l'Humanité... je ne sais pas le rôle que doit jouer son antagoniste, Iccam Rosà... avec le temps, je me suis pris à croire que si cela n'était écrit nulle part, c'est que Iccam Rosà avait le choix face à son destin et qu'elle seule portait la réponse dans son cœur. Et c'est la raison de tout ce récapitulatif que je vous fais, Isis. Qu'est-ce qui se trouve dans le cœur d'Iccam Rosà ? Fait-elle partie de la bataille finale ?

¤ Et tout ceci sans jamais avoir admis qu'elle était Iccam Rosà. Elle a les cartes en main, à elle de jouer... ¤

Elle continua de fixer l'horloge sans esquisser le moindre mouvement. Durant tout le palpitant récit elle était restée inerte, plus absorbée par le temps qui filait que par la même complainte répétée mainte et mainte fois. L'histoire n'avait pas changé, la même rengaine dans la bouche de tout le monde, Rosà, Umbrès et leur Iccams étaient les sauveurs... plus encore dans celle d'Emmett qui semblait avoir une fois inexorable dans ce récit.

Elle était trop lasse pour s’emporter, trop habitué à se poser les même questions, obtenir les même réponses et se rebeller contre ce qu’elle trouvait injuste. Pourtant la première de ses pensées avait été de se méfier.
Elle se fiait rarement à son instinct ces temps-ci. Si elle s’écoutait tout le monde lui voulait du mal, même si à la base cela semblait être pour une cause juste. Malheureusement, à chaque fois, cela finissait comme elle l’avait imaginer, mal.
Emmett l’avait attaqué, blessé et mis KO en un coup.

Elle aurait aimé lui balancer ce qu’elle avait sur le cœur à défaut de lui dévoiler ce qui s’y logeait.


Tu penses vraiment que je suis comme Egon ? Erreur.
Je ne me bats pas, je fuis. Je ne lutte pas, j'oublie. Je n'affronte pas Ankou, je meurs. Je suis le plus mauvais choix du Destin. Je préfère être martyre que sauveuse. Je doute que c'est ce que tu souhaites entendre, Emmett. Tu rêves d'un monde sans Antarés, tu as fait le mauvais choix en me confiant ton souhait. Un être immature tel que je suis ne peut pas t’aider à déclarer la guerre ouverte contre le Fléau de l’humanité.
Pour une guerre il faut se battre, lutter pour un but et mourir pour un idéal commun. Je préfère subir, taire mes principes et mourir pour ceux que j’aime et pas pour des milliers d’inconnu. Moi je ne souhaite que vivre avec l’homme que j’aime et mon fils. Antarès peut mettre le monde à feu et à sang, tant qu’il ne touche pas aux hommes de ma vie, je ne vois pas l’intérêt d’aller le déchoir de son trône. Je ne suis pas parfaite comme la prophétie semble le décrire. Je suis abjecte et méprisable.

Elle tût son ressentit. Elle n’était pas assez immature pour savoir ce que l’on peut dire ou pas.

- Du point de vue de la prophétie du Centaure, la réponse n’est même pas à poser. Les Iccams ont un rôle à jouer et celui de Iccam Rosà est d’être la perte de l’Iccam Umbrès. Vous ne l’avez pas lu pendant que vous essayez de trouver des réponses dans cette vieille prophétie ?

Elle arrêta de fixer l’horloge. Elle ne savait pas rester aussi impassible qu’elle l’aurait voulu. Elle ne savait pas cacher ses émotions. Tous ses gestes trahissaient son désarroi et sa peur face à cet homme plein d’espoir. Elle commençait à savoir réagir à ses histoires d’Iccam. Mais Emmett avait un don indéniable de la faire culpabiliser, de rendre son statut plus présent. Avant c’était un mot comme ça, maintenant, cela commençait à prendre un sens. Et sans grande surprise, elle détesta.


- Et puis, sincèrement, vous vous fichez de ce qu’elle peut ressentir. Dans votre vision c’est qu’une personne qui doit jouer un rôle dans une guerre contre Antares. Ce qu’elle ressent vous vous en avez rien à foutre.

Elle laissa tomber les insinuations. Il savait qu’elle était l’Iccam, tacitement, il lui fournit toutes les informations nécessaires pour qu’elle le sache.

- Tant que vous pouvez déclarer votre petite guerre et trouver un moyen pour détrôner Antarès, pourquoi ne pas jouer avec les prédictions de ce bouquin. Qu’est ce que vous me voulez, Emmett ?