[ TASKS ] Premier contact

Bientôt les vacances. Ô joie et bonheur. Les journées qui passées avaient de toute façon de plus en plus souvent le goût des vacances, d'abord parce que le nombre d'heure qu'elle passait à Poudlard et dans ses bouquins avaient grandement diminué et que par conséquent, elle passait beaucoup plus de temps avec ses monstres.

Les dits-monstres n'avaient en rien perdu la fougue de leur jeunesse et Natacha commençait même à se dire que c'était elle qui devenait trop vieille. Avec sa petite vingtaine d'année, y avait de quoi rire. Tout de même, courir en rond pour éviter qu'ils posent leurs mains couvertes de peinture sur son T-shirt, c'est vachement fatiguant et surtout - comble - ça ne servait à rien parce qu'elle avait depuis longtemps été baptisée. Elle ressemblait à un arc-en-ciel maintenant. Rien en comparaison aux enfants pourtant, qui avaient bien plus épargné Natacha que leurs petits camarades. Le petit Victor par exemple, avait une magnifique marque de main rouge pétant en travers de la joue, ou encore Abi qui en avait plein les cheveux.

Ça avait tourné au pugilat 'peinturluresque'.

Au final, cette débauche d'activité, autant physique qu'artistique, lui avait complètement fait oublier le rendez-vous prévu depuis un petit moment déjà. Siriana, toujours aussi serviable, la tira d'une nouvelle attaque. Décidément, activité peinture était trop dangereux pour les vêtements.

- Natacha. Il y a quelqu'un avec un rendez-vous qui est là ... Tu ne devineras jamais qui !
"Benjamin Cavendish."

Siriana tira une tête de dix pieds de long, Natacha jubila. C'était elle qui avait pris le rendez-vous en même temps, alors normal de savoir qui c'était. N'empêche que, couper l'herbe sous le pied de Siriana faisait toujours plaisir. Elle voyait la vie en rose d'un coup.

Elle la laissa avec les monstres pour les surveiller le temps qu'elle aille chercher Benjamin. Cinq minutes de répit. Elle prit juste le temps de se laver les mains - seule chose qu'elle pouvait faire pour paraître moins 'sale' - avant de rejoindre la petite salle attenante au hall et qui servait de salle d'attente pour les visiteurs. Il n'y avait personne de TASKS, ce qui l'arrangeait un peu. Elle devrait bien assez vite endosser son rôle d'employé de l'association pour ne pas apprécier quelques instants moins formels.

"Bienvenue à TASKS."

Pas difficile de comprendre pourquoi Siriana avait failli tomber en pâmoison quand elle était venue l'informer de l'arrivée de Benjamin. Mais ce n'était pas le moment de flirter, un peu de sérieux. Elle était là pour bosser .... quelle bouse

Invité

J'accueillis Natacha avec un large sourire.
Non parce qu'elle était ravissante ainsi barbouillée de peinture, mais parce que la secrétaire standardiste ou je sais pas quoi venait enfin de me lacher la grappe. Ce genre de situation me mettait mal à l'aise.

Je mettais les pieds dans cet endroit pour la première fois et ce ne serait sûrement pas la dernière. Aujourd'hui, je venais visiter et faire la connaissance de certains enfants, peut-être trouverais-je là mon futur enfant. Le mien. Celui qui deviendra héritier. J'ai bien conscience qu'on ne choisit pas un enfant comme une vulgaire potion chez l'apothicaire. J'ai même dans l'idée que c'est plutôt comme une baguette, que c'est lui qui doit vous choisir. Oui, ça doit être ça. Enfin, on verra.

- Une oeuvre d'art contemporain. Bonjour belle Natacha.

Avec beaucoup d'exagération je fis un baise-main d'école et très appuyé à Natacha devant la fameuse Siriana qui quitta les lieux.

Cette visite me permettrait en plus de prendre connaissance du lieu et de l'entreprise dans laquelle j'avais décidé d'investir. Etat des lieux, personnel, je devais me faire une idée sur tout.

- Princesse, guide-moi. Montre-moi.

Ma relation avec Natacha était restée épisodique. C'était quoi? Une compilation de trois, quatre nuits? Je ne voulais pas m'attacher, elle non plus. Il y avait l'histoire du testament de père, la sortie de l'album de baby bro', donc pas le temps pour ça.

Rajoutons à cela les ennuis au Ministère et voilà un tour complet de ma vie à cette date précise. Rien de bien réjouissant sauf pour ceux qui appelleraient ça une vie excitante.

"Quelle verve ! J'espère que tu seras toujours aussi éloquent après les avoir tous rencontrés."

Rien n'était moins sûr et Natacha se faisait déjà une joie de lui montrer tous les trésors d'ingéniosité que pouvaient recéler des enfants de 4 à 10 ans. Faire des trolleries avec eux était devenue une habitude, surtout quand elle connaissait les dites-personnes visées par les trolleries. Leigh aurait pu témoigner de son penchant s'il avait été là.

Natacha l'invita à la suivre et le conduisit jusqu'à la grande salle où était installée la petite troupe de monstres.

Siriana était encore là. Contrairement à ce que pensait Benjamin, elle n'était pas secrétaire standardiste - oui, il avait un humour ravageur quand il le voulait - mais étudiante. Unicorn Ring, comme Natacha, mais en seconde année. Et si elle était tellement emballée par l'arrivée de l'éminent Directeur du Département de la Justice Magique, ce n'était qu'à cause de son statut. Rencontrer Benjamin Cavendish quand on étudiait le droit, c'était la même chose que rencontrer un auteur, acteur ou musicien doué et célèbre quand on était à Moon Shadow ou un apothicaire connu quand on était à Clover Spring. Bon, d'accord, c'était peut-être aussi un peu parce qu'il était le Directeur de Département le plus jeune et le plus mignon du Ministère. Mais ce n'était vraiment qu'un tout petit détail.

Tous les monstres - ils étaient 11 au total - tournèrent la tête vers eux à leur entrée. Il y avait encore eu des dégâts pendant sa courte absence et comme à chaque fois qu'un étranger était dans la même pièce qu'eux, le silence se fit petit à petit et les regards restèrent braqués sur le nouvel arrivant. Natacha réprima un sourire avant de faire les présentations.

"Je vous présente Benjamin. Il va rester avec nous un moment pour qu'on puisse lui apprendre l'art très difficile de la peinture sur peau et vêtement - et accessoirement sur feuille."
- Bonjouuur !

Salutation avec plus ou moins d'entrain et toutes les petites têtes fondirent de nouveau sur les feuilles. Voila pour la présentation de Benjamin. Maintenant, dans l'autre sens.

"Bon, on va commencer par le plus 'simple'. Les deux jumelles, c'est Eva - en vert - et Emma - en violet. Ce sont les cousines de Leigh, qui travaille ici. A gauche, vous avez les deux plus âgés de l'association : Donovan et Travis. Le plus petit qui les colle et qui a des vêtements bariolés, c'est Rhidow. Il a tendance à s'habiller un peu n'importe comment. Les deux filles à côtés sont inséparables, c'est Wendy et Mina. Ensuite, Victor, l'un de nos plus jeunes. Puis Abigaïl ou Abi pour faire plus court. Elle a tendance à toujours vouloir 'emprunter' les affaires de Siriana, que vous avez vu. Et la petite dernière à côté, c'est Virginia.
Voila, on a fait le tour."

Ça faisait beaucoup d'information à ingurgiter en peu de temps et retenir tous les prénoms maintenant étaient techniquement impossible. Siriana passa à côtés d'eux pour rejoindre les jumelles et Natacha en profita pour la présenter brièvement.

"Ah, elle, c'est Siriana. C'est l'une des majeures de TASKS, qui travaille aussi pour l'association. Elle est étudiante sinon. Vous arrivez à suivre ?"

Invité

- Euh, je crois que oui mais j'espère qu'ils ne m'en voudront pas en s'apercevant que je ne me souviens pas de tous les prénoms...

Cette introduction avait quelque chose d'impressionnant, beaucoup plus que de soutenir une thèse pour entrer dans une confédération de mages juristes, ou de parler devant le Jugenmagot. Jusqu'à présent, adopter un enfant était quelque chose de sérieux, de réfléchi, mais d'assez abstrait.

Maintenant, je réalisais que je serai responsable d'une vie que je n'aurais pas directement créée, qui avait derrière elle un petit parcours personnel et un vécu.

Parmi cette joyeuse bande il y avait son futur ou ma future fille. Putain c'est flippant de me dire que je serai sa nouvelle vie et qu'il ou elle sera la mienne. D'un oeil spectateur je regardai tous ces bambins peindre le plus sérieusement du monde en toute décontraction.

Les jumelles étaient affairées autour un petit, Victor je crois, auquel elles essayaient de faire une coloration capillaire rouge vermillon. Le pauvre. Les deux plus âgés étaient en grande conversation et la peinture ne paraissait plus trop les intéresser. Wendy et Mina riaient en se maquillant façon clown sous le regard moqueur de la dernière petite fille aux yeux bridés. je ne me souvenais plus de son prénom.

A première vue, ce petit monde avait l'air heureux.

- Tu crois que c'est inné d'être père? Ou bien est-ce que ça s'apprend?
Je me sens tout petit à côté d'eux, et tellement privilégié...

Tout à coup je ne me sentis pas à ma place. Etais-je légitime à prétendre à l'adoption? Pouvais-je les comprendre?

"Non, je te rassure, tu es bien plus grand qu'eux."

Humour à deux noises, elle le savait. Mais elle sentait une fuite de confiance énorme qu'elle avait colmaté avec la première idée - tordue - qui lui était passée à la tête. Elle avait même réemployé le tutoiement par habitude et sans trop faire attention alors qu'elle venait juste avant de le vouvoyer pour donner le change auprès de Siriana qui les observait toujours de temps en temps. Est-ce qu'il l'avait remarqué au moins ?

"Je suppose que tout dépend des personnes. Certains ont la fibre paternelle en eux, d'autres non et ont besoin d'un temps d'adaptation. D'apprendre à être père. C'est normal de douter. J'aurais plus été surprise si vous étiez arrivé ici confiant."

Natacha préférait qu'il doute maintenant plutôt qu'après avoir commencer les procédures concrètes pour adopter l'un des monstres. Avoir un enfant à charge n'était pas un jeu, ce n'était pas un colis dont on pouvait se débarrasser quand on en avait marre. Quand on se décidait à adopter - ou avoir son enfant, la chair de sa chair - c'était pour la vie. Et rien de mieux que le contact pour répondre à l'éternelle question que tous les futurs parents se posaient : suis-je prêt pour ça ?

Natacha elle même c'était posée la question quand elle avait pris la décision de travailler pour TASKS. Même si ce 'travail' - bien qu'elle ne considérait pas ce qu'elle faisait comme un travail - n'était pas comme être parent à temps complet, elle passait forcément beaucoup de temps avec les enfants. Alors les 'suis-je à la hauteur ?' ou 'est-ce que je m'occupe correctement d'eux ?', elle connaissait et pouvait aisément comprendre les états d'âme de Benjamin. Se remettre en question était important - voir obligatoire - si l'on ne voulait pas à avoir à regretter les choix que l'on avait prit.

"Ce que je vous propose, c'est qu'on reste un moment avec eux, jusqu'à ce qu'ils aillent prendre leur douche. On pourra parler paperasse après. J'ai une proposition à vous faire et qui devrait vous intéresser. En attendant, il faut réparer une erreur abominable : vous êtes trop propre ! Alors ..."

Un coup de baguette fit s'envoler une chaise qui vint se poser près de Wendy et Mina. Natacha poussa Benjamin dans le dos pour qu'il aille s'assoir près des filles, qui s'étaient arrêtées de peinturlurer le visage de l'autre pour l'observer. Il n'allait pas repartir sans avoir goûter aux joies de côtoyer 11 monstres. Et pour commencer, rien de mieux qu'un peu de peinture partout, visage compris, sinon c'était pas amusant. Etre parent, c'était aussi ne pas avoir peur du ridicule à certaines occasions.

Invité

Malgré sa solicitude, mes craintes n'étaient pas dissipées. Je suppose que c'était le lot de chaque adulte qui pénétrait en ces lieux.

Je me sentis tout pâle lorsque je m'assis au milieu de cette troupe. Tour à tour je les regardais, un par un et j'eus du mal à savoir ce qu'il fallait faire. Réminiscence du nom et de la rectitude des Cavendish. On ne se laisse jamais aller et encore moins aller au ridicule. J'avait beau voler la liberté à chaque fois que je le pouvais, je me faisais parfois rattraper par mes gènes. Ayant été élevé loin de père, Philip était moins sujet à ce genre de pression.

Au bout de trente secondes d'immobilisme, les enfants se jetèrent tous sur moi. A l'attaque! Je sentis de nombreux pinceaux déposer une touche de folie sur mon visage et chatouiller mon flegme jusqu'à le noyer dans un grand rire. J'étais arc-en-ciel. j'arrivai à me sortir de cette mêlée à grand peine pour attraper Natacha par la main et l'embrasser. Ne nous y méprenons pas: c'était tactique. Je profitai bien vite du contact pour essuyer mon viage sur le sien et partager mes couleurs.

- Elle s'est faite avoir! Elle s'est faite avoir! Allez les enfants! A l'attaque de Natacha!

Tout le monde changea de victime. Je n'en étais pas mécontent. Cela me donna l'occasion de la tenir contre moi et de l'immobiliser pour les petits qui ne demandaient qu'une victime consentante ou presque... Et puis, j'en profitais aussi pour lui prodiguer quelques caresses discrètes. Rien que pour elle.

Etre séparé d'elle ne me dérangeait pas, c'était dans le contrat. Une nuit parci par là. Mais loin d'elle, il me manquait un grain de folie. Même le soir en traînant dans les bars. Les autres filles manquaient de saveur et de fraîcheur.

Voilà, la nouvelle Mona-Lisa en nettement plus colorée et plus souriante venait de voir le jour. Les enfants repartirent jouer de leur côté. Il n'y en avait qu'une qui traînait un peu des pieds, la plus petite.

- Alors, qu'elle est ta proposition. Et ne me vouvoie pas, tu me vexes. On dirait que je n'ai aucun pouvoir sur toi. lui dis-je malicieusement en m'essuyant avec de l'essuie-tout qui traînait par là.

Au secours, appelait Ste Mangouste ! On devait absolument libérer un lit en psychiatrie. Benjamin Cavendish l'embrassait devant des gnomes pas plus haut que trois pommes et qui avaient la fâcheuse tendance à répéter tout ce qu'il voyait. Et franchement, elle aurait bien apprécier de ne pas vivre cette scène. Parce que elle, elle avait la fâcheuse tendance - très fâcheuse tendance - à avoir les jambes en coton dès qu'il l'embrassait. Et mieux valait ne pas parler du reste.

Il lui fallut toute sa concentration pour se rappelait qu'elle était à TASKS et que ce n'était pas le lieux pour se retourner et lui faire payer d'une façon toute personnelle ses pulsions suicidaires. Les monstres qui avaient décidé de se retourner contre elle - c'était toujours comme ça - l'aidèrent à penser à autre chose que les mains qui parcouraient comme si de rien n'était son corps.

Puis la délivrance. Le visage recouvert de toutes les couleurs à disposition, ils l'abandonnèrent aux mains traitresses. Un coup de coude dans les côtes de Benjamin plus tard, elle se tenait devant lui. Natacha souffla exagérément sur une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux et mit les poings sur les hanches.

"Mais vous n'en avez aucun, monsieur Cavendish. Sauf celui de ... Enfin, je préfère ne rien dire, c'est très inconvenant et de chastes oreilles pourraient l'entendre."

Grand sourire angélique. Elle avait recouvert son emprise sur elle même et avait définitivement besoin d'une douche pour se débarrasser de toute cette peinture. Des images de douche en double trottaient dans sa tête mais Natacha inspira à fond pour les chasser tout en se détournant pour partir à la recherche d'un employé de TASKS. Siriana avait disparu de la circulation depuis un moment déjà et elle tomba sur Devenka qui accepta avec joie de la relayer auprès des monstres, pendant qu'elle allait ... discuter avec Benjamin. Celle ci ne sembla pas remarquer la tension qui habitait Natacha pendant ses explications et elle prit le relais le plus naturellement du monde.

Natacha retourna auprès de Benjamin et lui expliqua la suite des opérations :

"Voila, on va les laisser pour pouvoir parler tranquillement. On reviendra plus tard si on peut. Suivez moi."

Ils laissèrent la grande salle derrière eux. Natacha leur fit faire un détour pour prendre en chemin deux serviettes propres puis les conduisirent vers les bureaux de TASKS. Elle laissa passer Benjamin en premier et ferma la porte derrière elle et un sortilège bloqua l'accès à la pièce. En passant à côté de lui pour se diriger vers les sièges, elle effleura ses lèvres des siennes et plaqua sur son visage son air le plus faussement sévère.

"Tu es cinglé.
Mais maintenant, reste tranquille sinon, ça va mal finir. Tiens."

Elle lui tendit l'une des serviettes qu'elle avait humidifié par magie pour qu'il puisse se débarbouiller, gardant la seconde pour elle, puis s'installa dans un fauteuil qui se trouvait dans le bureau. Un autre libre lui faisait face.
Le nombre incalculable de dessin qui couvrait les murs jusqu'à en faire disparaitre le mur d'origine prouvait que que c'était le sien.

"Alors, que fais-tu pendant les vacances d'été ?"

Invité

"Voila, on va les laisser pour pouvoir parler tranquillement. On reviendra plus tard si on peut. Suivez moi."

Un petit rictus se forma sur mes lèvres. Oui nous reviendrons, mais Merlin seul sait quand. Cette fille m'énerve. Je ne suis plus moi quand on est ensemble. Finie la rectitude (de ma tenue par l'autre), bonjour la folie.
Je la suivis sans faire d'histoire, sourire toujours pendu. J'aime son côté femme-enfant. Sa bonne humeur. Son abnégation. Elle fera une bonne mère.
Il va falloir que je m'en éloigne. Elle est nocive pour moi et pour ma quête... Mais c'est si dûr, surtout quand elle joue avec moi, là, comme elle est en train de le faire, sur mes lèvres, sur ma libido.
Elle me rend dingue.

"Tu es cinglé.
Mais maintenant, reste tranquille sinon, ça va mal finir. Tiens."

Je pris la serviette en souriant toujours, comme si j'avais l'âge de Philip. C'était fou. Je commençai à m'essuyer le visage en pensant qu'elle avait fermé le verrou... Un flot d'idées coquines prirent possession de mon esprit.
Tant pis pour elle.

"Alors, que fais-tu pendant les vacances d'été ?"

Je sortis ma baguette de ma poche. Sa question je pense que je m'en foutais autant qu'elle. Un informulé plus loin elle n'avait plus de haut. deux secondes plus tard, plus de bas.
J'avançai vers le fauteuil et me penchai vers elle. Cette fois il n'était plus question de baiser chaste. Je glissai mes mains derrière elle et la soulevai dans les airs.

- Si je comprends bien, personne ne nous attend, nous sommes seuls, en sécurité, à l'abri des regards. Je savais bien que j'avais un tout petit peu de pouvoir sur toi.

Mais non, en réalité, c'était totalement l'inverse. Avec elle, je ne pouvais pas tricher, c'était toujours l'adolescent qui sortait du bois. Pas de remarque acide, juste du jeu, de la séduction, du sexe. A quoi tout ça allait nous mener? Bien malin était celui qui pouvait le dire...

"Si l'on excepte la dizaine de sorcier présent et capable de passer outre une petit sortilège de rien du tout, oui, nous sommes en 'sécurité'."

Natacha avait bien du mal à faire concorder l'image qu'elle avait de Benjamin maintenant et celle qu'il lui avait donné de lui la première nuit. Pour quelqu'un qui semblait tellement attaché à l'adoption, à avoir un enfant à charge et goûter aux joies de la paternité, il était bien léger dans les locaux même de l'association qui lui donnerait la chance de sa vie.

Les rôles avaient été subitement inversés, elle abandonnant son côté déluré et endossant celui de la responsabilité et lui, quittant le second pour lui voler le premier.
Tant pis pour lui.

* Il veut jouer ? Alors jouons. *

D'abord se libérer de ses bras, juste assez pour pouvoir reprendre sa baguette. Puis arborant un sourire en coin qui n'annonçait rien de bon, Natacha se pressa langoureusement contre lui, peu pressée d'aller plus loin, en totale contraste avec les nuits passées. Tout se déclenchait toujours très vite, consumant jusqu'aux dernières parcelles de désir que les jours passés sans se voir développaient. Si on prenait le côté purement physique de cette relation, tout allait pour le mieux et elle n'avait rien à redire. Mais en impliquant juste un peu l'émotionnel, tout devenait d'un coup plus compliqué et effrayant...

Jouer mais pas trop. La carapace 'Natacha, employée de TASKS' était bien plus résistante que toute celle qu'elle pourrait bien avoir. Un an de rire, de bons moments et de trolleries étaient peut-être la raison qui pouvait l'expliquer. Elle avait trop de respect pour cela, pour tout détruire en l'espace de quelques minutes de folies ardentes mais plus destructrices que n'importe quoi d'autre.
Et TASKS, bureau = très mauvais souvenir. Ça finissait mal quand elle se laissait aller à ce qu'elle désirait entre les murs de l'assos. Mieux valait se tenir éloigner des problèmes.

Alors un bras passé autour de son cou, Natacha approcha sa bouche de son oreille, pour délivrer la bombe... enfin il fallait l'espérer.

"Moi qui pensait que ça t'intéresserait... Je me suis lourdement trompée. Mais tu as raison, faire l'amour dans mon bureau est plus intéressant que de passer une semaine pendant les vacances d'été avec un des enfants de TASKS."

Et pendant qu'elle murmurait l'air de rien ces paroles, sa main qui tenait sa baguette se mit en action et se pointa sur des feuilles, placées sur le bureau. Elles s'envolèrent et atterrirent entre les doigts tendus de Natacha. Celle ci les passa devant les yeux de Benjamin, pour qu'il puisse bien lire sur la première feuille, écrit en grand :

Vacance d'été 2010
Inscription des familles d'accueil

Et toujours aussi négligemment, elle les lança derrière elle pour se reconcentrer sur ce que Benjamin avait entreprit de faire. Les feuilles tombèrent en douceur sur le sol, comme une tâche injurieuse sur un linge immaculé.

* Maintenant, ça passe ou ça casse. *

Et mieux valait que ça passe.
Elle avait toujours détesté perdre, quelque soit le jeu entreprit et plus encore celui en cours.

Invité

Touché comme un vulgaire Poufsouffle. Punaise mais c'est pas possible... A quoi ça sert d'être arrivé là où j'en suis pour me faire manipuler comme ça. Impossible de rester aussi prévisible.
Mes traits restèrent aussi niais que ce qu'ils étaient lorsque j'avais failli commettre l'impair de ma vie. Ces absences de sérieux ne feraient pas que tuer mon père s'il était encore vivant. A force, ils me coûteraient un morceau de ma vie. Sans me détacher d'elle, je décidai de contre attaquer avec le peu de champ qu'elle m'avait laissé.

- Je suis déçu. Tu n'avais pas tort, au contraire. Je suis toujours aussi intéressé mais il y a autre chose. Certes je voulais profiter de toi quelques minutes et c'était sans doute déplacé mais...
Je voulais surtout te proposer de venir aussi avec un de ces charmants bambins passer les vacances dans mon manoir en province. Apparemment, ce genre de cas n'est pas autorisé par vos affiches, ça, je ne le savais pas.

Je préférai la laisser mariner un peu. Impro totale mais pas dénuée de sens dans laquelle je venais de me faire prendre aussi.
Me retrouver seul avec un enfant pendant un mois, j'avais du mal à appréhender. C'est surtout ça que venait de me montrer l'affiche. Mon style de vie allait brusquement changer. Plus de virée nocturnes démultipliées. Finis les concerts en terrasse, les boissons alcoolisées entre frères et... En suis-je capable?

- Le Ministère me donne droit au mois de juillet complet pour une fois. Je suppose que la mort récente de mon père y est pour beaucoup. Si ça te dit de venir, je serai sincèrement ravi. Evidemment, je ne dis pas cela que pour le sexe. Disons que tu pourrais m'aider à savoir si je peux être celui que je prétends être. Tu veux bien?

J'espérais qu'elle voudrait bien. J'étais passé près de la correctionnelle.

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