Le Poudlard Express se mettait en marche, de nombreux parents faisaient signe à leur progéniture, heureux de les voir prendre le chemin de l'Université. Daphne, elle, s'était réfugiée dans le dernier wagon, qui était désert, et la tête appuyée contre la vitre, elle fit un rapide signe de la main à Galatée, sa mère. Daphne avait coupé court à leurs adieux, elle avait préféré monter dans le train avant d'avoir à subir les traditionnels conseils de sa génitrice, qu'elle connaissait de toute façon par coeur. "Fais honneur aux de Longueville, Daphne", "souviens-toi que l'éducation qui t'a été donnée ne mérite pas d'être partagée avec n'importe qui" ou bien encore "le sang de notre famille doit rester pur, ma fille". Autant de vaines paroles qui indifféraient Daphne. De toute façon, la jeune femme n'avait jamais vraiment envisagé de se mêler aux autres, et encore moins aux moldus. Elle préférait la solitude aux bains de foule, n'avait pas d'amis et n'en voulait d'ailleurs aucun. Onze années à Serpentard lui avaient enseigné qu'on ne peut réellement compter que sur soi-même, et, même si elle avait fréquenté ses camarades et fait connaissance avec eux, aucun ne lui manquerait réellement. Daphne avait attendu longuement son entrée à l'Université, c'était, une fois encore, l'occasion de faire ses preuves. Elle se souvint en souriant presque du jour où elle avait été répartie, de ce que le Choixpeau lui avait chuchoté... "De l'ambition", avait-il dit... "Beaucoup d'ambition..." "Serpentard !", s'était-il écrié ensuite. Cela n'avait guère plu à Galatée, sa mère, qui tout au long de l'été précédant la première rentrée de Daphne avait Poudlard, lui avait conté la grandeur de Serdaigle, l'importance de la culture et du savoir. Cela avait eu le don d'amuser Daphne autant que de l'énerver. Qu'en avait-elle fait, sa mère, de son précieux savoir ? Rien. Elle était devenue la femme d'un riche sorcier français, avait passé le reste de sa vie à se faire entretenir, et petit à petit était devenue soumise, oubliant même qu'elle avait une nuque, tant celle-ci était courbée. Daphne haïssait et méprisait ses deux parents, son père et ses valeurs obsolètes, d'un autre âge, dans les yeux de qui elle avait lu la déception après avoir refusé de prendre pour époux un imbécile appartenant à une grande famille de sorciers. L'excellence n'était pas vraiment un choix lorsque l'on était une de Longueville, c'était la seule option possible. Alors Daphne avait sagement étudié, et réussi ses B.U.S.Es et ses A.S.P.I.Cs avec brio. Elle était devenue la caricature parfaite de la jeune fille de bonne famille à l'éducation irréprochable, elle savait qu'elle n'était guère populaire et s'en fichait pas mal. Mais aujourd'hui, maintenant que les portes de l'université s'ouvraient à elle, elle était fermement décidée à faire ses propres choix. Et ces derniers s'étaient porté sur Phoenice Zone, où, elle en était sûre, elle pourrait enfin s'épanouir et fuir le destin de sa mère, qu'elle craignait plus que tout. Elle souhaitait une position de pouvoir pour sa vie future, elle voulait jouer un rôle dans la société, en devenant une puissante sorcière. Auror. C'était la voie qu'elle envisageait. Traquer des mages noirs, plus pour la renommée que par conviction. Mais elle était sûre que cette voie était la sienne. La porte s'ouvrit à la volée et un groupe de filles pénétra dans le wagon, leurs gloussements annonçant la fin de la tranquilité. Daphne sortit alors un livre de son sac, et s'y plongea jusqu'à la fin du voyage. Lorsque le train s'arrêta, Daphne en descendit, consciente que chaque pas qu'elle faisait la menait vers son destin. Elle attendit sagement que l'on appelle son nom puis, quand son tour vint, elle se leva, tentant tant bien que mal de dissimuler les craintes qui l'assaillaient. "Alea Jacta Est", pensa-t-elle...