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 L'assassinat d'Esadora Carter

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Toni Scheffer
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MessageSujet: L'assassinat d'Esadora Carter   L'assassinat d'Esadora Carter Icon_minitimeLun 4 Oct - 23:20:29

Précédemment...
Au début des vacances d'été, un peu avant le référendum, Jörgen est devenu Opposant suite au chantage de Bruno, le Soumetteur de Toni. Bruno a proposé de libérer Toni du lien de soumission qui la liait à lui à condition que Jörgen entre dans l'Opposition et la prenne à son tour comme Soumise. Grâce à cet échange, Jörgen comptait débarrasser Toni de l'influence de Bruno et empêcher sa petite amie d'accomplir le meurtre commandité par leur maître chanteur en le commettant lui-même. Ils apprennent par accident que Bruno n'est autre qu'Antarès mais ce dernier ignore que le jeune couple l'a démasqué. Après 48 heures de liberté que Toni et Jörgen passent en Irlande, le moment d'accomplir la terrible mission est arrivé.





PREAMBULE


Quarante-huit heures. C’est court. La fin avait été gâchée par le brutal retour à la réalité. La tendresse que nous nous inspirions s’était subtilement transformée en besoin violent de s’appartenir plus fort que tout. Plus fort que la chair. La façon dont nous faisions l’amour avait changé. Il s’agissait essentiellement de se prouver que nous étions l’un à l’autre malgré les circonstances, comme si nous n’y croyions plus vraiment, plutôt que de considérer nos ébats comme un jeu, un plaisir, la résultante du besoin primitif de l’autre. La douceur nous avait déserté, tout était devenu question de survie, une caresse, un baiser, un soupir, alors que, pour la première fois depuis longtemps, nous étions supposés ne plus rien craindre du monde car notre ennemi le plus combattif était désormais notre garant.

Je ne me sentais pas à l’aise mais je sentais que c’était à moi de faire l’effort, de l’encourager. Aussi, je prétendais l’être pour permettre à Jörgen de s’habituer à l’idée que nous n’étions plus seulement un couple mais un couple d’Opposant et de Soumis. Au début, ce changement de climat, qui aurait pu simplifier de nombreuses choses, en compliqua d’autres. De plus subtiles et de plus intimes. Je pensais - et le futur confirma que j’avais raison - qu’il faudrait du temps pour qu’on réalise tous les deux que ce statut ne devait rien changer à notre amour.

Pour Bruno et pour les premiers Opposants que nous rencontrâmes au sein de l’abbaye de Canterbury, cela changeait tout et le regard que les autres portaient sur notre couple nous confirmait que la situation n’était pas ordinaire. Sincèrement, si ça n’avait tenu qu’à nous, nous n’en serions pas là, avais-je envie de leur dire. Pour eux, un Opposant ne pouvait pas tomber amoureux de son Soumis. Qu’en avais-je à faire, moi ? Ca me confortait plutôt dans le fait qu’être Soumis et Opposant allait indépendamment d’être amoureux. Ce n’était qu’un grade. Notre amour n’était pas conditionné par celui-ci puisque nous nous aimions bien avant d’être des insignes. Alors, quand nous étions seuls, petit à petit, être de l’Opposition ne signifia plus grand-chose. Ce que nous faisions de notre temps était bouleversé mais la façon dont nous aimions nous aimer demeurait.

La tendresse retrouva sa place dans nos ébats. Faire l’amour n’était plus un défouloir mais de nouveau un besoin humain de se prouver son amour, de s’amuser, de se séduire encore. Seulement par amour. Par la suite, je n’eus plus besoin de venir incessamment chercher Jörgen pour lui prouver que je ne me soumettais pas à son désir mais que je le partageais aussi. Que j’en avais aussi envie.

Nous finîmes par nous amuser de ces regards étrangers qui nous considéraient comme une infamie. Étrangement, Bruno prêcha largement pour notre paroisse. A ses yeux, nous étions une sorte de symbole du couple du futur au sein de l’Opposition. Il développait son regret au sujet de l’ordonnance d’Antarès qui consistait, à terme, à abolir les liens de soumission pour plaire à l’opinion publique. Selon lui, femme Soumise et homme Opposant était un ménage prometteur pour l’équilibre exigé afin de faciliter la gestion et la conquête du monde. La femme qui sert l’homme dans ses desseins conquérants. Sa vision stéréotypée de la relation homme-femme ne me convenait pas mais, tant qu’il nous soutenait, c’était toujours mieux que ses attaques et ses critiques incessantes.

Nous parlions rarement de l’Opposition en tant que telle. Nos discussions s’axaient sur l’importante mission à venir et nous avions naturellement choisi de ne jamais utiliser des termes comme « meurtre », « tuer », « je », « tu » ou « Esadora». Nous préférions la profusion de « ça », de « y », de « il faut » et de « elle ». Je ne pouvais pas traiter ça comme un devoir à rendre et pourtant j’avais envie de m’appliquer à notre tâche plus qu’à mes leçons. Je ne m’étais pas découverte des aptitudes à l’homicide mais je craignais les représailles de Bruno en cas d’échec. Il fallait que nous y arrivions et il fallait éviter de penser à Esadora comme à une personne sinon nous ne serions jamais allés jusqu’au bout.

Quelques jours avant le départ pour Washington, dont l’Opposition avait arrangé tous les aspects financiers et logistiques, nous eûmes notre plus grande dispute. Nous étions terrés à Poudlard où nous étions certains que Bruno ne viendrait jamais en personne.

Je voulais à tout prix l’accompagner et, durant l’élaboration de ses plans, j’avais toujours participé à la construction de cette mission dans cette optique. Il était impensable que je laisse Jörgen accomplir un tel acte sans moi. Je n’avais pas envie de le voir rentrer des Etats-Unis sans avoir vécu à ses côtés quelque chose qui me serait resté abstrait. Je refusais le gouffre et le secret qui se serait installé entre nous. Je le connaissais un peu maintenant et je l’imaginais revenir silencieux, sérieux, aphasique. Incapable de me raconter ce qui s’était passé... ça m’aurait rappelé les mois qui avaient suivi la mort de Gern. Déjà, depuis ce jour, Jörgen n’a plus jamais été le même.

Il était resté sur ses positions. Je ne l’accompagnerai pas. Ce n’était pas mon problème. Je répondais que si, c’était mon problème. Il vivait cette misère morale à cause de moi. Je voyais mal de qui, plus que moi, c’était le problème. Il ne m’avait jamais répondu aussi furieusement. J’ai cru qu’il allait me frapper. Au lieu de ça, il a serré les poings. Je suppose que l’idée de m’entraîner dans un meurtre l’insupportait à tel point que, s’il avait fallu, il m’aurait attachée et enfermée dans une vieille penderie pour m’empêcher de le suivre. J’ai crié. Il a crié encore plus fort parce que sa voix est plus grave. Je l’ai insulté. Il me l’a bien rendu. Je me suis sentie blessée. J’ai attrapé le premier objet qui m’est passé sous la main et je l’ai lancé. C’était le signe extérieur de la violence que son comportement protecteur avivait. Loin de se laisser intimider, il est resté silencieux. Il a sorti sa baguette pour ramasser les bris du ventilateur qu’on lui avait offert pour Noël. C’était le meilleur moyen de m’énerver encore plus : rester calme. Il restait calme et j’avais envie de tout casser dans la chambre :

- Je m’en fous, Jörgen ! Je viendrai quoi que tu en penses. Et, s’il le faut, j’irai voir Bruno pour lui demander et sois bien sûr que ce sadique acceptera !
- Tu es Soumise, Toni. Tu ne peux pas interférer dans mes décisions.


Il y avait eu un silence soudain. Bien que je savais que c’était son exaspération qui m’avait valu une telle répartie, l’imaginer utiliser pour de vrai le lien de Soumission qui m’attachait à lui m’avait rendu malade de fureur. J’ai brandi ma main et je l’ai giflé de toutes mes forces.

J’ai claqué la porte de sa chambre et je suis allée dans le parc. Il m’y a retrouvé une heure plus tard. Il n’a rien dit. Il ne s’est pas excusé. Il m’a seulement embrassé et nous sommes allés près du ru où nous baignions Thémis autrefois.

Mais la réconciliation ne pouvait pas s’en tenir à des caresses et des soupirs. Après la baignade, nous nous sommes étendus sur sa cape pour écouter la forêt et profiter de l’apaisement. Je n’avais pas le cœur à insister encore une fois mais il savait que je n’avais pas baissé les bras. Je passais mes doigts sur son tatouage. J’aimais l’endroit où il se trouvait parce qu’ainsi le lien restait intime. J’étais la seule de son entourage à partager ce secret et j’aimais l’exclusivité qui me liait à Jörgen, quelle qu’elle soit, aussi maléfique ou bénéfique qu’elle soit. Il a stoppé ma main et m’a obligé à le regarder. Il avait bien gambergé, ses yeux me le disaient.

- D’accord mais on fait comme je dis.

J’ai acquiescé. En me relevant pour l’embrasser, le grelot du bracelet à répondu au silence du tatouage. Nous scellions à notre façon un pacte dont les conséquences nous dépassaient.

SUR LA PISTE D'ESADORA

Pendant la préparation du voyage vers Washington, nous avions réussi à trouver l’identité sorcière d’Esadora. Elle travaillait comme serveuse au Chaudron Baveur. Et dire que nous passions devant elle à chaque fois que nous nous rendions sur le Chemin de Traverse. Tom, le gérant, nous appris que Luz Defoe (c’était le prénom sous lequel il la connaissait) était allée rendre visite à sa famille aux Etats-Unis et qu’elle avait pris deux semaines de congés. Quand nous avons demandé où habitait sa famille, Tom s’est rendu compte qu’il ne connaissait rien de la vie de son employée. La seule chose qu’il nous apprit, et que nous ne savions pas, était que Luz-Esadora avait une fille de 18 ans. Il nous montra une photo qui avait été prise au Chaudron Baveur à Noël dernier. La fille d’Esadora était Imogen Carter. Carter ? Comment n’avions nous pas fait le lien plus tôt grâce à ces patronymes ? Ces noms de famille étaient certes très répandus mais, dans l’univers secret et si peu peuplé de Bruno, cela ne pouvait pas être une coïncidence.

Nous ne sommes pas retournés à Poudlard. Comme nous étions à Londres, nous avons filé chez mes parents qui furent étonnés de nous voir dans la capitale en plein été. A peine revenus du Devon, ils étaient sur le départ pour se rendre en Italie. Jean invita Jörgen à venir les rejoindre plus tard. Bien entendu, elle paierait tous les frais, bien entendu Jörgen devait prévoir un costume de soirée, bien entendu elle nous avertit qu’il serait hors de question qu’on partage le même lit et Croze l’interrompit avant qu’elle ne pose la question fatidique :
« Dépêche-toi, chérie, tu vas nous mettre en retard et laisse ces gosses tranquilles. Ils ont mieux à faire que passer leurs vacances avec deux vieux croutons. »
« Parle pour toi, avait répondu Jean, moi je suis dans la force de l’âge. »
Jörgen ne déclina pas l’invitation mais lui et moi savions que nous ne pourrions pas les y rejoindre.

Ils partirent et nous eûmes l’appartement pour nous. Les méninges et les conjectures allèrent bon train. Pourquoi Bruno voulait-il éliminer la mère d’Imogen et pourquoi m’avait-il fait la surveiller tout ce temps ? Plus que jamais ma théorie sur un lien de parenté Bruno/Esadora se confirmait.

Ce qui m’inquiétait le plus était la question suivante. Je la posai à Jörgen et aucun de nous ne fut à même d’y répondre :

- Est-ce que tu penses qu’il cherche sciemment à ce que nous apprenions tout ça ?

Comme un fait exprès, Bruno fit son apparition dans l’esprit de Jörgen. Son intervention n’avait rien à voir avec notre discussion. Il s’enquérait seulement de la date de notre départ. Nous partions le lendemain.

C’était idiot mais, durant tout le temps de son intervention dans la tête de Jörgen, je restai pendue aux lèvres de mon amoureux qui me retranscrivait la discussion et je l’enviai. Cette jalousie était détestable et mal placée... mais il était difficile d’effacer l’année de cohabitation psychique avec mon envahisseur. Je comprenais la sensation qu’était celle de recevoir une présence dans son esprit, j’imaginais les phrases tranchantes de Bruno, son petit accent américain et son rire satisfait de lui-même. Nos discussions n’avaient jamais été inintéressantes. Il m’énervait parfois mais il n’avait jamais été antipathique. Capricieux, jaloux, exigeant, curieux, oui. Mais gratuitement méchant, jamais.

Parfois, je me surprenais à trouver mon esprit trop calme. Je m’attendais à tout instant à ce qu’il brise la promesse qu’il avait faite à Jörgen en venant me parler directement. Mais comme pour chacune de ses promesses, il respecta celle-ci. Il ne s’adressait qu’à Jörgen, ou à travers Jörgen. Je m’en voulais de ressentir pareille jalousie. Si je parlais de tout avec Jörgen, je continuais cependant de garder cette pensée pour moi.

L'assassinat d'Esadora Carter Sep4a

Nous étions à Washington depuis six jours déjà. L’été était humide et froid. Nous avions atterri à Seattle et l’Opposition américaine nous avait reçus en grandes pompes. Rien n’avait été fait à moitié. Nous avions été logés dans le magnifique Hotel Vintage Park de la 5ème avenue. Bruno était venu nous rendre visite en personne pour veiller à ce que nous ne manquions de rien. Il n’était pas resté plus d’une soirée. Il avait seulement voulu en connaître plus sur l’état d’avancement de nos travaux.

Nous lui apprîmes ce que nous avions recueilli comme information. En réalité, Esadora était un vrai caméléon. En suivant sa piste, nous avions déjà dénombré six identités qu’elle s’était attribuée. D’après les réseaux qui nous avaient renseignés, Luz-Edna-Lydia-Ochy-Fatima etc... était à la recherche d’une femme spécialisée dans le sortilèges protégeant des armes à feu moldues. Jusqu’ici nous n’étions pas parvenus à obtenir le nom de cette femme. Jörgen présagea que la Résistance cherchait probablement à recruter une telle sorcière et qu’Esadora avait été envoyée aux Etats-Unis dans ce but.

La seule chose que nous craignons était qu’elle apprenne que nous étions à sa recherche et qu’elle rentre en Angleterre se réfugier parmi les siens, s’inventant une énième identité et disparaissant.

La machine Opposition était une grosse machine bien rôdée. Tout le monde se pliait aux exigences de Jörgen. Il détenait tous les passes droits dès qu’on apprenait qu’il était le protégé de Bruno. Ce dernier avait bien fait sa publicité au sein de l’Opposition. Ses dogues me regardaient à peine. Je n’étais que la Soumise de Jörgen et je jouais ce rôle à la perfection pour ne pas interférer avec l’objet de notre mission.

Le grand moment était arrivé. Shiraki, une moldue qui travaillait pour le ghetto d’Olympia, nous apprit qu’une certaine Machina Smith - une belle femme caribéenne - s’était rendue au centre de recensement des ghettos pour obtenir l’adresse de sa soi-disant cousine perdue de vue. Shiraki nous donna le nom de ladite cousine : Lissie McShear. Ce genre de demande était répertorié dans les différents centres de recensement américains et, comme Jörgen avait demandé à être tenu informé de toutes les requêtes de ce type, l’information n’avait pas tardé à arriver. Ainsi nous savions qu’Esadora, sous la couverture de Machina Smith, avait retrouvé la trace de la sorcière spécialiste des sortilèges militaires. Et nous avions le nom et l’adresse de cette dernière. C’est à Olympia que nous devions nous rendre.

Shiraki quitta la luxueuse chambre après nous avoir fourni l’adresse qu’elle avait donnée à Machina Smith, nous laissant nous préparer à intervenir rapidement.

Je choisie un vêtement noir. Jean, sweat-shirt à capuche, baskets. Ma baguette était dans ma poche ventrale. Je regardais Jörgen se préparer sans savoir comment le sonder. Nous n’avions jamais été aussi prêts du but. L’idée d’éliminer un être humain commençait à prendre toute sa dimension.

- Comment tu te sens ? Osais-je lui demander juste avant que l’ascenseur n’arrive.

Quand je l’interrogeais, je me rendis compte que durant ces trois dernières semaines, j’avais complètement oublié la raison pour laquelle nous avions fini par accepter l’idée d’être des assassins. Avions-nous réellement mis, comme nous le prétendions, une distance indifférente entre nous et Esadora Carter ?
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MessageSujet: Re: L'assassinat d'Esadora Carter   L'assassinat d'Esadora Carter Icon_minitimeDim 17 Oct - 20:18:36

Quand devient-on un tueur?
Est-ce l'intention ou le geste qui nous condamne?
Un assassinat manqué laisse-t-il des marques plus profondes qu'un homicide involontaire?


Gern avait tué pour protéger Toni.
Je ne pouvais pas faire moins.




- Bien. Je crois que je me sens bien.

J'en étais le premier surpris. Je suppose que je ne parvenais tout simplement pas à percuter. Ou bien la fébrilité des recherches et l'angoisse de l'attente ne laissaient plus de place qu'au soulagement de l'action.

Peut-être aussi que je ne me sentais tout simplement pas aussi mal que j'avais imaginé l'être au matin de ce jour-là.
Mieux donc, que ce que j'avais anticipé. Le mieux devrait être l'ennemi du bien.

L'ascenseur s'ouvrit devant nous et j'y entrais avec elle.
Je ne m'étais jamais senti très à l'aise dans ce genre d'engins. J'avais de la peine à comprendre son fonctionnement et pour moi, rien ne prouvait que ces portes en métal n'allaient pas rester hermétiquement fermées sur nous jusqu'à la fin des temps. Sentiment bizarre. Je n'étais pas certain de ressentir l'envie qu'elles se rouvrent sur le hall d'entrée. Et, alors que l'appareil lévitait, je percutais enfin. "Ca", "y", "il faut" et "elle" étaient pour aujourd'hui.

Au quatrième étage (nous logions au cinquième), un couple nous rejoignit dans notre cage à miroir. Plaqué contre la paroi, j'attirai Toni contre moi.

Je n'avais jamais réussi à lui avouer les véritables raisons de mon refus. Je les dissimulais du mieux possible, comme je voulais moi-même les oublier. Elle n'avait aucune promesse à leur opposer. Elle ne pouvait me jurer que son regard sur moi ne se teinterait jamais d'horreur ou de souffrance quand je serais devenu un assassin. Je ne parlais pas de déception, juste d'une émotion incontrôlable quand on se retrouve aux prises avec la réalité des choses. Quand je serais devenu un assassin. Encore fallait-il que j'y parvienne. En me raisonnant, je réussissais presque à me convaincre que cette étape, ce moment-là serait un autre des jalons qui nous conduirait à ce que nous serions et qu'il en faudrait plus pour la détacher de moi. Pour me détacher d'elle. Quand bien même je prendrais la vie, je donnerais la mort, moi qui prêterais le serment d'Hygie dans une dizaine de mois.
Mais aucun raisonnement au monde ne pourrait venir à bout de ce que j'étais, de cette alternative suspendue au-dessus de ma tête, comme une épée de Damoclès. Quand le moment serait venu et qu'il nous faudrait le faire, nous serions face à une guerrière. Expérimentée. Qui ne se laissera pas assassiner sans opposer de Résistance. Je me refuse à être de ces lâches qui abattent froidement une victime de dos. Et, alors, il ne serait même pas question de choix entre ces deux options: protéger Toni ou attaquer Esadora Carter. Sa vie m'était infiniment précieuse que sa mort, à elle. Même si, confusément, je croyais qu'il comprendrait mon geste, Bruno ne me le pardonnerait pas.
Une fois de plus, ce serait à Toni de pâtir de mes incompétences.

Deux étages plus bas, retour à la solitude. Que pouvait-on faire au deuxième étage? Monsieur et Madame s'étaient pris de passion pour la visite de l'hôtel? Hier le troisième et demain le premier? Tant mieux pour eux. Tant mieux pour nous. Trente secondes d'amabilité banale m'avait suffi.


Je ne trouvais rien à dire à Toni. Aucun mensonge assez puissant pour raviver un peu d'espoir. Aucune vérité assez réelle pour s'y raccrocher.
Muet.
Je me sentais vide. Et plein jusqu'à l'écœurement . A me demander si un coup sur ma poitrine sonnerait creux ou émettrait ce bruit sourd d'un choc contre une plaque de granit. Mes pas me portaient en avant, comme un automate. J'essayais de mettre ma tête dans un black-out total pour empêcher la peur de monter. Je n'étais même pas sûr d'être capable d'assassiner quelqu'un correctement. Proprement. D'éviter la souffrance d'une agonie qui s'étire. J'éprouvais de la colère contre cette école qui croyait nous avoir donné les armes pour affronter notre vie. Nous avoir tout appris. La Défense contre les Forces du Mal mais pas l'Attaque contre les Forces du Bien.

Il me semblait que j'en avais appris plus sur les choses, les gens et la magie au cours de mes deux mois dans l'Opposition qu'en neuf années passées assis sur une chaise à écouter mes professeurs gamberger sur un sujet ou un autre. Ce constat était loin de me plaire et pourtant... Pour la première fois, j'avais l'impression de me frotter à la vraie vie. Apprendre l'histoire de Toni, sa Soumission à Bruno et tout le reste, nous avait expulsé du cocon douillet qu'on se tisse à deux quand on oublie le monde. Et maintenant, ce monde que j'avais fui me rattrapait et me réclamait son dû.
C'était un sentiment étrange.

Je relâchais notre étreinte pour cueillir au fond de ma poche un bijou. Je le laissais se réchauffer sous mes doigts avant de le sortir sous la lumière blafarde de cette machine moldue. Un petit sortilège l'avait immobilisé entre deux étages. Juste le temps de...

- Je sais que je suis ridicule mais...

Je présentais le pendentif devant sa gorge. Il avait suffi à Toni d'un seul coup d'œil pour l'identifier. Ce genre de breloques florissait sur les marchés ces derniers temps. Mais le mien n'avait rien d'une breloque. Le Charme de Protection dont il était doté était puissant. Plus puissant, en tout cas, que tout ce que j'aurais pu créer avec ma propre magie. Il pouvait... Il m'avait coûté une petite fortune. Ou plutôt, il avait coûté une petite fortune à l'Opposition. Bruno n'avait pas menti quand il m'avait affirmé que tout ce qui m'était nécessaire serait mis à ma disposition. Ca incluait des sommes considérables en Gallions ou en livres sterling. Je ne voulais pas savoir d'où cet argent provenait. Mais à chaque demande exaucée, je perdais un peu de liberté.

- Porte-le. Je t'en prie.

Je ne sais pas ce qui passa dans mes yeux mais elle ne discuta pas et inclina légèrement la nuque pour que j'enclenche le fermoir autour de son cou. Elle n'aimait pas que j'en fasse trop mais l'ambiance était un peu surréelle.
Je fixais le pendentif qui reposait maintenant à côté de son cœur. C'était ce qui m'était le plus précieux. Je le fixais tout en songeant à combien Bruno m'avait bien cerné. C'était là sa plus grande arme. Il me comprenait. Au sein de l'Opposition, on m'écoutait, on considérait mon avis. J'étais devenu important. Je n'étais pas juste un élément dans une masse. C'était une forme de reconnaissance et je me rendais compte combien c'était ce que je recherchais. J'avais peur d'oublier un jour quelle était la véritable identité de cette organisation dans laquelle j'étais entré, consentant mais forcé. Je craignais le jour où, avec Toni, on ne pourrait plus rire des autres Opposants, de leur regard sur nous, de leurs pensées curieuses. Ce jour où, à force de jouer un rôle, je resterais prisonnier de ce costume, convaincu qu'il était le mien. Ce jour arriverait, je le savais. J'espérais juste être assez fort pour repousser l’échéance, jusqu'au plus tard possible.
J'avais voulu croire que Toni me suffisait mais je voulais plus. Et ça me rendait malade.
J'espérais juste, qu'en en ayant finalement pris conscience, je réussirais à me battre contre ça.

L'ascenseur repartit avant que quiconque puisse s'en inquiéter. Il n'aurait plus manquer qu'un appel d'urgence pour nous rassurer que quelqu'un allait venir, s'occuper de nous, nous sortir de là. Avec grand accueil du personnel dans le hall de réception. "Ca ne se reproduira plus" et "Veuillez accepter toutes nos excuses". Passé un temps, cela m'aurait fait sourire. C'est ce que je trouvais de plus fou, chez les Moldus, ce sempiternel besoin de l'assistance des autres, ou des objets.

Il y eut le petit cling annonçant que les portes allaient s'ouvrir. Je la serrais une dernière fois contre moi, brièvement, et l'embrassai. Pour nous porter chance. Ou pour me donner un peu de courage.
J'étais... non pas content, pas vraiment, mais soulagé qu'elle soit là. Je ne le lui aurais jamais dit. Je n'aimais pas avoir tort.

Le rez-de-chaussée s'ouvrait devant nous. Nous échangeâmes un regard.

*Prêts?*

Moins que jamais.
Tant que tout ceci n'était que des discussions sans fin avec d'autres Opposants, nous étions dans l'abstraction, une sorte de cluedo prémonitoire à échelle une. Le Sergent O'Brian a tué le Dr Carter dans un quartier sordide avec un maigre instrument de bois. Des mots. Des mots. Et encore des mots.

Aujourd'hui, la guerre allait faire une orpheline de plus.
Je ne me demandais pas qui était Imogen Carter. Je ne voulais pas le savoir car cela ne rendrait que plus réel ce que nous nous apprêtions à faire.

Toutes les photographies que nous avions récoltées pour le dossier "E.C." me défilaient devant les yeux. Nous ne devrions pas avoir de mal à l'identifier.
Et là?
Là, aucune idée.


Dernière édition par Jörgen O'Brian le Jeu 25 Nov - 21:15:46, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: L'assassinat d'Esadora Carter   L'assassinat d'Esadora Carter Icon_minitimeDim 14 Nov - 15:38:50

Je pris le baiser qu’il me donna comme un gage involontaire de son stress plus qu’une marque d’affection. Une façon douce de tourner la page sur les amants pour en ouvrir une nouvelle sur un couple de stipendiés. On se donne du courage dans la douceur pour abolir la barbarie en se prouvant par des gestes simples qu’on reste humain même dans nos actes les plus inhumains.

L’ascenseur s’est arrêté au troisième sous-sol, dans le parking. Une voiture aux vitres teintées nous attendait. J’aurais préféré transplaner mais l’accès au ghetto était stérilisé. Aucun sorcier n’avait le droit d’y transplaner ce qui permettait de maîtriser les allées et venues des habitants de ce quartier sécurisé. Chaque mouvement entrant et sortant était répertorié.

Le trajet dura douze minutes. Je tenais la main de Jörgen. Nos deux mains entrelacées étaient immobiles et reposaient sur le cuir des sièges arrière. Le chauffeur était un des nombreux Soumis à l’Opposition qui avait fait le choix de se soumettre de lui-même à défaut d’avoir un rôle actif au sein de cette manufacture à inquisiteurs. L’homme s’appelait Tony, avec un y. Depuis leur arrivée, il était leur chauffeur attitré. Il servait aussi d’homme de main à Jörgen qui n’avait jamais utilisé ses services pour autre chose que de menus déplacements. D’après ce qu’il avait un jour raconté à Toni, il avait été libéré après le 14 juillet et était devenu un simple Opposant. Il avait troqué son bracelet pour un tatouage cet été. Il préférait sa vie d’avant car il n’avait aucun souci à se faire pour l’avenir. Maintenant, il devait, au même titre que tout Opposant, batailler pour trouver sa place s’il voulait rester dans un service actif ; il aurait pu devenir un simple Opposant libre et croyant mais inactif.

- Je sortais de prison quand je suis devenu Soumis. Personne, aucune entreprise ne voulait m’embaucher. Je me suis présenté à Ellis Island avec deux dollars en poche et ma carte d’identité. On m’a collé à un Sargas et soudain, j’ai eu un toit, à manger, un job... on en pensera ce qu’on veut mais, aujourd’hui, je croupirais dans une Forêt d’Etat si l’Opposition ne m’avait pas repêché.

J’aimais beaucoup Tony bien que je le plaignais pour les choix que sa vie l’avait forcé à prendre. Je ne me serais jamais présentée de moi-même devant les portes de l’Opposition mais je respectais son choix. Je n’avais jamais perçu l’Opposition sous ce jour avant de le rencontrer.

Bien que Tony fût un quarantenaire assez bavard, dans la voiture, il évitait de nous parler. Il jetait de temps en temps un regard dans le rétroviseur pour nous regarder. Chacun de nous regardait silencieusement par la fenêtre. On aurait dit qu’on nous envoyait à l’abattoir alors qu’en réalité, nous serions les bourreaux.

Juste avant de nous déposer à l’entrée du ghetto d’Olympia, Tony nous souhaita bonne chance. Je sais que dans sa tête, pour rien au monde, il aurait aimé être à notre place. En six jours et malgré les rares fois où nous nous étions croisés, il avait su prendre la mesure de notre situation et de nos caractères. Il avait un respect naturel pour Jörgen malgré la différence d’âge. Nous n’étions à ses yeux que deux pauvres gosses qu’on manipulait et il savait qu’il y avait une différence de taille entre choisir soit même son destin comme il avait résolu de le faire et être contraint de l’affronter. Il avait écopé de trois années de prison à Sing Sing pour un larcin sans gravité. Vol qualifié et recèle de biens. Rien de comparable au meurtre. Le pire était probablement que nous allions commettre un meurtre qui nous rapporterait non pas trois ans ou dix ans fermes mais le succès et les louanges. Abjecte.

Nous avons marché d’un pas absurdement assuré. A l’entrée du ghetto, les deux gardes dont l’un était un loup-garou, nous laissèrent passer sans prendre nos noms dès qu’ils reconnurent Jörgen. Le garde sorcier nous informa qu’il n’y avait rien de nouveau. Nous comprîmes que cela voulait dire que Machina Smith ne s’était toujours pas présentée.

Je trottai derrière Jörgen, les mains dans ma poche ventrale. Je me sentais rassurée de sentir ma baguette entre mes doigts crispés. J’aurais préféré tenir encore la main de Jörgen mais nous nous voulions professionnels.

Après quelques minutes, nous sommes arrivés près de l’adresse de Lissie McShear que Shiraki nous avait donnée. Avant de s’engouffrer par la porte de l’immeuble sorcier, je fis un sourire léger à Jörgen pour l’informer que j’étais prête. J’allais bien. Nous sommes entrés. Tout était silencieux et déjà mort. Comme si même les murs s’attendaient à voir l’exécution tragique de la Résistante.

Je me mis en mode sans cœur. Ca impliquait de se concentrer sur les faits et d’oublier les choses de l’âme et de l’esprit. Les cas de conscience. Je me suis même préparée, tout le chemin si long qui consistait à monter les marches jusqu’au sixième étage, à l’idée que si Jörgen flanchait, je n’hésiterai pas à jeter le sortilège mortel. Si cette mission échouait, il ne paierait jamais les conséquences. Quoiqu’il advienne.

Arrivé à la porte de McShear, selon le plan que nous avions établi, Jörgen s’est posté en guet tandis que je m’appliquais à jeter un sortilège de transparence à la porte pour visualiser l’intérieur de l’appartement sans être repérée. Je m’étais entraînée dur pour ce sortilège. Je ne parvenais pas encore à le maintenir plus d’une minute mais ce fut assez pour vérifier l’intérieur. McShear était une femme d’une trentaine d’années, blonde, avec des poches violacées sous les yeux qui indiquaient qu’elle ne dormait pas beaucoup ces derniers temps. Elle portait une robe de sorcier mauve et un chapeau haut de forme en soie brune. Elle n’était pas très jolie mais elle paraissait bienveillante. Elle était seule. Elle était en train de nourrir son hibou et ses chats. Appartement était une sorte de caverne d’Ali Baba où plusieurs objets magiques en tout genre étaient entassés sur les étagères, les canapés en velours marron et le sol. Des plans d’objets peints sur des larges feuilles de parchemins et des grimoires flottaient dans les airs. Elle devait s’être interrompue dans ses recherches le temps de nourrir ses animaux.

J’annulai le sortilège et me retournai vers Jörgen en chuchotant :

- Bon, elle n’est pas encore arrivée, confirmai-je sans nommer Esadora. On attend ici ?

Le couloir était désert. Sur le palier, comme à tous les étages que nous avions gravi, il n’y avait que cet appartement. Nous étions au dernier. Une petite échelle de pompier menait au toit par un petit vasistas en verre.

Soudain, quelque chose se passa à l’intérieur de appartement. McShear eut une exclamation de surprise. J’ai brutalement tourné ma tête vers la porte puis vers Jörgen :

- Elle vient de recevoir de la visite... murmurai-je l’oreille déjà collée à la porte. Si c’est Esadora, comment a-t-elle pu transplaner dans le ghetto ?... poudre de cheminette ? ai-je essayé de présumer.

A l’intérieur, la deuxième voix était bien celle d’une femme. Nous nous attendions à cueillir Esadora sur le palier pour ne pas impliquer Lissie McShear... l’affaire devenait un peu plus alambiquée. Nous devions pénétrer dans appartement avant qu’Esadora ne s’en aille.

"Bouse ! La royale bouse !!"

J’ai de nouveau jeté le sortilège de transparence. Jusqu’à la dernière minute, j’espérais que ça ne soit pas Carter mais, grâce au sortilège que je ne parvins à maintenir que dix secondes, nous avions eu le temps d’apercevoir, au bout du couloir, face au perchoir du hibou, une femme brune et décidément plus jolie que les photos que nous avions réussi à collecter, qui discutait avec Lissie et flattait le volatile avec un sourire amical.

- Que fait-on ? Demandai-je en essayant de cacher mon inquiétude et mon stress à Jörgen.


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MessageSujet: Re: L'assassinat d'Esadora Carter   L'assassinat d'Esadora Carter Icon_minitimeMer 8 Déc - 20:35:28

- On improvise. Neutral

Et j'étais nul en improvisation.
Déjà, à l'époque où je faisais office de capitaine de l'équipe de Quidditch, je tanais mes joueurs avec des séances d'entraînement à n'en plus finir. Chaque egste devait être coulé, chaque mouvement devait tenir de la chorégraphie. Tout était orchestré à la seconde près. Je perdais tous mes moyens dès qu'un imprévu de taille s'immisçait dans mon ballet. Et ca n'avait été rien d'autre qu'un jeu innocent, quand bien même l'honneur de Poufsouffle semblait reposer sur nos épaules et que le souffle de chacun semblait suspendu à nos balais. Ca n'était rien d'autre qu'un jeu innocent où le plus gros risque était de perdre le match. L'honneur un peu écorché mais on s'en remettait.
Je n'étais plus aussi immature. Ici, la perte serait énorme, au moindre faux mouvement. La liberté, la santé voire la vie. Et tout ceci ne reposait que sur le potentiel qui sommeillait en nous. A deux, nous étions plus fort. Je m'efforçais de ne pas me demander si ce serait assez.

Nous allions improviser.
Faire du hasard notre pain quotidien et nous adapter.
J'avais tout prévu. Toutes les réactions, toutes les circonstances. Mon plan était léché jusque dans les moindres détails. Ce serait difficile. Ce serait cruel. Mais ce serait efficace.
J'avais juste oublié les imprévus. On ne m'y reprendrait plus, mais, pour l'instant, mes regrets arrivaient trop tard.


Le ciel nous entend-il quand on prie? Ou le hasard se contente-t-il de bien faire les choses? De se rattraper de temps à autre par une bonne action et un petit coup de pouce? Quelle que soit la réponse à cette question façon James, Thémis venait de nous apparaître.
La dernière fois que je l'avais vu, que nous l'avions vu, remontait à une éternité, à avant toute cette histoire sombre et bancale. Son retour était un choc.
Il ne dit rien se contenta de nous dévisager, comme il savait si bien le faire. Jamais je n'avais eu l'impression de m'accrocher autant aux yeux de Toni transposés dans un autre corps. Il pencha la tête de côté et émit un léger sourire. Thémis avait toujours été un mystère. Un beau mystère mais un mystère malgré tout. Il était Toni. Il était moi. Sans être pour autant une histoire de chromosomes.

*Chromosome...*

"Il prendra l’apparence de ce qui vous est communément le plus cher" nous avait déclaré une vieille française en nous offrant une pierre de lune. Il avait disparu alors que nous n'avions plus besoin de lui. Il revenait alors que notre monde s'effondrait. Ce qui nous était le plus cher était certainement l'espoir. Avoir une vie. Normale. Sans guerre et sans peur. Son sourire nous indiquait qu'il était là pour nous aider, comme si, où qu'il se soit trouvé auparavant, il avait senti combien nous étions prêts de basculer.
Je savais que ce qu'il y avait à faire ne pourrait être fait que par nous, mais, dans la présence de Thémis, je retrouvai un peu de foi et de courage. Et je n'avais pas à me soucier de lui. Il n'existait qu'à nos yeux, à Toni et à moi comme si son existence nous était consacrée, et c'était peut-être un peu vrai, en définitive. Rien ni personne ne pourrait l'atteindre. Du moins, me semblait-il. La matière lui était sensible et il était sensible à la matière.

Lorsque je repris, mon ton était plus ferme. Nous n'avions pas échangé un mot et pourtant, je sentais combien la présence de Thémis à nos côtés pouvait nous rasséréner.

- On improvise.

Je levais alors la main pour frapper doucement à la porte. Dans la pièce adjacente, le murmure de leurs voix dut se taire, partagé entre la surprise et l'inquiétude.
Je m’interrogeais un instant sur la pertinence de mon geste. Si E.C. était parvenue jusqu'ici par feu de cheminée, rien ne les empêchait, l'une comme l'autre, de s'enfuir par le même biais. Je comptais sur la surprise plus que sur l'inquiétude. La surprise qui suivrait les chemins habituels: surprise => interrogation => remise en question => réflexion => curiosité. Et si la curiosité fonctionnait...
La porte finit par s'ouvrir, dévoilant une baguette, pointée droit sur nous. Le temps n'était pas à la chaleur et l'hospitalité.
Je serrais brièvement la main de Toni.

- Mme Smith, nous voudrions vous parler. Cela fait un moment que nous essayons d'entrer en contact avec vous et...

La baguette, suspicieuse, ne tressaillit pas une seconde. Une deuxième, celle de McShear, sans doute, l'avait rejointe, si bien qu'à la moindre erreur, à la moindre fausse note, nous rejoindrions les rangs des victimes de la guerre.

- Nous venons de loin. Nous voudrions simplement vous parler. S'il-vous-plaît.

Sans en être parfaitement conscient, j'avais adopté la tonalité de James, charmeur et charmant à ses heures. Cette option n'étant sans doute pas la plus stupide parmi toutes celles qui m'avaient traversé, je m'y accrochai. Mon frère avait toujours eu un talent certain pour s'attirer la sympathie des autres. Le charisme était sa seconde nature et je copiai sa façon d'être quand il mettait tout en œuvre pour que rien ni personne ne lui résiste. De son sourire et à ce petit air nonchalant qui m'exaspéraient tant enfant, quand il parvenait à s'abstraire des punitions et des blâmes maternels. Si ça marchait avec lui, pourquoi pas avec moi? Son air angélique collé sur le visage, j'observai la porte qui hésitait entre se fermer sur nous ou s'ouvrir un peu plus. Et, finalement, lentement, la deuxième option advint, tiraillant une pointe de culpabilité dans le creux de mon ventre.
Nous étions en guerre. La mode était à la méfiance et au chacun-pour-soi. Et elles devaient certainement être menacées par d'autres que par nous, et pourtant, pourtant un "s'il-te-plaît" et une intonation vaguement suppliante étaient venus à bout de leur distance. Je ne savais pas quel accueil allait nous être réservé mais nous ne le méritions pas.

Notre champ de vision s'ouvrit sur les deux femmes. Méfiantes. Sur le qui-vive. Et armées, quand nos baguettes pendaient à nos côtés. Elles devaient le savoir: seuls des imbéciles l'auraient gardé dans le confort de leur poche. Porter sa baguette n'était pas une menace en soi, juste une preuve de santé mentale.
Pendant qu'E.S. et son contact nous examinaient, Thémis se glissa, silencieux et invisible, dans l'appartement.
Ensuite, et de façon presque trop rapide pour être compréhensible, nous nous retrouvâmes enfermés dans ce même appartement, sous la menace des deux femmes tandis que la porte s'était refermée sur nous, nous coupant toute possibilité d'évasion. Je m'en inquiéterai plus tard.
Nouvelle pointe de culpabilité, suscitée par le regard de chacune qui sauta de "méfiant" à "vaguement suspect". Notre jeunesse leur avait sauté aux yeux. Notre détresse et notre stress aussi, sans doute. Aucune ne parla. C'était la règle, je suppose. Nous étions en situation de demande et rien ne serait formulé tant que notre situation n'aurait pas été tirée au clair. Je m'en tenais à ma volonté de ne pas agir en traître. La tête d'E.S. était peut-être notre destin, on ne pouvait pas m'empêcher d'avoir du respect pour elle, respect qui n'avait à voir avec sa beauté déchirante. C'était dangereux, je le savais, d'éprouver de la sympathie pour une cible et je m'y blesserai deux fois plus. Mais c'était la preuve ultime de mon humanité. Et tant que je resterai humain, je pourrais affronter mon reflet. Tant que je resterai humain, je pourrais accepter de garder Toni pour moi. Je préférai me faire horreur qu'être de ces monstres sans pitié, sans peur et sans douleur. Ma conscience était mon garde-fou.

Je prenais une inspiration, avant de plonger, tête la première.

- Je voudrais que vous nous écoutiez jusqu'au bout avant d'agir. Nos baguettes sont baissées et vous nous tenez en joue.

Mon ton était un chouïa trop formel mais on ne se refaisait pas.

- Je m'appelle Jörgen O'Brian. Je suis un Opposant.

Leur prise sur leur arme se raffermit. J'étais passé du statut d'intrus vaguement intriguant à ennemi potentiel. Ma franchise les retenait néanmoins. Ou bien elles attendaient la suite.

- On m'a chargé de vous assassiner, continuais-je en me tournant, cette fois, plus sensiblement, vers E.S.. Bruno nous a "offert" ce choix. C'est vous ou nous.

Je tentais de lui donner le plus d'informations possibles dans un minimum de temps.
Je ne savais pas trop ce que j'espérais au juste. Une bénédiction ou une malédiction.
J'espérais juste redonner un peu de balance à la justice. Que la situation soit claire. Il faudrait se battre mais pas sans qu'elle sache pourquoi. Mes scrupules étaient peut-être en train de tout gâcher. J'avais dit que j'étais nul en improvisation.
J'avisai Thémis, qui était prêt à éloigner McShear du combat. Ca n'était pas sa bataille et nous aurions assez d'une adversaire et d'une victime. Je ne pensais pas ainsi par assurance mais parce que, comme je l'avais laissé entendre, nous n'avions pas le choix.

- Il n'y aurait eu que moi..., commençais-je, alors que j'ignorais ce dont il aurait retourné s'il n'y avait eu que moi. Il y avait longtemps que je ne me considérais comme un électron libre (Toni m'avait offert un livre sur la physique, il y avait deux Noël de cela). Je composais toujours au "nous" et plus au seul "je".

Je ne cherchais pas à tomber dans le larmoyant ou à susciter sa pitié. J'aurais détesté qu'elle ait pitié de nous.

Mais il y a la femme que j'aime, Toni, et qui est aussi...
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MessageSujet: Re: L'assassinat d'Esadora Carter   L'assassinat d'Esadora Carter Icon_minitimeVen 10 Déc - 22:51:49

- ... Heu... complètement perdue... cligna-t-elle des yeux en regardant Jörgen.

Elle était absolument stupéfaite. A quoi il jouait ? Il voulait les faire trucider ensemble ? Elle n’avait pas du tout envie de mourir. Elle n’avait pas fait tout ce chemin et tout se travail sur elle pour être tuée. Jörgen perdait la raison et la probabilité de réussite de leur mission fondait comme neige au soleil.

Elle restait désespérément empotée au milieu du salon. Sa baguette tomba de ses mains dans un bruit de timbale et alla rouler aux pieds de la Résistante qui ne la ramassa pas au risque de lâcher un des deux intrus des yeux et de voir la situation se renverser.

Son regard se rattacha à la seule chose qu’elle comprenait dans cette pièce : Thémis. Encore que sa présence inopinée restait elle aussi un mystère mais son visage serein et espiègle qui fouillait la pièce, apaisait son sentiment d’avoir été trahie par Jörgen. Non mais il était carrément nul en improvisation ! Nul, nul, nul ! Pestait-elle à l’intérieur. Dès qu’elle avait entendu le mot "improvisation", elle aurait dû protester et prendre les devants.

"Je t’en foutrais, moi, de l’improvisation ! Je vais t’improviser un scandale comme t’as jamais vu quand on va rentrer ! Tu vas pas comprendre ce qui t’arrive. Improvisation ? Improvisation, mes fesses ! Si elles ne lui fichent pas une raclée, c’est moi qui m’y colle !"

Pour ça, fallait-il encore qu’ils rentrent sains et saufs.

- Il ne peut pas être aussi nul que tu le penses, vint lui murmurer Thémis avec amusement après avoir fait le tour du propriétaire et examiné les divers objets et plans qui volaient dans la pièce voisine. Toni était écarlate. Elle fit une moue dubitative à Thémis puis fusilla Jörgen du regard.

Les deux femmes, toujours sur la défensive, comprirent que quelque chose ne se passait pas comme prévu du côté de leurs visiteurs. Impulsive et outrée par le tour que prenait leur situation, la Gryffondor était trop concentrée sur sa fureur pour faire attention à ce qui était en train de se passer autour d’elle.

Thémis avait ramassé la baguette. Machina et Lissie ne savaient plus trop quoi penser. Toni mitraillait Jörgen du regard. La perplexité était générale.

- Je suis Soumise, répondit sèchement Toni sans quitter Jörgen des yeux, la Soumise de ce monsieur. On nous a ordonné de vous tuer au quel cas c’est nous qui y passons... alors ? On fait quoi maintenant ? Vous nous tuez à la place ? Juste avant que vous nous jetiez un Avada, j’aimerais bien que vous me laissiez deux secondes les mains libres pour que je m’occupe moi-même de son cas ! Jörgen ! Piailla Toni. Tu crois qu’elles vont dire "bah oui, allez-y, tuez-moi donc, on a trop pitié pour vous !" ?! On pouvait rentrer, les surprendre et frapper.

- Nous sommes toujours là, jeune fille, répondit Esadora en se grattant l’arcade sourcilière, passablement déconcertée par les confidences de Toni. Au moins, le jeune homme y avait mis plus de forme.

- Machina, vous vous rendez compte qu’on nous envoie des enfants pour nous abattre. Elle doute de rien, l’Opposition, se moqua Lissie en raffermissant sa prise sur sa baguette.

Toni croisa les bras sur sa poitrine comme une gamine capricieuse.

- Oh ! s'emporta-t-elle, indignée, on n’est pas des enfants. D’abord Jörgen est très respecté dans l’Opposition et c’est l’un des meilleurs Dschubba de sa génération !

Non mais la voilà qui défendait l’Opposition à travers Jörgen.

- Ravie de l’apprendre, persifla Esadora.

La minute d’après, Toni et Jörgen étaient attachés dos à dos et l’un à l’autre. Ils flottaient dans les airs maintenus par des cordages sortis de la baguette de la Résistante. Thémis avait l’air mort de rire et ils marchaient autour de ses parents en sifflotant :

- Si vous voulez, je le fais, dit-il tout souriant. Je le fais à votre place mais à condition qu’on sauve la deuxième. J’ai regardé ses plans et elle travaille sur des sortilèges et des inventions très importantes pour la défense des moldus et des sorciers contre les armements. Certains sont en train d’aboutir... il faut que vous les preniez et que vous les transmettiez à la Résistance. Je le fais... je le fais si ça peut préserver votre âme.

- Non ! Tu es nôtre âme, protesta Toni une nouvelle fois.

- A qui tu causes, petite ? Demanda Esadora qui était en train de conspirer avec Lissie pour savoir quoi faire des deux intrus. Elle inspecta l’appartement, fit deux ou trois mouvements de la baguette dans le vide pour s’assurer que personne, dissimulé sous une cape d’invisibilité ou qui soit désillusionné, n’avait accompagné les deux enfants. Mais son bras traversa Thémis sans qu’elle ne sente rien, comme s’il n’était qu’un hologramme.

Thémis s’amusa d’avoir été traversé de part en part par une main. Toni fut stupéfaite mais trouva l’espace de répondre :

- Je ne vous cause pas à vous. Je parle à mon fils !

Finalement, Toni trouva que la diversion de Jörgen n’était pas plus mal. Créer la confusion et le doute en les obligeant à accumuler les interrogations leurs jeunes adversaires leur ferait gagner du temps. Elle décida de s’obstiner sur cette voie-là en attendant que Jörgen poursuive ses plans. Il ne pouvait pas avoir grillé leur mission sans avoir une idée derrière la tête ; du moins, l’espérait-elle.

Esadora regarda de plus belle autour d’elle pour chercher à qui le mot ''fils'' faisait référence. Elle avait l'air de plus en plus agacé par la situation. Sa patience s'amenuisait à vue d'oeil. Son opinion au sujet de la Soumise était faite : elle était dingue. Les deux enfants étaient dingues. Ils avaient vu trop de films à la télévision. Restait à savoir comment ils avaient appris qu’elle se rendait ici et s’ils savaient ce qu’elle venait y faire. Elle les interrogea à ce sujet.

Thémis souriait toujours avec décontraction. Comme Carter s’avançait vers Toni, Thémis la contourna pour aller face à Jörgen :

- Elle est remontée, commenta-t-il désinvolte en désignant Toni. Mais je pense qu’elle a peur et qu’elle se repose sur toi. Et toi ? Qu’en penses-tu ? redemanda-t-il en montrant la baguette de Toni qu’il tenait toujours dans sa main. Je le fais ? C’est toi qui m’as appelé... toi. Murmura malicieusement Thémis.

De son côté, Lissie venait de se rendre compte de la disparition de la baguette sur le sol. Elle la chercha des yeux, sans succès, et interrompit l'interrogatoire qu'Esadora avait commencé sur Toni, laquelle restait fermée comme une huître à déblatérer des inepties sur le compte de Jörgen qu'elle habilla pour l'hiver :

- Machina ! La baguette de la petite a disparu ! C’est toi qui l’as prise ?

Aucune ne semblait voir de baguette volante près de Jörgen... se pouvait-il que tout ce que touchait Thémis fut atteint par les mêmes propriétés que l’enfant invisible ?




A cette pensée, je me mis à battre des pieds pour essayer de me délivrer. Mes fforts furent vains mais je m’y attendais. J’étais surexcitée. Plus j’avais peur et ne maîtraisais pas une situation, plus j’étais intenable. Me revint en bref le souvenir de la crise que j’avais faite au réceptionniste de l’hôtel dans lequel nous avions passé la fin de notre première journée de rencontre avec Jörgen.

Il fallait que je calme mon côté impulsif mais les idées se percutaient dans ma cervelles plus vite qu’il m’était possible de les détailler, de les analyser et de les concevoir avec circonspection. J’avais envie d’en finir le plus vite possible or plus je restais en présence d’E.C., plus il était difficile de me dire que nous ne sortirions pas de cette pièce sans qu’elle ait péri. Je me sentais subordonnée aux ordres qui avaient été donnés. Je crevais de peur à l’idée que Bruno s’en prenne à Jörgen si notre contrat n’était pas rempli.

La proposition de Thémis me laissait indécise mais confirmait, sans que je le veuille vraiment, le soupçon que j’avais eu : il venait pour nous sauver et c’était le désespoir qui l’avait invoqué. Pour éviter à l’âme contenue dans nos corps de se déchirer pour un meurtre que nous aurions commis de nos propres mains. Le problème était que j’avais de la peine à concevoir que Thémis ne fût pas une personne à part entière. Le meurtre de cette femme laisserait des traces, quoi qu’il advienne... à moins que Jörgen espère éviter le meurtre en négociant avec elle.

J’étais bien moins crédule que mon amoureux. Je n’imaginais pas que l’une de ces deux femmes nous laissent la vie sauve. C’était E.C. ou nous. Et la brillance maligne dans l’œil de la métisse me laissait croire que je n’avais pas tord. Elle nous tuerait sans hésitation pour sauver Lissie et préserver l’intégrité de sa mission dès qu’elle aurait appris ce que nous savions à leur sujet.

"Touche-nous, implorai-je à Thémis par l’esprit, souhaitant tester ma théorie sur la contamination du don d’invisibilité, délivre-nous et touche-nous ! Touche-nous !"
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MessageSujet: Re: L'assassinat d'Esadora Carter   L'assassinat d'Esadora Carter Icon_minitimeLun 20 Déc - 20:29:49

Toni n'avait peut-être pas tort en prétendant que je devenais à moitié dingue. En filigrane de mon discours improvisé, il y avait un désespoir que personne n'avait perçu, il y subsistait l'espoir un peu fou qu'Esadora Carter trouver une option pour nous délivrer. Quoi? Comment? Aucune idée. Mais elle était une Haut Gradé dans le camp adverse et la Résistance se spécialisait dans la libération des Soumis. Pourquoi pas nous? Pourquoi pas Toni? Je n'y avais pas véritablement cru mais je n'avais pas pu m'empêcher de tenter ma chance. On se raccrochait aux idées les plus folles si seulement elles parvenaient à nous faire tenir debout un peu plus longtemps. J'aurais dû me souvenir que nous ne pouvions compter sur personne d'autre que nous-même, depuis le tout début, et même avant. Ce nous-même soudain symbolisé par Thémis.
Esadora Carter était redevenue E.C..
Le nom que l'on donne aux choses et aux gens altèrent leur réalité d'une façon que nous oublions trop souvent.
Je la fixais dans un regard mêlé de panique, de déception et d'une indifférence froide. Impossible de la considérer plus longtemps comme un être humain. Et pourtant...

- Je ne promets rien..., murmura Thémis à la demande muette de Toni. Il avança ses deux mains, une pour chacun de nous. Je compris qu'il parlait de son potentiel à étendre à d'autres que lui. Quand il était apparu dans notre vie, il était tout aussi invisible mais sans nous affecter en rien. Cela avait d'ailleurs donné lieu à quelques scènes cocasses quand on nous surprenait à donner le biberon ou à câliner du vide. Je m'écartai de son toucher autant qu'il l'était possible au vu de notre condition physique et il n'insista pas. Il me connaissait presque mieux que moi-même et devinait qu'il y avait un petit quelque chose à régler auparavant.

Sous les yeux médusés des deux femmes, Toni disparut du tableau. C'est ce que je supposais à la surprise affichée qu'elles tentèrent pourtant de dissimuler. Pour moi, ils étaient tous les deux aussi distincts et réels que deux secondes plus tôt. Peut-être même plus maintenant qu'elle était hors d'atteinte. Je parvins même à afficher un sourire narquois qui n'était qu'une autre de mes mauvaises idées du jour. L'évènement parvint à les déstabiliser. Pas longtemps. E.C., notamment, en avait vu d'autre et se mit en tête de prendre les choses véritablement en main. Toni disparue, je devenais sa cible privilégiée. Rien qu'à voir son visage, je devinais que je n'avais pas intérêt à jouer au plus fin. Elle voulait des réponses et ma seule option pour rester encore un peu en vie était de lui laisser entendre que je les lui donnerai mais en délayant un peu le temps. De leur point de vue à toutes les deux, il était évident que je n'allais pas faire long feu. Et, même de mon point de vue à moi, j'avais quelques incertitudes. Les discours n'étant pas mon fort, la manipulation par le verbe m'était relativement étrangère.

*De mieux en mieux.*

- Jörgen O'Brian, même si ça marche et que ton idée n'est pas si nulle, ça va être ta fête, à la sortie!

Je devais avoir l'air d'un fou à tendre l'oreille vers le vide mais c'était la preuve que ça fonctionnait. Les deux femmes n'avaient eu aucune réaction à sa menace. Pas même l'ombre d'un regard dans sa direction. Rien. Comme si Toni n'existait plus qu'à mes yeux. J'aimais un peu trop cette option.
J'eus une bouffée d'espoir, bien vite ternie par la réalité. Même avec Thémis comme allié, la partie allait être serrée. D'autant que ce dans quoi nous plongions nous était complètement inconnu. Avant qu'E.C. ne commence un interrogatoire en règle, je lançais:

- Le jour de ma mort, j'aimerais savoir de qui elle me vient et pourquoi.

- Vous vous avancez quand même beaucoup, monsieur O'Brian.

Le sous-entendu était clair: nous avions peut-être une arme qui leur était inconnue mais nous étions toujours sous le joug de sa baguette. Elle n'hésiterait pas à s'en servir. Et ce, malgré son incompréhension de la situation. C'était mauvais pour moi mais je ressentais un sentiment d'admiration mêlée à son égard. Elle n'hésiterait pas à s'en servir, d'ailleurs... Quelque chose passa dans ses yeux. Il y avait d'autres moyens que les mots pour contraindre quelqu'un à parler. Elle avait d'ores et déjà assez attendu.

*Thémis!*

Je sentis la fraîcheur de ses doigts sur la peau de mon bras à l'instant où E.C. jeta un maléfice dans ma direction.

*Trop tard.*

J'avais beau être devenu invisible, ça ne me soustrayait pas aux lois de la pesanteur et de la magie, n'est-ce pas? Ah. Si.
Le sortilège me passa au travers et je ne ressentis rien, pas même un courant d'air. La mort devait ressembler à ça.
Ou bien notre adversaire avait loupé son sortilège mais j'avais comme un doute.

Hors de portée de leur ouïe, nous pouvions enfin parler librement.

- Tu le savais?
- Non.
- Donc, tu es vraiment cinglé?
- Sans doute.
- Hem hem... Excusez-moi de vous interrompre mais on pourrait peut-être remettre les explications à plus tard.
- Comment tu expliques ça?
- Toutes les explications.


Toni était plus vive que moi.

- E.C. ne va pas tarder à fiche le camp si elle se rend compte que la situation lui échappe.

Oui, elle voulait savoir mais, étant hors de portée, elle devait avant tout mener à terme sa mission. Et mettre Lissie en sûreté. Incertaines, elles échangeaient des mots à voix basses, comme si elles se doutaient que nous pouvions les entendre. Mieux rompue au combat que nous, la Résistante ne perdit pas de temps en vains bavardages et s'appliqua à mettre en place une nouvelle tentative. Puisque la magie n'avait eu aucun effet direct sur nous, du moins, le supposait-elle, elle avait l'intention de passer à quelque chose de beaucoup plus terre-à-terre. Sa baguette s'éleva dans un lent ballet de gestes précis et, autour de nous, les objets de la pièce se mirent à voler. Sans grand succès. Comme Thémis, nous semblions devenus immatériels.

- Argh!

Sonné, je regardais autour de moi sans comprendre. J'étais à présent au sol et, selon toute évidence, parfaitement visible. Une petite commode m'avait heurté de plein fouet alors que tous les autres meubles m'étaient passés au travers. Comme au travers de Toni ou de notre fils. Fils qui ne me touchait plus et qui m'avait, par là même, rendu ma matière et ma visibilité.

- Thémis!

Il y avait de l'affolement dans ma voix. Un peu de détresse. On s'habituait vite à être invulnérable.
Tout contre moi, Toni était indétectable mais incapable d'étendre cette particularité à ma personne. La main de Thémis bondit à nouveau vers moi, me soustrayant une nouvelle fois à la vue des deux femmes.
Je n'y comprenais plus rien. Quand Toni était plus pragmatique.

- Je n'y comprend plus rien.
- Thémis, délivre-nous.


La situation ne se prêtait pas aux formules de politesse.
L’exercice se révéla plus ardu dans la pratique que dans la théorie. Nous étions bien ficelés et Thémis avait besoin de ses dix doigts pour s'attaquer aux nœuds. Il avait beau être exceptionnel à sa manière, il n'était pas non plus Dyode. Il chantonnait en travaillant, apparemment indifférent au drame qui se jouait. C'était peut-être tant mieux. Il dédramatisait à lui seul l’atmosphère.

- Tadadan! finit-il par triompher après quelques minutes d'effort. A aucun moment le contact n'avait été rompu. La corde tomba autour de nous, redevenant visible. Et rejoignant rapidement la danse des objets qui se perpétraient dans la pièce. Dans un mouvement vif, elle nous fouetta le visage à tous les trois. Je fermais les yeux sous la douleur, cuisante. Un gémissement de souffrance monta, heureusement inaudible à l'oreille d'E.C. et McShear.
Je ne sais pas lequel des deux camps comprit le premier. Nous, j'espère. Gracieuseté - une fois n'est pas coutume - de Toni. Elle avait les neurones plus vives que les miennes. D'une voix hachée, elle expliqua à toute vitesse que nous ne semblions sensibles qu'aux objets que nous avions touché, du temps de notre consistance. Thémis approuva, amusé. Il semblait l'avoir toujours su, attendant que nous comprenions par nous-mêmes.

- J'ai touché la commode en entrant!, me souvins-je.

Les tenants et les aboutissants de cette révélation m'échappaient. C'était complètement fou mais...
Un doute s'installa dans ma tête. Tout le temps de mon invisibilité, je n'avais même pas tenté de... Tellement soulagé d'être soustrait à leurs regards, j'en avais oublié ma baguette. Je jetais un sort rapide dans leur direction. Un sort facile. Un sort basique. Un sort que même un première année pouvait réussir les yeux fermés. Rien. Un trait lumineux sans conséquence. L'inaccessibilité fonctionnait dans les deux sens.

De leur côté, les deux femmes en arrivèrent à la même conclusion. Nous tournions presque en rond depuis dix bonnes minutes et nous n'avions toujours pas attaqué. Donc, non, en définitive, quelque chose ne tournait pas rond.

- Ca doit fonctionner dans les deux sens!

Toute à notre découverte, elle semblait presque avoir oublié ses griefs contre moi. J'en appréhendais d'autant plus le retour. Toni était géniale mais elle pouvait avoir un caractère épouvantable quand elle le voulait. Jean Scheffer n'était pas sa mère pour rien. Elle aurait détesté la comparaison.
Forte de sa déduction, elle activa sa baguette que Thémis lui avait obligeamment tendu. La commode qui m'avait à moitié commotionné partit s'écraser sur le pied de McShear. Je tentais un essai sur un meuble au hasard. Même succès, sinon qu'il s’aplatit contre le mur. Nous ne pouvions agir sur le vivant mais sur l'inanimé, oui! Nos options étaient plus vastes que celles des deux femmes. Nous avions tout le mobilier à disposition quand elles ne pouvaient se satisfaire que des éléments qui avaient été en contact avec nous. Ce qui ne les empêchait pas d'être redoutablement efficaces. La corde revint nous harceler trois fois dans l'intervalle, nous lacérant la peau et faisant fléchir notre concentration. la commode elle-même semblait être devenue leur arme de prédilection. Elle revenait sans cesse sur nous. Sans doute E.C. prit-elle le soin de toujours viser le dernier endroit où elle nous avait aperçu.


Dernière édition par Jörgen O'Brian le Dim 13 Mar - 20:59:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'assassinat d'Esadora Carter   L'assassinat d'Esadora Carter Icon_minitimeJeu 20 Jan - 17:20:33

J’en eu très vite assez de jouer au ping pong avec la commode ou de me faire lacérer la chair par la corde. L’énervement et la douleur alimentèrent ma détermination. Il y avait trop de contraintes – comme devoir rester toujours en place, compactés et à portée de Thémis – même si dans notre condition les possibilités n’étaient pas des moindres. Chaque objet pouvait devenir une arme potentielle. Nous avions besoin d’autres armes. Il fallait que nous touchions des objets dont la manipulation nous serait plus facile qu’à elles ou encore mieux, des objets qui les tiendraient au respect. La commode était un meuble volumineux. Pas étonnant qu’E.C. fît mouche une fois sur deux dès qu’elle nous la renvoyait dans l’espace qu’elle nous avait vu occuper avant de disparaître. Nous avions beau essayer de nous déplacer en crabe vers un endroit plus excentré de notre position initiale, comme nous étions forcés de relancer la commode (notre seul atout), quand bien même essayions-nous de la faire léviter en prenant des détours, E.C. était observatrice et finissait toujours par retrouver la zone de propagation des sortilèges. La corde était trop fine, trop longue. Impossible de nous en servir. Je pris sur moi de la faire disparaître. E.C. faisait danser sa baguette avec une énergie, une précision et une vitesse imbattable. La corde était un objet qui nous valait plus de heurts qu’elle ne lui en infligeait.

- Incendio ! lançai-je sur le cordage.

Il s’embrasa instantanément alors qu’E.C. s’apprêtait à nous la décocher une nouvelle fois. Surprises par le feu, McShear bondit sur le côté, s’écartant de la Résistante, et cette dernière eut le triste réflexe de se protéger en levant son coude devant son visage. Je profitai de son manque d’acuité visuelle pour lâcher la main de Thémis et sortir du rayon dans lequel nous étions à l’abri.

Je réapparus si subitement que Lissie bégaya plusieurs syllabes incompréhensibles avant de crier clairement : « Elle est là ! Elle est là ! »

Ce furent quelques secondes de trop. Je m’étais déjà élancé vers l’objet qui m’avait paru être une arme idéale. Ce n’était pas réellement un objet... l’association des d’animaux me poursuivrait au magenmagot pour ça. J’avais attrapé l’un des chats à bras le corps. Des grimoires et des feuilles de parchemin vinrent me fouetter le visage pendant le court laps de temps que dura l’expédition. Je ne comptais pas sacrifier l’animal à nos passions mais j’espérais diminuer la violence de la tornade en les obligeant à un cesser le feu.

"Elle n’aura jamais la désobligeance nous balancer son propre chat dans la figure quand même... mais si ça ne fonctionne pas bah moi je n’aurais pas les mêmes scrupules ! A la guerre comme à la guerre ! Désolé petit chat..."

Lissie poussa un hurlement quand elle vit son chat dans mes bras. L’animal qui feulait et miaulait comme si on allait le pendre – ce qui n’était pas très loin de se qui risquait de lui arriver – me griffa profondément l’avant-bras, me forçant à le lâcher. Dans l’étonnement, je me pris les pieds dans le tapis et mes deux mains vinrent se mettre en parade pour repousser à la dernière minute une chaise et son coussin qui volaient dangereusement vers moi.

McShear comprit exactement ce que je comptais faire avec son animal de compagnie. Comme je l’avais escompté, lidée lui était insupportable. Mais E.C., tout comme moi, n’avait pas l’air de considérer le pauvre animal comme une raison suffisante d’arrêter les hostilités. Si Lissie n’avait pas subitement fondue en larmes, la Résistante aurait été prête à me jeter sans scrupule à la figure le chat qui était toutes griffes dehors et qui s’était soudain mis à voltiger avec les autres objets. Son miaulement me déchirait l’âme presque autant que la chaise dont l’un des pieds m’avait cogné au ventre. J’avais le souffle coupé.

J’étais tombée à genoux, ma baguette avait roulé puis disparu soudainement. C’était Thémis qui avait dû la récupérer. Tout allait si vite. Tout était si imprévisible. A chaque fois que je ressentais cette sensation, elle me ramenait au souvenir du premier été où j’avais rencontré Jörgen tout près du phare de Brighton. Je suis en train de me noyer, l’air me manque, les idées s’entrechoquent et me font sombrer sans appel dans un vide extrême. Comme une fin. Le temps de me remettre, je m’étais repliée en boule au milieu du salon. Position assez inefficace pour réduire du mieux que je pouvais l’impact douloureux des collisions des meubles et des objets qu’E.C. faisait violemment circuler tous en ma direction. La douleur au ventre et le chaos des objets qui ne cessaient de venir s’abattre sur moi m’empêchèrent bientôt d’effectuer le moindre mouvement. Je recrachais une gerbe de sang sur le plancher, comprenant avec désespoir ce qu’elle était en train de faire. En dirigeant toutes les attaques sur moi, elle souhaitait obliger Jörgen à sortir de sa cachette et à réagir.

De son côté, Lissie pleurait toujours. Elle était allée récupérer le chat et avait disparu dans un coin de la pièce où aucun objet n’était soumis à la tempête d’Esadora.

Très clairement, à cet instant-là, je réalisai qu’elle n’aurait aucun scrupule à me tuer à coup de commode, de grimoires et de chaises si telle était la solution pour obliger Jörgen à se rendre.

De la sortie du cercle de protection de Thémis à ma chute sur le plancher, pas plus de deux minutes s’étaient écoulées. Elles me paraissaient bien longues les secondes qui la composaient. Soudain, le ballet des objets s’arrêta. Tout retomba massivement sur le sol autour de moi. Une fraction de secondes plus tard, E.C. avait transplané près de moi et m’avait brutalement empoignée. Le sang qui s’écoulait sur la main qui me tenait à la gorge n’avait pas l’air de l’émouvoir plus que l’épisode du chat. Elle me pressa contre sa poitrine. Bien plus grande que moi, mes pieds touchaient à peine le sol. Je n’avais pas la force de me défendre. Dans mon cou, je sentis le bois rigide de la pointe de sa baguette. Elle apostropha Jörgen dans le vide chaotique de la pièce :

- Sors de ta cachette ! hurla la femme aux allures de panthère. Je dois absolument ramener Lissie à la Résistance. C’est capital ! Vos vies ne comptent pas... il faut faire des sacrifices pour arriver à nos fins... je suis prête à les faire. Sors de là ou je la tue la première.

- Jörgen, essayai-je de murmurer, ne sors pas...
- Tais-toi ! Tentait-elle de m’interrompre en serrant encore plus fortement ma gorge.
- Elle me tuera après t’avoir tué de toute façon, ne sors pas... Thémis, empêche-le de...

Au bord de l’éclatement de ses nerfs, Lissie caressait son chaton avec angoisse. D’où elle se trouvait, elle voulut raisonner la Résistante. Elle éprouvait le plus grand dégoût à l’idée de voir deux personnes assassinées à cause d’elle. Se défendre, oui, tuer, non :

- Machina, ne les tuez pas ! Ce ne sont que des gosses ! Ils auraient été parfaitement incapables de nous tuer ! Enfermez-les ici et emmenez-moi si vous voulez !
- Hors de question. Ils répèteront à leurs supérieurs ce qui s’est passé et ils essayeront de vous capturer. Je ne peux pas prendre ce risque. Vous êtes trop importante.
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MessageSujet: Re: L'assassinat d'Esadora Carter   L'assassinat d'Esadora Carter Icon_minitimeJeu 17 Mar - 20:55:02

A ce moment précis où la baguette de E.C. menaça la vie de Toni de trop près, j'aurais été capable de tout. Surtout du pire et du plus stupide. Me jeter hors de l'étreinte de Thémis, lâcher ma baguette pour me ruer sur la Résistante, mains nues, sans réfléchir plus longtemps aux conséquences de mes actes. Je crois bien que je criais, alors, mais ce cri obstruait tellement ma gorge qu'il ne retentit peut-être que dans ma tête, faisant un vacarme abominable, m'empêchant de penser. Je n'arrivai plus à me concentrer, à l'intérieur de moi-même, dans mon propre esprit.
J'aurais été capable de tout mais ce fut Thémis qui, une fois de plus, réprima mon impulsion, resserrant son emprise sur moi et me gardant dans la sécurité relative de son invisibilité. J'ignore comment il a été capable de mesure et de calme alors que Toni, qui comptait presque autant pour lui qu'elle comptait pour moi, était à la merci de la fureur d'E.C.. Peut-être y avait-il quelque chose dans sa nature surnaturelle qui le maintenait en retrait de l'action, qui lui permettait un recul qui m'était interdit. Ou peut-être qu'il était le mélange exact entre Toni Scheffer et Jörgen O'Brian, la combinaison parfaite de nos défauts et de nos qualités, de nos volontés et de notre manière d'être. Qu'il demeurait partagé entre mes désirs et le refus farouche de Toni de m'y voir céder.

Immobile et enragé, j'embrassai le tableau du regard et je haïssais Thémis pour la première fois de sa courte vie.

- Tu ne me détestes pas vraiment...

Ses points de suspension étaient un tu me remercieras, tu verras.
Soudain, j'avisai McShear, à la périphérie de mon champ de vision. Elle ne recelait aucune importance à mes yeux. Elle n'était ni celle que je voulais sauver à tout prix, ni celle que je devais tuer à tout prix. Thémis comprit ma volonté sans même que j'ai à la formuler ni sans que j'ai à le traîner derrière moi. Nous marchâmes de concert, imbriqués l'un dans l'autre jusqu'à Lissie McShear. Il lâcha son emprise sur moi au dernier moment, comme s'il craignait que je fasse encore une bêtise. Ou comme s'il me manifestait son soutien à sa façon.

- Fais attention., me souffla-t-il comme une bénédiction.

Finalement, peut-être craignait-il autant pour nous que moi, si ce n'était qu'il possédait un talent nettement supérieur au mien pour la dissimulation.

En écho à la menace d'E.C., ma propre baguette pointa la jugulaire de son amie McShear. Qui en lâcha le fauve miniature pour l'occasion. Je ravalais les excuses que je faillis lui glisser à l'oreille. Il m'avait suffi d'un coup d'œil au couple de femmes qui me faisait face. Colère farouche et peur tenace.
Pour la première fois depuis notre entrée en matière, E.C. parut vaguement ébranlée. En prenant otage, elle m'ôtait tout motif de me montrer raisonnable. Elle comprenait son erreur mais trop tard. Ainsi, McShear était trop importante? Je ne me sentais plus ni pitié ni scrupule. Je me retrouvais simplement animé d'une fureur froide, de celle qui nous possède soudain quand le monde nous refuse le droit à une alternative sensée.

- Il est capital que Toni reste en vie, voyez-vous.

Ma voix était froide, tranchante et je m'effrayais de la trouver si peu mienne, sans le moindre tremblement, sans la moindre hésitation.

- Prenez-la-moi et plus rien ne me retient de...

Il est de ces moments où les mots ne sont pas nécessaires pour se faire comprendre. Si jamais Toni... et je ne répondais plus de moi. Je sombrerais dans des extrêmes où plus rien ne me ferait peur, ou plus rien ne serait trop parce que j'aurais déjà tout perdu. Je le savais, je le sentais. Elle était ma seule attache à la réalité et au raisonnable.

Pour la première fois, nous parlions le même langage et nous nous trouvions sur un pied d'égalité.
Nous avions chacun une cause à cœur à laquelle nous étions incapable de tourner le dos.

La terreur de la perdre faisait de moi un imprudent tenace.

Peut-être m'avait-elle bel et bien sous-estimé en n'envisageant pas une seconde que je puisse me résoudre à une telle extrémité. Et elle se trouvait contrainte de composer avec cette donnée à toute vitesse. Je pouvais presque voir son raisonnement. Si elle touchait à Toni, McShear la rejoindrait dans la mort la seconde qui suivrait et il ne resterait plus qu'elle et moi. Elle qui chercherait tant bien que mal la survie. Moi qui aurait l'audace de ceux qui ont perdu l'espoir et la foi. Moi qui l'entraînerait avec moi quoi qu'il m'en coûte.
Et désormais que j'avais trouvé mon moyen de pression, je ne comptais plus le lâcher.

S'ensuivit un très long silence où seul le chat osa émettre un vague miaulement, vite réprimé. Même lui sentait l'heure grave.

Quelque chose, un instinct quelconque, me souffla que je devais garder la situation en main. Si nous étions dans une lutte de pouvoir, je devais surenchérir en arguments. Je n'avais jamais su faire ça bien. Pourtant, maintenant que la situation était dans une sorte d'impasse, je me sentais presque calme, détaché. J'avais l'impression d'observer la scène par-delà moi. Involontairement, je me mis à la parodier:

- Vous ne comprenez pas. Je dois absolument... Je dois vous tuer.
Votre amie a raison, pourtant. Quand je suis entré, j'aurais été incapable de le faire. Mais c'est derrière moi.


Je ne ferais jamais un bon orateur. Je n'avais ni le charisme ni le goût pour la manipulation des mots. J'avais tendance à dire ce que je pensais plutôt que ce que les gens avaient besoin d'entendre pour me croire. Me croire capable de tout. Je ne m'arrêtais qu'une micro-seconde. Le temps pour mes mâchoires de se crisper et mon regard de devenir plus dur. Le sang de Toni dégoutait sur le plancher. Comme à chaque fois où je le voyais versé, je me demandais si la prochaine ne serait pas de trop pour me faire basculer dans la folie, pour me voler mon self-control.

Dans d'autres circonstances, nous aurions peut-être été dans le même camp. Nos idéaux n'étaient pas si différents. Mais... mais la situation était telle qu'on ne nous avait jamais vraiment donné le choix.
Aucun choix véritable. Juste celui entre deux maux, où seul le moindre était envisageable.

- Alors, maintenant, le choix est simple. Vous avez la vie de Toni entre vos mains. J'ai celle de votre amie. Que vous ne pouvez pas vous permettre de perdre.
- Bien sûr. Je la lâche et vous nous laissez gentiment partir... Ne me prenez pas pour une imbécile, moi non plus.


Je ne pus m'empêcher de penser que le sarcasme lui seyait bien.
Une trêve étrange s'instaura où, plutôt que de dialoguer vraiment, chacun et chacune se mit à réfléchir à voix haute, comme si s’ouvrir nos pensées pouvaient nous permettre de trouver une issue conciliante à ce cul-de-sac. Personnellement, dans tous les scénarii, le mot fin s'étirait sur notre mort, à Toni et à moi. Soit nous nous livrions à un duel deux contre deux dont je doutais sortir vivant. Soit nous relâchions McShear et laissions E.C. s'esquiver, auquel cas Bruno nous envoyait en Sidh.

Puis, sans raison, sans que je capte l'instant où tout bascula soudain, le cours du temps s’accéléra.
Ma baguette sur la gorge de McShear lâcha des étincelles. Le sang de Toni jouait au goutte-à-goutte, le mien frémissait à petits bouillons. J'avais peur, je crevais de peur parce que je ne nous voyais aucune issue de secours et que c'était tellement injuste que tout doive s'arrêter maintenant, ici. La femme glapit bien malgré elle et E.C. resserra son emprise sur Toni. J'étais en train de virer dingue et cela se voyait sur mon visage. Je ne tiendrais pas beaucoup plus longtemps dans ce climat de surchauffe émotionnelle où je voyais mes espoirs et mes rêves crever un par un, parce que je ne leur trouvais pas d'antidote. Je m'étais presque résigné à nous emporter tous dans la tombe, par orgueil bancal, pour ne pas être le premier à montrer signe de une faiblesse, pour n'avoir pas été vaincu. Je savais qu'une part de moi avait toujours espéré en arriver une fin heureuse où chacun retrouvait sa vie d'avant, indemne. Mais cette part de moi s'était tue, mutilée par les évidences.
De nouvelles étincelles fumèrent à l'extrémité de ma baguette. Même Toni, qui me connaissait par cœur, blêmit. Je n'étais plus sûr moi-même de garder le contrôle. De me raccrocher à ce en quoi je croyais pour prévenir le désastre imminent.
Le cours du temps s'accéléra parce que nous en arrivâmes à un verdict que je n'avais pas vu venir, soigneusement préparé par E.C. en secret. Son esprit faisait de meilleures synthèses que le mien. Elle devait avoir réussi à concilier ce que nous étions en apparence et ce que nous étions vraiment.

- Je veux votre parole que vous mènerez Lissie en lieu sûr.
- A la Résistance?
s'étrangla Toni.
- A la Résistance. Jurez-le!
- Quoi?
- Jurez!


J'eus la pensée frafelue d'un serment inviolable. Farfelue parce que la mort d'un des deux assermentés était imminente. La mort était toujours le terme d'un serment inviolable. Dans un sens ou dans un autre.

- Jurez-le sur ce que vous avez de plus cher. Jurez-le sur sa vie.

Mon tour de blêmir. J'aurais encore préféré un serment inviolable. Les lois de la magie sont anciennes et complexes. En jurant sur la vie de Toni, je m'enchaînais à quelque chose qui me dépassait, qui m'empêcherait à jamais de trahir ma parole parce que j'ignorerais toujours les conséquences de cette trahison. J'aurais aimé qu'E.C. me connût assez pour savoir qu'une fois ma parole donnée, je ne la reprendrai pas. Mais le temps des présentations était passé.
Je savais de toute façon que j'aurais perdu toute crédibilité en refusant de jurer. IL me fallut néanmoins longtemps pour accepter de desceller mes lèvres.

- Je le jure.

La baguette d'E.C. quitta la gorge de Toni et s'abaissa lentement, dans un geste presque théâtral.
Le temps se figea.
Je restai là sans comprendre.
Puis éloignai ma propre baguette du cou de McShear.
Plus rien ne se dressait entre nous, pas même nos deux otages de fortune.
J'attendis.
En vain.
E.C. continuait de me dévisager.
Tête haute.
Regard fier.
Baguette en berne.

Je...
Non!
La réalité de la situation me percuta doucement.

- Battez-vous!

Je ne pouvais pas. Ca avait toujours été le défaut maximal de tous les plans que nous avions pu monter, Toni et moi, en vue de ce jour. D'aujourd'hui. De l'assassinat d'Esadora Carter. Je me savais incapable d'abattre quelqu'un froidement dans le dos. Et je me découvrais tout aussi incapable de tuer quelqu'un en la regardant droit dans les yeux. Question de force moral, je suppose.
Non. Définitivement. Pas comme ça.
J'aurais dû lui être reconnaissant de son... geste mais j'étais furieux.

- Battez-vous! Putain, battez-vous!

J'attaquai avec un premier sortilège qui n'avait que pour but de la provoquer. Explosion multicolore et enfumée.
Elle réagit à une telle vitesse que je crus avoir rêvé, rêvé de l'avoir vue à ma merci. J'étais en train de devenir fou.

J'avais déjà fait quelques duels, toujours dans le cadre réconfortant et familier du château. (Se) Prouver sa valeur, s'amuser ou encore réviser quelques sortilèges dans le contexte. Provoquer en duel pas si amical un ou deux types qui s'approchaient trop de Toni à mon goût. J'en avais remporté à peu près autant que j'en avais perdu. Mais j'avais gagné tous ceux qui m'opposaient à ces foutus prétendants. Question de fierté. Ou de motivation. Mais aucun de ces duels n'avait été autre chose qu'un brouillon, une pâle préparation à l'affrontement qui m'opposait à présent à E.C.. Et j'avais pourtant la certitude qu'elle ne donnait pas la pleine puissance à ses talents. Je n'avais qu'à bénir mes séances d'entraînement dans les quartiers de l'Opposition et à maudire ma paresse et ma tête de mule. Les sorts fusaient, s'évitaient et défiguraient l'appartement dans lequel nous nous trouvions. Je doutais que quiconque revienne s'y planquer de sitôt.

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle ne me ménagea pas. Et, ce faisant, je ne pouvais empêcher mon estime pour elle de croître. Elle était fière, elle était belle et je me sentais étrangement honoré qu'elle daigne m'affronter ainsi, quand bien l'issue ne serait que funeste. Je cloîtrais cette option au fin fond de mon esprit. On verrait quand ça arriverait.

Elle se déconnecta un instant du combat, fixa Lissie McShear pour laisser échapper un:

- Imogen.

McShear hocha lentement la tête, au coin de mon champ de vision. Approbation muette et instantanée.

Et ça arriva.
Un ultime sursaut de sortilège.
Un maléfice irrévocable.
Un dernier regard.

Il me sembla, dans cet instant d'éternité, que l'existence d'Esadora Carter était suspendue à mes yeux, qu'elle n'existait plus que par ce lien ténu. Qui se brisa. Comme une marionnette, elle s'affala. Chute fulgurante et éternelle. Gauche et gracieuse.

Le grotesque et le sublime.

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