Les grands conseillers de la Reine Kitlee

Nom du responsable RP : Isis Kitlee
Noms des participants : Jorgen O’Brian, Isis Kitlee
Lieu(x) où se déroule l’histoire :O’Brian’s home
Date(s) / Echelle du temps : le 6 janvier 2013
Pitch du sujet au départ : Isis est invitée chez les O’Brian pour un diner entre amis pour les fêtes de fin d'année.
Chronologie : Après la fiesta à la tour d’Antarès
Avertissement : Standard [ X ] Sexualité [ ] Violence [ ] Idées pouvant être choquantes [ ]
Raison de l’ouverture du RP Express : Résolution de 2011, et on a envie de poster ensemble .
Administrateur ayant donné l’accord : LA ROSE Accepté [X] Refusé [ ], en cas de refus, voici le motif invoqué : ...

Les fêtes de fin d’années lui apportèrent moult cadeaux et vœux, mais aussi quelques reproches. Isis avait toujours été très proche de ses amies, ses sorties entre potes s’étaient dispersé pour devenir extrêmement rare depuis son enfermement consentit au QG de la Résistance. L’iccam pour palier à ce manque, gérait un courrier de malade. Si la plupart de ses potes s’en contentait, et il y en avait d’autres qui se laissait pas berner aussi facilement par ses excuses bidons.

- « Reine Kitlee, si vous souhaitez recevoir vos cadeaux de Noël, vous devez venir vous-même les récupérer. » Ils ont kidnappé mes cadeaux de Noël. Emmett, ils ont kidnappé mes cadeaux ! Faut que j’aille les délivrer. Je suis sûre qu’ils sont terrifiés, tous seuls dans une minuscule pièce noir, à trembler, attendant anxieux que tu me donnes l’autorisation d’aller les délivrer.
Pas sur que l’argument est fait mouche, mais Emmett accepta la sortie. Isis n’attendit pas qu’il change d’avis, prévient son homme qu’elle sortait, se prépara pendant les 3 heures suivantes et alla chercher Seth qui allait devoir jouer les ombres cette soirée, contre ou mal gré, elle ne serait pas le dire.

On était le 6 janvier 2013. Il était 19h47 et 47 secondes à sa montres. On se les gelait. Et aucun des O’Brian n’étaient encore venus lui ouvrir. Il fallut qu’elle refrappe sur la porte pour entendre un bruit à l’intérieur de la masure.

Ce fut l’un des triplettes qui daigna lui ouvrir.
- Ce n’est pas bien de faire attendre une Reine. Et Kidnapper mes cadeaux de Noël, c’est encore pire, menaça-t-elle.

Les secondes silencieuses passèrent puis les deux éclatèrent de rire. Les reproches comme au beau vieux temps.

- Ca fait plaisir de te voir, murmura-t-elle sincère, pendant leur embrassade.

"Tu nous avais manqué.", répondit James en écho. "Enfin, surtout à Wart."

Il la serra contre elle, à peine plus longtemps que nécessaire. La dernière fois remontait à quand, déjà? Trop longtemps. Elle le savait habitué à des visites régulières, puis, presque du jour au lendemain, plus rien. Chacun avait fini par s'y faire, avec plus ou moins de bonne humeur. Plutôt moins que plus. Devenir membre honoraire de la tribu O'Brian impliquait quelques responsabilités. Faire acte de présence et donner des nouvelles, par exemple.
Aussi, aux grands maux, les grands moyens.
La détaillant du regard, James eut le bon goût de prendre une mine d'excuse. Pas longtemps. Deux petites secondes, avant d'afficher son sourire spécial. Personne ne lui en voulait longtemps quand il faisait cette tête-là et il le savait très bien.

"En amitié comme à la guerre, tous les coups sont permis."

Au cours de son enquête visuelle, l'ex-préfet avait relevé quelques petits détails qui ne lui disaient rien qui vaillent. Elle avait l'air... Impossible de trouver le mot.

"Mais c'est promis, nos otages n'ont pas souffert. On les a laissé près du feu tout du long."

Quelques paquets qui avaient survécu à la folie destructrice d'emballage. Ils avaient l'air un peu isolés. Perdus. Exclus. Et leur rappelaient sans cesse que Kitlee avait déserté le Icy Frog, l'auberge familiale.

"Rentre, tu dois geler... ET après, on va devoir te mettre près de la cheminée, et tu vas fondre, mettre de l'eau partout et inonder tes cadeaux. Ma mère va adorer."

Sans compter qu'ils faisaient rentrer le froid à grands flots.

"Isis!", beugla Siegwart dès que la petite reine entra dans son champ de vision. Avant de se reprendre. "Oh. Salut."
Et de s'avancer vers elle pour lui montrer qu'en son absence, il avait pris dix bons centimètres et qu'il la dépassait désormais. Ce qui n'était pas si difficile.

Le cri de Wart avait sonné l'alarme dans l'auberge. Sa mère était en cuisine mais les autres O'Brian débarquèrent peu à peu pour saluer leur invité.

- Wart si tu continues à te foutre de ma taille, je te transforme en elfe de maison, avertit-elle, entre deux embrassades de la très longue lignée d’O’Brian, et ce n’est pas parce que tu es le nouveau préfet de Poufsouffle que ça changera quelque chose.

Quelques vannes fusèrent. Depuis Katarzyna, l’ainée des O’Brian, Poufsouffle avait toujours hérité d’au moins un préfet O’Brian. Cette famille était les mafieux de la maison d’Elga. Pendant que chacun débattait sur cette réflexion typiquement Isisienne, l’ancienne préfète en profita pour s’éclipser en cuisine.

Elle avait toujours eu beaucoup d’affection pour Siegflield qui lui faisait par moment à sa défunte mère. Ce fut également la seule qui lui confirma oralement les reproches sous-entendu dans la lettre des triplets. Faire partit de la famille implique des responsabilités qui ne seront jamais interchangeable avec des cadeaux envoyés par hiboux. Isis leur avait manqué autant qu’ils lui avaient manqué. Un jour, elle leur expliquerait la raison de ce changement soudain, mais pour l’instant, comme le disait si bien Mum, ils étaient tous réunis, c’est l’essentiel.

La Reine repartit dans le tumulte de la grande salle. Le bruit l’assourdissait, elle n’avait plus l’habitude de la bonhommie contagieuse des Irlandais. Elle se sentait grisée sans avoir bu une seule goutte d’alcool. Elle préféra alors se réfugier prés de la cheminée, délaissée par la majorité des O’Brian, et se cala à côté de Jupiter.

- Jup’, où est Jorgen ? Il a cru que je ne verrais pas son absence parce qu’il a deux clones.

Elle n’osait pas lui demandait si il lui faisait la tête.
Avec chacun des trois frères, Isis entretenait une relation très différente. Si le point commun était leurs chamailleries constantes, leur divergence avait évolué au fil des années. Avec James, il était des amis qui alternaient entre confidence et lynchage amicale. Elle qualifierait de studieuse voir d’intellectuel celle de Jupiter. Il n’était pas rare qu’ils débattent ensemble de l’actualité et de politique. Enfin, Jorgen… Leur amitié n’avait pas évolué depuis l’adolescence, ils tâtaient toujours le terrain pour trouver un équilibre entre leur vannes et autres choses. Sans bêtises à dire, ils étaient deux maladroits. En tout cas, c’est comme ça qu’elle le ressentait. Jorgen avait toujours été le plus difficile à cerner, et ceux depuis leur scolarité, alors qu’elle n’avait jamais eu de mal pour les deux autres frangins.
C’est pour cela qu’Isis redoutait la réaction du triplet manquant. Elle savait, avant de même de venir, que James et Jupiter lui pardonnerais rapidement, même si l’éloignement ne leur plaisait pas. Pour Jorgen, s’était pas si sur.

Jup’ tenta devier la conversation sur Jorgen, vers les cadeaux, sans grand succès.
- Pas avant que Jorgen soit là, gazouilla-t-elle insouciante, pour dissimuler sa méfiance. Jupiter semblait cacher quelque chose a propos de son frère, et Isis découvriraient de quoi il retournait.

Jupiter avait toujours été le plus calme et le plus posé. Le plus diplomate, peut-être, même à sa façon. Il émit une grimace qui pouvait passer pour un sourire, signifiant qu'il était loin d'être dupe. Tout le monde s'attachait à faire comme si de rien n'était et à remettre en place l'équilibre et l'ambiance qui étaient leur quand Isis squattait à O'Brian's Home.

- Il devrait arriver sous peu., bluffa-t-il, comme si de rien n'était.

Il avait le sentiment que, de toute façon, la jeune fille ne se laisserait pas aller tant qu'elle n'aurait pas réuni autour d'elle la famille irlandaise dans son entier. Mais c'était la vérité. Il ne devrait pas tarder.

- Sois cool. Sa vie est... compliquée, ces derniers temps., avança prudemment Jupiter. Seuls James et lui étaient au courant des histoires d'Opposition et c'était un challenge de cacher le tout aux parents. Il ne pouvait pas se permettre de mettre Isis dans la confidence. Même si tu étais venue depuis l'été, tu ne l'aurais pas vu beaucoup pour autant.

Depuis Toni, il désertait les grandes réunions familiales qu'il avait toujours détesté, avec sa petite amie comme prétexte. Il avait mis le paquet depuis juin, l'air de rien.

- Isis? Vous voulez boire quelque chose?

Sullivan O'Brian, patriarche de toute la tripoté de blondinets, était toujours très révérencieux avec leur invitée, depuis qu'elle l'avait abandonné en plein récit (passionnant, cela allait sans dire) de sa rencontre avec le capitaine des Kestrels. Il en gardait une certaine réserve que sa bonhommie gommait toujours après un bon repas. Il n'empêchait.

Les O'Brian s'étaient agglutinés dans un périmètre restreint autour d'Isis, l'air de rien. Chacun conservait son activité précédente mais était clairement aux aguets de ce qu'elle aurait à leur raconter. Isis était au moins aussi têtue qu'eux. L'attente allait être longue. James tenta d'alléger l'atmosphère comme il savait si bien le faire, en enchaînant boutades et petites histoires de tout et de rien. Tous les regards se tournèrent néanmoins vers la porte d'entrée lorsqu'elle s'ouvrit sur Jörgen.

- Volontiers monsieur O’Brian, répliqua-t-elle sur le même ton.

Le patriarche hocha la tête et alla lui chercher un verre. Isis en profita pour se retourner vers Jupiter, pour lui demander déconfite

- Il m’en veut toujours pour cette sombre histoire de capitaine de kreskrallle
- Krestels
- Si tu veux. Ca veut dire oui, je suppose.

Jupiter lui offrit un sourire qui voulait tout et rien dire tandis que Sullivan lui apportait sa boisson à grand coup de vouvoiement qui la mettait mal à l’aise. D’ailleurs, à la tête boudeuse de la petit Reine, beaucoup du clan irlandais se marrait. Isis ne savait pas comment mettre un terme à cette histoire, surtout parce qu’elle ne la comprenait pas. Il était beaucoup attablé à la table quand monsieur O’Brian avait commencé son histoire. Elle s’était juste absentée au toilette. Depuis, il lui en tenait rigueur, en tout cas, tant qu’il n’était pas arrivé au dessert.
« Foutu famille. Sérieux, ils m’ont trop manqué ».

Jörgen fit enfin son apparition. Après les embrassades d’usage, Wart ne réussit pas à tenir plus longtemps. Le plus impatient et le moins diplomates de O’Brian posa la question dont tout le monde attendait la réponse. Isis donna tant bien que mal des excuses toutes aussi bidons que celles qu’ils avaient l’habitude d’entendre pour Jörgen. D’ailleurs, la comparaison se fit entendre.

- Jörgen, toi aussi t’as adopté un enfant, questionna-t-elle ironiquement pour qu’on lui fiche la paix.
- En parlant d’enfant, pourquoi ne pas avoir amené Rhidow ?
- Pour qu’il me chipe la vedette, même pas en rêve.

Et pour échapper au question, Isis se leva et se dirigea théâtralement vers les paquets encore emballés. Les leur, ils les avaient reçus le 25 décembre dans la matinée.
Sullivan et Siegflield avaient reçu deux exemplaires de quidditch à travers les âges en éditions limités dédicacés par les plus grands joueurs de ses quarante dernières années. Katarzyna reçu un parfum d’invisibilité temporaire. Ellswort une robe de sorcier, Siegwart un bon pour un tatouage délébile officiellement, indélébile pour sa majorité officieusement. Sloveig et Ernst un pack sorcier des derniers jeux de la JLI compagnie.

Elle avait terminé par les triplets. James devint l’heureux propriétaire d’un hibou cent pour cent garantit hypoallergénique, une race vraiment très rare. L’hibou était tout noir et bien plus petit que ces comparses, mais il volait plus vite et était bien plus affectueux.
Jupiter reçut un abonnement d’un an à « Gastronomie pour tous ». Ce réseau, créé par le meilleur cuisinier au monde Ferran Adrià Acosta, permettait à ses membres de déguster les plus succulents mets sorciers et moldus lors de grand événement ou des weekends gastronomiques. Isis avait offert à son ami la version VIP, Jup’ avait la possibilité d’inviter le nombre convive de son choix lors de tous les manifestations. Le transport et les nuit d’hôtels étaient pris en charge dans leurs totalités et ce pour l’ensemble des convives.
Pour Jörgen, Isis lui avait offert un album de photo retraçant leurs années à Poudlard et celle de leur équipe de Quidditch. Il avait aussi hérité du vif d’or utilisé lors du premier match de Jörgen en tant que Capitaine.

Au coin de la cheminée, il y avait donc les paquets qui avaient dû attendre près de deux semaines avant de se trouver entre les mains de leur propriétaire légitime.
Il y en avait pour tous les goûts et par toutes les personnalités. Ernst, qui était le petit rejeton sensible et choyé, même s'il s'en défendait, lui offrait un cadre avec une photo de la famille au grand complet, du temps de Gern. Chacun y allait de son sourire et d'un petit signe de la main. Sloveig, de son côté, qui commençait à verser dans le goût de la mode, lui avait choisi un petit haut d'un joli turquoise. Les garçons s'accordèrent à dire qu'elle était ravissante dedans. Siegwart, dépensier comme pas deux, si bien que dès mars, son argent de poche se trouvait réduit à néant, avait recyclé un vieux jeu de cartes via baguette magique, les personnages étaient les membres de la famille élargies (par exemple, les quatre reines étaient sa propre mère, ses deux sœurs et Isis). Ellsworth, connaissant le goût de la jeune femme pour la botanique, avait sélectionné une solis crepitum, une plante aux vertus solaires et apaisantes, dont Isis découvrirait toute l'étendue des talents en se montrant imaginative et intentionnée. Katarzyna lui offrit une petite radio. Les parents avaient fait front commun et lui offraient une carte cadeau d'une valeur de 15 Gallions (soit, approximativement, 75£).
De la part de James, facétieux, une petit sac de poudre de cheminette (pour en user et en abuser disait le petit mot). Il s'était cotisé avec Jupiter pour investir dans un billet SNTE valable six mois, destination européenne au choix, valable pour trois. Ce genre de machin coûtait une petite fortune et Jörgen lui-même avait mis la main au porte-monnaie. Son statut dans l'Opposition lui permettant d'accéder à plus de ressources que les autres membres de sa fratrie, il avait également joint un lot de bougies inextinguibles, sur les conseils de Toni.

Pendant qu'Isis ouvrait ses paquets, chacun y allait de son petit commentaire et charriait les uns ou les autres. Wart était le premier à ouvrir la bouche. Et à la fermer au moindre retour de vanne. Leur mère faisait des allers-retours du côté de l'auberge pour s'assurer que ses clients ne manquaient de rien et que ses serveurs conservaient leur sourire et leurs bonnes manières en dépit de sa propre distraction.

Jörgen fut le premier à s'enquérir de l'espérance de vie de la visite de la jeune fille:

- Tu restes à dîner, j'espère?

Il eut un léger froncement de sourcils, comme tiraillé entre des réflexions contraires. Ses deux clones surenchérir et ce fut bientôt la quasi-totalité (Wart en tête) qui tannait Isis pour qu'elle prolonge un peu son séjour parmi eux. Après qu'elle eut accepté (comme si elle avait vraiment le choix) et avant que tout ce petit monde n'envahisse la cuisine exigüe, Jörgen attira brièvement Isis à part pour lui souffler:

- On parlera, tout à l'heure.

Ce qui ne sonnait pas comme une menace. Pas vraiment. La voir lui faisait plaisir mais quelque chose le perturbait et il voulait tirer cela au clair.

- Je t'ai vu à Poudlard Uni.

Une fois ou deux. Parce qu'il restait attentif à ce qu'il se passait autour de lui. Et que la première surprise passée, sa vigilance s'accrut. Diplômée, elle n'avait rien à faire au château. D'ordinaire, les anciens élèves et étudiants étaient plutôt pressés de quitter l'enceinte protectrice.

Isis hocha la tête légèrement inquiète. La demande avait de quoi la surprendre, elle n’avait pas souvent à faire un à Jörgi sérieux. La dernière fois qu’elle l’avait vu aussi sombre remontait à la perte de son frère ainé Gern, mort lors du combat blanc.

A table, elle ne fit rien paraitre, mais affuta quelques arguments de secours. Elle en avait l’habitude, c’était les même qu’elle sortait à tous ses potes. Pourtant, les O’Brian n’étaient pas n’importe qui, et elle ne savait pas très bien si elle pouvait les berner.

Isis était attablée à sa place habituelle dans la petite cuisine. A sa droite James, à sa gauche Ernst qui avait réussit à chiper, à la dernière seconde, la pace de Wart à la gauche d’Isis. Elle ne savait pas pourquoi cette place était très prisée, mais ce n’était pas pour lui déplaire. En face Katarzyna, à sa gauche Jupiter, et à sa droite Wart qui pour le coup avait chipé la place de Jörgen. Le dernier des triplettes se retrouva à la place d’Ernst, la plus éloignée d’Isis dixit le benjamin de la famille.

Le repas se fit dans la joie et la bonne humeur. Comme toujours, Isis ne réussit pas à terminer son dessert, complètement repu. Avant de se mettre à table, elle avait demandé à James de lui prêter son hiboux pour envoyer un message à Egon, pour qu’il ne s’inquiété pas. Elle en avait profité, en sortant, de prévenir Seth et de s’excuser silencieusement de lui gâcher toute sa soirée.

Pendant que tout le monde était plus au moins occupé à digéré, Isis s’éclipsa pour rejoindre mister Jörgen, qui l’avait fait directement après le repas. Elle le repéra à l’étage, dans sa chambre.

Toc toc.

- Je peux, questionna-t-elle tendrement, avant d’entrer dans l’antre de l’ancien capitaine de quidditch. Elle évolua dans la pièce peu visiter, et curieuse, scruta en détail l’ensemble. Elle s’attarda sur une photo de Jorgen avec une jeune fille brune souriante. C’est Toni ? Ernest m’a dit qu’il l’a trouvé gentille mais moins jolie que moi. J’ai trop kiffé.

Elle reposa le cadre à sa place, et continua sa visite non guidé.

- Wart, lui, ne l’aime pas trop. Il dit que tu restes de moins en moins souvent en famille quand elle est là. En même temps, ce n’est pas comme-ci tu étais le plus solitaire, se moqua-t-elle pour détendre l’atmosphère. Tu me la présenteras ? J’aimerai bien connaitre la fille qui partage la vie d’un de mes petits frères.

- Tu n'as jamais rencontré Toni?, s'étonna-t-il, tandis qu'un sourire s'étalait malgré lui sur son visage, lui donnant, de son propre point de vue, l'air un peu niais du gars désespérément amoureux. Il n'avait pas l'intention que cet état de fait change. Dans un même temps, ses sourcils se froncèrent imperceptiblement, à la recherche de ses souvenirs. Ainsi donc, jamais au grand jamais Toni et Isis n'avaient cohabité chez eux? C'était... étrange. Mais, à dire vrai, sa propre fréquentation de la maison O'Brian tenait à diminuer de plus en plus. Il avait fallu que James lui expose la situation pour qu'il prenne conscience de l'absence prolongée de la Reine. Il s'était bien gardé d'en dire quoi que ce soit.

- Tu la verras, ne t'en fais pas.

Il se sourit à lui-même et garda ses pensées pour lui.

- On organisera ça, un de ces jours, petite sœur.

Peut-être plus tôt qu'elle ne le pensait. Il avait légèrement appuyé le "petite". C'était affectif. Il pouvait très bien être son "petit" frère si elle voulait, elle resterait néanmoins sa "petite" sœur*.
Cette phrase vint en conclusion du sujet. Il n'avait pas trop envie de s'étendre sur le ressentiment que certains membres de sa famille pouvaient avoir à son égard.

- En tout cas, si tu continues à appeler Ernst Ernest, pas sûr qu'il continue à te trouver plus jolie.

Sa piètre tentative pour détendre l'atmosphère fit mouche. Dans la famille, chacun était assez sensible à son identité. Il était trop facile d'être considéré uniquement comme un O'Brian et la plupart d'entre eux cherchait à se démarquer des autres par ses propres moyens. Ernst, en tant que benjamin, avait toujours été le petit chouchou et le centre de l'attention et était, par là-même, un peu moins sensible à la question identitaire.

- Ca nous fait plaisir que tu sois venue.

Si elle le connaissait bien, elle comprendrait que "nous" voulait un peu dire "me" et qu'il ne se répéterait pas. Soit elle avait saisi la phrase au vol soit... soit rien. Elle aurait saisi la phrase au vol.
D'un tiroir, Jörgen sortit le vif d'or offert par Isis pour Noël. Sa façon à lui de dire qu'il avait reçu. Et apprécié. Tout en comblant l'espace. Ca avait toujours été ainsi. Les mots n'étaient pas son fort et avec Isis, sans ses frères, il ne savait jamais trop sur quel pied danser. Elle avait évoqué Toni. Il mentionna son homme à elle:

- Et Egon? Tu nous l'amèneras, un de ces jours?

Rhidow avait d'ores et déjà été intronisé.

- Lui aussi, je l'ai entraperçu à P.U....

Tourner autour du pot n'était pas son fort.

- Je sais que je suis un peu auto-centré mais... est-ce que tout va bien?

Sous ses airs, elle avait l'air moins... moins peps qu'avant.

- Grande sœur, bouda-t-elle sachant pertinemment qu’elle n’aurait jamais cet adjectif. Tout comme la Reine, à la base, elle était sensée être la Grande Reine Kitlee, préfète de Poufsouffle, et c’est devenue extrêmement vite la Petite Reine. Ce n’était pas parce qu’elle était aussi grande qu’une lilliputienne qu’elle devait être forcement une Petite Sœur, une Petite Reine, une Petite Rose… le premier qui osait la Grande Chieuse, elle l’avada sur le champ.

Il lui dit les choses à demi-mot mais elle comprit le message. Le rejoignant sur le lit, elle le taquina en ébouriffant sa tignasse.

- Je vais bien. Rhidow va bien. Egon, va bien mais il bosse trop, répondit-elle, sans trop de mensonge. Elle gardait un sourire bienveillant de circonstance. Se calmer, elle avait fait ça des centaines de fois, une fois de plus ne changerait rien. Egon se déplace régulièrement à l’University pour recruter des étudiants pour TASKS. Il a beau être le directeur, il s’implique très souvent sur le terrain. D’ailleurs, ça l’occupe beaucoup trop à mon goût.

Le cas Egon était résolu. Peu de personne était au courant que l’iccam Umbrès avait transférer ses fonctions aux autres cogérants de La Maison pour se terrer dans les sous-sols du château.

- Dès qu’on peut, je l’amènerais pour son intronisation. Quoi que je suis septique. Je doute que me voir entourer par autant de mec lui fasse plaisir. Il a du mal à supporter Seth – Seth Cullen, tu te souviens – qui n’est pourtant pas le plus tactile de mes amis, ajouta-t-elle mutine.

Ce dernier argument était une impro totale. La possessivité d’Egon, elle ne l’avait ressentit que très récemment, plus exactement à Noël. Son mal être l’avait peut être rendu plus réceptive à l’attitude de sa moitié envers les gens qui les entouraient. Sur le coup, ça l’avait vachement amusé de voir Egon jaloux.

- Quand à moi, hésita-t-elle, trouvant ce passage bien plus dur. Elle n’aurait jamais osé le sortir à James. Et bien que Jorgen ne la connaissant pas aussi, elle ne se sentait pas la force de lui débiter ses arguments préfabriqués. J’ai beaucoup d’ami encore à Poudlard University. Et puis, le Café Magic campus est très sympa pour passer ses soirées arrosés. En tant que Clover, tu sais bien que les soirées y sont incroyables. Quand ça me manque trop, je vais y faire un tour.

Elle termina moins sereine. Elle préféra passer sous silence l’excuse qu’elle sortait quotidiennement. Cette dernière était un dérivé de la réalité. Avant le référendum, ses amis connaissaient son projet de monter sa propre boutique d’apothicaire sur le chemin de traverse. Après le résultat donnant Antarès vainqueur, elle dut se réfugier dans les cachots du château protecteur, et mis un terme à son projet. Par contre, pour toutes les personnes étrangères à la prophétie, Isis devant les difficultés de trouver une boutique, se recentra sur son fils et sa famille. Si cela marchait très bien avec la majorité des personnes qu’elle côtoyait, des amis comme James, Jupiter et Jorgen n’aurait jamais pu gober ça. Surtout en connaissant la ténacité de la jeune fille et son tempérament jusqu'au-boutiste.

Jörgen tiqua légèrement. Ses sourcils se froncèrent et, au lieu de chercher une faille quelconque dans le discours d'Isis, il prit les devants de ses questions.

- Tu sais, moi, les fêtes à l'Uni...

A chacune des soirées auxquelles elle s'était rendue, la jeune femme n'avait pu que remarquer son absence. Paranoïa paranoïaque. Avec deux clones, sa non-présence passait inaperçue. Il en avait toujours été ainsi et il en serait toujours ainsi. Mais, juste pour le cas où elle s’étonnerait de n'avoir jamais eu droit au triptyque irlandais d'un bloc:

- Je n'ai jamais été très... sociable. Je suis mal à l'aise quand il y a trop de monde.

Ca n'était pas un scoop et pourtant Jörgen se sentit mal à l'aise de l'avoir énoncé à haute voix. Bien entendu, c'était principalement le prétexte justifiant son absence aux fameuses fêtes ou Isis aurait dû le croiser. Pour enchaîner rapidement sur un autre sujet, il conclut en quelques mots:

- Et je ne suis sur Clover que la semaine, pour bosser. Le week-end...

Son regard s'envola vers l'intérieur quand il se surprit à songer à son dernier week-end. Avec Toni, dans leur petit bout de maison rien qu'à eux. Il hésita à en parler à la jeune femme. Ce fut le moment que choisit James pour débarquer, comme un cheveu sur la soupe.
Bref coup d'œil de James à l'égard de son frère. Est-ce que tout allait bien?
Oui, tout allait bien! Pas besoin de frapper avant d'entrer, surtout.

"Je te rappelle que c'est aussi ma chambre.", rétorqua James au reproche muet de Jörgen. Sans en avoir l'air, il lui formulait une vague excuse et rattrapa le coup à sa façon: "Siegwart nous tanne parce qu'on a pas échangé les vœux de bonne année. En fait, il est juste jaloux. Vous nous rejoignez?"

Jörgen interrogea Isis du regard. La question de James était ouverte et n'en appelait pas nécessairement à un présent immédiat.

- On vient.

Il était devenu spécialiste ès réponses vagues qui n'engageaient à rien. Il savait que son frère ne les avait pas interrompu dans le but express de déranger mais parce qu'à tout prendre, il valait mieux son intervention à lui que l'invasion brutale des plus jeunes pour qui la notion d'intimité était encore très floue. James referma la porte sur lui avec un sourire. Lui aurait tout le temps pour bavarder avec Isis un peu plus tard, quitte à la kidnapper un peu si nécessaire.

-Il faudrait qu'on s'organise quelque chose, à tous les cinq. Egon, Toni, toi, moi et Rhidow., précisa-t-il, regrettant aussitôt sa proposition. Ce genre de réunion était tellement pas son truc. On attendait de lui qu'il engage la conversation avec le compagnon d'Isis tandis que les deux filles papotaient. Lui qui avait déjà du mal à tenir un discours avec les gens qui lui étaient proches... Advienne que pourra. A Pré-au-Lard, par exemple. Il y a un nouveau pub qui vient d'ouvrir, parait-il. On pourrait y faire un saut un soir.

Fin du chapitre sortie.
Une dernière question, cependant:

- Tu me le dirais, si quelque chose n'allait pas?

Ca n'était ni un reproche, ni une accusation. Juste une question véritable dont il ignorait la réponse. C'était juste qu'elle avait cet air... il y avait un vague quelque chose qui lui rappelait Toni quand elle affrontait le regard des autres au quotidien. Sans rien dire, affirmant dans un sourire que tout allait très bien, merci pour elle.

Avec toutes mes excuses.