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 Vague de chaleur

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Toni Scheffer
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MessageSujet: Vague de chaleur   Vague de chaleur Icon_minitimeMer 20 Jan - 21:45:53

Warning: « mature content sexualité »

Une vague de chaleur déferlait sur le monde depuis quelques jours. Toni espérait que ça ne durerait pas aussi longtemps qu'au début du mois. Elle aurait adoré faire du ski en décembre mais les neiges avaient fondu et d'autres évènements l'avaient pris au vol. La nuit était stagnante depuis maintenant deux jours. Ca la dérangeait moins que les changements climatiques.

Un débardeur et un caleçon piqué à Jörgen, elle était assise dans un fauteuil de sa chambre d'étudiant de Clover Spring, se servant d'un petit grimoire de Défense contre les forces du mal pour éventail. Elle s'était juré de réussir ses ASPIC haut la main pour bénéficier de son cadeau de fin d'études. Ses parents lui avaient promis qu'elle aurait le droit de voyager une semaine n'importe où, pourvu que ça soit dans un pays de la Résistance. Merlin ! S'ils savaient à quel point elle n'aurait rien eu à crainte dans un pays de l'Opposition...

Ca lui était arrivé à cause d'une andouille de sa maison qui s'était mise dans de beaux draps en se faisant recruter par l'Opposition. L'amie en question fit bien moins la maligne quand on lui confia la lourde tâche d'aller déposer un portoloin au Ministère dans le département de régulation des créatures magiques. L'objet devait aspirer une personne précise qui serait conduite devant Antarès lui-même pour être transformée en informateur. Appelons cette fille Zazou. Et bien Zazou avait été prise de remords le moment venu mais il était trop tard. Si elle ne déposait pas le portoloin, "ils" - Toni ne savait pas qui "ils" représentaient - l'offriraient comme Soumise à un Opposant du Moyen-Orient. "Qu'est-ce que c'était que cette histoire. On ne peut pas t'offrir à quelqu'un si tu ne le veux pas. Tu racontes n'importe quoi" avait répliqué Toni, déçue de comprendre que Zazou avait choisi d'appartenir à l'Opposition dans le seul but de pouvoir voyager tranquillement vers les Etats-Unis où habitait sa famille. Cependant, par amitié, elle se proposa d'aller déposer l'objet elle-même.

Profitant de la fin des vacances d'été et des courses de la rentrée, elle était parvenue à se séparer de ses parents pour filer au ministère, en plein cœur de Londres. Le portoloin était un porte-plume en argent. Toni pestait à l'idée qu'à cause d'elle il y aurait peut-être un innocent sorcier qui allait se retrouver sans le savoir nez à nez avec Antarès. Puis, des idées aussi stupides que dangereuses firent leur chemin dans son esprit avide d'aventure. Et si elle se servait elle-même du portoloin ? Elle se trouverait face à quelqu'un qu'elle attaquerait subitement et débarrasserait le monde d'un Opposant malhonnête ! Dans l'ascenseur qui la menait au département de régulation, elle ouvrit le paquet et découvrit le porte plume. Après une bonne inspiration, la baguette déjà sortie, et l'objet dans l'autre main, elle le toucha.

Elle fut aspirée dans un lieu dont elle ignorait la situation géographique. Une petite salle qui ressemblait à une geôle donnant sur un long et sombre couloir. Personne à l'horizon mais elle était bel et bien enfermée. Dans ces cas, Toni pense toujours à des choses essentielles: "Si je ne suis pas rentrée pour dîner, ma mère va me défoncer." Ensuite, elle avise: "Je lui dirai que j'étais chez Alex." Parfois, elle se recentre sur le vrai problème: "La royale bouse ! Mais je suis enfermée pour de bon là !"

Effectivement. Pour de bon... quelques minutes plus tard, elle entendit des pas provenant du couloir et une tête apparue devant elle. Elle s'était attendue à voir débarquer Antarès, quel que soit son physique bien que dans son imagination il tendait plutôt vers le monstre à six têtes. Rien de tout ça. La personne devant elle avait une tête et quatre membres mais pas de baguette. Toni lui jeta un sortilège qui ne produisit aucun effet. L'homme, c'était un homme, pas trop mal de son état, psalmodia une série de phrases dont elle ne comprit pas le langage. En tout cas, il avait l'air furax de la voir ici. En quelques secondes Toni étouffait et était soulevée du sol par une force inconnue:

- Que fais-tu ici ? Qui es-tu ?

- Toni...
Elle pouvait à peine parler. Elle expliqua qu'elle avait touché à un porte plume posé sur un bureau du département de régulation et qu'elle avait été transférée ici sans comprendre ce qui lui arrivait. L'homme ne la crut pas. Il la laissa retomber sur le sol pendant qu'elle reprenait son souffle. Quand elle releva la tête, il était entré sans même avoir poussé la porte. Il s'était agenouillé à côté d'elle et l'avait dévisagé avec avidité. Cette fois, elle trouvait que ça ne sentait pas bon du tout. Elle lui mit un coup dans le menton et essaya de s'enfuir en transplanant mais la tentative fut inutile.
- Jörgen O'Brian, dit-il soudain.

Toni s'était cristallisée sur place. Comment connaissait-il ce nom ?

- Tu m'as l'air dégourdie. Tu ferais une magnifique partisane. Si je te laisse la vie sauve, accepterais-tu de me servir ?
- Mais qui êtes vous ?!
- Je m'appelle Bruno. Inutile aussi d'essayer de te servir de ta baguette, elle n'a aucune efficacité dans le château d'Antarès.

"D'accord, génial, au moins, je sais où je suis..."

- Oui, Bruno, je suis ravie de faire ta connaissance, maintenant, serait-il possible de rentrer à la maison, ma mère est sans doute pire que ton maître quand elle est furax.

La plaisanterie ne fit pas rire Bruno qui se contenta d'attacher un bracelet à la cheville de Toni qui ne parvint jamais à le retirer depuis. Avec un air suffisant et indifférent, il lui expliqua que tant qu'elle porterait ce bracelet, il saurait où elle se trouvait. Il ne lui serait fait aucun mal, ni à elle, ni à Jörgen dont il voyait tant d'images dans son esprit, si elle acceptait de lui être soumise. Toni n'eut pas grand-chose à dire... elle se retrouva immédiatement projeté au Ministère, département de régulation. Le porte plume avait disparu.

Quelques jours plus tard, sur le quai 9 3/4 , elle revit Bruno. Son visage et sa couleur de cheveux avaient beau avoir changé, elle le reconnaissait. Il lui fit signe de s'approcher. Elle avait obéi car sa famille était proche et qu'elle ne savait pas ce dont Bruno était capable. Elle n'avait parlé de sa petite aventure à personne. Même pas à son amie dont elle n'avait pas réussi à obtenir de nouvelles. Et pour cause. Bruno lui apprit que la traitre avait été "éliminée" mais que, grâce à elle, il avait pu faire sa rencontre. Toni était écoeurée. Elle refoula des larmes et demanda une dernière fois à Bruno ce qu'il attendait d'elle: "Tu es mon amusement, lui dit-il avec perfidie, tu deviendras plus proche de moi que tu ne l'as jamais été de ton Jörgen... quand tu l'embrasseras, je serai là, quand tu dormiras, je serai là, quand tu mangeras, étudieras, te laveras... je serai toujours là. Et tu me plais beaucoup, mademoiselle Scheffer. C'est une chance... je ne t'abîmerai pas trop tant que tu resteras à ma disposition."

Elle n'avait pas osé poser une seule question. Tout ce qu'elle voulait était de prendre ce train et de ne pas revenir. Les mois passèrent sans que Bruno ne fasse savoir sa présence. Jusqu'à la semaine des vacances de Noël. Il était venu la chercher à la gare et l'avait emmené dans sa demeure, annulant tous les plans de Toni qui avait dû trouver une excuse pour expliquer à son entourage son absence. Le visage de son soumetteur avait encore changé depuis les deux autres fois où elle l'avait vu. En plus de savoir clairement lire dans les esprits, il devait être métamorphomage ou quelque chose dans ce goût-là. Elle apprit durant cette semaine à le connaître. Il lui sembla que c'était exactement ce que Bruno désirait: être connu par elle. Son comportement oscillait entre de fiévreuses colères et des moments de douceur inexplicable. Il ne parlait jamais de sa vie ou de l'Opposition. Toni apprit qu'il n'était pas métamorphomage mais anamorphosis, qu'il ne mangeait rien, dormait peu et n'avait probablement pas de famille. En dehors de cet atout d'anamorphosis, il était cracmol.

A la fin de sa semaine de vacances, Bruno raccompagna Toni jusqu'à Poudlard. Deux hommes les escortèrent en voiture mais aucun d'entre eux ne pouvaient vraisemblablement accéder à Poudlard. Pour tout au revoir, Bruno lui dit: "Je ne te ferai pas de mal, mademoiselle Scheffer, à condition que tu acceptes de garder un œil sur une dénommée Imogen Carter. Elle est en 7ème année à Serpentard. Si la Résistance venait à connaître l'objet de ta mission, je ne pourrais rien pour toi."

Toni ne sut jamais pourquoi elle devait surveiller Imogen. Elle n'avait même pas eu le droit de dire à la jeune fille qu'elle devait s'en occuper à distance. Qui était Imogen ? Quelqu'un d'important pour l'Opposition en tout cas... Toutefois, tant que Toni surveillait Imogen, Toni était tranquille. Avec le temps, dans ses rêves, elle sentit enfin ce que Bruno voulait dire quand il parlait d'"être tout le temps avec elle"... elle le voyait en rêve. Il lui parlait. Elle le sentait aussi quand elle était avec Jörgen et elle savait qu'il n'aimait pas Jörgen. Elle s'en foutait pas mal. Il avait promis de ne rien lui faire tant qu'elle serait soumise. Alors elle se soumit.


C'était d'ailleurs Jörgen qu'elle attendait. Elle avait pris l'habitude de s'infiltrer dans sa chambre en empruntant le passage secret qui menait à l'université. Il devait être à l'entraînement de Quidditch et ne tarderait pas à revenir. D'après ses informations, Imogen était dans sa salle commune à travailler à la préparation d'un mauvais coup avec d'autres Serpentard. Le vilain coup n'était pas foncièrement méchant, elle décida donc de ne pas s'en mêler. Sa seule envie de la journée, à part voir le thermomètre chuter de quelques degrés, était Jörgen.


Dernière édition par Toni Scheffer le Lun 1 Fév - 8:37:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Vague de chaleur   Vague de chaleur Icon_minitimeLun 25 Jan - 10:01:15

Sa tenue d'entraînement inondait encore le couloir à coup de "ploc ploc" rafraîchissants. Le fond de l'air était trop chaud pour supporter le sport, même un vol en balai où la vitesse était supposée vous apporter fraîcheur et détente. Mais l'atmosphère semblait s'être figée en un bloc compact et brûlant. James avait alors inventé le water-Quidditch: quatorze joueurs, quatre balles et un terrain qui s'étendait en profondeur plutôt qu'en altitude, avec tous les impondérables que cela supposait. La partie avait tourné court lorsque Sloveig s'était faite agrippée par une sorte de strangulot. Une sorte, oui. De nos jours, les créatures magiques mutaient et se reproduisaient plus vite encore que le moustiquet moyen. Charles avait réagi au quart de tour, prouvant que le Lashlabask fonctionnait aussi sur les "sortes de strangulot". La calmar en avait craché son verdict (comprendre par là qu'il avait provoqué un mini raz-de-marée exclusif d'intrus) et ils s'étaient tous plus ou oins retrouvés à cracher de l'eau sur la rive du Grand Lac.
Néanmoins, ils s'étaient promis de renouveler l'expérience. Eclairé aux bougies (obscurité diurne oblige), le jeu en valait la chandelle. Quand bien même leur vif d'or d'entraînement devait servir de décoration pour les êtres de l'eau, à l'heure qu'il était.
"Ils", c'était les O'Brian (six, en tout, de James à Sloveig, en passant par Ellsworth et Siegwart) et quelques potes et anciens de l'équipe, Poufsouffe et ex-Jaunes-et-Noir. Charle,s bien sûr, Miranda, Shannon, Manny et quelques autres.

C'était devenu un rituel, au moins une fois par semaine. les triplés se retrouvaient, glanant parfois au passage quelques amis ou les O'Brian restant pour partager une après-midi ensemble. C'était bon, parfois, d'être ensemble, juste comme ça. De faire sans dire et sans penser. Oublier que leurs parents s'éloignaient peu à peu, par divergence d'opinions et que leur grande soeur semblait résignée à aller risquer sa peau dans des pays où il ne faisait pas bon traîner. Oublier les soucis et juste goûter la tranquillité d'être ensemble.
Jouer au Quidditch, nager dans le lac ou une excursion à Pré-au-Lard, c'était leur moyen d'entretenir la relation si particulière qui les unissait. Ils savaient qu'ils avaient besoin de ces moments-là, comme il est essentiel de respirer, à eux trois, où ils formaient à nouveau le tout qu'ils avaient toujours été. Ils en oubliaient un temps le monde qui ne tournait plus rond et c'était là le but. Les premiers temps à l'Université avaient été étranges. Dans sa chambre simple qu'il ne partageait qu'avec Toni, Jörgen se surprenait à guetter le claquement de porte, annonçant que James était heureux de sa journée ou à s'étonner de l'absence d'ouvrage abandonné, à la lecture inachevée de Jupiter. Quand ses deux frères avaient opté pour Moon Shadow (journalisme pour James, décor de cinémagic pour Jup), lui avait étonnamment jeté son dévolu sur Clover Spring. Etonnamment signifiait que lui-même était incapable d'apporter une réponse claire et précise aux sempiternelles questions de son entourage surpris. Il n'était pas sûr d'y comprendre grand-chose lui-même, lui qui avait toujours vécu pour le Quidditch. Le choix s'était pourtant imposé, sans demander l'avis de personne.

Toni, couverte de sang et en état de choc, ce fatal jour du huit janvier. Toni, une bosse grosse comme son poing, par un cognard en mal de victimes. Toni, blafarde après un cours de SACM ayant mal tourné. Toni, encore, inconsciente ou ensanglantée. Toni, toujours, le teint d'un verdâtre délicat ou d'une pâleur immense.

Le sentiment d'impuissance symptomatique;

Gern, aussi, le poitrail déchiré. Sloveig et ses tendres genoux égratignés.

Les bras ballants et le coeur lourd. Les mains inutiles à soulager.
Il serait guérisseur.
Ca n'était pas tant une passion pour la médecine qu'une incapacité grandissant à supporter la souffrance d'autrui. Le monde lui-même avait grand besoin d'être soigné.

Pour l'instant, il n'y pensait pas trop, se contenant de dégoutter sur les dalles du château.
Ils s'étaient séparés à l'orée de la Grande Salle, avec des rires qui résonnaient trop forts entre les murs, dégoulinant de l'eau du lac et souriant à en perdre haleine. C'était bon, parfois, d'être ensemble, juste comme ça. De faire sans dire et sans penser. Oublier que leurs parents s'éloignaient peu à peu, par divergence d'opinions et que leur grande soeur semblait résignée à aller risquer sa peau dans des pays où il ne faisait pas bon traîner. Oublier les soucis et juste goûter la tranquillité d'être ensemble.

Il y avait un temps pour la famille et les copains.
Il y avait un temps pour la solitude.

Cette solitude-là lui allait, songeait-il en laissant un autre sourire prendre ses quartiers sur son visage. C'était le sourirre-Toni, quand bien même il était le premier à ignorer qu'elle en avait l'exclusivité. Il oubliait d'être son propre spectateur quand elle était là. Comme maintenant, posée sur un coin de lit, comme un cadeau du ciel. Il en était presque prêt à croire les inepties de James: pour avoir un aussi bon karma, il devait avoir été un saint véritable pendant trois ou quatre incarnations. Encore fallait-il accorder fois à ces choses-là ( Neutral ).
Ca lui sautait dessus à chaque fois qu'il la voyait; Il s'était habitué à ce bref serrement de la poitrine avant la grande expansion.

Jörgen laissa sa baguette en compagnie du souaffle et de son balai, dans un coin. Il fallait à un sorcier un sentiment de sécurité totale pour s'en défaire. Beaucoup de ses collègues dormaient avec leur baguette planquée sous l'oreiller.

Le baiser qu'il déposa sur le front de Toni était un salut. Il dégageait sans doute des effluves "filtre de mare" et se gardait bien de la toucher de trop près.

- Ca a été, ta journée?

Son regard se posa à nouveau sur elle, appréciateur. James avait beau ne jurer que par la soie et la dentelle, lui trouvait magnifiquement sexy une fille - la sienne - dans ses vêtements à lui.

Il n'ajouta rien, retira son T-shirt qui émit un dernier "flop" en atterrissant dans la corbeille à linge (c'était un de ces trucs que les filles vous font, sans même que vous vous en rendiez compte: les vêtements ne traînaient plus au sol, domestiqués).
Il n'ajouta rien. Jörgen avait beau ne pas être doté d'une sensiblerie hors du commun, Toni lui était plus proche que n'importe qui, excepté peut-être ses deux frères, il sentait que quelque chose n'allait pas. Mais ne disait rien. Se contentait de la serrer plus fort contre lui quand elle se réveillait en sursaut au beau milieu de la nuit. Pour ce qu'il en savait, c'était peut-être juste le stress des ASPICs.
Il n'ajouta rien mais sourit à nouveau, la main sur la poignée d'une petite porte, sur le côté de la chambre.

- J'ai besoin d'une douche, tu viens?
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Toni Scheffer
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MessageSujet: Re: Vague de chaleur   Vague de chaleur Icon_minitimeMar 26 Jan - 9:47:40

Ca elle pouvait confirmer. Il avait besoin d’une douche. Il sentait un mélange de vase et de poisson éventé abandonné sur un dock au soleil (odeur très précise que Toni imaginait sans l'avoir jamais sentie).

A la question précédente, elle avait souri en faisant la grimace et n'avait formulé qu'un vague "Moui, journée normale. Des révisions, quoi", avant de rouler sur le dos en attrapant le poignet de Jörgen pour le faire tomber sur elle et, de fil en aiguille, le faire rouler à son tour sur le dos pour se retrouver à califourchon sur lui. C’était presque une prise de karaté :

- Tu pues, O’Brian.

Ca ne l’empêcha pas de l’embrasser avec convoitise.

Pendant le baiser, elle sentit cette nébuleuse sombre et fraîche qui l’envahissait quand elle savait que Bruno était aux aguets. Ca arrivait souvent quand elle était avec Jörgen. Au début, elle en était tellement dérangée que cela avait parasité sa relation. Elle n’embrassait ou ne câlinait Jörgen que de façon furtive avant de s’éloigner en prétendant étudier, toucher ou remettre en place tel ou tel objet… À l'avenir, elle avait décidé de vivre avec et tant pis si Bruno jouait les voyeurs. L’impression ne durait pas longtemps. Sa brièveté n’était que pour stipuler à Toni qu’elle n’était pas seule.

Le grimoire tomba du lit. Il n’y avait dès lors plus d’autre bruit que celui de deux lèvres qui s’enlisent dans un baiser moite et amoureux.

La meilleure façon de combattre Bruno à distance était encore de jouer franc jeu avec Jörgen, du moins, en dire assez pour ne pas avoir un jour à s’embourber dans des mensonges et suffisamment peu pour ne pas trahir son Soumetteur :

- Jörgen, dit-elle en se relevant légèrement avec un air qu’on pouvait avoir du mal à déterminer, j’ai un secret que je ne peux pas te dire mais promets-moi que le jour où tu l’apprendras, tu ne feras rien d’inconsidéré. Je ne te dis pas ça pour te mettre au supplice mais parce que je ne peux pas te mentir et, si tu me trouvais bizarre, je ne veux pas que tu penses que cela vient de toi. En tout cas, sache que je vais bien et que tu es mon Mien et que je suis ta Tienne sans aucune limitation terrienne.

Cela avait été moins difficile à dire que ce qu’elle avait imaginé. La révélation avait été froide, lancée comme un boomerang dont elle ne voulait pas le retour. Elle savait ce que cela pouvait animer chez lui aussi sauta-t-elle hors du lit en le tirant par le bras avec un sourire enjoué qui n’avait rien de truqué. Etait-ce égoïste ? Ce qui ne pesait plus sur elle, pesait peut-être sur lui mais il était hors de question de satisfaire les mauvais augures :

- A la douche, Boule puante ! Et bien sûr que je viens… que ne donnerai-je pas pour avoir l’intime honneur de redécouvrir mon amoureux disparu sous cette odeur pestilentielle.

Il fallait qu’il oublie. Qu’il oublie ou qu’il ne prête pas plus d’attention que ça à ce secret. Le propre d’un couple équilibré, selon elle, était de continuer d’avoir des secrets sans que ceux-ci ne viennent perturber l’ordre des sentiments. Respecter le jardin secret de l’autre était comme une preuve de maturité. Elle préférait évidemment être celle des deux qui détenait les secrets et que ça soit à Jörgen de se montrer mature.

Pour oublier, rien de mieux que l’eau, leur eau, celle qui efface tout, qui conforte et réconforte, qui métamorphosait Thémis en petit garçon avant qu’il ne devienne un adulte épris de liberté et disparaisse au pays des magies inclassables… L’eau et ce que la proposition première de Jörgen impliquait. Parce qu’il n’était garçon qui proposait chastement à sa petite amie de l’accompagner à la douche sans avoir une idée derrière la tête.

Toni était déjà dans la petite salle de bain. Elle avait écarté le rideau pour faire couler l’eau. Puis, elle planta son regard dans le reflet que lui renvoyait le miroir et elle se provoqua… elle le provoqua :

"Reste mais cette fois, tu ne m’empêcheras pas. Tu ne m'empêcheras plus jamais..."


Derrière elle, dans le miroir, venait de s’ajouter la silhouette de Jörgen. Elle détailla ses épaules, son buste, son ventre et se retourna pour l’observer de ses propres yeux.

"Adieu, Bruno."

- Je te le dis souvent mais je n’arrête pas de le penser. T’es beau.


Lentement, elle retira son débardeur et appela d’un regard l’étudiant de Clover à venir la rejoindre. L’eau continuait de couler et chargeait l’atmosphère en buée. Plus de reflet dans la vitre. Plus de présence dans la tête. Bruno s’était en allé et Toni le savait mécontent. Elle espérait qu’il n’y aurait pas de représailles mais elle ne pouvait pas plus longtemps accepter d’assujettir, en plus d’elle-même, l’intimité de sa relation avec Jörgen.


Spoiler:


Dernière édition par Toni Scheffer le Mer 19 Jan - 20:39:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Vague de chaleur   Vague de chaleur Icon_minitimeJeu 28 Jan - 20:43:57

Spoiler:

Du fil des mots à l'aiguille des sens, il en avait oublié de promettre, en dépit de son hochement de tête hasardeux et muet.
Mais Toni avait sa façon bien à elle de détourner son attention. Ca ne tenait qu'à ce sourire un peu penché, un frémissement des ailes du nez, une légère rougeur des clavicules. Et lui n'était que trop favorable à la promptitude de l'oubli. Dans le court laps de temps de réflexion entre la surprise et la déconcentration, son cerveau avait fait une association bizarre: inconsidéré-spontané, spontané-réactif... et tout ça ne lui disait rien de bon.
Oublions.

L'oubli, c'était le glissement d'un pantalon sur des hanches, l'eau chaude sur une peau nue, une brève apnée qui laissait le souffle court, une peau nue contre une peau nue, un rire étouffé, la paume d'une main sur un épiderme, le prétexte d'un savonnage innocent vite transformé en caresses, les lèvres aventureuses et les mots que l'on murmure.

L'oubli, dans une petite salle de bain, parsemé d'objets comme autant de souvenirs, des petits détails, des petits riens narrateurs d'une histoire. La leur.

Une bouteille de parfum.
Un parfum léger de fin de vacances, le même que celui de Toni, un soupçon de nostalgie en plus. C'était leur premier été et la Gryffondor était venue passer le mois d'août à Dublin. Les souvenirs étaient magiques, en particulier la virée d'une semaine en bateau, loin des regards familiaux, loin de tout. Une escapade, une échappée où il s'était plus senti lui-même que n'importe quand au cours des semaines passées. L'infinité de l'océan devant eux avait un goût d'aventure et de bonheur. Les jours avaient passé comme des heures et le moment de rentrer était venu trop vite. Le havre s'éloignait à mesure que l'imminence de a rentrée se faisait sentir. Il avait fallu abandonner leur solitude tranquille, leur intimité gagnée à grands renforts de pudeur, leur impression d'être seuls au monde, dans un monde qui ne leur demandait rien. Il avait fallu retrouver son envahissante famille pour une dernière journée. Il avait fallu se résoudre à raccompagner Toni chez elle, un goût d'au revoir au bout des lèvres. Une impression de malaise et d'insécurité commençait tout juste à flotter sur l'Angleterre, une impression qui allait peu à peu étendre son ombre sur tout le pays. Et Jörgen ne supportait pas l'idée de sa Gryffondor d'amie prenant le train seule. Le trajet de Dublin à Londres était long, trop long pour ne pas accueillir les imprévus à bras grands ouverts. Dépensant jusqu'à son dernier gallion, ils avaient donc arpenté les chemins de fer britannique ensemble, s'efforçant de voler des derniers souvenirs à un temps qui n'en finissait plus de courir.
Arrivés chez les Scheffer, il avait fait la connaissance de Monsieur. Et surtout de Madame. Lesquels l'avaient invité à rester dîner. Rectification, lesquels s'étaient résignés à accepter l'invitation à dîner de leur fille. Mrs Scheffer ne manqua pas de lui faire sentir qu'il était un intrus au milieu de leurs retrouvailles. Plus tard, il saurait que c'était plus que cela. Plus tard, c'était le lendemain. Par un chantage affectif dont il n'avait aucune idée, Toni avait contraint ses parents à accepter Jörgen au sein de leur famille pour les deux petites journées qu'il leur restait. Au programme: torture au quotidien. Petit déjeuner, courses sur le Chemin de Traverse, repas interminables,... Il n'y avait rien où l'ombre omniprésente ne ternit la présence simple et douce de Toni. Cette femme ne l'aimait pas et rien de ce qu'il faisait, pensait ou disait ne semblait avoir d'importance. Pis, c'était souvent comme s'il n'existait pas, un elfe de maison devenu trop vieux et inutile dont on supportait la présence, bon gré mal gré. Le Poufsouffle était même persuadé que Mrs Scheffer avait posé une alarme sur les gonds de la porte de la pièce dévolue aux "amis", au cas où il lui viendrait à l'idée de s'aventurer sur le territoire interdit de la chambre de Toni. Rien ne serait assez bien pour sa fille, et surtout pas un Poufsouffle aussi mal à l'aise dans les grands discours que dans l'oppulence du style de vie des Scheffer.
Le dernier soir était arrivé après une journée interminable où ne serait-ce qu'effleurer Toni du bout des doigts paraissait être devenu un crime de lèse-majesté, sévèrement réprimé à coups de points de suspension. Le Poufsouffle ne pensait pas être capable de souhaiter aussi ardemment retrouver la foule bigarrée et bruyante des Poudlariens. Et pourtant, pourtant il faisait tout ce qui était en ses capacités pour apparaître autrement que sous son jour d'amateur de petits comités, souriant, répondant aimablement aux questions de Croze Scheffer, aidant à débarrasser les plats (grave, grave erreur!), proposant son assistance pour de menus travaux et ne récoltant pas même un regard. A peine un petit reniflement de mépris.
Le dernier soir, donc. Il lui avait fallu passer un de ces costumes qui lui donnait l'impression de s'être réincarné en pingouin et squatter la salle de bain pour ne pas se présenter avec un pli de travers. En dépit de tout, il se battait pour (ne pas dé)plaire au couple Scheffer. C'était sans doute important pour Toni, et, quelque part, pour lui aussi.
Mais la tension avait eu raison de sa patience, minée petit à petit par le dédain à peine masqué de Madame. A l'heure du dessert, alors qu'elle leur servait un énième "Toni..." parce qu'ils avaient oser échanger un regard un peu trop long au-dessus d'une crème brûlée, ignorant sa question, une part de Jörgen qu'il avait réussi à brider sans peine jusque-là manifesta les premiers signes de rébellion. Au lieu de retourner à sa position "assis bien droit sur son siège", il refusa de lâcher la contact visuel, d'obéir à ses inflexions comme un bon petit soldat. Raclements de gorge. Regard attentif de Croze. Eclat dans les yeux de Toni. Raclements de gorge, encore. Il ne se souvenait plus de ce qu'elle avait dit. Il ne se souvenait que de sa brusque impulsion. Il s'était levé, très calme. Avait dévisagé Jean Scheffer sans baisser le regard comme les jours précédents et s'était tenu droit devant ses paupières qui se plissaient.
- Je suis désolé si vous ne m'aimez pas, Mrs Scheffer. Je suis désolé mais ça ne changera rien.
Il s'était interrompu brièvement, un tiraillement désagréable dans la gorge. Il n'osait pas regarder Toni. Seule la vision de Thémis derrière elle (comment était-il arrivé là?) l'avait incité à continuer.
- Mon frère est mort pour la sauver. Je l'ai perdu pour la gagner, la garder. Il me semble que j'ai hérité du droit de l'aimer. C'est tout ce que je demande. Et vous ne me l'enlèverez pas.
Et si il falalit attendre la majorité de Toni, il attendrait.
Raide, il s'était levé de table, sans une excuse et était sorti prendre l'air sur le perron sans rien demander à personne. Une voiture crachota un peu plus loin. Il n'arriva pas à sourire.



La serviette de plage, multicolore, qui avait vu du pays.
Une semaine dans le Grand Nord canadien. Quelques jours en Amérique du Sud.


La petite trousse de maquillage.
La soirée où ils avaient fêté et ses BUSEs à elle et ses APSICs à lui.
Lui, incrédule, passant un doigt sur une pommette aux couleurs de soleil. Son index en était ressorti très légèrement brillant.
- Tu sais... tu es très belle toute seule...
Il avait souri à ce qu'il prononçait comme un compliment gêné. Gêné d'être troublé qu'elle prenne autant de temps juste pour lui plaire. Sûr qu'elle lui plaisait. Avec ou sans.
- Viens, on va danser.
Elle aimait ça et il y avait pris goût. Pendant des années, il s'était évertué à chercher ce plaisir que tout le monde semblait prendre à se déhancher en rythme. Ca ne tenait ni à la musique ni à quoi que ce soit d'autre que sa partenaire. Il y avait une proximité presque intime à évoluer, corps à corps, sur un tempo qu'ils s'inventaient. Il s'agissait avant tout de cela, s'abandonner à l'autre, à la musique et s'abstraire aux regards. En un an, ces regards avaient appris à les compter comme un tout solidaire et indivisible. Ces mêmes regards glissaient sur eux, maintenant, sans plus de curiosité. Peut-être juste un soupçon d'envie. Il n'en avait même plus conscience.
Ce qui était là mais qui ne sortait pas, c'était l'amour d'elle qui n'était tributaire ni des parents, ni des vêtements, ni des occasions, ni de Thémis, ni même des ses sourires ou de ses yeux d'ambre foncé. C'était Toni couverte de boue après qu'ils se soient roulés dans une flaque, c'était Toni songeuse un matin de printemps, c'était Toni boudeuse pour un mot mal placé...



Une petite brosse à dents bleue qui tenait compagnie à la sienne.
Un toc-toc léger, son premier soir à l'université. Un toc-toc à sa porte et un sourire grand comme ça. Une fille, ça vous envahissait l'espace. Qu'elle prenne donc tout l'espace qu'elle voulait. Sans elle, ça n'était que du vide.


La nuisette en coton fin, abandonnée. Elle n'avait pas tant servi.


Dans la chambre, sur sa table de chevet, il y avait son objet préféré. Bien que personne, pas même Toni, ne comprenne pourquoi donc il refusait que l'on jette, voire même que l'on touche à ce petit élastique noir, tout simple. Il le gardait avec lui, depuis presque deux ans. Plus qu'un symbole, c'était presque un talisman. C'était le miroir des yeux tristes.
Cette image le hanterait jusqu'à son dernier jour.
C'était un soir de février. Lui sortait de la bibliothèque après deux heures de creuse-méninges harassantes. Elle s'esquivait silencieusement en direction de sa salle commune. Ils n'avaient pas prévu de se voir ce soir-là. Ils avaient d'ores et déjà passé le reste de leur week-end ensemble et la petite voix sérieuse qui criait pour se faire entendre leur avait soufflé que sacrifier aux révisions en vue des exams n'était peut-être pas une si mauvaise idée.
Au début, Jörgen comptait la laisser aller dans la direction qui était la sienne. Il s'immisçait suffisamment dans son emploi du temps. Une heure volée dans une salle vide en lieu et place d'un cours de potion. Des instants chapardés avant un repas. Des minutes détournées. Des secondes cambriolées. Le moindre petit bout de temps avec elle était précieux. Mais il ne voulait pas devenir l'envahisseur des moments qui n'appartenaient qu'à elle. Seulement, seulement, il y avait son pas un peu plus lourd qu'à l'accoutumée. Quelque chose dans son attitude qui détonnait trop avec sa bonne humeur pétillante. Il l'avait suivie, rattrapée. Elle avait détourné son visage défait. Il l'avait attirée dans une de ces innombrables salles inutilisées. Elle avait détaché ses cheveux qui s'étaient étalés comme un voile entre elle et le monde. Elle n'avait même pas retenu le petit élastique qui avait fini sa vie à terre. Inquiet, il en avait écarté une mèche pour voir une larme dévaler sa joue. Sa poitrine s'était serrée et il n'avait rien trouvé d'autre à dire qu'à la serrer contre lui, bouleversé de la sentir fragile et vulnérable pour une raison qui lui échappait. Aimer, c'était prendre le bon et accepter le mauvais. Ce mauvais-là, il avait essayé de toutes ses forces de l'attirer au fond de lui, de l'en décharger. Mais aucune magie n'en était capable. Alors, il l'avait juste étreint, à la faire rentrer dedans lui, incapable de trouver les mots pour apaiser un mal dont il ignorait tout.
Il l'avait senti agripper le col de sa chemise.
Désarmé et impuissant.
Quelque chose dans sa poitrine se déchira, sa dernière protection, son dernier rempart. Il ne savait même pas qu'il existait. Il ne percevait même pas son absence, juste sa rupture. Non seulement il l'aimait de toutes ses fibres et de tous ses chromosomes (si tant est qu'il avait bien compris ce dont il s'agissait) mais il savait maintenant qu'il avait atteint le point de non-retour. Irrécupérable. Ca le frappa avec force mais c'était doux. C'était une certitude qu'il accueillit presque avec sérénité. C'était dans l'ordre des choses et surtout, ça n'était rien contre quoi il avait envie de se battre.
Il n'avait jamais su ce qui l'avait rendue si triste.
Ils avaient fini la soirée sur le dallage de la Grande Salle, à regarder les étoiles par le plafond magique. Les premiers bruits matinaux les avaient réveillé, Toni la tête blottie conte son torse, Jörgen, une main en coupe sur sa nuque, l'autre épousant la courbe de sa taille.




L'eau rebondissait contre leurs deux corps mêlés, éclaboussant les alentours. Aucun d'eux ni prêtait attention.

- Je ne te le dis pas souvent mais c'est toujours là... Je t'aime, Toni Scheffer.

La saveur de sa déclaration se dilua dans un baiser avide où ils mettaient chacun tout ce qu'ils étaient. C'était leur façon de défier l'éternité.
Un même coeur erratique.
Un même souffle court.
Un même tremblement.
Un même crescendo.
Deux tout petits mots presque comme un soupir.

- Ma Rosà.

L'oubli dans un corps-à-corps lent et passionné où il s'agissait de donner plutôt que de prendre. S'appartenir pour une heure, un jour, une vie.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Vague de chaleur   Vague de chaleur Icon_minitimeDim 31 Jan - 12:27:52

Spoiler:

Au dernier frémissement, il devait y avoir plus d’eau à l’extérieur qu’à l’intérieur de la baignoire. Elle évacua un dernier soupir contre le cou de Jörgen avant de se relever doucement. Sa Rosà ? Elle le comprit comme le plus sensible compliment qu’elle aurait pu recevoir de lui bien que le mot fût sans doute adressé uniquement à sa nudité.

Rosà était la première femme.

"Son Eve ?"

Elle était la première sorcière.

"Son commencement ?"


Toni était nue comme Rosà à l’origine du monde.

"Son Tantra genèse à lui ?"


Et à ses yeux, il est était bien plus qu’un Umbrès à compter qu’on avait jamais connu l’un sans l’autre :

"Mon indéfinissable absolu, mon inextinguible amour, la moitié de mon âme et l’autre moitié aussi."

Etait-ce à ce point déconcertant de se rendre compte après les années et les mois que Toni plutôt que Jörgen avait toujours été celle des deux qui avait le plus de mal à exprimer copieusement ou simplement son amour ? Ce n’était pas faute d’aimer, au contraire, tous les mots lui donnaient l’impression d’être soudainement d’une inanité intolérable quand il s’agissait de lui traduire son cœur. A chaque fois, désolée et frustrée, elle lui répondait : "Je t’aime mais c’est pas assez..."

De mémoire, l'ancien Poufsouffle devait comprendre que cela signifiait approximativement "je t’aime mais c’est pas assez, Jörgen O’Brian. Je t’aime d’une façon tellement inappropriée et démesurée que j’exulte de ne pas connaître de mot plus précis pour te dire à quel point. "Je t’aime" n’est pas assez pour te montrer l’ampleur de tout ce qui se réveille en moi quand il s’agit de toi. La moitié de mon âme est habitée par toi, l’autre moitié aussi. Tu débordes par tous les canaux de mes veines, tu débordes des pores de ma peau, des neurones de mon cerveau, des cellules de mon épiderme, de mon anatomie, du vide et du plein de la matière que je suis... Jörgen, je t’aime à ne plus savoir quoi te dire et ça me fait presque mal tellement ce que je t’aime est lourd et révoltant. But so far, I love you is not enough..."

Elle trouvait que c’était trop long. Cette déclaration était à quelques mots près ce qu’elle lui avait répondu la première fois qu’il lui avait dit qu’il l’aimait et qu’elle avait maladroitement essayé de le lui retourner.

Depuis ce jour, pour lui dire qu’elle l’aimait, elle reprenait l’introduction de la déclaration de cette première fois comme si, en suspend, le reste était "imaginairement" collé à la suite : "Je t’aime mais c’est pas assez..."
C’était comme un énième jeu entre eux, un petit truc dont eux seuls pouvaient comprendre la signification. Et elle n’en voulait jamais à Jörgen de se satisfaire de "Je t’aime", car quoi qu’on y mette dedans, l'expression était remplie de ce que celui qui le prononçait voulait effectivement bien y mettre dedans et, elle n’avait aucun doute sur la question, Jörgen ressentait le même désespoir quant à la futilité du langage terrestre pour exprimer l’amour.

- Tu crois que le langage divin possède des mots qu’on ne connaît pas et qui décrivent mieux que les nôtres le sentiment d’aimer quelqu’un ? C’est révoltant de le faire tenir en si peu de lettres. Pourtant, je sais bien que ce ne sont pas les mots les plus longs qui pèsent le plus lourd en sens. La preuve. "Indifférence" est plus long qu'"amour" et "haine' tout en pesant cent fois moins dans le cœur de quelqu’un.


La Gryffondor termina son monologue en enfouissant sa tête contre le cou de Jörgen, encerclant sa taille sous le niveau de l’eau et serrant contre son cœur celui de l’étudiant. Comme un peu d’eau gicla dehors, elle rit :

- C’est toi qui éponges, c’est ta chambre.

Depuis qu’ils étaient ensemble, Jörgen avait fait des efforts considérables dans le rangement et l’aménagement de son espace personnel. Elle ne voyait pas pourquoi étant donné qu’elle était la plus bordélique des deux. Ca devait être une sorte de contrebalancement qui intervenait naturellement pour équilibrer les forces d’un couple.

- On va s'évaporer si on reste une minute de plus dans ce bain...

A contre cœur, elle se releva et alla chercher la serviette qui avait fait le tour du monde pour l’étendre au sortir du bain en attendant que Jörgen s’en entoure. Elle passa la petite nuisette qui ne lui servait pas tant que ça mais qu’elle aimait bien savoir pendue ici… une trace d’elle dans un espace qui n’était pas vraiment le sien. C’était idiot d’ailleurs. Parfois conscient, parfois inconscient, le besoin de semer ses affaires dans la chambre de Jörgen lui fournissait un alibi idéal pour revenir encore et encore les chercher ou, simplement, pour qu’il pense à elle quand elle n’était plus là.

"Qu’est-ce qu’on peut être troll, nous les filles. Si ça ne tient qu’à ça, il n’aurait qu'à se faire tatouer mon nom sur le front et peut-être que sa chambre serait moins bordélique au demeurant" Avait-elle réellement besoin de s’éparpiller ainsi pour être rassurée sur la légitimité d’être bien à sa place dans cette chambre ? Allez savoir. Angoisses irraisonnées.

- Je t’aime.

Ah… y avait-il un problème ? Juste Je t’aime ? Pas la fin ? Il en manquait pas un bout ?
Non, c’était Je t’aime tout simplement. Elle ne voulait plus de cet adverbe le déformant peut-être trop. Ces mots devaient se suffire à eux-mêmes bien qu’ils décrivaient faiblement le sentiment qu’ils prétendaient représenter.

Elle attendit que Jörgen se retourne pour se mettre sur la pointe des pieds et l’embrasser en répétant les trois mots afin d’être certaine qu’il n’avait pas mal compris :

- Je t’aime.

Elle s’enfuit dans la chambre pour prendre sa baguette et commencer à absorber l’eau éclaboussée à laquelle elle avait pourtant promit de ne pas prêter attention. En nettoyant et rangeant, l’air de rien, elle jeta :

- Tu crois que l’année prochaine, quand je serais étudiante, on pourrait habiter tous les deux ?

Plutôt qu’un voyage de fin d’année, elle préférait mettre des sous de côté pour posséder son propre espace car il ne lui ferait rien de plus plaisir que de partager cet espace avec lui.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Vague de chaleur   Vague de chaleur Icon_minitimeMer 3 Fév - 18:20:17

Il prit ces trois petits mots, simples et nus, dépouillés et vulnérables pour ce qu'ils étaient. L'acceptation, au final, que tout cela était trop grand, insaisissable et ne répondait à aucun raisonnement rationnel. Au lieu de paraître tronqués, ces mêmes trois petits mots paraissaient gagner en sens.
En définitive, leurs corps étaient mieux à même de se déclarer ce qu'ils étaient l'un pour l'autre que les mots, tellement tributaires des contextes, des modes et des nuances implicites. Et ils effaçaient d'une caresse, d'un souffle, les semaines bancales où Toni se dérobait pour voler un peu d'indépendance. Le doute tentait de s'insinuer, insidieux, mais il était trop faible face à la foi inébranlable qu'il avait en elle. Il n'en restait que des bouts de manque et d'instants tronqués qui s'étaient dilués dans l'eau du bain, un peu comme les muscles se dénouaient sous la pression des doigts. Toutes ces belles pensées n'empêchèrent pas un soulagement sans nom de se distiller dans ses veines. L'avoir tenue dans ses bras, l'avoir sentie trembler et exulter, c'était...

Ataraxie.
C'était comme si des petites bulles de félicité gambadaient encore à fleur de peau. Un picotement insidieux comme si Toni s'attardait encore sur sa peau. Une communion absolue dont la sensation refusait de s'effacer.

Les reins ceints de la serviette internationale, il cachait son émotion derrière quelques coups de baguette pour évacuer l'humidité de l'atmosphère et la rafraîchir pour la rendre plus respirable. La vague de chaleur de ces derniers jours pesait jusque dans les coins du château.
La question de Toni, sous son couvert d'innocence, le prit par surprise et déroula devant lui un festival d'images.

- Tu sais que tu peux venir ici quand tu veux...

Ces images lui plaisaient.
Un bout de place, rien qu'à eux, où il n'y aurait personne pour débouler à l'improviste "O'Brian, je peux t'emprunter ton bouquin de bio?" (certes, passé le premier mois, les Clover avaient pris l'habitude de faire preuve d'un petit peu plus de tact et d'éviter de passer au petit bonheur la chance. Ils devaient tous garder en mémoire le sortilège cuisant que Max, de première année, avait dû subir jusqu'à la fin de la semaine, pour avoir osé interrompre un tête-à-tête avec Toni). Où ils pourraient juste être eux-mêmes sans être forcés de jouer la carte de la normalité. Où ils seraient juste tous les deux. Cette idée à elle seule était beaucoup trop attrayante.
Ce serait mentir que de dire qu'il n'y avait jamais pensé. A cet après Poudlard College qui leur lançait des appels à la liberté.
Ces images lui plaisaient beaucoup.
Assez pour cesser de jouer au prudent.

Ca sentait à plein nez une discussion sur l'avenir. Les filles aimaient ça, discuter futur et opportunité. Et, étrangement, dans le cas présent, il n'avait absolument rien contre. Il avait dépassé depuis longtemps le stade des futurs incertains. On n'atteignait pas such a level of commitment sans laisser de côté la prudence face à l'engagement.
Il avait failli lancer un "cap?" mais ça n'était pas exactement le moment de se prêter au jeu.

- Je crois que ça me plairait beaucoup.

Un écho du sentiment de tout à l'heure.
Cette impression que tout devenait possible et que l'univers vous ouvrait grand les bras. Une sorte de sentiment de grâce qui avait ponctué son parcours émotionnel depuis que Toni était entrée dans sa vie.
Il laissa en suspens les questions rhétoriques quant à savoir si c'était ce qu'elle voulait vraiment. On ne remettait pas en cause les évidences.

Sa chambre avait presque retrouvé une apparence normale et ça suffirait bien pour cette fois-ci. La silhouette d'une Toni à peine plus âgée en train de ranger deux-trois affaires se superposa à l'image du présent et Jörgen ne put s'empêcher de sourire doucement en lui touchant l'épaule pour qu'elle se tourne vers lui. Il la dévisagea un long moment avant d'ajouter dans un souffle:

- T'as pas idée de combien ça me plaît, même.

Son baiser parlerait pour lui. Le geste faisait sens, mieux que les mots.
Il la contempla encore un peu, occultant les questions purement matérielles (est-ce qu'un stage à Ste Mangouste suffirait pour assurer un loyer correct? Ou peut-être qu'il pourrait essayé de travailler avec l'oncle Wilbert? Il avait un sale caractère mais son job payait bien et il ne refuserait pas ça à un rejeton de la famille... du moins, tant qu'il ne savait pas où l'argent finirait. Wilbert avait un point de vue très old-fashioned sur le couple et l'engagement. Il ferait peut-être ça...). Juste pour le plaisir. Il connaissait les traits de son visage par coeur mais il n'arrivait pas à s'en lasser. Elle était sa Rosà. Elle était La Femme, avec un grand L, un grand F et tout ce que cela comportait. L'attirance, le mystère, le tout. Son Tout. Il s'en foutait que ce soit irrationnel. Il s'en foutait du moment qu'elle était là, avec lui. Qui décidait de la normalité des choses?
Les mots de Toni, prononcés un peu plus tôt, lui revinrent à l'esprit. Il se laissa aller sur le lit, l'attirant contre lui, pour se donner le temps d'y répondre.

- Les Dieux...

*S'ils existent.*

- Dans l'absolu... Les mots... le langage parlé, ça n'est sans doute rien de plus qu'une pâle copie, un truc de remplacement parce que les humains ne sont pas jugés assez sages pour avoir accès à plus. Mais je pense... enfin, je crois... Je dirais qu'il y a forcément plus, quelque chose de moins imparfait. Un langage qui est tout. Un peu comme si tu pouvais lire les pensées de quelqu'un mais en plus fort.

Il n'était pas exactement très sûr de la voie sur laquelle il s'engageait.
Pour un temps et parce que le sujet le questionnait, il avait abandonné son minimalisme verbal, où chaque mot tente de toucher à l'essence de son sens.

- Je suis même pas sûr d'avoir les mots pour expliquer ça. Mais pour parler d'amour, il faudrait quelque chose qui mêle à la foi les mots, les pensées et les sensations. Comme un flux entre deux personne où tout, absolument tout serait d'une limpidité absolue. Limitless.

Faire l'amour, c'était un peu ça, une tentative d'accéder à cet échange parfait, à un moment où toutes les frontières, celles des peaux, celles des mots, celles des corps, celles des coeurs finissaient par se fondre. C'était une quête d'un absolu qu'on refusait inaccessible.
Se prendre les yeux grands ouverts.
Se confondre.
Fusionner.
Limitless.

- Enfin, je crois.

D'une main distraite, il caressa l'omoplate de Toni en larges cercles concentriques.

- Peut-être un peu comme la légilimancie, l'effort de concentration en moins.

Les esprits qui se transvaseraient l'un dans l'autre.
Jörgen plongea dans un silence méditatif.

- Tu as déjà testé la legilimancie?

Il effectua un rapide flash-back à la recherche du programme de septième année. La légilimancie en faisait partie, oui. Il se souvenait aussi comment il avait combattu l'intrusion inquisitrice de son binôme, au fur et à mesure des cours. Son frère lui avait raconté combien il n'avait réussi qu'à percevoir la dernière finale de Quidditch. le but de Jörgen à voir et à revoir, pour toujours, alors que ce dernier conservait jalousement des souvenirs qu'il ne jugeait ne devoir appartenir qu'à lui. Et à Toni.
Il esquiva la réponse à sa question par le biais d'une image qui lui était venue suite à la série "un appart à nous".

- Tu crois qu'on pourrait avoir une Télé-Vision... Chez, chez nous, je veux dire...?

God, ce "chez nous" lui plaisait vraiment beaucoup.
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Toni Scheffer
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MessageSujet: Re: Vague de chaleur   Vague de chaleur Icon_minitimeJeu 4 Fév - 19:40:01

Allongée sur le ventre à côté de lui, ils avaient leur visage à quelques centimètres. Elle l'écoutait, bercé par sa main qui dessinait des petits cercles sur son dos. Si près l'un de l'autre qu'ils se regardaient presque en louchant. Elle voyait les traits extérieurs de son visage en double alors, pour essayer de le voir mieux, elle relevait les paupières, plissait le front en ouvrant grands ses yeux, comme si toute l'image de Jörgen pouvait s'incruster en un seul coup d'œil dedans mais elle ne parvenait à voir clairement que les grands yeux bleus.

Elle souriait en l'écoutant, fermant ses paupières quand elle sentait une bouffée de son haleine suave lui caresser le visage, ayant quelque peu du mal à se concentrer totalement sur la discussion parce que, lorsque ses lèvres faisaient une moue qu'elle adorait, elle chipait rapidement un baiser et continuait de l'écouter comme si elle n'était jamais intervenue. C'était complètement immature et risqué, d'autant qu'elle savourait toujours comme des phénomènes rares et inexpliqués les fois où Jörgen faisait des discours - parce que c'était comme une grande révolution depuis quelques mois, Jörgen faisait des phrases complètes ! Risqué car il pourrait s'interrompre à tout moment et ne jamais reprendre le cours de la discussion or, ce qu'il disait, l'interpelait.

"Mais pour parler d'amour, il faudrait quelque chose qui mêle à la fois les mots, les pensées et les sensations."

"Et les actions, et les gestes" ajouta-t-elle en pensée.

Elle était d'accord avec tout ça. Ca lui faisait penser à ce qu'elle pouvait ressentir quand ils faisaient l'amour. Limitless.

"Tu as déjà testé la légilimancie?"

Elle pria pour que, sur son visage, l'ombre de Bruno n'apparaisse pas trop fort. Elle cacha son malaise dans un baiser sur son menton qui lui laissa le temps, en revenant à sa position initiale, de faire bonne figure. C'était exactement pour ce genre de question anodine qu'elle ne voulait pas commencer à mentir. Elle ne dit rien. De toute façon, il continua et en revint à la question de partager un logement. Heureusement que Jörgen ne la légilimanciait pas...

Quand il lui avait répondu à l'éventualité d'habiter ensemble, son cœur s'était serré, elle avait retenu son souffle. Jusqu'à la dernière minute, même si tout le visage de Jörgen s'était ouvert et mis à resplendir d'une expression radieuse, elle avait cru qu'il dirait non. Parce qu'il aurait réfléchi et que ça serait plus sage : "Comment j'arriverais à travailler ? Et toi, Scheffer, tu as déjà du mal à suivre une conversation tous les deux sans ponctuer toutes mes phrases d'un baiser, comment veux-tu que j'imagine deux minutes que tu t'intéresseras à tes cours !" - "Bah tu n'auras qu'à me les lire à haute voix le soir, comme ça je serai pendue à tes lèvres, au sens propre et figuré, et les exams, fastoches !" Elle aurait eu réponse à tout.

Il aurait pu dire non pour une centaine de raisons. L'argent, ses frères, les cours, Jean Scheffer et son listing d'agents immobilier à la main qui leur ferait probablement louer un espace disproportionné et outrageusement cher en plein cœur de la City ou, en cas de refus, les contraindrait au must des chambres étudiantes à Poudlard University. Toni aurait aimé un endroit confiné et tout petit pour que jamais Jörgen ne se trouve à plus de cinq mètres d'elle quand elle tendait les bras... mais il avait eu l'air de dire que ça serait "génial" sans même utiliser son mot fétiche.

- Une télévision ?

Elle accueillit d'un autre baiser amusé le bégaiement de la difficulté à matérialiser un "chez nous" par les mots. Comme quoi, certaines choses qui devraient être anodines prenaient tellement plus de sens quand elles étaient prononcées, conceptualisées.

- On le remplira de trucs moldus dont il te faudra un an de formation pour les comprendre ! jura-t-elle enjouée. Une télé, un lecteur DVD, un ordinateur, un répondeur, une machine à laver, un grille pain, un mixer, un aspirateur, un interphone, une X-Box, ce que tu veux... pourvu que ça soit chez nous.

"Bon, tout ne rentrera pas dans l'idée que je me faisais du cocon douillet mais le voir ravi d'utiliser un aspirateur, je ne peux que craquer Very Happy"

Loin d'elle l'idée saugrenue de mettre la situation à son avantage !

Soudain, une brûlure lui traversa la tempe. Elle crispa sa main sur le bras de Jörgen et ferma les yeux très forts. Buno n'était pas de leur avis. Il le faisait savoir à Toni :

"Si vous habitez ensemble, il te sera difficile de dissimuler tes activités parallèles. Mademoiselle Toni Scheffer, crois-tu sincèrement que je laisserai faire une chose pareille ?"

- Quand ça va s'arrêter...? bafouilla-t-elle en se prenant la tempe, loin d'imaginer qu'elle pouvait inquiéter Jörgen. Il lui faisait mal. Il devait être irrité de n'avoir pas pu la contraindre à ne pas se donner à Jörgen car il la faisait rarement souffrir. Seuls ses ébats le mettaient dans une rage folle.

- Stop ! Arrête ça !

La douleur cessa d'un coup. Bruno s'en alla. Toni l'imaginait dans sa grande demeure en train de balancer ses poings, d'énervement, contre tout ce qui lui passait sous la main. Elle en avait les larmes aux yeux. Elle se releva d'un coup, se tourna vers Jörgen avec un air bouleversé, elle allait mentir mais il faudrait qu'il la croie :

- Une sale migraine...

Elle feignit de ne pas encore en être débarrassée , reprit son souffle, puis, après un temps, elle se rallongea sur son flanc en lui tournant le dos et en se ratatinant sur elle-même :

- Ca va passer, murmura-t-elle. S'il te plaît, prends-moi dans tes bras et raconte-moi l'avenir...

Elle l'avait demandé d'une manière plus triste qu'elle aurait voulu. Elle avait besoin de l'entendre raconter la vie qu'ils auraient, parce qu'il y avait ces fois, comme maintenant, où même après un instant de bonheur qu'elle pensait inébranlable, l'avenir lui paraissait qu'une tâche de sang sur un drap de soie blanc. Un endroit douloureux où elle n'avait plus envie d'aller.
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MessageSujet: Re: Vague de chaleur   Vague de chaleur Icon_minitimeSam 6 Fév - 21:37:31

Il fut moins doué qu'elle pour cacher sa crispation éphémère. Sa main sur son épaule suspendit son mouvement, comme en réponse à son Arrête-ça! et se maintint, hésitante, à quelques centimètres de sa peau. L'inquiétude lui agrippa les entrailles avant même qu'il ait pu rationaliser quoi que ce soit. C'était plus fort que lui. Au-delà de ses mots, c'était de l'avoir sentie se raidir qu'il l'avait alerté, chassant ses fantasmes télévisuels et ses questions sur la nature exacte d'un interphone. Il avala son mensonge pour la simple et bonne raison qu'il avait besoin d'y croire.

*Le temps des travaux pratiques.*

Il fallait bien que les heures passées sur l'anatomie humaine, les points névralgiques et surtout les essais de massage avec Ernie Douglas soient rentabilisées. Ernie était sans nul doute quelqu'un de très sympathique mais à l' hygiène passablement douteuse et suprêmement chatouilleux. Autant dire que les séances pratiques n'étaient pas exactement une partie de plaisir.
Jörgen passa outre le dos tourné de la Gryffondor par la re-attirer près de lui. Il plaça ses doigts sur des points stratégiques de ses tempes et entreprit de les masser doucement. Supposément, une fois la première sensation de gêne et de douleur passée, le geste devenait agréable et décontractait les tensions provoquant les migraines les plus communes. Du moins, c'était ce que professait Sprite, l'enseignant de Physiologie et Médecines Naturelles.

Comme les autres fois, il refoula ses craintes et nia la moindre appréhension et le moindre soupçon. C'était une affaire de volonté. Pour ce qu'il en savait, c'était juste les stress des ASPICs. A Clover, on n'étudiait pas les détours que prenaient l'esprit pour satisfaire au besoin de quiétude mentale. C'était sans doute tant mieux.

La voix de Toni était trop fragile, presque perdue, pour qu'il songe à refuser sa requête, quand bien même il n'était pas un grand conteur. Imagination limitée et anémie verbale lui fermait les voies e la narration. C'était la même au tout début, avec Thémis. Le petit garçon n'aimait rien tant qu'entendre Toni ou Jörgen lui raconter tout et n'importe quoi, avec une certaine préidlection pour les histoires, happy ending à la clef. Le Poufsouffle d'alors s'y était tenté avant de se réfugier dans les bons vieux Contes de Beedle le Barbe dont un exemplaire avait fini par le suivre partout où il allait. Dans le cas présent, un autre obstacle se présentait. Dérouler le futur devant leurs yeux était risqué. il risquait d'y prendre goût beaucoup trop facilement. Comme tout le monde, il lui arrivait d'imaginer ce dont l'avenir serait fait, quand la guerre serait finie ou mieux, si Antarès était resté un sorcier dans l'ombre de lui-même. Mais le problème était là, le conflit s'enlisait chaque jour un peu plus dans des extrémités plus sombres qui voilaient une quelconque issue. Il devenait presque dangereux de rêver sous peine d'être taxé d'optimisme.
Malgré tout, il tenta une onde de rébellion.

- Après les études?

Partons sur cette base. Après ses études à lui. Jusqu'à l'obtention de son diplôme, les voies étaient un peu trop prévisibles et laissaient peu de place à l'imaginaire, si on mettait de côté le "chez eux" et tous ses gadgets moldus. C'était plaisant à rêver mais c'était court.

- Après ma Médicomagie... ça te dirait de partir faire un an à l'étranger?

Avant la guerre, ça se faisait pas mal. Découvrir un autre pays et une autre culture par le biais des échanges universitaires internationaux. Dans leur arbre des possibles, ça n'était pas une option à écarter.

- On partirait dans un autre pays. Les Etats-Unis ou le Canada... Ou même un pays où ne parle pas l'anglais et où on ne comprendrait pas un traître mot de ce que les autres diraient. Je trouverais un job là-bas pendant que tu étudierais. Et puis, on pourrait voyager un peu. Tu crois que les Moldus sont différents d'un pays à l'autre?

Il eut un sourire qui ne s'adressait qu'à lui-même.

- On pourrait tester toutes les eaux du monde et faire un classement des plus beaux endroits.

Il commençait déjà à partir à la dérive des idées saugrenues.
Le problème était que sa tête était remplie d'images et de désirs mais que certains étaient encore trop incertains, trop dépendants de tout et n'importe quoi pour être dévoilés au détour d'un récit. Quelques autres étaient... euh... inavouables pour l'instant. Ca parlait d'engagement et d'autres choses qui étaient, pour l'instant encore, classées au rang des "plus tard".
La seule constante dans tous les futurs possibles, c'était la présence de Toni à ses côtés.

- Ca sera un monde où on appréhendera plus le lendemain...

... les hibous annonciateurs de mauvaises nouvelles.

- et où l'avenir sera moins incertain.

... moins tributaires des décisions et des actions des autres. Un futur dont ils seraient les seuls acteurs et scénaristes.
Timidement, comme pour encourager son propre récit, il demanda:

- Tu nous vois comment, toi, disons, dans cinq ou dix ans?

C'était très étrange de se projeter soudain aussi loi dans le futur.
Toni se crispa une nouvelle fois, ravivant son inquiétude.

- Toni...

*Est-ce que ce n'est pas...*

...lié, d'une façon ou d'une autre, à ce secret?

- Tu n'as rien de... grave?

Les secrets, quand bien même il faisait semblant de les occulter, il pouvait vivre avec.

-Je sais que tu ne peux -veux- pas forcément tout me dire mais...

Pas avec l'idée et le risque de la perdre.
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Toni Scheffer
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MessageSujet: Re: Vague de chaleur   Vague de chaleur Icon_minitimeLun 8 Fév - 14:06:39

Ca lui plairait le Canada, courir dans la neige aveuglante du Nunavut au soleil de minuit, et les Etats-Unis, marcher sur les pas d'Ogiara et atteindre les hauts sentiers de la Caverne des Vents pour se laisser éblouir par le Voile de la Mariée et les chutes du Niagara ou voler sur un admirable balai au nom impossible à prononcer, accrochée derrière lui, évoluant contre le vent, le long de la route 66. Avec juste un baluchon pour deux où il n'y aurait rien dedans. Ca lui plairait beaucoup un pays où ils n'y comprendraient rien, où l'écriture serait différente et où il faudrait tout réapprendre. La Chine, la Thaïlande, l'Inde, l'Arabie Saoudite, le Japon. Cela ne changerait pas de la vie qu'ils avaient ici. On avait beau parler la même langue, on ne comprenait pas toujours les mêmes choses. Ils s'arrêteraient dans un de ces pays où tout serait à refaire. Il travaillerait et elle ferait semblant d'étudier en l'attendant le soir. Elle lui dirait qu'elle a bien appris ses leçons mais en réalité elle aurait passé la journée dans le jardin d'un vieux botaniste qui lui aurait appris les noms des arbres et des insectes. Et il y aurait Thémis aussi. Il serait grand et beau. Il serait venu la chercher pour aller se baigner à la mer qui ne serait jamais très loin d'eux. Le soir, ils auraient dit à Jörgen qu'ils avaient bien travaillé mais Jörgen n'auraient qu'à regarder leurs pieds nus et ensablés se chicaner sur le pavage du petit mas pour comprendre qu'ils avaient marché sur la plage et qu'ils n'avaient rien fait de ce qu'ils auraient dû faire. Ils auraient ri beaucoup. Ils prépareraient à manger tous les trois. Il n'y aurait plus de couverts car Toni aurait encore oublié de faire la vaisselle mais elle pouvait citer à Jörgen tous les types de Cèdres, d'Épicéas, de Mélèzes, de Pins, de Sapins et de Tsuga qu'elle avait vu. Elle inventerait que c'était la soirée sans couvert et ils mangeraient avec les mains parce qu'ils auraient fait semblant de la croire. Elle râlerait parce que manger les spaghettis avec les doigts c'est pas facile. Jörgen aurait raconté qu'il avait rencontré des moldus de toutes sortes et qu'on ne comprenait rien à ce qu'ils disaient ces moldus. Qu'ils étaient un peu fous mais qu'ils avaient tant d'objets géniaux. Des pétards, des cerfs-volants, des babyfoots, des scoubidous, des billes qu'on appelait agates, des consoles de jeu portables… il travaillerait dans un endroit heureux. Il y aurait des couleurs partout, des enfants qui rient… peut-être une école. Une école de petits sorciers étrangers noirs des pieds à la tête où il réparerait leurs pieds cassés pendant la folie de la cour de récré. Il raconterait à Toni et Thémis qui ne serait jamais parti combien de pieds, de nez, de coudes cassés il avait réparé, combien de sourires et de bêtises il avait vu faire aujourd'hui. Puis, quand Thémis se serait endormi, Jörgen aurait pris la main de Toni et il l'aurait emmené se baigner, tous les deux, tous seuls, dans une cascade qui mousse et qui fait des bulles multicolores et qu'il aurait aperçu sur le chemin en rentrant de l'école chamarrée des petits sorciers noirs. L'eau aurait une couleur claire et l'odeur de la menthe. Il lui dirait que tout va bien et que ça ne s'arrêterait jamais d'aller bien. Elle lui dirait des secrets et beaucoup de bêtises. La lune, rougissante, à cause de l'aube qui grandit ou d'eux qui murmurent, s'éteindrait pour les laisser tous les deux. Ils murmureraient encore un petit peu et le lendemain arriverait sans qu'il fasse peur jamais. Ca serait un nouveau jour et ils auraient le même sourire. Elle ne se sentirait pas si fatiguée, prise au piège et impuissante. Elle ne lui causerait jamais de souci... ils vivraient ce nouveau jour et recevraient le suivant et le suivant encore avec beaucoup d'impatience pour découvrir ce qu'il réserverait comme surprise. Peut-être une journée où on mangerait avec les pieds ! Qui sait si elle avait fait la vaisselle depuis ! Il y aurait un matin où elle lui dirait qu'il serait un papa. Ca le ferait rire de bonheur et il faudrait écrire beaucoup de hiboux parce que les O'Brian sont très nombreux. Ellesworth qui lui aurait pardonné en serait le parrain. L'enfant aurait les cheveux de Toni et les yeux de Jörgen. Des années plus tard, elle serait vieille et il serait vieux et ça ne serait pas grave parce qu'ils auraient vécu tant de choses heureuses qu'il n'en resterait plus aucune sur Terre qu'ils n'auraient pas vécues. Ils pourraient partir en paix et elle n'aurait jamais pleuré.


C'est comme ça qu'elle imaginait le futur dans cinq ans, dans dix ans, dans mille ans. Elle racontait doucement pour répondre à sa question. Elle voyait toutes ces images impossibles défiler devant ses yeux. Elle eut un hoquet de rire en les imaginant manger des pâtes avec les pieds. Si elle se crispait sous les caresses de Jörgen qui l'écoutait inquiet, c'est parce qu'elle avait enfoui son visage dans la couverture et pleurait en silence. Il était beau le futur qu'il avait imaginé. Ça lui plairait ne serait-ce que d'en vivre une année.

Elle se retourna et se blottit dans ses bras le temps de cacher son visage qu'elle ne voulait pas qu'il voie. Elle n'aimait jamais qu'il la voie pleurer.

Le massage des tempes l'avait détendue mais n'apaisait pas l'impression bizarre qu'il mettait sans le savoir ses mains au-dessus du foyer incandescent dans lequel Bruno avait élu domicile et où il menaçait de brûler quiconque d'assez sot pour oser s'approcher de trop près. Et s'il sortait d'un coup de son cerveau et venait prendre Jörgen sans prévenir ? Elle n'avait pas envie qu'il l'entraîne dans le gouffre ou qu'elle le fasse pour lui en le guidant droit vers un danger qui ne serait qu'un bon prétexte pour l'éliminer. Pourtant, elle devait lui faire comprendre ce qu'il se passait... sans trahir le secret.

- Non, je ne peux pas tout te dire… ce n'est pas grave. Juste la tête qui ne tourne pas rond quelques fois. C'est la chaleur, ta chambre est un brasier… on sort de la douche et on est déjà en sueur. Il sera beau notre appartement, je te le promets.

Nouvelle assignation au silence de Bruno qui n'est pas d'accord. Elle s'en fout. Elle continue. Ses mains s'accrochent au dos de Jörgen et elle appuie de plus en plus fort son front contre son épaule parce que la peau de Jörgen est un soulagement en soi.

- On regardera des films à la télé…


Choc électrique mais elle ne la fermera pas.

- Et… et on invitera Jupiter et James à jouer à la Playstation… ils auront bien inventé Street Fighting Antarès III d'ici là…

Bruno inaugure une nouvelle salve de maux dont elle n'avait jamais connu le goût jusqu'ici. La plaie à la tête en cinquième année lui paraît des vacances à côté de ce que l'Opposant s'amuse maintenant à lui faire subir pour la faire taire une bonne fois pour toute. Mais elle ne le laissera pas gagner… si elle se tait, elle devra se taire à chaque fois. Elle lui rendra des comptes quand elle le verra la prochaine fois.

Elle serre les dents et se mord l'intérieur des joues pour ne pas crier. Elle serre les poings contre le flanc de son petit ami. Sa respiration s'emballe. La douleur descendant jusqu'aux poumons. Elle s'en fout. Elle ne peut empêcher un cri de s'échapper. Elle le rattrape au vol, de justesse, entre ses dents serrées. Il faut qu'elle lâche Jörgen, elle doit lui faire mal.

- Et on aura notre premier lit. Juste à nous.


Bruno battit tous les records de barbarie avant de s'en aller. Définitivement ?

"Tu as gagné. Je viens" dit-il de sa voix graineuse.

Toni sourit. Amère victoire mais victoire quand même. Elle releva la tête vers Jörgen. Bruno arrivait ? Elle devait partir, s'éloigner du Clover :

- J'ai gagné, dit-elle, gagné contre cette envahissante migraine. Merci, Jörgen, je n'ai plus mal à la tête.

Après une hésitation, elle se releva et commença à s'habiller sans hâte :

- Je vais retourner dans ma salle commune, j'ai des devoirs à terminer… je n'ai rien fait aujourd'hui. On se voit demain ?

Son regard était fuyant mais elle trouva un bon alibi dans la recherche de ses affaires éparpillées. Elle laissa délibérément traîner la nuisette sur le lit pour avoir à revenir la prendre et s'approcher de Jörgen une dernière fois.
Une idée, dangereuse mais tentante, l'avait motivée. Si l'autre écoutait encore, il n'y comprendrait rien.

- Tu te souviens de ce que mon ami Thémis disait avant de quitter ses parents ? Il se sentait invisible pour les autres et, quelque part, il l'était, hein ? Il avait l'impression de ne pas exister pour de vrai. Pourtant, il existait bel et bien, il était là, toujours avec nous… silencieux et discret.

Il est parti loin à la découverte du monde... on ne sait pas où il est. Mais un jour il reviendra.

Il aurait pu rester avec nous mais sa présence commençait à être gênante pour ses parents qui devaient les supporter, lui et ses coups de gueule incessants.

Tu vois, on le croit parti mais, pour moi, il est toujours là, quelque part. Il a laissé son empreinte. Je l'avoue, je me sens attachée à lui... plus que je le voudrais. Thémis n'était certes pas un garçon comme les autres... il avait son petit caractère mais je trouve qu'il était difficile de pas y être attachée. Heureusement, que toi, tu n'étais pas lié à lui comme je l'étais. Quelque part, c'était mieux comme ça...


Elle faisait semblant de parler d'un ton dégagé et de passer son short comme si ce qu'elle disait n'était pas, aux oreilles de Jörgen, qu'un amas d'inepties: "mon ami Thémis" ? "quitter ses parents" ? Elle pointa sa tête de l'index en souriant et tapota trois fois son cuir chevelu avant de lui faire un regard sombre d'une fraction de secondes quand elle lui précisa "il était là, toujours avec nous… silencieux et discret".

Tout en continuant de parler, elle s'était approchée de Jörgen et avait posé, presque sous son nez, son pied chaussé sur le drap du lit pour commencer à nouer les lacets de ses tennis d'une façon outrancière qui mettait en évidence le petit bracelet qu'elle portait à la cheville depuis le mois d'août. Mettre son pied chaussé sur le lit. En temps normal, elle ne se serait jamais permis un geste aussi déplacé et mal élevé. Jörgen le savait. Elle avait pris l'habitude de se déchausser à l'entrée de la chambre et de laisser ses chaussures près de la porte depuis qu'ils étaient revenus du Japon. Mais, comme un hasard, l'attitude malpolie survint au moment où, enfouissant nonchalamment le bracelet sous la chaussette comme pour le cacher, elle parlait de "laisser son empreinte" et d'être attaché à lui, à ce drôle de Thémis qui ne ressemblait ni de près ni de loin à celui qu'ils avaient élevé. Il devait essayer de comprendre même si tout ce charabia paraissait insensé.

- Je repense à lui car, si nous vivons ensemble un jour, j'aimerais l'inviter à dîner sans que tu sois jaloux de l'attachement étrange que je ressens pour lui. Il faudra apprendre à vivre avec et ne rien faire de stupide qui soit susceptible de... de provoquer une bagarre. Il n'en a pas l'air mais Thémis est très costaud !

Elle rit. Le rire sonna très faux mais elle n'essaya pas de corriger la tartuferie. Elle vint s'asseoir près de Jörgen où elle récupéra la nuisette avant de l'embrasser avec tendresse en attirant vers elle son visage :

- Souviens-toi bien de ces paroles, écris-les si tu as peur de les oublier et relis-les inlassablement s'il le faut: "Scheffer-O'brian-Unis-Mais-Individuellement-Sans-Espoir"... Je ne suis rien sans toi.
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