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 Painters sees everything

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Ellias MacInerty
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Ellias MacInerty


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MessageSujet: Painters sees everything   Painters sees everything Icon_minitimeMar 1 Fév - 18:15:53

Les doigts du jeune hommes se joignirent en face de son visage sans qu'il ne lâche du regard son voisin des yeux une seule seconde. Supplications et chantage n'avaient pas marché. Il devenait urgent de trouver une solution non violente qui ferait plier le vermisseau devant lui à sa volonté. Et avant huit et quart de préférence. Son autorité et son honneur étaient en jeu. S'il n'arrivait pas à se faire obéir de lui, il n'arriverait jamais à se faire obéir de quiconque.
La seule solution qu'il lui restait demeurait dans les menaces.
Il lança donc un regard sombre à son voisin et fit coulisser lentement l'assiette verte kaki devant lui sans le lâcher du regard. Plaçant ses mains de chaque côtés de la table qui les séparaient, ils se releva lentement et de toute sa hauteur. Il fit claquer le torchon à la manière d'un fouet dans l'espoir de faire peur à l'insignifiant être humain devant lui avant de la rabattre sur son épaule et de croiser les bras sur son poitrail.


• Écoute moi bien Wesley, si tu ne finis pas tes œufs brouillés avant de partir à l'école, je te les fait manger par les trous de nez et je te confisque ta collection de cartes de Chocogrenouilles. Est ce que tu es sûr que c'est ce que tu veux ?


Le petit garçon de dix ans, qui était aussi accessoirement son neveu, ouvrit la bouche pour protester en le fusillant mortellement des yeux comme s'il espérait pouvoir détruire Ellias par la force de son regard. Inutile de préciser que cela ne marcha pas et que son oncle ne bougea pas non plus d'un iota. Il sembla comprendre que la bataille était perdue d'avance et que s'il voulait garder sa précieuse collection de cartes, il avait intérêt à se tenir à carreaux et à réaliser les moindres désirs d'Ellias, dont celui en l'occurrence d'avaler ses œufs brouillés avant de partir à l'école, même s'il n'avait jamais goûté ça et qu'il pensait que c'était dégoûtant. Il baissa la tête pour regarder la nourriture encore fumante devant lui et plissa le nez en attrapant sa cuillère à côté de lui. Cette mimique fit sourire Ellias pendant un quart de seconde, il lui rappelait Livia, sa sœur, la mère de Wes. Mais le garçonnet regardant vers lui avec fureur, Ellias dut reprendre son masque d'autorité. Il le regarda mettre la cuillère dans sa bouche avec l'air d'avaler une pelletée de vers de terre avant de changer de tête quand il constata à quel point la nourriture de son oncle était tout le temps délicieuse.

• Ouah ! C''est trop bon, oncle Eli ! s'exclama t-il.

• Vraiment ? Alors peux tu m'expliquer pourquoi je suis obligée de te menacer à chaque fois que je dois te faire manger quelque chose de nouveau ?

Le gamin préféra ne pas répondre pour finir son assiette. Ellias se retourna pour nettoyer la poêle dont il s'était servi pour faire cuire le déjeuner de son neveu. Il était très fier de lui, encore une fois il avait réussi à faire avaler quelque chose à son neveu sans avoir à trop élever la voix. Encore une victoire pour lui. Il en était à 16 contre 4 pour quand Wes avait réussi à le faire craquer pour différentes choses, une sortie au cinéma, une barba-papa, un gadget quelconque et enfin l'achat de junk-food un soir. Au final, Ellias s'en sortait plutôt bien pour éduquer un môme qui avait été pourri gâté durant toute son enfance et dont les deux parents avaient disparus lors d'une expédition dans une montagne d'Europe de l'Est. Cela faisait légèrement plus de six mois que Livia et Lucas De Baenvol étaient portés disparus et qu'Ellias avait la charge de son neveu en attendant qu'ils réapparaissent.
Ellias jeta un regard à la pendule, huit heures dix. Oulàà, il allait être en retard si ça continuait comme ça.


• Bon le gnome, si t'as fini, ce serait bien d'aller enfiler tes chaussures et ton manteau.

Ellias reposa son chiffon sur le plan de travail et se rendit dans l'entrée pour se préparer à sortir, il enfila manteau et chapeau de rigueur. Il réajusta le bonnet et l'écharpe de Wesley puis ouvrit la porte et prit le sac de cours de son neveu avant de fermer à double tour derrière lui. Ils durent y aller à pied, Ellias ne possédant pas de voitures, c'était la première chose qui avait fait râler son neveu quand il avait quitté sa campagne anglaise pour venir dans la capitale. Mais heureusement pour lui, l'école à laquelle l'avait inscrit son oncle ne se trouvait qu'à une dizaines de minutes à pied. Avec son neveu en moins, Ellias se rendit à la galerie qu'il co-gérait avec une amie d'enfance, une moldue qui habitait le même village et avec qui il avait développé une immense amitié après avoir découvert que comme lui, elle adorait se faire offrir les dessins des autres pour les garder et les afficher dans sa chambre.
Vicky se tenait penchée au dessus du livre de compte, occupée à calculer à toute vitesse les recettes de la boutique sans décoller les yeux du cahier, personne en vue dans la boutique, déserte comme à chaque fois avant qu'il ne soit au moins dix heures et demie. Il s'approcha d'elle à discrètement et la salua sonorement dès qu'il fut à quelques centimètres d'elle. Il réussit son coup comme à chaque fois, elle sursauta sur son siège et lâcha son stylo. Ellias, comme le gamin qu'il était redevenu avec son neveu dans les parages, éclata de rire en s'asseyant sur la table où travaillait sa collègue. Elle râla. Comme d'habitude. Mais c'était elle qui l'avait fait venir, elle ne pouvait donc pas le chasser comme elle avait prit l'habitude de le faire à chaque fois qu'il faisait le gamin. Vicky voulait qu'il aille voir une artiste, pour lui proposer de faire une exposition. Elle avait entendu parler d'elle par la cousine de la voisine de pallier de sa meilleure amie qui lui avait commandé une toile et qui avait été ravie du résultat. Étant donné que l'artiste qu'il exposait en ce moment, un vieil homme se prenant pour la réincarnation de Pablo Picasso, n'allait pas tarder à leur faire faux bon, ils avaient donc intérêt à trouver quelqu'un, et d'urgence. C'était tombé sur Ellias pour deux raisons : la première, avec tout ce qu'il avait à faire, c'est lui qui faisait le moins de chose pour la galerie, la seconde : ils avaient tiré à la courte paille et c'était lui qui avait perdu.

Voilà pourquoi vers dix heures, il se retrouvait devant un immeuble résidentiel dans le quartier de Chelsea avec une carte à la main pour vérifier que c'était bien la bonne adresse. Il s'apprêta à appuyer sur l'interphone
'Alithéia Shelter', posé le doigt sur le bouton quand la porte s'ouvrit sur une vieille dame aux allures de dragons enragés qui le fusilla du regard avant de le pousser avec sa canne pour passer. Ellias entra après elle sans lâcher des remarques bien senties sur son comportement. Il gravit les escaliers quatre à quatre et dut s'arrêter pour souffler une fois arrivé au dernier étage en s'éventant avec son chapeau. Une raison de plus pour aimer les chapeaux, ils étaient utiles en toutes circonstances. Il avança et s'arrêta en entendant comme un grognement sourd derrière lui, il se retourna juste à temps pour voir une boule de poil rousse se jeter sur ses semelles en crachant furieusement. Le jeune homme qui avait les animaux en horreur fit un bond d'un mètre en se collant au mur du couloir pour regarder ce qui l'avait attaqué.
C'était un gros matou, mais alors vraiment très gros qui le fixait paresseusement avec ses yeux jaunes l'air de dire "Qu'est ce t'as toi ?". Il cligna puis se traîna jusqu'à une porte, enfin jusqu'à un pot de fleur violettes à côté d'une porte et commença à frotter sa tête contre les feuilles.
Ellias le regarda en haussant les sourcils, et poussé par l'instinct s'approcha à distance raisonnable de la sonnette où était inscrit le nom de celle qu'il cherchait. Il toqua à la porte qui s'ouvrit d'elle même.

Il passa la tête dans l'entrebâillement et après avoir lancé un "Y'a quelqu'un ?" de sécurité pour être sûr d'être annoncé puis entra. L'appartement était très lumineuse, la lumière blanche du matin entrait par un puit au plafond et par une large ouverture de baie vitrée donnant sur la vision d'une Tamise encombrée de bateaux. Son regard parcourut le salon, encombré de chevalet et de toiles. Il s'approcha de l'une d'elle, immense, au centre de la pièce, finie et colorée. Très belle et très originale, exactement le genre de chose que recherchait Vicky pour exposer à la galerie. Il s'en approcha un peu plus pour regarder les détails. Vraiment très joli.
Un jeune femme brune arriva dans la salle, Ellias sursauta et lâcha son panama qu'il tenait à la main. Il se baissa un peu gauchement pour le ramasser.

• Pardon ! J'ai toqué et j'ai appelé,
se justifia t-il.
La porte était ouverte et …

Il s'approcha pour lui serrer la main avant de se présenter.

• Je suis Ellias MacInerty de la galerie de West End, ma collègue vous a appelé hier pour l'exposition du mois de Février. C'est …

Il jeta un regard à la toile, impressionné par les couleurs et la technique avant de se retourner vers elle pour terminer sa phrase.

• C'est maginifique
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MessageSujet: Re: Painters sees everything   Painters sees everything Icon_minitimeMer 2 Fév - 7:07:45

C'était deux semaines après le Nouvel An. Une période plutôt calme pour donner des cours de dessin ou vendre des toiles. J'avais affronté la colère de mon dernier commanditaire la veille par conversation téléphonique interposée. Dans mon agenda, son nom - Jeffrey Hurrey Villefroy - n'apparaissait que trop souvent à mon goût. Quant à ses motivations, elles ne changeaient pas d'un iota. De toute façon cela n'avait pas d'importance, je refusais de me plier à ses exigences. Point à la ligne.

Je suis artiste peintre et dessinatrice. Je vis de mon art. Parfois je traverse des phases de creux. Des moments où les commandes se font rares, où l'évolution des modes vous exclue des salons. Des passages mortellement ennuyeux. Non, morts tout court. Voilà comment j'en étais venue à accepter de peindre ce que m'avait demandé Mr Jeffrey Hurrey Villefroy, fils du défunt patron industriel moldu du même nom. Une toile de deux mètres de haut sur trois mètres cinquante de large. Si je n'avais habité le dernier étage haut de plafond d'un immeuble moderne à Chelsea, l'exercice se serait révélé inconfortable. Hélas, l'architecture s'était liguée contre moi.
Mais oui, bien sûr !

Le sujet ? C'était à pleurer. Ou rire. Voir les deux en même temps. Mr Jeffrey Hurrey Villefroy senior était décédé huit mois auparavant suite à un infarctus. L'enterrement avait eu lieu dans un petit village provençale français, et l'honorable macchabée devait reposer dans le cimetière familial situé à l'extrémité d'un vaste parc arboré. La cérémonie fut grandiose. Clinquante, pompeuse, guindée, obséquieuse à souhait. Un rassemblement huilé et gratiné comme les aiment ces gens haut-perchés. Jeffrey junior avait engagé le meilleur photographe de la région pour immortaliser l'instant où, cercueil en terre, il pourrait fièrement sortir de l'ombre de son père.

Je vous épargne les détails ? Allez, faites preuve d'imagination. Un patron industriel décédé, dont l'entreprise marchait très bien. Une famille aimante et unie, très très nombreuse, fidèle au poste, petit doigt levé. Des toilettes endeuillées de grands couturiers, de belles paroles et un laïus religieux à faire pâlir de jalousie les bigots fanatiques du coin. Aujourd'hui encore, je me demande pourquoi Jeffrey ne s'est pas contenté de sa photographie à mille cinq cents euros pièce. Et pourquoi il m'a contactée moi, pour reproduire le rectangle glacé sur la toile immense posée debout au milieu de mon atelier.

J'ai toujours la photographie scotchée - oui oui, scotchée, eh eh - sur le réfrigérateur de ma cuisine. Moi je n'ai aucun respect ? Je me fais déjà suffisamment violence pour ne pas y mettre le feu, croyez-moi. Mais force m'est d'admettre que sans cette fichue épreuve, le contenu de ma toile perd une partie de ce qui fait son charme... Et le malheur de son commanditaire.

Je décollais mes reins du comptoir américain qui marque la séparation entre mon séjour-atelier et la cuisine. Ma tasse de café finit encore pleine dans l'évier. J'en avais bu deux au cours de la nuit tout en posant les dernières touches de fusain à un portrait en cours. Juliette, la fillette du jeune couple au rez-de-chaussée, était on ne peut plus radieuse quand l'aube avait pointé le bout de son nez à travers les différentes fenêtres qui encerclaient mon atelier. Pendant que la cafetière roucoulait noire au bout du comptoir, je m'étais changée au profit d'une chemise blanche, d'une longue veste en laine bleu marine, et d'un jean moulant naturellement usé aux genoux. Il écopait de taches peinturlurées indélébiles au hasard de ma créativité ; aussi ne le portais-je que quand j'étais certaine de ne recevoir personne ou quand je barbouillais.

A mes pieds, mon chat Coriolis gobait ses croquettes et ronronnait dans mes pantoufles. Ce félin roux tigré fait quatre fois la taille d'un matou normal. Un jour on devra creuser entre les plis de son triple ventre et les touffes de poils angora pour retrouver ses pattes. Il était déjà ainsi lorsque je l'ai adopté. Sale excuse ? Non sans rire, c'est la stricte vérité. Les anciens propriétaires de l'appartement vendaient la bestiole avec les locaux. Plus l'orchidée violette qui orne la petite niche décorative, sous la sonnette à côté du seuil d'entrée.

Coriolis voue un culte à cette plante verte. En un sens - étroit et unique - je peux le comprendre. Ces fleurs sont magnifiques et nécessitent peu d'arrosage, donc peu d'attention. Un bon point pour moi qui n'y connait rien en spécimens exotiques. Par ailleurs, cela ne lui rend pas service pour deux sous. On me rend souvent visite à domicile. Son instinct de co-propriétaire étant ce qu'il est, ce chat terrifie tous mes invités lorsqu'ils marchent trop près du mur contenant la niche sacrée. Car ce que peu de gens savent, c'est que Coriolis est apeuré de voir quiconque abîmer son amie à feuilles. Du jour où je le menaçais de laisser Dame violette déssecher par les racines, mon colocataire à fourrure cessait de dévaster mon atelier, lacérer mes toiles et vomir partout jusque sur mon oreiller; oui cette fois-là, un lien fort, indéfectible, se créa entre lui et moi.

Peut-être que si je confiais aux bons soins de Coriolis la surveillance de la fameuse toile de Discorde pendant sa livraison, en lui faisant croire que Jeffrey retenait Dame Violette en otage, il me débarrasserait du bonhomme une fois le paquet arrivé à destination. A réfléchir.

Je croisais alors les yeux jaunes intelligents du félin. Pauvre vieux matou. Ou pas. Il se hissa sur ses quatre pattes et fila - non, 'filer' est un verbe indécent pour qualifier cette action. rectification !'rampa'- du côté de l'entrée sans passer par l'atelier. Sacrée coïncidence !

Je le suivis de peu. 8h du matin, chaque jour, je le laissais sortir sur le palier afin qu'il tienne compagnie à sa plante. C'était rituel. A cet étage - j'en étais la seule occupante - il ne dérangeait personne. En théorie.

A priori, je n'attendais personne aujourd'hui. Rester seule allait être délicieusement agréable. Une pile d'enveloppes m'attendait sur la console en verre près de la porte d'entrée. Mes mains les saisirent maladroitement. J'avais quitté Paris l'avant-veille au terme d'un séjour d'un mois dans la capitale française. Il était temps de reprendre ma vie londonienne humaine là où je l'avais lâchement abandonnée... J'allais m'installer confortablement dans la plus petite des cinq pièces de mon appartement. Celle qui, accessoirement, me servait de bureau, pour lire mes correspondances. Malgré la force de cette résolution, je m'endormis sur un courrier publicitaire.

• Ya quelqu'un ?


Le bruit me tira des bras de Morphée. Mes yeux balayèrent le dernier courrier ouvert. On n'avait pas idée d'écrire un pavé pour vanter les mérites d'un foutu micro-onde multifonctions. A fortiori si ce dernier ne descendait pas les poubelles à votre place !

Je me levais et filais vers la source vocale. J'avais l'esprit trop embrumé pour me poser la moindre question. Mieux valait aviser en direct.
Le petit couloir qui desservait la salle de bain, la chambre à coucher, et mon bureau longeait le mur partiellement cloisonné de l'atelier. Mais ce n'est qu'en arrivant face à la porte d'entrée que je remarquais mon visiteur impromptu planté devant ma commande problématique. Je suppose que je ne pouvais pas décemment lui en vouloir. Si tout comme ce jeune homme, j'étais parvenue à franchir une farouche sentinelle ès Coriolis au péril de mes mollets, je me serai également permise d'entrer tel Alexandre le Grand en terrain conquis.

A mon plus grand amusement, son nez s'approcha de la toile. Comprenait-il ce qu'il voyait ? Serait-il choqué par l'indécence de la scène telle que je l'avais transcrite ? Rejoindrait-il l'avis outré de Jeffrey qui depuis plus d'une semaine m'exhortait à repeindre différemment sa commande ou le laisser l'acheminer jusqu'en Provence pour l'y détruire en bonne et due forme ? Mes pantoufles firent grincer le parquet à mon arrivée.

L'inconnu surpris en lâcha son...? Etait-ce bien un authentique panama ? Mon visiteur devait être sorcier ou humain très excentrique pour afficher un goût si particulier par les temps qui couraient. Personnellement, j'aime les chapeaux. Le sien était classe !

• Pardon ! J'ai toqué et j'ai appelé,
se justifia t-il. La porte était ouverte et …

Nous nous serrâmes la main. Puis il se présenta.

• Je suis Ellias MacInerty de la galerie de West End, ma collègue vous a appelé hier pour l'exposition du mois de Février. C'est …

Je n'avais aucun souvenir de l'appel de sa collègue. Remarquez, le dernier coup de téléphone reçu avait été celui de Jeffrey. Notre conversation s'était révélée cataclysmique. Rien d'étonnant à ce que ma mémoire ait éclipsé le reste. La mienne est du genre rancunière et sélective. De toute évidence, Mr MacInerty disait la vérité. J'ai un sixième sens pour déceler le vrai du faux. Et ce type ne mentait pas. Pas encore. Du coup il m'était déjà sympathique ( le chapeau c'était bonus ! ) Allez savoir pour combien de temps ?

• C'est magnifique


Si jeune et si naïf. Mr MacInerty m'arracha un drôle de sourire. Il s'exprimait avec sincérité. Visiblement, à ses yeux, la scène évoquée par ma toile, pleine de vie et de couleurs, de personnes touchantes et presque heureuses, formait un ensemble harmonieux. Une assemblée soudée autour d'un Jeffrey confit par l'hypocrisie d'une tristesse somme toute pathétique qui congestionnait son visage sanguin larmoyant. D'entre tous, il était le seul à ne pas dévoiler son soulagement et son contentement au grand jour. Un comble pour l'héritier de feu Jeffrey Senior. Même la femme de ce dernier respirait le bonheur derrière sa voilette noire ! Avec le prêtre auréolé de gentillesse, on se serait cru à un pique-nique de village organisé au terme d'une messe.

Si j'avais délibérément représenté la scène ainsi, cela résultait de ce que j'avais ressenti et décrypté sur la photographie où une scène physiquement similaire affichait pourtant - cloisonnée par les usages et le qu-en-dira-t-on - une toute autre version (nettement plus tragique) du même enterrement.

Ce qui ne variait pas de la toile à la photographie ? Le visage dubitatif d'un petit garçon de sept ans placé au premier plan sur la droite, debout devant la pierre tombale. Il en cachait une bonne partie dont l'épitaphe. Si bien qu'on pouvait douter de la nature du funèbre monument. Sa bouille adorable semblait dire : "Il ne nous me manquera pas vous savez ? Il était bien trop méchant."

Les jeunes enfants expriment toujours la vérité. Peu importe comment ils s'y prennent, ils savent y faire. C'est l'une des nombreuses raisons pour lesquelles j'aime les enfants. Et puis... Souvenez-vous, je repère le vrai du faux. Pour ne garder que le vrai. Et c'est toujoursla vérité que je peins.

Je filais vers le comptoir, gagnais la cuisine et décrochais la photographie du réfrigérateur pour retourner la tendre à mon visiteur. Une courte phrase expliquait le contexte, date et nom du défunt inclus au dos de l'épreuve.

- Prenez le temps d'observer cela. Peut-être aurez-vous un tout autre jugement ensuite. Très franchement, la personne qui m'a commandé cette toile est furieuse contre mon travail. D'ici une ou deux semaines, ce n'en sera probablement plus qu'un simple souvenir une fois arrivée à destination.

Je haussai les épaules. J'en avais soupé de Jeffrey Junior et de ses désidératas de bourgeois pseudo raffiné et amateur d'art. Quoi qu'il en dise, cet enterrement provençale n'avait été que mascarade à laquelle je refusais de me prêter, fusse-t-elle à retardement dans mon cas. Et quand bien même ! Etre conciliante ne fonctionnerait pas mieux ! J'étais incapable de mentir. Le résultat serait pire, plus indécent encore !

Voir caricatural et irrespectueux. J'aurai beau faire, repeindre la chose, je ne pourrai transmettre que le soulagement sincère et la libération occasionnées par le décès de Jeffrey sénior parmi ses proches et autres connaissances.

C'était à prendre, à laisser, ou à cramer. Point barre.

La galerie de West End, hein ? J'étais curieuse de voir comment réagirait Mr MacInerty à présent.
Au pire, si sa collègue et lui-même décidaient de tenter l'aventure avec moi, ils ne pourraient pas prétendre que je ne les avais pas avertis.



Dernière édition par Alithéia Shelter le Sam 12 Fév - 19:45:44, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Painters sees everything   Painters sees everything Icon_minitimeMer 2 Fév - 15:56:25

La jeune femme disparut dans la cuisine , Ellias eut peur de l'avoir froissé d'une manière ou d'une autre, pourtant il avait été poli. Certes son salut avait été un peu ... bizarre, mais les artistes étaient réputés pour l'être, non ? Et puis, bon il avait du avoir l'air d'un parfait idiot mais il avait complimenté la jeune femme sur son tableau, pas insultée ni rien, alors pourquoi avait-elle ainsi tourné les talons. Il la regarda revenir avec un bout de papier brillant dans les mains. Qui se révéla être en fait une photographie assez sombre de ce qu'il pouvait distinguer de loin. Bon, elle avait attrapé une photo, peut-être que finalement, il n'avait rien fait pour l'offusquer. Ellias savait que parfois, il paraissait assez étrange, enfin c'était comme ça que chacun de ses amis l'avaient décrits quand ils l'avaient rencontré pour la première fois mais, même s'il s'était montré assez rapide dans sa manière de la saluer et sa façon de sursauter n'avait pas du lui faire gagner beaucoup de points : il avait dû avoir une attitude de quelqu'un qui a quelque chose à se reprocher mais quand même.
Elle revint pour lui tendre ladite photo. Il baissa rapidement les yeux sur elle avant de reporter son regard sur la jeune femme.

- Prenez le temps d'observer cela. Peut-être aurez-vous un tout autre jugement ensuite. Très franchement, la personne qui m'a commandé cette toile est furieuse contre mon travail. D'ici une ou deux semaines, ce n'en sera probablement plus qu'un simple souvenir une fois arrivée à destination.

Ellias la dévisagea, généralement, il arrivait à cerner les gens du premier coup d'œil, même de parfaits inconnus, par malchance, il tombait souvent juste et cela embarrassait les gens qu'ils rencontraient. A croire que parce qu'il arrivait à lire en eux comme un livre ouvert, le jeune homme pouvait être un danger pour eux. Bref il détailla son mouvement d'épaule ainsi que toute sa personne avant de faire semblant de se concentrer sur la photographie.
La jeune femme semblait avoir son âge, et aussi ... contrariée, et par son tableau, sinon elle ne lui aurait jamais donné la photographie. Tout ça à cause de son employeur. Elle n'aurait pas du, le tableau était bien plus beau que la photographie. Ce qui lui rappela qu'il pouvait comparer la photo avec sa toile. C'était un enterrement, pas très gai tout ça. Il fallait avoir une sacrée bonne raison ou être assez dérangé pour commander une scène qui soit ... Enfin, généralement les enterrements rappelaient de mauvais souvenirs, le décès de quelqu'un que l'on aimait, normalement. Mais ce n'était pas son job de comprendre les raisons qui poussaient les clients à demander des toiles singulières. Lui, il devait juste trouver quelqu'un à exposer. Qui ai assez de talent pour pousser les amateurs d'arts à venir visiter leur galerie.

Il redevint en quelques secondes l'agent acéré envoyé par "la Furie" comme il appelait Vicky quand elle était stressée, furieuse ou quand elle avait mal au crâne. Le tableau différait complètement de ce qu'il était censé représenter. C'est vrai que la photo faisait penser à une vraie scène de théâtre, un simulacre de peine. Cela fit penser à Ellias à une histoire. Dans l'Antiquité, pour les enterrements, des femmes étaient engagées pour y assister, on les appelait les "Pleureuse", et étrangement, c'était à ça que lui faisaient penser les femmes sous leur capeline à voile noir. Mais si la photographie atténuait un peu cette apparence, le tableau de Mlle Shelter le faisait vraiment ressortir. Ce qui n'avait pas vraiment dû faire plaisir à celui ou celle qui avait commandé le tableau, surtout s'il voulait qu'elle ressemble à la photo. Les personnages de la toile n'apparaissaient que plus ridicules, plus ... faux. Mais si j'avais été le commanditaire, je me serais méfié, on paie les artistes pour qu'ils peignent le monde comme ils le voient, pas comme le voient le commun des mortels tels qu'Ellias par exemple.

Si le sujet n'était pas respecté, la technique était au contraire parfaitement exécuté. La touche et la teinte étaient originales. Ce que l'on ne trouvait pas chez tous les peintres qui se proclamaient artistes parce qu'ils étaient capable de tenir correctement un pinceau. Ce qui frappa le jeune homme, c'est qu'il était bon pour avoir une petite augmentation s'il arrivait à convaincre la jeune femme d'exposer dans leur galerie, et cela le réjouissait au plus haut point. Avec Wesley à charge qui mangeait comme deux à chaque repas, il avait vraiment besoin d'argent (et de patience) pour acheter (et faire manger) des fruits à ce gamin. ans compter le nombre de Chocogrenouille qu'il arrivait à lui extorquer par les pires bassesses imaginables, telles que lui même était incapable d'utiliser.

Il fallait vraiment convaincre cette jeune femme, même si pour ça il devait employer les viles techniques de son neveu et aller à l'encontre de la technique que lui avait fait apprendre Vicky 'convaincre un artiste sans lui dévoiler qu'il a du talent'. Les flatteries pour commencer en douceur. Les gens aimaient bien être flattés en général, ce que raffolait faire Ellias, surtout si en plus il pensait que la personne à flater avait un véritable talent.

• Ca me fait penser à un tableau français. D'un grand peintre réaliste, dit-il en s'approchant encore de la toile pour la détailler plus à son aise maintenant qu'il y avait été autorisé. Un grand format comme celui ci, 3m sur 6. Personnages en pied, une teinte froide, disposés en ligne en attendant que le mort soit enterré.

C'était un des tableaux qui l'avait le plus marqué dans les livres d'arts que Vicky et Ellias feuilletaient dans la minuscule bibliothèque du village qui était ouvert quatre heures chaque semaines. L'enterrement à Ornans, de Gustave Courbet. Et sachant que le commanditaire était furieux contre la peintre, Ellias trouva subitement plus de points communs à ses deux œuvres que la taille et le sujet. Ils avaient dû faire beaucoup de recherches pour connaître l'histoire de ce tableau, mais au final, Vicky et lui avaient été content de connaître son origine, car elle leur avait révélé beaucoup de chose sur la peinture. Les deux gamins qu'ils étaient à l'époque avaient finalement compris que décoder une toile, il fallait en connaître l'histoire.

• Courbet, un grand peintre réaliste qui adorait aller à l'encontre des autres a peint une scène d'enterrement, mais étrangement, ce tableau qui était une splendeur de technique, il ne fut jamais accepté dans aucun des salons universels qui se tenaient à l'époque.

Il se tourna vers elle avec un sourire. Elle avait vraiment une tête de peintre : de ses mains fines aux tâches de peintures sur ses genoux. Il se retint de la détailler en détail pour éviter de la mettre mal à l'aise. Il haussa les sourcils, un tic dont il n'arrivait pas à se débarrasser depuis ses années d'études à Poudlard et qui lui valait, en retour des siennes, beaucoup de blagues de sa collègue qui ne cessait de lui faire remarquer que s'il continuait il serait aussi ridé qu'une vieille pomme à trente ans. Sans être omnibulé par son apparence, il n'avait pas non plus envie de ressembler un papi tant qu'il était encore jeune. Il venait juste de finir ses études dans la filière Clover Spring et juste de rentrer dans la vie active, et était encore très loin de la trentaine. Surtout, qu'en plus de Vicky, Wesley s'y était aussi mit récemment à lui faire des remarques comme : " Quand tu fais cette tête là, tu me rappelles le Albus Dumbledore sur ma carte de Chocogrenouille ". Ce à quoi Ellias ne savait pas s'il devait rire ou hurler.

• Mais il se laissa pas abattre, alors que le gouvernement avait installé un pavillon pour les Beaux-Arts, il décida de se créer un pavillon rien qu'à lui à quelques rues de l'endroit où étaient les autres, et il amassa beaucoup de gens pour ses toiles. La vôtre a autant de potentiel. À la différence, que les personnages avaient vraiment une tête d'enterrement,
ajout t-il avec un sourire. Ils ne rayonnaient pas de joie. Mais c'est très … original je dois dire.

Oui, bon, il ne fallait pas non plus qu'Ellias s'éloigne trop du sujet principal, l'objectif de la journée était quand même de convaincre Alithéia de rejoindre le navire. Il rangea son chapeau dans son sac en bandoulière et se retourna une fois encore vers elle. Maintenant qu'il n'avait pas suivit les conseils de Vicky et qu'Ellias avait clairement exprimé son admiration pour sa peinture autant tenter de parler de cet engagement qu'elle prendrait avec eux.

• Bien, je gère avec ma collègue Victrolla Meyer une galerie d'art sur West End comme je l'ai dit tout à l'heure.

Tout en disant ça, il sortit la brochure à donner en circonstance, avec le plan, quelques mots sur l'histoire de leur entreprise et quelques photos de la boutique à divers vernissages. Vicky apparaissaient sur quelques unes en grande discussion avec des mécènes londoniens ou des comédiens célèbres. Et tout ça grâce à Vicky, pendant que le jeune homme étudiait la magie, qui au final ne lui servait plus beaucoup maintenant qu'il avait entamé sa vie active ( la seule fois où il l'utilisait c'était lors de ses services à St Mangouste ), Victrolla était allée dans une école d'art, même si elle s'était révélée être une piètre peintre, elle avait néanmoins appris qu'elle voulait passer le reste de sa vie entourée d'art. Bref, ses anciens camarades avaient été les premiers à être exposé dans sa galerie, et par un coup du hasard, tous les petits amis qu'elle avait eu avaient révélé avoir un lien avec tel ou telle personnes à la mode qui connaissait machin et bidule.

• Nous avons une clientèle très diverses puis que nous recevons dans nos locaux des peintres et des clients Moldus ou sorciers. Pour nos vernissages, nous avons beaucoup de mécènes et de personnes influentes qui viennent, ce qui fait beaucoup de pub pour les artistes exposés. Si ça vous intéresse, nous pouvons commencer à nous arranger pour ce que vous toucherez.


Pendant qu'elle se penchait sur la brochure il en profita pour regarder autour de lui, jeter un dernier regard à la peinture et enfin détailler la jeune femme. Elle était peut-être plus jeune que lui en fait, une moldue, certainement, car il connaissait pratiquement toutes les personnes qui avaient été allée à Poudlard dans la même année que lui où autours, même si ce n'était que de vue. Et il ne l'avait absolument jamais vue. Ellias en était absolument certain, il avait une excellente mémoire visuelle.

Mais sorcière ou pas, elle était plutôt canon, mais il y avait quelque chose qui clochait chez elle. Il eut du mal mais finalement réussi à mettre le doigt dessus, elle avait l'air de quelqu'un d'un peu trop honnête pour être comme tous les autres humains.

• A mon avis, vous devriez vraiment nous laisser exposer vos toiles si personne ne le fait, vous avez vraiment du talent. Et ce commanditaire pas content n'y connait absolument rien.


Ellias essayait de se montrer sympathique histoire de montrer qu'il n'était pas un de ces commerciales assoiffés d'argent et de pouvoir prêt à extorquer n'importe qui. Dans un sens, il l'était un peu. Ça, Ellias ne pouvait pas le nier, il était vraiment capable de faire n'importe quoi quand il voulait quelque chose mais se montrait odieux quand il ne pouvait vraiment pas supporter la personne qu'il voulait plumer.

• Bon, évidemment, je n'ai pas fait d'études d'art ni rien … mais je pense avoir vu assez d'art dans ma, bon disons le, courte carrière, pour savoir ce qui a de la valeur.

Le jeune homme se remit à sourire en ... haussant des sourcils, pour donner une image avenante à sa demande. Puis se souvenant d'un infime détail dans ce qu'avait dit la jeune fille quand elle lui avait mit la photographie entre les mais.

• Par curiosité, pourquoi est ce que ce tableau ne sera bientôt plus que

Il fit des guillemets avec ses doigts.

• Qu'un souvenir ?
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MessageSujet: Re: Painters sees everything   Painters sees everything Icon_minitimeVen 4 Fév - 0:00:38

Ils ne rayonnaient pas de joie. Mais c'est très … original je dois dire.

Oui oui oui... Autant pour la petite histoire, je la connaissais déjà. Mon amie Isabelle était une fan de Courbet. Mais bon, elle aimait aussi Ingres, alors on pouvait douter de son objectivité en la matière. Je veux dire, ok, Courbet était doué. Mais Ingres ! Sa grande odalisque n'est même pas humaine telle qu'il l'a peinte. Pas besoin d'avoir fait médecine pour constater que l'artiste a allègrement repoussé les lois naturelles et lui a ajouté des vertèbres supplémentaires afin d'accroître sa sensualité dorsale. Mais bon, tous les goûts sont dans la nature, pas vrai ? J'en suis venue à me demander s'il n'a tout bêtement peint ce qu'il a vu. Peut-être l'odalisque était-elle non humaine ? Sorcière avec un sort de métamorphose raté permanent ? Mouahaha ! Mon esprit s'évada du sujet. Jusqu'à ce qu'Ellias MacInerty nous ramène à l'endroit précis où il voulait que nous en venions.

• Bien, je gère avec ma collègue Victrolla Meyer une galerie d'art sur West End comme je l'ai dit tout à l'heure.


Fort bien. Personnellement, j'étais soulagée de reléguer ma dernière toile à l'arrière plan. Elle pourrissait mon quotidien depuis trop longtemps.


• Nous avons une clientèle très diverses puis que nous recevons dans nos locaux des peintres et des clients Moldus ou sorciers. Pour nos vernissages, nous avons beaucoup de mécènes et de personnes influentes qui viennent, ce qui fait beaucoup de pub pour les artistes exposés. Si ça vous intéresse, nous pouvons commencer à nous arranger pour ce que vous toucherez.


Je devais admettre une chose à son encontre. Il savait arrondir les angles, polir les arrêtes, et s'il lui avait été permis de huiler l'ensemble pour mieux faire rouler sans grincement ses affaires, il n'aurait pas hésité. Je l'imaginais face à mon client irascible. Cela me fit sourire.
Une brochure échoua bientôt entre mes mains. Habile troc contre la photographie ? Et pourquoi pas ! Le document révélait les noms des habitués, les artistes déjà présents, les noms des collègues de mon visiteur...


• A mon avis, vous devriez vraiment nous laisser exposer vos toiles si personne ne le fait, vous avez vraiment du talent. Et ce commanditaire pas content n'y connait absolument rien.


Je m'absorbais dans la contemplation du texte de présentation. Ben tiens !
Il y avait définitivement quelque chose chez mon interlocuteur. En temps normal, la réponse 'non, je ne suis pas intéressée' fuse après les demandes que l'on m'adresse - toutes voies de communications confondues. Mais pas dans ce cas-là. Oui j'allais lui dire non. ( sans mauvais jeu de mots) Je cherchais juste un moyen pour causer le minimum de dégâts.

• Bon, évidemment, je n'ai pas fait d'études d'art ni rien … mais je pense avoir vu assez d'art dans ma, bon disons le, courte carrière, pour savoir ce qui a de la valeur.

Il eut un sourire charmeur - ce type souriait comme s'il savait l'effet de confiance et de sympathie que ça produisait sur la plupart des gens. Je craignais presque de lui exprimer ma façon de penser. S'il pouvait déployer tant de charme pour ma pomme, la simple idée de ce qu'il pourrait transmettre quand il aurait ou non mon aval m'effrayait sensiblement. Dans l'expectative, je conservais mon calme, agrémenté d'un sourire discret.

• Par curiosité, pourquoi est ce que ce tableau ne sera bientôt plus que


Mes zygomatiques se figèrent net. Je sentis mes lèvres se pincer. Une grimace naquit sous mon nez sans que je puisse l'empêcher.

• Qu'un souvenir ?

Je réprimais l'explosion de paroles qui voulait jaillir par mes cordes vocales en toussant dans mon poing. Bon sang ! Les questions directes avaient le don de me secouer dans tous les sens du terme. Mon esprit clignotait sur un signal d'alarme rôdé qui disait en filigrane dans mon cerveau : réponds réponds réponds...
La réponse ne risquant pas de me mettre dans une position délicate, j'aurai pu me soumettre à l'impulsion sur le champ. Mais par prudence et habitude, je décidais de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de m'exécuter.

*

Premier tour...

Cela peut vous paraître dingue. Ou pas. Après tout je suis une artiste, oui ? Les excentricités, c'est banal pour quelqu'un comme moi. On n'est pas tous ainsi, rassurez-vous, mais j'admets connaître dans le milieu un certain nombre de 'cas'. Je ne faisais pas exception à ça. On pouvait même affirmer que j'en tenais une couche solide, bétonnée, depuis des années. Enfant j'étais déjà ainsi. Mais ça ne m'était pas venue naturellement. Eh oui ! J'ai une excuse ! Certificat médicomagique à l'appui pour étayer mes dires.( Le temps est une variable relative à chacun d'entre nous. J'ai largement le temps de vous faire un topo avant de répondre à Mr ici présent.)

Deuxième tour...

Quand j'étais petite, cinq ans environs, j'ai surpris ma mère avec un inconnu, à la sortie de l'école. Nous vivions en France, Papa et elle étaient toujours mariés à cette époque. Katerina ma grande sœur avait deux ans de plus que moi. C'était suffisant pour qu'elle suive la classe dans une autre section scolaire. J'usais les bancs du CP, elle culminait côté CE2. Wouah ! A cette époque donc, je savais à peine lire. Mais ça ne faisait pas de moi quelqu'un de stupide. Oui j'étais naïve, comme tous les gosses de mon âge. J'ai naïvement pensé que Kate pourrait m'expliquer pourquoi Maman insérait sa langue dans la bouche d'un inconnu alors qu'elle était mariée et supposée aimer mon Papa, figure d'autorité qui pour moi était le plus-fort-du-monde-de-toute-la-galaxie-même-si-je-savais-pas-ce-que-ça-voulait-dire-galaxie.

Troisième tour...

Après avoir fait mes devoirs, j'avais posé la question à Kate. Elle passait son temps à me dire : tu utilises des mots que tu sais même pas la définition ! Évidemment, chaque fois elle me récitait son savoir, donc j'étais sincèrement persuadée que Kate détenait cette singulière réponse. Hélas, Katerina se retrouva aussi démunie et perplexe que moi. Elle ne supportait pas cette sensation. Alors elle fit ce que font certaines personnes dans sa situation.
"Tu dis que des bêtises ! C'est même pas vrai !" s'écria-t-elle.
"Mais si ! Je dis la vérité ! Je les ai vus !" répliquai-je du haut de mes trois pommes et demi ( j'insiste sur le et demi )
Elle poussa le cri-de-guerre-amazone-de-la-mort-qui-tue et me pourchassa à travers la maison.
"Retire ce que tu as dit ! C'est des mensonges !" criait-elle.
J'avais un instinct de préservation très développé pour mon âge. Je filais droit sous les jupes de ma mère.


Quatrième tour...

D'habitude, à cette heure-ci, elle touillait ses potions à la cave. Oui, ma mère, contrairement à mon père, est une sorcière. Un maître de Potion. Elle avait choisi de travailler à domicile pour pouvoir s'occuper de nous, car mon père était un scientifique bossant jusque très tard le soir dans un laboratoire moldu.
Ce jour-là, elle devait préparer une importante quantité de veritaserum. Dans la cave mijotait son plus gros chaudron sur un feu violet de toute beauté. Je déboulais dans la pièce au moment où elle se tenait au fond du jardin à cueillir de quoi achever sa mixture. Pas de jupe où se cacher cette fois-ci. En revanche, ma sœur était sur mes talons. Elle entra peu après moi et me sauta dessus.
"Maman dit toujours qu'on ne doit pas mentir ! T'as pas le droit, c'est elle qui l'a dit !"
Non sans blague, quelle partie de ce que je lui avais dit n'avait-elle pas compris ? Je ne mentais pas !


Cinquième tour...

"Je ne mens pas !"
"Si"
"Non"
"Si ! Et tu sais ce qui arrive aux menteurs, Ali' ? On leur fait boire du Sérum de vérité et ensuite ils sont forcés d'avouer !"

Elle me souleva à bras le corps. On savait toutes les deux ce que contenait le chaudron. J'étais trop petite pour atteindre le bord. Mais ça ne présentait pas de difficulté pour Katerina. Elle était grande pour son âge. Peut-être pensait-elle me faire boire la tasse en me plongeant la tête dedans. Elle n'avait juste pas prévu que je me débattrai si fort. On perdit l'équilibre, elle tomba dangereusement près des flammes. C'est là que survint son premier accident magique. Elle me repoussa, me fit léviter, puis perdit le contrôle. Je basculais tête la première dans le récipient gargantuesque.


Sixième tour...

Je garde peu de souvenirs de ce qui se passa ensuite. Le fait est que depuis ce jour, j'ai changé. Je suis devenue... Excentrique. Je ne peux pas mentir, je ne peux même pas m'offrir le luxe de réserver mon jugement. On me pose une question ? quoi qu'il advienne, je suis forcée d'y répondre. J'ai développé des techniques pour écarter l'étau, mais les séquelles de mon accident sont ce qu'elles sont. Je fais ce que je peux. C'est rarement assez pour m'éviter des tas d'ennuis. Comment allais-je expliquer à Ellias... Que la raison pour laquelle je ne pouvais signer avec sa galerie d'art... était liée à mes séquelles et au devenir de la toile trônant en arrière plan dans mon atelier ?


Septième tour...

Tout sympathique soit-il, il restait pour moi un inconnu. Quelqu'un de bougrement doué pour vous manœuvrer dans ses campagnes de publicité. Mais une personne dont j'ignorai presque tout. Sauf l'honnêteté engagée dont il avait fait preuve jusqu'ici. Ma décision était prise. Je lui dirai la vérité. Et je tairai le reste s'il m'en laissait la possibilité.

*


- Ce tableau ne sera bientôt plus qu'un souvenir car mon commanditaire refusera de le conserver dans ses effets personnels tel qui est. En fait, il m'a avoué par téléphone qu'il le brûlerait plutôt que de l'accrocher ou même de le stocker parmi les mites et les chauves-souris de son grenier. Je ne compte pas l'en empêcher. Lui et moi avons signé un contrat dans lequel je renonce à mes droits d'auteurs sur cette œuvre. Il est libre de la garder, de la planquer dans un bunker, de la cramer si ça lui chante.

Je pouvais sentir mon être se détendre suite à la vague libératrice de mes paroles au fur et à mesure qu'elles sortaient de ma bouche. L'étau s'évanouissait. Si je le désirais, je pouvais m'en tenir là. Nul molécule tordue de mon organisme ne m'en tiendrait rigueur.

- Je vis pour l'art, Mr MacInerty. Et l'art me fait vivre. Cela va faire cinq ans que je procède ainsi. Du moment que mes commandes sont exécutées, payées et livrées, le reste me passe au-dessus de la tête. Je ne cours pas après la célébrité, et pour tout vous avouer, je n'ai jamais participé à une seule exposition de toute ma vie.

Je repensais à toutes ses brochures échouées au gré de mes ordures ménagères. Celle que je tenais entre mes mains, finirait-elle sous une montagne de marc de café avec des conglomérats de vomi de Coriolis et un reste de déjeuner moisi et desséché qui n'avait jamais paru aussi vivant que depuis que la vie débordait par tous les interstices du récipient qui le contenait, à l'intérieur de mon réfrigérateur ?

Le doute s'insinua à peine en moi. J'aurai tout le temps de l'éradiquer plus tard, à tête reposée.











Dernière édition par Alithéia Shelter le Sam 12 Fév - 19:48:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Painters sees everything   Painters sees everything Icon_minitimeSam 5 Fév - 13:16:53

Pour être honnête, Ellias n'écouta pas grand chose après que la jeune femme ait dit qu'elle avait crée une œuvre superbe pour que son commanditaire la fasse cramer dès qu'elle arriverait chez lui. Comment pouvait-on être aussi idiot ? Cela échappait tout simplement à Ellias. Mais lui l'avait appris quand il était plus jeune, un peu rudement pour dire vrai mais c'était quelque chose qu'il n'avait pas oublié. Respecter le travail d'autrui même si à ses yeux ça ne vaut pas un gribouillis de bambins, et vous pouviez le croire, Ellias en avait un nombre imposants de "tableaux" que lui avait offert bien gentiment son neveu quand celui ci portait encore des couches. C'était sa sœur qui le lui avait appris, celle-ci avait été une barbare en pitance avant de devenir une jeune femme respectable et élégante. Quand Ellias avait rencontré celui qui devait devenir par la suite son mari, il avait, prié pour le pauvre malheureux, et tenté de lui faire voir la vraie nature de sa sœur, et celui-ci n'avait accepté de le croire que lorsqu'Ellias avait ressorti les vieux films de leur enfance sur lesquelles on voyait parfaitement son adorable sœur lui faire manger la terre, au sens premier du terme.

Il recommença à écouter miss Shelter alors qu'elle finissait sur un " … ne cours pas après la célébrité, et pour tout vous avouer, je n'ai jamais participé à une seule exposition de toute ma vie."
Alors le visage du jeune homme se fendit d'un immense sourire rayonnant qui n'avait pas prémédité pour sa quête de séduction de potentiels artistes engagés. Il entrapercevait enfin une nouvelle occasion de la convaincre de rejoindre leur bord.

• Et bien si ce n'est que ça on peut toujours s'arranger ! s'exclama t-il en s'efforçant au mieux de brider son sourire.

Bon, évidemment, vu ses résultats, il valait mieux s'en référer aux méthodes que lui avait filé Vicky tout les modifiant un peu pour qu'elle s'adapte au profil de Miss Shelter. Ellias les connaissait sur le bout des doigts, car cela avait été une des conditions pour qu'il ait le droit d'aller dénicher des artistes. La fois qu'il avait décidé à le faire c'était parce que la jeune femme maniant l'argile et la glaise aussi bien que le jeune homme maniait la poêle qu'il devait convaincre était d'une beauté divine et Vicky l'avait très bien compris, elle l'avait toisé d'un œil sévère puis s'était levée en silence, laissant croire à Ellias que sa demi-heure de supplication n'avait servi à rien puis était revenue avec une liasse de feuilles imprimées sous le bras et lui avait dit "Apprend ça et considère le comme ta Bible". Ellias ne savait pas trop d'où elle avait tiré ses commandements du bon vendeur, mais la plupart du temps, ça marchait. Insistons sur le "la plupart du temps", le jeune homme avait reçu une claque une fois et pas mal de noms d'oiseaux. Mais, à part ces quelques exceptions, sa technique marchait. Et le bonus : c'est qu'il n'y avait pas à les suivre dans l'ordre, on pouvait les faire dans l'ordre que l'on souhaitait, c'était plutôt pas mal pour ceux qui, comme Ellias, les oubliait régulièrement, parce qu'à la place, il mémorisait toutes les cartes Chocogrenouilles préférées de son neveu.

• La galerie et ses artistes sont régulièrement invités pour des vernissages, dit-il en tenant en équilibre sur une jambe où était posé son sac pour trouver son agenda dans le fatras habituel. Je ne suis pas sûr qu'il y en ai en ce moment … ah. Si, il y en a une ce soir.

Nouvelle contorsion pour réussir à trouver une bout de papier et un stylo dans son sac. Puis Ellias se releva et gribouilla l'adresse et l'heure à laquelle était organisé l'ouverture de l'exposition. Ellias n'avait pas prévu d'y aller car il devait garder son neveu, mais la galerie et surtout Victrolla avait besoin d'une rentrée d'argent et il leur fallait quelqu'un qui ait du talent, une nouvelle vision du monde et surtout un projet solide à leur proposer, léger détail qu'Ellias préférait aborder dans quelques minutes. Leur concurrent, les frères Di Angelo, qui portaient bien mal leur nom car ils étaient tout sauf des anges se débrouillaient toujours pour récupérer les peintres et sculpteur qui étaient en vogue, pour une fois que leur petite galerie avait trouvé quelqu'un qui avait assez de talent pour rendre les frères Di Angelo jaloux pour un petit moment, cette personne ne se montrait pas très emballé par le projet. A croire qu'à chaque fois qu'Ellias essayait de ramener quelqu'un, il ne faisait qu'apporter la poisse. Pourtant Vicky y arrivait elle alors pourquoi pas lui ?

• Vous n'avez qu'à passer par curiosité si cela vous dit. Et puis vous pourriez rencontrer ma collègue, Mlle Meyer et faire connaissance. Entre nous, c'est elle qui fait tout le travail, j'ai bien honte de l'avouer … Voilà, bon et bien je ne vais pas insister alors … bonne journée.

Il lui offrit un sourire de circonstance, accompagné d'un signe de tête respectueux et de son sempiternel haussement de sourcils qui le dérangeait tant, il remit son chapeau sur sa tête en pensant à ce qu'il allait bien pouvoir faire à manger à Wesley plutôt que de rabâcher sa cuisante défaite et sortit de l'appartement lumineux.
Ne pas s'attarder sur les moments négatifs de la journée, qui étaient ou pas encore arrivé. Même si Ellias songea qu'avant de retourner à la galerie, il ferait mieux de passer prendre quelque chose de fort dans un des bars de coin. Rien que d'imaginer les yeux de dragon fou furieux que lui envolerait Victrolla au moment même où il passerait la porte du local … birr, il en avait déjà des frissons. En plus, elle arrivait toujours à deviner quand il faisait quelque chose de nul ou qu'il ratait quelque chose. Soit elle avait un scanner à la place des yeux qui lui faisait lire les pensées des gens qu'elle côtoyait. Soit, le jeune homme se sentait tellement coupable que des plaques rouges se formaient sur son front, y inscrivant "Coupable" comme des lettres de feu.
Il fit un nouveau bond en se faisant cracher dessus par la bestiole rousse sans pouvoir retenir un "sale bâte !", mais il fallait l'excuser, il avait vraiment les bestioles en horreur : à poil, à plumes, à griffes ou à écailles. Il ne faisait pas de distinction.
Le jeune homme se dirigea vers l'ascenseur et l'appela quand les mots de sa collègue qu'il avait mit tant de temps à apprendre.

1/ Persévérance.
Ne jamais abandonner, tout effort finit par payer.
2/Flatterie
Personne n'est insensible aux flatteries, surtout les hippogriffes.
3/Précision
Expliquer vite et avec une grande précision est souvent apprécié.(comprendre la notion du "fait vite")


Bon, il n'allait quand même pas toutes se les réciter il y en avait 53. Et encore, les trois premières, Ellias n'était sûr qu'elles étaient en première position dans la version de Vicky. Mais elles étaient en premier dans dans la tête d'Ellias. C'était à ces yeux ce qui était le plus important, et même dans sa vie. Depuis qu'il était petit, ces trois principes régissaient sa vie, et l'avaient grandement aidé lors de ses études, que ce soit à Poudlard ou à l'université. L'esprit de synthèse sur cinquante centimètres de parchemin en pattes mouches traitant sur les influences de Mars sur les autres planètes plaisaient aux personnes qui avaient à les relire. Quant aux flatteries, elles avaient permis mille et une fois à Ellias de convaincre un préfet qui l'avait coincé dans les couloirs après le couvre feu qu'il n'y avait aucune raison qu'il lui enlève dix points, après tout, ledit préfet était bien au dessus de ça.
Ces trois choses étaient peut-être les seules qui le distinguaient des autres. Mais avec ou sans elle, Ellias ne s'était tout de même pas fait remarquer d'une façon ou d'une autre. Ca ne l'avait pas plus dérangé que ça, mais à présent qu'il était adulte, il avait envie de briller dans quelque chose, et peut-être que c'était aussi pour ça qu'il était entré dans la Résistance.

Il avait beau se répéter qu'il avait fait ça uniquement parce qu'il voulait léguer à son neveu un monde où tout le monde avait droit de penser ce qu'il voulait, où personne ne devait se soumettre à une autre personne pour x raisons, il fallait néanmoins bien avouer que le jeune homme savait parfaitement au fond de lui qu'il faisait ça surtout pour enfin sortir du lot, pouvoir dire plus tard "j'y étais". Il voulait juste se faire remarquer même si ce n'était pour pas grand chose, comme tous les hommes, il voulait de la reconnaissance, ce n'était peut-être que son amour propre qui l'avait pousser à s'enrôler en tant que médecin, quoiqu'il en soit, il y était à présent et était véritablement prêt à tout pour aider autant qu'il en était capable.

En parlant de responsabilité, il préférait appeler Vicky plutôt qu'avoir à l'affronter en direct live. Il sortit son téléphone et composa le numéro de sa collègue. Si elle ne le trucidait pas et si elle décidait de lui laisser une chance, peut-être qu'elle pourrait aussi lui donner un conseil sur la manière dont il pouvait essayer de convaincre Alitheia Shelter de lui laisser une chance de la persuader qu'Enlisa MacInerty et Victrolla Meyer étaient tout simplement géniaux. Le téléphone sonna quatre fois, puis envoya l'appel du jeune homme sur la messagerie de sa collègue. Il hésitait à laisser un message, pour dire quoi de toute façon ? À quel point il avait été minable ?

• Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie de Vicky Meyer, laissez un message après le bip. N'oubliez pas de vous présenter et de laisser votre numéro pour que je puisse vous rappelez par la suite , dit-elle d'une voix avenante. Si c'est Ellias et que tu as encore foiré quelque chose, merci de ne pas laisser de message, de réfléchir à un moyen de tout arranger et si tu n'y arrives pas, fais moi le plaisir de ramener ton derrière dans les dix prochaines minutes pour que je puisse te le botter ! Merci.

Le bip du début de la messagerie s'enclencha. Le jeune homme coupa la communication en songeant juste "Tient ! Elle a changé sa messagerie !". Pour une fois, il allait essayer de suivre les conseils de se collègue, il lui devait bien ça quand même. Après tout, Ellias avait toujours ét persévérant dans ce qu'il entreprenait, il n'allait quand même pas se laisser faire si facilement ? C'était hors de question. Il apprécia quelques secondes sa décision, s'autogratulant d'autant de ferveur dans son travail. Pour faire court : la phrase " Bravo Ellias, je suis fier de toi pour cette brillance décision" revint plusieurs fois de suite, entre les "tu es un dieu" et "tu es tout simplement génial comme gars".
Décidé à respecter sa décision, il sortit son chapeau de son sac et le vissa sur sa tête avant de retourner vers la porte pas tout à fait refermée derrière lui. Inutile de préciser quelle contorsion il devait effectuer pour passer son visage dans l'entrebâillement sans trop s'approcher de la plante violette et du chat qui le fixait d'un air mauvais à chaque fois que son pied glissait vers la niche abritant ce qui semblait être le trésor du dragon roux.

Il vérifia juste que la jeune femme était bien encore dans le salon/atelier avant de s'incruster de nouveau dans son intérieur. Rassuré, il rouvrit la porte et se rapprocha de la jeune femme.


• Miss Shelter ? Nous n'avons pas eu beaucoup de grandes stars de la peinture dans notre galerie tout comme les petites galerie, mais toutes les personnes qui sont venues sont reparties, pour la majorité, ravis de leur collaboration.


Il se força à ne pas sourire ni hausser les sourcils, avec beaucoup d'effort. S'il voulait qu'elle s'intéresse, il avait peut-être intérêt à tout lui expliquer en détail et avec quelques mots à peine, peut-être qu'elle serait un peu plus intéressée. Chaque peintres qui étaient passés par chez eux avaient eu à faire un ensemble de toiles ou de sculptures. Vicky insistait sur ce point : il était hors de question que les personnes qu'ils exposaient ramène leur barda sans lien logique. C'est ce qu'elle appelait un projet. Ce n'en était pas vraiment un au sens premier du terme, ce que Vicky voulait c'était qu'elle n'ait pas exposé les carottes et les patates en même temps : traduction avec des termes plus appropriés, il était absolument hors de question qu'il y ait des paysages, avec des aquarelles, avec des portrait, avec de la gouache, avec du fusain avec des peintures d'histoires. Toutes les toiles devaient avoir été, dans la mesure du possible, toutes rée de la même façon, et qu'elles étaient, là encore dans la mesure du possible, du même genre voir d'à peu près les mêmes dimensions si c'était possible.

• Je sais que vous n'avez toujours pas dit oui, mais je me suis dit qu'il fallait que je vous prévienne : en général, nous préférons exposer un ensemble de toiles du même genre et fait de la même manière. Par exemple, si vous avez plus peint de paysages, nous n'exposerons que des paysages, idem avec les portraits.

Il regarda autour de lui et tomba sur le portrait d'une jeune fille, apparemment récent.

• Vous faites des portraits ?



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MessageSujet: Re: Painters sees everything   Painters sees everything Icon_minitimeMar 8 Fév - 15:14:22



• Et bien si ce n'est que ça on peut toujours s'arranger !

Ben voyons ! J'allais sérieusement devoir réviser mes tactiques de dissuasion. Si j'étais incapable de faire lâcher l'affaire à un galeriste amateur tel que lui, qui savait dans quel pétrin je me mettrais la prochaine fois que l'un d'eux viendrait toquer à ma porte ?

• La galerie et ses artistes sont régulièrement invités pour des vernissages, dit-il en tenant en équilibre sur une jambe où était posé son sac pour trouver son agenda dans un étonnant bric-à-brac pour un sac si peu volumineux. Pour un peu, il m'aurait rappelé ma sorcière de mère et ses sorts fourrezytou... Peut-être en était-il un, de sorcier. Cela me semblait même de plus en plus probable. Je ne suis pas sûr qu'il y en ai en ce moment … ah. Si, il y en a une ce soir.

Comment lui faire comprendre que j'étais dans l'impossibilité d'accéder à sa demande ? Je ne pouvais pas exposer mes peintures. Et cela allait plus loin qu'un simple désintérêt commercial et humain.
Ma parole et mon honneur étaient en jeu ! Pas d'exposition de peinture, pas de publicité. Tout au plus honorais-je des commandes de particulier à particulier. Contrat à la clé dument signé et contresigné par un notaire. Lequel mentionnait une clause de non divulgation de mon identité d'artiste dans la presse ou le réseau d'artistes en place. Mais j'aurai beau tenir mes promesses, impossible d'expliquer cash la teneur de mes engagements à ceux qui, comme Ellias MacInerty, venaient parfois me voir afin de me faire adhérer à leur galerie.

Je restais donc coite face à mon charmant interlocuteur. Il développait peu à peu ses derniers trésors d'ingéniosité. N'eut-ce été ce serment me cloisonnant dans l'anonymat- ce qui vous le conviendrez relevait de la science-fiction-héroïque-fantasy-suicidaire pour une artiste normalement constituée - j'aurai cédé à ses arguments.
La galerie dont il me parlait avait l'avantage d'allier convivialité, humanité et cercles de passionnés d'art - toutes catégories confondues. Je notais très peu d'employés. Un aménagement simple. Pas de fioritures modernes.Pas de décors tape à l'œil. Pas d'affiches à vous sauter à la figure. Pas de messages subliminaux picassoesques torturés poussant à la consommation de l'ostentatoire vulgaire chic, cher et imperméable à toute compréhension possible... Stop Ali ! Arrête de rêver, ma grande.
Ca me plaisait. Réellement. Et je devais dire non à ça. Bordel !

Ne vous méprenez pas. La notoriété, la célébrité, l'argent, être exposée devant un paquet d'inconnus, cela ne m'attirait pas. Sincèrement. Non, mon intérêt portait ailleurs. Je voulais partager certaines de mes œuvres avec des personnes susceptibles de voir et comprendre mon art. Il ne s'agissait pas d'un besoin de reconnaissance au sens strict du terme. Cela s'apparentait à une volonté impérieuse d'être comprise. Et donc, de ne plus me sentir seule face à mes chevalets. Je rêvais de pouvoir un jour me dire : Untel comprendra, ce trait est pour lui, cette couleur pour elle, ce visage, cette expression, c'est cadeau !

Pour l'instant hélas, cela me semblait in-envisageable. Je dédiais mes peintures à des Ombres. Je vendais le reste à quelques bûchers potentiels. Mon nom avait - en tant qu'artiste peintre - un goût de cendres dans ma bouche.

• Vous n'avez qu'à passer par curiosité si cela vous dit. Et puis vous pourriez rencontrer ma collègue, Mlle Meyer et faire connaissance. Entre nous, c'est elle qui fait tout le travail, j'ai bien honte de l'avouer … Voilà, bon et bien je ne vais pas insister alors … bonne journée.

Je soupirai de soulagement lorsqu'il sortit de chez moi. Cela me surprit par ailleurs. Un peu comme quand on tire trop fort sur une corde et qu'on lâche brusquement l'extrémité. J'aurai facilement pu tomber sur les fesses. Au lieu de quoi je me laissais in-élégamment choir dans le premier fauteuil venu.

Je n'en revenais pas que Mr MacInerty ait à ce point réussi à ébranler mes résolutions. Surtout là où les autres galeristes s'étaient vautrés chacun à leur tour. Tous m'avaient caressée dans le sens du poils. Avec beaucoup de compliments, de flatteries hypocrites, de discours démagogiques et provocants. Aucun ne parvenait généralement à occasionner en moi ce sentiment amer de regret vis à vis de la façon dont je gérais mes engagements, ma vie, ma parole d'honneur. Pas une seule fois en cinq ans quiconque ne m'avait fait regarder en arrière et soupirer sur le serment qui m'excluait de ce à quoi mon âme d'artiste aspirait. Quoi comment ça je vis dans un monde où les bisounours n'existent qu'à l'intérieur de nos télévisions ? Mes valeurs sont désuètes, idéalistes, naïves ?! J'em***de tous ceux qui osent venir me le dire en face.

• Miss Shelter ? Nous n'avons pas eu beaucoup de grandes stars de la peinture dans notre galerie tout comme les petites galerie, mais toutes les personnes qui sont venues sont reparties, pour la majorité, ravis de leur collaboration.

Enfoiré !

Voilà qu'il revenait à la charge. Je n'en revins pas et restais assise à ruminer dans mon fauteuil. J'eus à peine la satisfaction d'entendre Coriolis cracher sur les chaussures d'Ellias. En un rien de temps, mon visiteur revenait prestement à son poste.

L'heure était grave. Je devais prendre les mesures qui s'imposaient. Go !

• Je sais que vous n'avez toujours pas dit oui, mais je me suis dit qu'il fallait que je vous prévienne : en général, nous préférons exposer un ensemble de toiles du même genre et fait de la même manière. Par exemple, si vous avez plus peint de paysages, nous n'exposerons que des paysages, idem avec les portraits.

- Ca tombe plutôt mal, je ne peins jamais deux fois le même thème. lâchais-je d'un ton neutre, Je doute sincèrement pouvoir vous donner de quoi exposer. Je ne garde pas une seule peinture, je les vends assez vite. Et elles ne sont pas destinées à être exposées...

• Vous faites des portraits ?

- Pardon ?

Je suivis la direction de son regard et tombais sur Juliette. Et merde !

- ah, euh oui ! C'est mon passetemps. Quand je ne peins pas...

Je n'achevais pas ma phrase. Une ampoule de cent Watt s'allumait peu à peu au-dessus de ma tête. J'avais prêté serment de ne pas exposer la moindre peinture, de les protéger de la reconnaissance publique à tout prix... Mais rien ne m'engageait à planquer mes dessins. Jusqu'ici, les portraits n'intéressaient pas la mode de toute façon. J'en avais fait un loisir. Mon atelier en était plein. Les passants du quartier et les habitués des parcs et de quelques cafés me connaissaient pour ça. On m'en demandait, je les donnais ou les vendais à ceux qui les réclamaient. Bon nombre dormaient sagement dans mes chemises cartonnées bombées.

Je regardais fixement Ellias, puis Juliette.

- Mais qui s'intéresserait à mes portraits ? C'est passé de mode, à ce qu'on dit. Le dernier galeriste m'a trouvée risible la fois où... C'était peinture ou rien du tout.

Et j'avais abondé dans le sens propre et figuré du rien du tout, abruti !

Je me levais. Peut-être tenais-je là une solution pour contourner mon serment sans me trahir. Cinq ans que je menais un combat acharné afin de tenir parole... Alors que l'issue se trouvait au bout de mes fusains.

- Je peux vous en montrer une petite cinquantaine. Le reste se trouve sur une étagère dans mon studio parisien. Cette fillette s'appelle Juliette. Elle et ses parents vivent au rez-de-chaussée.

Je traversais mon atelier/salon. Mes pas s'orientèrent vers une pile de feuilles blanc-cassé. Un énorme volume qui rappelait le bottin téléphonique en trois fois plus gros les conservait à plat sur une table basse de style asiatique.

Dans mon dos, Mr MacInerty ne pipait mot. On aurait pu entendre une mouche voler, n'eut-ce été Coriolis qui ronronnait près de son pot de fleur dans le couloir de l'étage.

- Voulez-vous jeter un œil ? proposais-je poliment.

Je lui tendis la pile ainsi libérée. Sur le dessus, des enfants venus jouer à Hyde Park grimaçaient sous un ciel de fin d'après-midi automnal. Un pickpocket adressait un clin d'œil à un agent de police française juste en dessous, puis venait le visage d'une femme désabusée, à moitié masquée par l'ombre d'un chapeau chic; elle fixait le miroir derrière le comptoir d'un bar. Dans le reflet on pouvait voir son mari embrasser ce qui avait tout l'air d'être sa maîtresse. Je m'en rappelais parce que je buvais un verre à côté d'elle au moment des faits. Amélie avait insisté pour que j'immortalise l'instant qui précèderait la tempête. Il m'avait fallu une demi-heure pour saisir cet instant. Ensuite, mon portrait s'était mis à vivre en direct live... La vie d'Amélie telle qu'elle avait été avait volé en éclats - elle en avait elle-même porté le coup de grâce.
Tous ces portraits montraient ce que les personnes dessinées cachaient à l'abri de figures factices et de faux semblants. Je capturai l'éclat véritable de leur personnalité quand ils baissaient la garde. Fragments de présents, émotions pures instantanées non fardées. J'ignorai si Mr MacInerty pouvait en tirer quelque chose. Je décidais de lui laisser sa chance.



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MessageSujet: Re: Painters sees everything   Painters sees everything Icon_minitimeMar 8 Fév - 21:36:36

- Ca tombe plutôt mal, je ne peins jamais deux fois le même thème, dit-elle d'un ton neutre mais qui ne l'était pas tant que ça. Je doute sincèrement pouvoir vous donner de quoi exposer. Je ne garde pas une seule peinture, je les vends assez vite. Et elles ne sont pas destinées à être exposées...

Et bien si ce n'était pas du refus teinté d'un discret "va voir ailleurs si j'y suis, Ellias ne s'y connaissait pas. A peine quelques phrases et le jeune homme sentait déjà la force de ses résolutions le quitter comme l'air d'un ballon crevé. La métaphore n'était pas forcement flatteuse, un ballon dégonflé et tout ridé et … Bref. Passons sur les ressemblances des ballons crevés. Pourquoi avait-il la méchante impression de ne pas être le bienvenu ? Serait ce l'ait avachi de Miss Shelter ou les grondements du fauve roux à son encontre ? Il n'aurait certainement pas pu dire lequel des deux le mettait le plus mal à l'aise. Mince quoi ! Il ne lui avait rien à cette saleté de chat !

Quoiqu'il en soit, le regard d'Alitheia Shelter suivit le mien posé sur un portrait d'une jeune fille et dévoila au jeune homme que son passe temps préféré était de faire des portraits. Et mademoiselle avait le culot de ne pas faire deux fois le même thème. Mais ce qu'avait demandé le galeriste n'étais pas un thème mais un genre de prédilection. Les portraits répondaient parfaitement à ce qu'il demandait. Ellias comprit donc que toutes ses supplications tomberaient dans l'oreille d'une sourde. Maintenant est-ce qu'il allait devoir se traîner lamentablement devant Vicky tel un vermisseau devant sa déesse pour essayer d'avoir son pardon ? Il devait commencer sérieusement à y penser. Il n'avait qu'à supplier le ciel pour qu'il n'y ait personne et que son honneur n'en prenne pas un immense coup. C'était déjà assez dur de se traîner par terre pour être pardonné de quelqu'un, alors quand en plus cette personne n'était pas seule ! Et s'il avait Wesley avec lui ? Non, il devait impérativement aller voir sa patronne avant d'aller chercher le petit garçon. Sinon, c'était fichu, jamais il ne pourrait plus lui faire avaler le moindre plat un peu différent. Déjà que c'était une corvée en temps normal, si le gamin en plus n'avait plus aucune peur envers son oncle, la mission allait se révéler impossible, mais Tom Cruise ne pourrait pas y arriver.

- Mais qui s'intéresserait à mes portraits ? C'est passé de mode, à ce qu'on dit. Le dernier galeriste m'a trouvée risible la fois où... C'était peinture ou rien du tout.

Ellias faillit rétorquer que de un, tout le monde aimait les portraits, même ceux qui préféraient les paysages aimaient les portraits. Ca faisait des milliers d'années que les artistes faisaient passer des gens à la postérité en reproduisant leurs visages, que ce soit par la peinture ou par la sculpture et que ce n'était pas près de s'arrêter. Tout simplement parce que les hommes voulaient que l'Histoire se rappelle de leur tête, ou tout simplement garder une image d'eux avant que les rides attaquent leurs visages et le temps affaiblissent leurs corps. Et que de deux, il n'était pas le dernier galeriste et que lui trouvait que ces toiles étaient magnifiques, surtout ce portrait. Sans oublier de lui faire un cours sur ce qui avait de mal à mettre tout le monde dans le même panier alors que dans le lot pouvaient se trouver des personnes exceptionnelles qui justement ressortaient par leurs actions qui différaient de celles des autres.
Mais il ne dit rien car une lueur s'alluma dans les prunelles de la jeune peintre et elle quitta sa langueur pour se lever en semblant dire à Ellias de la suivre comme si elle voulait qu'il la suive. Ce que le jeune homme était ravi de faire si cela pouvait l'amener à décrocher un contrat avec elle pour la galerie.

- Je peux vous en montrer une petite cinquantaine. Le reste se trouve sur une étagère dans mon studio parisien. Cette fillette s'appelle Juliette. Elle et ses parents vivent au rez-de-chaussée.

Une petite cinquantaine ? Elle plaisantait là ? C'était encore mieux que ce qu'il espérait. Il n'allait même pas pouvoir tous les exposer même en recouvrant chaque centimètres des murs du local. Voila ce que ça faisait quand on était pauvre, on ne pouvait pas s'acheter de local décent. Bon, évidemment il en rajoutait, ce n'était pas si petit que ça, mais une cinquantaine de dessins seraient bien plus que ce à quoi il pouvait s'attendre d'elle alors qu'il aurait juré qu'elle cherchait à l'envoyer balader au début.
Elle s'avança, suivie de très près par Ellias bien déterminé à la convaincre, vers une table basse de genre asiatique où reposait un petit tas de feuilles blanche assez imposant qu'elle prit. Le jeune homme fixait ce tas comme s'il était un grimoire recelant les plus formules les plus puissantes de la création. Il n'osait pas dire un mot de peur de la faire renoncer à lui montrer ce que recelait cette pile de feuille et adressa une prière silencieuse à la jeune femme si fort et avec tant d'insistance qu'il était pratiquement sûr de réussir à lui envoyer un message télépathique. Et en effet, quelques secondes après, Miss Shelter se retourna vers lui pour lui proposer de jeter un coup d'œil à ses portraits.

Il accepta dans un silence quasiment religieux et prit l'épais volume dans ses mains pour regarder. Finalement, le jeune homme était ravi d'avoir persévérer, si la jeune femme acceptait de les laisser exposer ses travaux dans leur galerie, nul doute que de un, ils allaient faire un malheur et que de deux, les frères Di Angelo allaient l'avoir dans les dents. Rien que de penser à ça, Ellias était de nettement meilleure humeur, il imaginait déjà les congratulations qu'allait lui faire Vicky, pour une fois, il n'aurait pas à s'auto-féliciter de sa réussite, ça le changerait beaucoup, et étrangement il était certain qu'il allait apprécier ces nouveautés.

Mais ces pensées purement égoïstes le quittèrent dès qu'il tourna une nouvelle page, s'il ne s'était pas arrêté sur le premier, le deuxième dessin était magnifique, ainsi que le troisième et le quatrième puis ... Il continua de feuilleter la pile de dessins régalant ses yeux de ces sujets durs mais amusant. Prêt à rire devant des personnages insolents et intrigué par ces figures mystérieuses qui semblaient vouloir cacher quelque chose. Tous étaient différents mais se rassemblaient toujours dans le thème de la duperie et des choses cachées. Ellias aimait, et il ne pouvait pas en être autrement, tout simplement. Ce qui le poussa à réfléchir sur la manière de les exposer, il ne pouvait pas faire comme d'habitude, les dessins étaient trop fragiles, il faudrait sûrement les mettre sous verre dans des cadres particuliers. Ouh, il avait mal à la tête rien qu'à penser à tout ce qu'il fallait faire. Vicky s'en occuperait ça serait nettement plus simple pour tout le monde.

• C'est … Je … Wow.

Il se racla la gorge pour se réveiller de l'état d'hébétement dans lequel il se trouvait. Il entendait au fond de son crâne la voix désapprobatrice sa collègue qui l'aurait engueulé pour ne pas avoir suivit les règles qu'elle avait écrite exprès pour lui. Il ne fallait pas montrer ce qu'on pensait pour pouvoir réussir à faire envier l'artiste. Ne lui demandez pas pourquoi, il l'ignorait et ne cherchait pas à savoir puisqu'Ellias était persuadé que cette logique allait lui échapper. En fait, peut-être que ce boulot n'était pas fait pour lui, puisqu'il n'était pas foutu de faire ce qu'on lui conseillait afin de réussit. Oui, même pour lui les phrases n'étaient pas claires dans sa tête. Bref, pour résumé, ce n'était pas étonnant qu'il ne réussisse jamais à accrocher un artiste du premier coup et que Vicky devait rattraper à chaque fois.

• Enfin … Je pense que ça pourrait faire l'affaire, dit-il d'un ton neutre pour essayer de lui faire croire qu'il en avait vu.

Pourtant, il était certain que la phrase qu'il avait lâché quelques secondes plus tôt ne devait pas vraiment augmenté la crédibilité de ses paroles, heureusement qu'il lui avait tourné le dos pour regarder, il put ainsi faire une grimace pour apprécier toute la beauté et l'art de sa technique très réussite. Le jeune homme aurait aussi put se frapper, mais ça, ce ne serait pas franchement passé invisible. L'auto-insultation marchait très bien, tout simplement.

Heureusement qu'il était quand même bien plus convainquant lorsqu'il s'agissait de nourrir son neveu que quand il fallait convaincre des artistes de le rejoindre. Il devenait vraiment inutile et gourd quand il était soumis à l'art. C'en était presque affligeant. Il grimaça encore en s'insultant dans la tête puis se força à reprendre un visage parfaitement neutre pour se retourner vers elle avec un petit sourire.

• Ce que je veux dire c'est que ce sera parfait. Si vous êtes d'accord, nous sommes prêt à vous exposer.

Il ne put retenir un grand sourire en disant cela. Enfin ! Il réussissait à convaincre un artiste ! Avec la chance qu'il avait aujourd'hui, Vicky déciderait de l'inviter au restaurant et Wesley accepterait de manger tout ce qu'il lui donnerait pendant au moins une semaine. Il se força à retrouver un visage neutre sans y parvenir complètement et reposa le tas dans les mains de la jeune femme.

• Bien. Quand voulez vous que nous voyons votre date d'exposition? Il faudra que vous passiez à la galerie, parce que malheureusement je ne suis pas assez ordonné pour y avoir ce genre de responsabilité.

Il offrit un petit sourire d'excuse en haussant, encore, les sourcils.
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MessageSujet: Re: Painters sees everything   Painters sees everything Icon_minitimeMar 8 Fév - 23:25:52



• C'est … Je … Wow.

J'observais nerveusement Ellias MacInerty feuilleter mes portraits. Penché sur les divers visages, le sien se dissimulait dans la pénombre de mon foutu tableau à présent. Pourtant je pouvais aisément lire la teneur de ce qui lui traversait l'esprit à la simple tension qui habitait et désertait ses épaules simultanément. Ellias était quelqu'un d'élancé, de dynamique. Il respirait la santé et l'optimisme. Ses expressions faciales communiquaient presque mieux que ses mots. Il avait un côté enfantin planqué sous la surface. Peut-être avait-il des enfants pour expliquer cette fantaisie naturelle que le monde des adultes n'entravait pas. Son attitude présente m'empêchait de lire son visage. Oui il me tournait le dos. Peut-être choisissait-il cette position à dessein ? Cela devait être ainsi.

Il était avenant et sociable, très aimable. Mais avait du mal à garder ses ressentis pour lui-même. Cela jouait contre lui. Pourtant il ne s'était presque pas découragé au cours de ses tentatives pour me faire céder. Avait passé la barrière vigilante de Sir Dragon Roux devant sa Dame Violette... Blague à part, il restait honnête et sympathique dans les bons comme les mauvais moments en ma présence. Combien de galeristes dans son genre avais-je croisé au cours de mes pérégrinations ? Aucun.

Malgré son amateurisme, lui m'avait convaincue de sauter le pas. J'allais finalement exposer le fruit de mon travail. Enfin, mon travail personnel en tout cas. Le reste demeurerait dans l'ombre anonyme. Et s'il ne s'agissait que de dessins au lieu de peinture, cela restait une part non négligeable de mes œuvres. Je voulais l'en remercier, mais ce n'était pas le moment. Je me jurais de le faire plus tard.

• Enfin … Je pense que ça pourrait faire l'affaire, dit-il sur un ton détaché que démentait la ligne trop haute de ses épaules.

Cette réplique me fit sourire. Puis il tourna la tête et sa mimique - d'une neutralité traîtresse - me força à pincer les lèvres pour ne pas en rire.

Non, je ne suis pas un professionnel qui sait garder pour lui ses opinions, Madame ! semblait-il avouer à mes yeux. Un jour je lui décrirai par le menu comment s'y prenaient les autres. Et pourquoi ils avaient tous échoué à me convaincre malgré la qualité irréprochable de leurs attitudes finement étudiées.

• Ce que je veux dire c'est que ce sera parfait. Si vous êtes d'accord, nous sommes prêt à vous exposer.

Quand il me rendit mes dessins, je sus que nous venions de trouver là un véritable terrain d'entente. Non seulement je pourrais continuer à tenir parole, mais ma vie d'artiste venait peut-être enfin de prendre un nouveau tournant.

- Déjà ? Euh, d'accord ! Si vous le dites... répondis-je, sincèrement étonnée de la rapidité de réaction de Mr MacInerty.

• Bien. Quand voulez vous que nous voyons votre date d'exposition? Il faudra que vous passiez à la galerie, parce que malheureusement je ne suis pas assez ordonné pour y avoir ce genre de responsabilité.

- Pas de problème ! dis-je en écartant les bras pour englober mon atelier/salon, Je crains d'être dans votre cas niveau organisation. Ecoutez, prenons rendez-vous après-demain. Vous avez déjà mes coordonnées. Je viendrai vous rendre visite à la galerie et nous discuterons alors d'une date d'exposition avec votre collègue et vous-même.

A ces mots, il esquissa encore sa drôle de mimique souriante et sincère. Son redoutable jeu de sourcils m'arracha un autre sourire. Il était plutôt pas mal dans son genre. D'un point de vue artistique, il avait des traits harmonieux et une expressivité qui ressortirait bien si on me permettait de lui faire son portrait. Peut-être que si je le lui demandais...

Je ne savais pas où cette aventure allait me mener. Je faisais cependant confiance à Mr MacInerty pour en suivre une partie. Pour l'instant, je ne réalisais tout simplement pas ce que cela allait impliquer dans mon quotidien. Et si je serai amenée à le regretter plus tard. J'espérais que l'on n'enquêterait pas trop sur mon passé ou mes origines suite à tout ça. Quand plus tard surviendrait, je serai fixée.
En attendant, je me remémorais mes bonnes manières. Mieux valait tard que jamais comme on disait.

- Vous êtes pressé ? Je vous propose quelque chose à boire ? thé, café... En France c'est ainsi que deux négociateurs concluent une affaire. Mais je comprendrais tout à fait si vous deviez partir dans la minute. Dans le dernier cas, saluez Coriolis au passage en flattant sa plante. Allez savoir, il épargne généralement ceux qui aiment son orchidée. Mais il faudra faire preuve de sincérité avec Dame Violette, autrement ça ne prendra pas.

J'attendais sa réponse en haussant un seul sourcil interrogateur avant de me rendre compte que c'était un geste inhabituel venant de moi. A croire que ce mode de langage facial était contagieux ! Je me reprenais l'air de rien. Mais je ne trompais personne.



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MessageSujet: Re: Painters sees everything   Painters sees everything Icon_minitimeMer 9 Fév - 20:04:58

- Pas de problème ! Je crains d'être dans votre cas niveau organisation.

Ellias eut du mal à refouler un énième qu'il sentait naître à ses lèvres, mais du se contenir pour écouter la suite de la phrase de la jeune femme, pourtant il devait bien reconnaître deux choses : de l'une elle l'avait égalé au niveau bazar, parce que même si son sac était un capharnaüm son appartement ne l'était absolument pas. Après avoir vécu dix sept ans et quelques années avec une mère qui piquait une crise dès qu'une chaussette tombait par terre, on apprenait vite à minimaliser son barda. De deux, cependant, Ellias était quand même très admiratif pour ce désordre créatif.

- Ecoutez, prenons rendez-vous après-demain. Vous avez déjà mes coordonnées. Je viendrai vous rendre visite à la galerie et nous discuterons alors d'une date d'exposition avec votre collègue et vous-même.

Il sentit comme un feu de joie s'embraser au fond de son ventre remonter dans sa gorge si violemment qu'il crut pendant quelques instants qu'il allait hurler de joie ou faire une petite danse, mais soyons honnête, il lui aurait sûrement fait très peur. Et pour le coup, sa collègue ne l'aurait mais alors, jamais, pardonné. Elle l'aurait immoler sur un bucher en buvant du chocolat chaud avec Wesley. Rien que cette image de sa boss éclatant d'un rire gras avec un tasse de chocolat décorée d'un parasol jaune lui flanquait les jetons. Il fallait qu'il arrête de s'imaginer ce genre de chose s'il voulait dormir bien la nuit. Après, Ellias s'étonnait de faire de cauchemars où il voyait Vicky le poursuivre dans les marais pour qu'il fasse la compta'.

Brr, il valait mieux se reconcentrer sur la jeune femme plutôt que se laisser aller ainsi, surtout si c'était pour avoir de telles visions d'horreur.

- Vous êtes pressé ? Je vous propose quelque chose à boire ? thé, café... En France c'est ainsi que deux négociateurs concluent une affaire. Mais je comprendrais tout à fait si vous deviez partir dans la minute. Dans le dernier cas, saluez Coriolis au passage en flattant sa plante. Allez savoir, il épargne généralement ceux qui aiment son orchidée. Mais il faudra faire preuve de sincérité avec Dame Violette, autrement ça ne prendra pas.


Coriolis était donc le fauve roux ! Ah elle aussi reconnaissait que cet animal n'était pas normal : vénérer cette plante violette comme ça ne relevait pas du naturel ! Bon, évidemment, Ellias supportait tout ce qui avait du pelage ou des plumes mais cette bestiole là était véritablement le summum.
D'un autre côté, il fallait bien reconnaître que si cette bestiole rousse arrivait à voir lorsque quelqu'un mentait, c'est que quelque part, mais vraiment au fin fond de sa conscience, il devait être doué d'une intelligence et d'une déduction très développées toutes les deux.

Mais la proposition de la jeune femme était tout à fait alléchante. C'était toujours un plaisir de faire connaissance avec quelqu'un avec qui on allait être amené à travailler. Alors, bien sûr qu'il n'allait pas refuser l'invitation. De toute façon qu'avait-il à faire d'autre ? Il avait toute la journée avant de prendre son service à St Mangouste à seize heures trente.

• Je serais ravi de boire un thé, accepta t-il avec un immense sourire.

Il la laissa aller dans sa cuisine en remettant son chapeau dans son sac en tassant des feuilles qui y trainaient dans le fond avec deux ou trois babioles magiques dont un rappeltout qui grâce à Dieu n'avait pas encore fini brisé dans tout ce bazar alors que techniquement, il n'aurait pas du tenir deux semaines. Ellias était pratiquement certain que la personne qui le lui avait offert, à savoir sa soeur, avait du jeter un sort pour le rendre incassable parce qu'elle le connaissait assez bien pour savoir que les objets fragiles qu'il avait en sa possession avait une durée d'existence très, très limitée.

Un silence assez embarrassant commençait à faire sentir lourdement sa présence, alors qu'il venait juste de décrocher un possible contrat, bon, il n'avait jamais beaucoup aimé parler aux gens qu'il venait de rencontrer, alors qu'il se révélait être une véritable machine à parler quand il connaissait assez les personnes, si bien qu'il pouvait parfaitement devenir vite agaçant. En partie, à cause de sa faculté à lire dans les personnes comme dans un livre, ce qui rebutaient les derniers courageux qui avaient tenté de lui adresser la parole. C'était un don comme une malédiction. Il arrivait à détecter beaucoup de choses rien qu'en regardant la gestuelle et les yeux de la personne qu'il tentait de détecter, par exemple, il avait tout de suite compris que les frères Di Angelo n'étaient pas des anges, mais c'était aussi une malédiction, pour rencontrer quelqu'un par exemple, si le fait qu'Ellias était déjà un sorcier, aillant un enfant à charge en plus, le simple fait qu'il arrivait à voir un mensonge ou quelque chose qu'on lui cachait n'arrangeait absolument rien.

Néanmoins, il ne devait pas laisser le silence s'implanter ainsi, le jeune homme devait se forcer et parler, même si ça ne lui plaisait pas. Et puis, en fait, il aimait plutôt sa compagnie, elle était différente des gens qu'il rencontrait en général. Pas assez prétentieuse pour être une sorcière, ni assez égoïste comme les autres humains. A tous les coups, c'était une sang-mêlée, ou alors une humaine qui a été élevée par une famille de sorciers désespérée de ne pas avoir d'enfant. Ou il se trompait.

• Alors comme ça, vous faites de la peinture depuis cinq ans ?


Il écouta la réponse d'une oreille distraite et sourit en entendant la réponse mais ne préféra pas reposer une autre question.

• Personnellement j'ai toujours été très nul en dessin, avoua t-il, mais ça m'allait très bien de juste voir les dessins de autres. Ca doit être pour ça que j'ai fini galeriste, ajouta t-il avec un haussement de sourcil amusé.

Il regarda tout autours de lui et détailla le portrait de la jeune fille qu'il avait vu en entrant mais n'avait pas pu le détailler. Juliette, avait-elle dit. Elle semblait rayonner de bonheur, il aimerait bien voir à quoi il ressemblerait sous le pinceau de la jeune femme. Mais depuis plusieurs années, il n'osait plus demander depuis qu'il avait forcé la main à une de ses camarades de Pouffsoufle, et pour montrer qu'il l'avait bien embêté, elle avait reprit ses traits pour en faire un monstre. Du coup, il ne posait que lorsqu'on lui demandait et seulement là.
Tout simplement parce qu'il n'était pas sûr de pouvoir supporter de se voir avec le visage d'un détraqueur, surtout que cette fille avec fixé son dessin sur sa malle avec un sortilège de glu indécollable. Pour une raison obscure, qui relevait certainement de l'économique, il avait gardé cette malle mais ne s'en servait que lorsqu'il n'avait pas d'autres choix.

• Enfin bon. Vous avez un autre travail à côté ? Par pure curiosité évidemment?

Il ne savait pas vraiment d'où cela venait mais la définition du "gros lourd" s'imposa soudainement dans son esprit. Dans le genre conversation pourrie qui ne servait vraiment à rien, on ne faisait pas mieux qu'Ellias en ce moment.

• Je suis désolé, mes questions sont d'une banalité à pleurer. D'habitude je suis plus original,
expliqua t-il.

Il laissa échapper un nouveau sourire en haussant des épaules pour s'exciuser
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MessageSujet: Re: Painters sees everything   Painters sees everything Icon_minitimeMer 9 Fév - 21:32:06


• Je serais ravi de boire un thé, me répondit-il avec un énorme sourire.

Je hochais la tête et filais derrière le comptoir - côté cuisine - pour sortir de quoi préparer le breuvage. S'il y avait une chose que ma mère était parvenue à nous enseigner à ma sœur et moi-même, c'était des thés calibrés sur la personnalité de nos visiteurs.
En réalité, cela n'avait rien de compliqué. Si vous vous trouviez en présence d'un personnage nerveux, vous optiez pour un subtil mélange de thé vert - donc peu fort - agrémenté d'une pointe de tilleul ou de verveine. Si au contraire, votre visiteur vous courait sur le haricot, rien ne valait un thé noir solidement affublé d'une touche de piment oiseau. Ma mère n'était pour rien dans cette dernière trouvaille. Mais si j'avais des enfants un jour, elle figurerait parmi les premières choses que je leur transmettrais.

J'avais quelques sachets préparés d'avance pour diverses occasions. Ellias me semblait de bonne humeur, mais je sentais qu'il était passé très près d'un pic de nervosité désagréable. Je sortais du thé de Ceylan rehaussé d'une pointe de cacao et de réglisse. Il allait passer une excellente journée à moindre frais énergétique.
Je laissais l'eau bouillir, sortais deux tasses et une théière en porcelaine blanche agrémentée de personnages de dessins animés. La tasse que je plaçais du côté de mon invité présentait un chien avachi sur un coussin. Une petite bulle survolait son crâne, agrémentée d'un "Dé-bor-dé" non crédible. La mienne représentait un oiseau jaillissant d'un appareil photo situé au diamètre opposé. Le cuit-cuit de circonstance était traduit dans son sillage par un "tu veux ma photo ?" outré et déformé par la vitesse d'envol de l'animal. J'avais sorti les plus sympa. Les autres auraient paru limite inamicales pour quiconque ne me connaissant pas un minimum, et certainement d'un goût très douteux pour qui manquait sérieusement d'humour.

Un silence paisible s'installait pendant que je m'affairais. J'appuyais mes bras sur le comptoir et passais la tête à travers la barrière imaginaire me séparant du séjour. Mr MacInerty rangeait son chapeau dans son sac. Des bruits étonnants s'en échappaient tandis qu'il farfouillait à l'intérieur. Des chaises à dossier hautes perchées cernaient le comptoir. A choisir entre boire le thé au salon ou dans la cuisine - miraculeusement épargnée par mon bordel personnel - mieux valait opter pour le terrain neutre.

- Venez vous asseoir si vous le désirez, lui proposais-je, le thé sera prêt dans quelques minutes.

Tout cela me laissa une impression bizarre et décalée. Recevoir un être humain chez moi et lui proposer quelque chose à boire. Depuis combien de temps m'étais-je abstenue ? Je menais une existence trop largement influencée par le chaos. Nous vivions dans un monde chaotique me diriez-vous. Ce n'était pas une raison. Parfois, manger à heures fixes relevait du miracle. Parfois, les jours et les nuits s'éclipsaient. Le calendrier partait en vrille. Et l'univers conspirait pour saborder la stabilité du sol soutenant le poids de votre corps lui-même. Votre âme libérée des contraintes errait dans les meilleurs comme les pires endroits au monde.


• Alors comme ça, vous faites de la peinture depuis cinq ans ?


- Dix en réalité. Je ne vends - à l'occasion et sous conditions - que depuis cinq ans. Mon père insistait pour que j'étudie jusqu'à ma majorité avant de me laisser battre de mes propres ailes à coup de pinceaux dans le monde dangereux, impitoyable et décadent qui est le nôtre.

Je levais les yeux au plafond à ce souvenir. Toutefois je n'en voulais pas à mon père. Pas du tout. Il avait eu raison. Je l'admettais volontiers. Intérieurement. Ben voyons !

• Personnellement j'ai toujours été très nul en dessin, avoua t-il, mais ça m'allait très bien de juste voir les dessins de autres. Ca doit être pour ça que j'ai fini galeriste, ajouta t-il avec un haussement de sourcil amusé.

Ah ah ah ! Encore son jeu de sourcils ! J'étais à deux doigts de l'imiter. Mais j'acquérais le self contrôle nécessaire et baissais les yeux le temps de verser l'eau bouillante dans la théière.

- On peut apprendre à dessiner, vous savez ?

Devant son air passablement convaincu, je n'insistais pas.

• Enfin bon. Vous avez un autre travail à côté ? Par pure curiosité évidemment?

Je fermais et ouvrais la bouche à plusieurs reprises, le temps de choisir soigneusement une réponse valable qui ne me mettrait pas dans l'embarras. Puis j'embrayais. Il y avait un véritable avantage à exercer plusieurs occupations. On pouvait aisément sélectionner celle dont on voulait parler, pour reléguer les autres à l'oubli le temps d'une banale conversation.

- Depuis un an environ, je donne des cours de dessins. Et oui, ah ah ah... Ahem ! Au début, je ne m'adressais qu'aux enfants. Ils sont tellement plus agréables à côtoyer. Mais depuis quelques mois certains parents veulent aussi participer. Ce qui est franchement amusant parce que je pars du principe que l'âge n'a pas d'importance dans mon domaine d'activité. Tout le monde semble y trouver son compte.


• Je suis désolé, mes questions sont d'une banalité à pleurer. D'habitude je suis plus original,
expliqua t-il.

Je posais le plateau à thé sur le comptoir. Une assiette de biscuits chocolatés dont mes jeunes élèves raffolaient vint compléter l'ensemble. Ils avaient des formes de dinosaures et de smiley souriants. On ne tombait jamais deux fois sur le même motif dans une boîte. J'avais personnellement vérifié.

- Qu'entendez-vous par original Mr MacInerty ?

Ma question resta en suspend. Je ne connaissais pas la banalité dans mon existence. Ma vie était ainsi faite. Par là même, l'originalité n'avait pas plus de sens à mes yeux. Je baignais dedans depuis presque toujours alors... Mon ampoule de 100 Watt gagna en puissance sans coup férir. J'échappais des mots qu'il aurait peut-être mieux valu tourner et retourner dans ma bouche avant de les prononcer.

- Laissez-moi deviner. Vous avez un ou plusieurs enfants, mais vous ne faites pas marié. Vous êtes probablement sorcier. D'ordinaire vous calculez les personnes d'instinct, et vous privilégiez le positivisme au négativisme destructeur dans lequel se borne notre bonne vieille société. Vous aimez vous fondre dans la masse sans pour autant vous y diluer. Quelque part, vous respirez l'originalité consommée et assumée. Inutile, donc, de vous excuser. Thé ?

Je haussais volontairement les sourcils en esquissant un grand sourire. Mon côté direct délaissé venait d'entrer dans l'arène. A bas le silence, j'étais grillée. Je l'avais su dès que l'on avait commencé à parler barbouilles et griffonnages. Les pincettes ne seraient pas admises. J'étais curieuse de voir s'il allait me suivre dans cette voie ou se retrancher derrière le mur du moi-mais-non-mais-pas-du-tout-mais-vous-etes-vraiment-folle-vous-hein-a-dire-des-choses-pareil-alors-que-ahem-je-enfin... Cette possibilité écartée, j'enfonçais le clou.

- Alors, honnêtement. Que faites-vous à part travailler dans une galerie ?

Je l'évaluais rapidement du regard sans chercher à être impolie. Il n'avait pas la carrure pour un emploi 'sportif', mais une personnalité adaptée à un job plutôt social, relationnel, à caractère humanitaire. Rien ne me permettait d'affirmer qu'il bossait dans le médical. Pourtant, suite à mon accident j'avais subi tant de traitement et de contrôles... Je flairais les guérisseurs à plein nez. Eux et moi avions le dialogue facile, pour ne rien gâcher.

Je laissais à Mr MacInerty le plaisir de m'informer lui-même, ou la liberté de réserver sa réponse. Après tout sa vie privée et professionnelle 'cachée' ne me regardait en rien.

- Vous êtes une sorte de vétérinaire ? Si tel est le cas, Coriolis n'a qu'à bien se tenir ! plaisantais-je.


Dernière édition par Alithéia Shelter le Sam 12 Fév - 19:57:59, édité 1 fois
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