Fiche de Ciconia

- ... ces nombreux retournements. Le Ministère tiendra à votre disposition les documents sur lesquels il s'est basé pour développer sa nouvelle législation. Veuillez agréer, monsieur l'ambassadeur, l'expression de ma considération distinguée.
2 septembre 2010,
Benjamin Cavendish, Directeur du Département de la Justice Magique."

Une plume à papotte me suivait en notant scrupuleusement tout ce que je lui dictais depuis dix minutes. Derrière elle, une sorcière en robe brillante rose clinquant fermait la queue du peloton. C'était une de mes secrétaires: Jessica. Dans ses bras elle tenait une pile de dossiers brûlants qu'elle devait expédier dans le bureau du ministre. 2videmment, c'était pour hier comme on dot dans ces cas là.

- Jessica, veillez à ce que les jurisprudences du Magenmagot que je vous ai demandées soient sur mon bureau demain matin à l'aube. Nous aurons une journée chargée et un transplannage express en Russie pour tenter de calmer les véléhités du Ministre.

- Bien monsieur.

- Et veuillez éviter de porter ces déguisements hors de prix que vous portez habituellement. Ils ont déjà les poupées gigogne là-bas, ils n'ont pas besoin d'une potiche de plus.

Outrée par ma remarque, Jessica s'en alla en pestant et en claquant la porte. Elle n'était pas très fine, ne rêvait que d'une chose, se faire le patron, mais c'était malheureusement la seule qui était restée accrochée au poste malgré mon caractère. Entendons nous bien: le benjamin de tous les jours n'avait rien à voir avec le Directeur.

- Bonjour isis, je suis désolé pour mon retard. Comment allez-vous?

- Je vais bien, et vous ?

Isis reposa doucement le cadre à sa place puis referma la bibliothèque à clé. Elle n'osa pas regarder Benjamin, elle venait de voler une partie de son intimité sans son consentement et être prise sur le fait la rendait encore plus coupable.

Ce fut un pur hasard qu'elle tomba sur la photo. Tout commença quand elle voulut ouvrir un vieux livre de droit qui traînait sur le bureau. Elle aimait l'odeur des vieux bouquins. La senteur la faisait retourner en enfance, prés de sa mère. Historienne elle feuilletait sans arrêt les vieux livres et l'odeur parfumée ces mains. Si les souvenirs de la jeune femme étaient altérés, il n'en restait pas mois que ceux liée à l'odorat semblaient intacts.

Sans porter d’importance au sentiment de la jeune femme, le viel ouvrage se rebella et balaya Isis d'un vent violent qui la fit reculée, assez pour se prendre la clenche de la bibliothèque dans le bas du dos. En plus de s'être fait mal, elle avait perdu la clé qui ouvrait le meuble. Après une escapade à quatre pattes pour récupérer le sésame, elle le remit à sa place. La serrure s'ouvrit toute seule. Isis ne s'en inquiéta, c'était que des bouquins. C’était en voulant refermer la porte qu’elle remarque le cadre cassé tout en bas de l’armoire. Pensant que la photo était tombée, elle voulut effectuer sa BA de la journée en la remplaçant à un endroit plus convenable. Mais elle ne s’attendait pas à découvrir un tel portrait.


- Hum... excuse-moi, je ne voulais pas fouiller.

Isis repassa du coté visiteur du bureau et s’assit à sa place. Elle n'osait toujours pas lever les yeux vers Ben. Ca lui évitait de savoir s’il était fâché et qu’il la laisserait tomber – elle aurait dût aller à serpentard – pour la fiche de ciconia. En même temps, elle ne pouvait pas faire comme-ci elle n'avait pas découvert un secret de polichinelle.


Appréhendant le silence qui allait venir, elle prit les devants.

- Tu devais vraiment le détester. Non, enfin, je ne voulais pas... dire ça. Ca ne me regarde pas. Je...


Elle restait troublé à la vue de l’image. Elle représentait une très belle femme qui devait être de la famille de Benjamin, vu leur ressemblance. Sûrement sa mère. La femme déambulait dans le cliché accompagné au bras d'une forme difforme, cramée, qui avait dut être un humain avant d'avoir subi cet effroyable acte de barbarie.
Au collège, un de ses cours avait porté sur les clichés magiques. Elle se souvenait que les photos magiques emprisonnaient les sentiments des personnes à l’instant ou le cliché avait été pris. C’était pour ça que les personnes pouvaient « vivre » et pas uniquement grâce à la potion de Donevie. De ce fait, il fallait prendre soin de ces photos car chaque dommage qu'on effectuait sur les images pouvait être répercuté dans le subconscient de la personne réelle. A première vue, l'enflamment de l'Homme sur le cliché était du a un sortilège de haut niveau. Et si ces souvenirs étaient exacts, l'inconnue avait sûrement dût souffrir de ces dommages.


- Vous avez des nouvelles sur l'avancement du dossier ?

On repasse au vouvoiement, ca permet d’oublier cet incident et de passer à autre chose. En tout cas, elle essaya.

Ma première réaction fut d'ôter la photo des mains d'Isis. En fait, arracher aurait été un verbe plus juste pour qualifier mon action. Mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, elle la reposa à sa place.

- Effectivement, cela ne te regarde pas.

Retour au tutoiement. Je ne dois pas laisser mes émotions me contrôler. pendant que je réfléchis à la suite de cette conversation, mes pas me guident automatiquement vers le cadre que je prends dans mes mains. La jeune femme me sourit. Elle était belle. A cette époque elle n'avait pas encore découvert le véritable Cavendish. Elle était radieuse, heureuse. La vie devant elle... ou presque.
Mon index caressales contours de son doux visage. J'aimerais recadrer cette photo pour ne voir qu'elle et faire définitivement disparaître le souvenir de mon père qui entâchait ce bonheur de sa présence. J'adorais le sourire de ma mère sur cette photo. Ado, j'avaisvolontairement fait disparaître mon père du cliché, mais c'était maladroit. Je ne voulais qu'elle.



Il fallait que je retourne vraiment vers Isis. Une fois la bibliothèque fermée, je m'assis au bureau et posai délicatement le cadre devant moi. C'était une erreur de ne pas l'avoir fait plutôt. un soupir contenu plus loin, j'étais prêt à revenir à mes affaires courantes. Fuck off dad!

- Oui, j'ai des nouvelles à propos de la fiche.

Eclaircissement de la gorge pour retrouver une voix forte et posée plus habituelle que ce sanglot qui étranglait mes cordes vocales.

- Un ami me devait un service et va intervenir dans le dossier. Rhidow va être considéré comme l'enfant d'une tribu magique récemment découverte en Amérique du sud ce qui facilitera nos démarches futures.

Pendant que je parlais, mes yeux ne s'étaient pas détachés de la photo de maman. Elle, Charlotte... et puis qui? Antarès s'y mettrait-il encore pour me prendre ma famille? Si pour ma mère il n'y était pour rien, je le suspectais fortement d'être impliqué dans son assassinat. Vu les interviews que ma soeur avait données à l'époque de sa prise de pouvoir, ce n'était pas impossible...

Et Isis dans tout ça? Concentre-toi ben.

(...)

- Qui seront encore compliquées.

Je n'écoutais plus que d'une oreille distraite les propos de la jeune mère. Ce n'était pas que je n'étais pas intéressé, loin de là. J'étais simplement parti ailleurs, dans mes souvenirs d'enfance en fait. Pour l'instant, tout ce qu'elle me disait était commun, et l'on ne pouvait pas décemment en vouloir à une jeune fille de cet âge de ne pas comprendre un document officiel... Parfois, même les juristes les plus avertis ont du mal à en comprendre.

Je pris la feuille qu'elle me tendit.

- D'ailleurs, il m'a conseillé de ne pas la signer, ca lui paraissait une telle évidence. Des fois je me demande pourquoi je ne suis pas tombée sur un sorcier comme notaire. Ce gobelin...

- Il est de bon conseil ce notaire, tu ne devrais pas en changer. Moi-même je ne le la signerai pour rien au monde. Mais moi, je suis riche. Si tu ne possedes pas une fortune considérable ou si tu n'as pas trempé dans des affaires suspectes, tu peux la signer sans crainte.
La question, Isis, est la suivante: es-tu riche? Indubitablement, la réponse doit être "oui" pour que votre notaire vous conseille la prudence. J'ai délibérément mis de côté l'option "trafiquante".

Mon intérêt pour cette affaire venait soudainement de renaître. La jeune fille devait avoir un compte conséquent chez Gringott's et savoir d'où provient cette fortune et qu'elle est son ascendance nous permettrait sans doute de progresser rapidement.

Décidément, Isis Kitlee était pleine de ressources, au sens propre comme au sens figuré.

- Moi qui pensais faire ma vie dans le grand banditisme, je suis déçue.

Isis sourit à Ben... une boutade. Il avait l'air d'avoir mis ses tracas de côté.

- Riche, je ne crois pas... quoique je posséde tout l'héritage de mes parents sur mon compte et les rentes de Mallhou. Donc oui, je suis riche... enfin peut être pas. Ca dépend de la définition que vous donner à riche.

Isis trifouillait dans dossier à la recherche d'une feuille qui comprenait un RBM (relevé bancaire magique) ou un truc dans le genre. Elle ne trouva rien là-dessus, foutu loi, mais expédia un mot de Rhidow hors de la pochette. Déjà qu'elle s'y perdait avec cette paperasse si en plus, Rhidow prenait le dossier comme une boite à lettre, ça n'allait pas s'améliorer.

- En faite, j'en sais rien. J'ai jamais manqué de rien, mais je m'achète pas des Nimbus 2009 tous les jours non plus. En réfléchissant bien je ne suis jamais voir mon coffre non plus... j'ai jamais eu besoin alors. Y a que le nain binoclard, mon notaire qui serait répondre. Ca vous dit de m'accompagner là-bas ? Il parle le même charabia que vous, vous vous comprendrez et puis... la dernière fois j'ai foutu tous ces papiers en vrac parce que je ne comprenais rien à ce qu'il m'expliquait. Mais à ma décharge, c'est un gobelin et puis j'aurai pu faire pire, du style lui faire cracher des limaces pendant tout le reste de la journée. Alors, ça vous tente de m'accompagner ?

Et comme tout le monde le sait, un gobelin, c'est un être inintelligible si on ne s'est pas parler le gobelin.

- Evidemment.

Un coup d'oeil rapide à ma montre et je constatai que j'avais le temps à condition qu'on parte tout de suite. J'avais un rendez-vous de la plus haute importance plus tard, impossible d'y déroger.

- Ne perdons pas de temps.

En me levant, quelques idées firent surface. Je pourrais aussi aller voir mon propre coffre. Après tout, je ne l'avais jamais vu non plus. Une famille de gobelins était toute dévouée à ma famille depuis six générations. J'étais au courant de toutes les transactions et mouvements de gallions autour de mon compte, mais je n'avais jamais eu la curiosité d'aller me rendre compte moi-même.
Et puis... il y avait le coffre de père... celui qui me reviendrait une fois que j'aurais effectué toutes les démarches pour hériter... Et les saphirs de Cavendish...

Aller à Gringott's était un excellente idée. Je ne regrettai pas qu'Isis soit venue pour sa fameuse fiche.

Nous sortîmes de mon bureau pour transplanner directement sur le Chemin de traverse inhabituellement peu animé pour cette heure de la journée. Quelques passants marchaient sans se presser en éclatant de rire, ce qui n'était plus commun de nos jours. Je pris le bras d'Isis et nous voilà en marche vers la célèbre banque. Je suis sorcier, d'une bonne famille, et je n'y ai jamais mis les pieds. devant l'excitation de la nouveauté, le portrait de ma mère n'était plus qu'un lointain souvenir, ma colère aussi.

-Es-tu souvent venue ici?

L'établissement se tenait fièrement dressé devant nous, nous menaçant de toute sa réputation.

Isis hocha la tête. Elle était venue plus souvent ici ces derniers mois que dans toute sa vie. D'ailleurs, elle compta dans sa tête en combien de seconde son notaire aller arriver devant elle.

pense : ... neuf... dix... onze... dou

Douze seconde. Trop fort, il a amélioré son temps de 3 secondes.

- Bonjour Mademoiselle Kitlee, Monsieur Cavendish, veuillez me suivre.

Le gobelin les emmena à travers l'une des nombreuses portes battantes de la salle d'entrer pour les conduire directement dans un cabinet privé. Elle n’avait jamais eu l’occasion d’attendre au guichet qu’un gobelin daigne lui répondre. Non, dés la première fois qu’elle avait mis les pieds ici, son notaire l’avait pris en charge. Isis était sur qu’il avait placer une alarme signalant sa présence pour qu’il arrive toujours pores d’elle en si peu de temps.

- Monsieur Cavendish, vous
- C'est mon avocat...
- Bien dans ce cas vous pouvez rester, mais je vous prierai de signer cette clause de confidentialité specifique à Gringotts.

Un parchemin et une plume apparu devant le membre du magenmagot pour qu'il le signe. Après ses quelques mesures de sécurité, le gobelin invita les deux visiteurs à s'assoier, et monta sur sa chaise haute. Un petit soupir qui annoncait qu'il aurait préféré etre ailleur tout en remettant ses lunettes.

- Mademoiselle Kitlee, vous désirez quelque chose en particulier.
- Voir mon coffre.
- Autre chose.
- Si... Diriez-vous que je suis riche ?
- Mademoiselle Kitlee, vous êtes désespérante.

Temps d'attente. Un sourire à Benjamin pour lui signaler que c'était toujours comme ça.

- Vous n'êtes pas sérieuse quand vous posez cette question, n'est ce pas ?
- Hum… si. Benjamin m'a poser la question et j'ai été incapable de lui répondre.
- Vous êtes réellement désespérante.
- Bien.

- Monsieur Cavendish, pourquoi avez-vous besoin de connaître le montant du patrimoine de votre cliente ? Les papiers fournis à mademoiselle Kitlee ne suffisent-ils pas au ministères ?

La curiosité et la méfiance des gobelins avaient fait toute leur réputation depuis des siècles. On pouvait penser ce qu'on voudrait, ils seraient comme ça tant que la terre serait ronde. Il y a des choses qui sont immuables.

La déférence et l'empressement qu'avait mis la créature à les accueillir me mit la puce à l'oreille. Un sorcier lambda n'aurait pas eu droit à un tel accueil. J'en sais quelque chose puisqu'on me réserve le même à chaque fois que je mets les pieds dans cet établissement. Et mon coffre est bien garni.

Je pris le papier qu'il me tendit sans discuter et le signai pendant qu'il discuta (se moqua) avec la jeune fille. Elle était riche, c'était une certitude.

Aussi, quand il me posa la question, je ne mis pas longtemps à lui répondre.

- Miss Kitlee a besoin d'une attestation de ressource pour une affaire juridique où je la représente. Je lui ai conseillé de ne pas signer le document que le Ministère lui a remis car je nepense pas que ce soit une bonne chose que le Ministère vienne mettre le nez dans son coffre. Et à voir la tête que vous faites, il me semble c'est une bonne idée.
Maintenant, veuillez bien nous conduire au coffre de Miss Kitlee s'il vous plaît.

Le gobelin m'arracha presque son papier des mains et descendit de son perchoir en désignant une lourde porte verte du regard. Je connais cette porte. C'est elle qui mène au petit wagon qui dessert les coffres importants. Je la connais car je l'ai déjà empruntée.

Après un embarquement immédiat, nous partîmes pour un tour de manège... Côtes, descentes abruptes, vent dans les cheveux... tout y était jusqu'à ce que nous nous retrouvions devant une petite porte bien scelée.

Je fis un petit sourire en coin à Isis.