Orìn Saint-John (Sorcier)

TROIS ANS PLUS TÔT...

- T’es immature ! Egoïste ! Irresponsable ! Inconscient ! Je demande le divorce !

Oh, oh… à quelques adjectifs près, Orìn avait déjà entendu ça. Il s’alluma une cigarette et se laissa tomber sur le lit en soupirant. Il n’avait pas envie de faire d’effort. La dernière fois, il s’était risqué à arranger les choses et il n’avait fait que récolter une amende de plusieurs centaines de Gallions. Seuls quelques uns de ses amis connaissaient les circonstances réelles de son premier divorce. Les raisons invoquées pour celui qui aurait visiblement lieu prochainement étaient les mêmes : immature, égoïste, irresponsable, inconscient. Mathilda, sa première femme, avait ajouté "lâche" et "inhumain". Orìn trouva alors qu’avec le temps il s’était arrangé.

- Tu ne dis rien ? Tu ne dis rien et tu fumes ! Aaaarrh cette habitude de moldu m’exaspère !

Non, Orìn ne disait rien. Il comptait. Dans sa tête il comptait pour savoir dans combien de temps
a) il se prendrait une baffe ou un sortilège,
b) Merryl quitterait la chambre,
c) il se servirait enfin le verre de scotch dont il rêvait depuis maintenant dix-huit minutes et six secondes de dispute.

Meryll était une femme plutôt jolie, aussi blonde qu’Orìn était brun, élancée et si grande qu’elle se tenait recourbée et légèrement tassée pour faire disparaître les quelques centimètres en trop. Elle faisait penser à une tige qui plie au vent. Quand il l’avait épousé, Orìn n’avait jamais fait attention à ce détail mais plus tard il ne voyait plus que ça chez elle. A ses yeux ça traduisait un manque de confiance en elle. C’était ce même manque de confiance qui venait à bout de leur relation. Elle reprochait une infidélité avec une certaine Tresh, une top model suédoise qu’il avait interviewé pour Sorcière Hebdo à l’occasion du numéro spécial de l’été dernier.

- Mais puisque je te dis qu’il ne s’est rien passé et qu’il ne se passera jamais rien avec Tresh, c’est juste une amie.

Il ne mentait pas. A la vérité, il trompait Meryll avec Maeve, une chanteuse à la mode.

Leur fils, Dimitri avait maintenant six ans. A chacune des disputes de ses parents, Dimitri entrait dans la pièce et poussait un cri strident qui mettait fin aux débats parentaux.

Dimitri entra donc, trottina jusqu’au centre de la pièce, se plaça entre ses deux parents, Meryll, debout face au lit sur lequel était avachi Orìn qui prit nonchalamment le temps d’éteindre sa cigarette, d’en faire disparaître le mégot par magie et de se boucher les oreilles. De son côté, l’air exaspéré, Meryll porta elle aussi ses mains aux oreilles. Dimitri attendit gentiment qu’ils soient prêts avant de lancer un long, suraigu et interminable i. Les voisins du dessous frappèrent. Meryll prit sauvagement son fils dans ses bras et sortit de la chambre pour le coucher. Elle revint trente minutes plus tard près du lit où Orìn s’était endormi habillé.

Dans sa tête, le sorcier en était à plus de dix mille. Meryll grogna en sortant sa baguette.
a) Orìn se prit un sortilège d’élévation,
b) Meryll quitta la chambre en claquant la porte deux secondes plus tard. Orìn retomba comme une masse sur le sol.
c) il se releva en se frottant le coude et les côtes et se servit son verre de scotch.

Deux jours plus tard, il recevait les papiers du divorce.
Très heureux, il prit une chambre à l’Hotel de la Licorne.

Mais Orìn ne s’attendait pas à une seule petite chose… obtenir la garde de Dimitri. Et, un malheur n’arrivant jamais seul, Mathilda, sa première ex-femme, fut assassinée pendant l’attentat de Picadilly en 2009.

Orìn se retrouva avec la garde de Gwen. Son fils aîné, âgé de quinze ans.

Aujourd’hui, Gwen a 19 ans et Dimitri, 9 ans. Depuis le divorce, ils vivent avec leur père et une sorcière nourrice contestataire qui les suit quel que soit l’hôtel où ils vont car Orìn refuse catégoriquement d’acheter ou de louer une habitation.

Après une petite mésaventure juridique, le journaliste s’est vu dans l’obligation de trouver un emploi fixe, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre son activité journalistique. Il fait donc une demande d’emploi à Poudlard en 2010 en falsifiant joyeusement son C.V. pour obtenir le poste de professeur de Sortilèges :

- Ca ne doit pas être bien méchant, se dit-il en ressortant du bureau du directeur qui venait d’accepter sa candidature, ce ne sont que des sorts et ce ne sont que des gosses. Je sais faire les deux, alors pourquoi pas professeurs... ?

Depuis 2009, Saint-John est professeur à Poudlard et poursuit ses activités journalistiques.
Il vit avec ses deux fils. Gwen habite Poudlard depuis qu'il est en 1ère année à l'université et Dimitri vit avec Orìn. Il est scolarisé dans une école spécialisée pour les enfants de sorciers à Londres.